Depuis le 30 décembre, les 4,6 millions de salariés des entreprises de moins de 11 personnes (TPE), ainsi que les employés à domicile, sont appelés à choisir un syndicat pour les conseiller et les défendre pour les quatre prochaines années.

En 2012, première année de la mise en place de cette consultation, seulement 10,38 % des salariés avaient voté. La campagne 2016 pourrait être encore pire puisque, à ce jour, uniquement 5 % du corps électoral concerné s’est prononcé.

Pourtant, faire mieux qu’en 2012 était l’objectif affiché du ministre du Travail Myriam El Khomri. Il est vrai qu’avec trois millions d’euros investis dans la campagne de communication et 20 millions d’euros dépensés au total pour l’impression des documents, les subventions aux syndicats et la mise en place du système d’information, le gouvernement et les organisations syndicales pouvaient espérer mieux. Aujourd’hui, nous assistons donc à une surenchère de ces mêmes organisations afin que soit repoussée jusqu’au 30 janvier, voire jusqu’au 3 février, une consultation qui devait normalement s’achever le 16 janvier.

Cet artifice procédural, qui table sur le temps pour faire venir des électeurs supplémentaires aux urnes, n’occultera cependant pas l’échec que représentent ces élections professionnelles. Une fois de plus, le désintérêt des salariés envers l’action des syndicats est manifeste et ne pouvait se traduire de façon plus nette et définitive.

Plus que des manœuvres visant à « limiter les dégâts », c’est bien à une interrogation de fond que sont confrontés, une nouvelle fois, les syndicats.

En effet, l’actualité de ces derniers mois, avec, pour le secteur privé, les manifestations violentes contre la loi Travail, cautionnées par la CGT, ou encore, pour le secteur public, les manifestations, hors contrôle syndical, de policiers, prouve que le système représentatif actuel des personnels du public ou du privé a atteint ses limites. 

Ces éléments sont également attestés par le fait que la France est, parmi les pays de l’OCDE, celui dont le taux de syndicalisation est le plus faible – autour de 8 %. Ceci est en grande partie dû au fait que les relations syndicales entre « patrons et travailleurs » empruntent encore grandement à la lutte des classes. Alors que, dans de nombreux pays, le monde du travail a su pacifier ses relations internes, la France connaît encore des périodes où l’action syndicale se traduit par un véritable terrorisme. Chantage sur la presse, blocages en tous genres induisant une paralysie totale du pays, stratégie du chaos : certaines méthodes utilisées par certaines organisations syndicales, tout en se trouvant aux marges de la loi, sont encore utilisées dans le cadre d’un rapport de force qui n’a plus sa place au sein des sociétés modernes.

À n’en pas douter, ce sont ces attitudes, improductives et délétères, que condamnent aujourd’hui les salariés en boudant les urnes. De la même façon qu’ils souhaitent une profonde transformation de la classe politique et de la façon dont est dirigée la France du XXIe siècle, les Français souhaitent aussi voir l’émergence d’un syndicalisme progressiste, réformateur et responsable. Ils attendent, en particulier, que dirigeants politiques et syndicaux, qui ont partie liée, soient plus à l’écoute de celles et ceux qu’ils prétendent représenter.

La place qu’accorderont à ce sujet les futurs candidats à l’élection présidentielle attestera de leur réelle volonté de faire évoluer et de moderniser notre pays.

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