Les primaires : un jeu de dupes ? (04/11/2016)

Selon l'analyse d'Hilaire de Crémiers, dans le numéro de novembre de Politique Magazine.

6a00d83451619c69e201b7c8abc75e970b-320wi.jpgLa multiplication des votations n’est pas du tout une preuve de réalisme démocratique. Tout cela n’est que trompe-l’œil au profit des appareils et des apparatchiks.

Comment peut-on faire croire aux Français qu’ils choisissent leur président de la République ? Contrairement à l’esprit même des institutions de la Ve République, il n’y a plus de lien direct entre le peuple déclaré souverain et le chef de l’État. Les partis politiques officiels ont réussi à capter entièrement à leur profit cette élection essentielle, capitale au sens étymologique du terme, celle qui concerne le chef, la tête. Ils en contrôlent désormais intégralement le déroulé et donc le résultat.

Déjà les appareils politiciens avaient réussi à mettre la main sur l’ensemble des élections, jusqu’aux plus locales, et à aménager le système électoral à leur convenance ; ils s’en étaient tout simplement attribué les moyens légaux, politiques et financiers, s’autofinançant eux-mêmes par de tels procédés sur les caisses publiques. Il y a encore quelques décennies, beaucoup de villages, de bourgs, de cantons et un certain nombre de circonscriptions avaient des représentants non apparentés, hors système partisan, sui generis, issus en tant que tels de leur terroir. C’est devenu quasi impossible. La querelle partisane s’est immiscée jusqu’au fond du dernier hameau. Les élections locales sont devenues elles-mêmes des champs clos de guerre civile. Les législatives sont totalement verrouillées par le système des investitures qui donnent lieu aux plus sordides marchandages, aux plus sinistres règlements de compte. La dégradation de l’esprit public est la conséquence inéluctable de tels usages et de telles conceptions.

L’État livré aux partis

Maintenant, depuis plus d’une décennie, c’est la plus haute fonction de l’État qui n’échappe plus à l’emprise totalitaire des partis. Ils ont imposé la réforme constitutionnelle qui a réduit le septennat en quinquennat. Le peuple français, en fait, ne le demandait pas. C’était supprimer la durée, la dimension sacrée, radicalement différente, dans cette haute institution dont les racines, y compris constitutionnelles, conçues dans les débuts de la IIIe République et renouvelées dans la Ve, sont fondamentalement régaliennes, autrement dit royales. Ignorer, mépriser ce caractère relève de la crétinerie politicienne et d’un petit esprit de médiocrité bourgeoise qui est le propre de nos dirigeants actuels. Copier les États-Unis sur ce sujet était, une fois de plus, une sottise ; d’autant plus que nos institutions sont historiquement, socialement et politiquement différentes. Ne serait-ce qu’au regard de la particularité fédérale des États-Unis. Ah ! cette mauvaise manie des prétendues élites françaises de vouloir toujours copier l’étranger ! Que de bêtises commises depuis plus de deux siècles !

Eh bien, ça continue ! On organise des primaires en s’imaginant imiter encore les Yankees. Ce n’est qu’une singerie supplémentaire qui casse définitivement la clef de voûte de ce qui reste debout de la maison France. Ni un De Gaulle ni un Mitterrand ne se seraient prêtés à pareil jeu. C’est n’avoir aucun sens de l’État, de l’État français spécifiquement.

La gauche s’est livrée la première à cet essai pour l’élection de 2012. À défaut de Strauss-Kahn, le résultat fut Hollande. Chacun savait, y compris à gauche, que l’homme n’était absolument pas à la hauteur de la fonction : la preuve en a été, depuis lors, sur-administrée.  Monsieur 4 % est en passe de devenir Monsieur 1 % et, comme rien n’arrête le délire narcissique du pouvoir, le bonhomme laisse encore croire qu’il est candidat à sa propre succession. Jusqu’à quand ? Le livre « Un président ne devrait pas dire ça » révèle la goujaterie, l’incroyable légèreté, la suffisance idiote, le cynisme vulgaire de ce petit potentat socialo-bourgeois qui n’aime parler que de lui. Très loin de Mitterrand qui, du moins, comme le montre la publication de ses lettres à sa maîtresse Anne Pingeot, avait dans son cynisme prédateur une hauteur de vue, un goût de la beauté qui le rachetaient de ses mensonges et de ses bassesses. On sait maintenant que Mitterrand méprisait Hollande. À juste titre. Ce qui n’empêche pas Hollande de se peindre en Mitterrand !

Un jeu de dupes

Et, maintenant, voici la droite ou la prétendue droite qui s’est mise, elle aussi, aux primaires, tant les ambitions y sont nombreuses.

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Paula Corbulon

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