Zizanies oligarchiques par Georges FELTIN-TRACOL (10/03/2017)

 

La campagne présidentielle de 2016 aux États-Unis fut passionnante et inattendue avec le surgissement d’un profond mécontentement populaire cristallisé par le sénateur indépendant Bernie Sanders du côté démocrate, et le protectionniste Donald Trump chez les Républicains. L’élection présidentielle française de 2017 se révèle tout aussi riche en surprises politiques suite à l’application des funestes primaires qui ont sanctionné Manuel Valls, Nicolas Sarközy et, peut-être, Alain Juppé.

Le conditionnel s’impose pour ce dernier, car, bien que largement défait au second tour de la primaire de la « droite » et du centre (33,51 %), le maire de Bordeaux pourrait finalement se présenter à la présidentielle, cocufiant ainsi les 4 400 000 électeurs qui ont l’habitude (et la joie ?) de l’être. En effet, le « Pénélopegate » est en train de couler la campagne de François Fillon, longtemps grand favori de l’élection.

La révélation de ce nouveau scandale politico-financier par Le Canard enchaîné témoigne cependant de profondes divergences au sein même de l’oligarchie mondialiste. Certes, la transmission de l’« affaire Fillon » aux journalistes du palmipède imprimé revient principalement à un « cabinet noir » animé depuis l’Élysée par son secrétaire général, Jean-Pierre Jouyet. L’ancien secrétaire d’État aux Affaires européennes (2007 – 2008) du gouvernement Fillon entend de cette manière se venger du procès que lui intenta François Fillon en 2015. Mais, par-delà ces représailles, le puissant secrétaire général à la présidence de la République cherche à sauver le quinquennat de son vieil ami François Hollande en lui donnant pour successeur Emmanuel Macron.

Contrairement à ce qu’on peut imaginer et quitte à se répéter une nouvelle fois, l’hyper-classe mondialiste ne constitue pas un ensemble homogène cohérent. Outre des nationalités différentes et des âges variables, l’oligarchie planétaire doit composer avec des rivalités, latentes ou non, d’origine privée, financière, économique et marchande. L’ancien et unique premier ministre de Sarközy (une autre fonction fictive ?) a beau avoir donné de nombreux gages au mondialisme, à savoir être le candidat de la City de Londres et de se faire conseiller par Henri de Castries du Groupe Bilderberg (Young Leader en 1994 de la French-American Foundation), François Fillon indispose des membres importants de la « Nouvelle Classe » planétaire.

Ils n’oublient pas que l’ancien lieutenant du gaulliste social-souverainiste Philippe Séguin (toujours hostile au camp dissident) vota « non » au traité de Maastricht en 1992 avant finalement de l’accepter quelques années plus tard, puis de défendre les autres traités européens dont celui de Lisbonne en 2008 qu’il fit ratifier par le Parlement. Cette « faute originelle » perdure encore. En janvier 2017, François Fillon intervint devant les responsables de la droite allemande au siège berlinois de la Fondation Adenauer. Son discours souverainiste-européiste ravit les cadres de la CSU (Union sociale-chrétienne) bavaroise, mais irrita l’aile gauche de la CDU (les démocrates-chrétiens). Certains milieux mondialistes craignent que le député de la deuxième circonscription de Paris soit un Viktor Orban hexagonal à la puissance cent !

Par ailleurs, François Fillon n’a jamais caché sa proximité avec Vladimir Poutine qu’il tutoie. Son entourage immédiat (Jean de Boishue, Igor Mitrofanoff Thierry Mariani, Bruno Retailleau) est plutôt russophile. Des cénacles cosmopolites s’effrayent de l’apparition possible d’un axe majeur Trump – Fillon – Poutine capable de contrecarrer leurs visées d’autant que François Fillon fut longtemps un spécialiste à l’Assemblée nationale des questions militaires et de défense nationale. Enfin, le christianisme revendiqué du candidat et le soutien indéfectible de Sens commun (l’émanation droitière de La Manif pour Tous) ainsi que les œillades prononcées du mensuel néo-conservateur Causeur les indisposent grandement. Ils oublient qu’en tant que ministre de la soi-disant Éducation nationale, Fillon a introduit le calamiteux socle commun des compétences et encouragé la suppression concertée de la notation sur 20…

Les risques sont donc élevés pour que l’hyper-classe ne permette pas un second tour Marine Le Pen – François Fillon. Elle entend par conséquent les affaiblir en déclenchant des enquêtes conduites par une justice instrumentalisée et en publiant régulièrement des sondages manipulés. Elle mise tout sur le seul candidat qui concilie l’ultra-libéralisme économique et le libéralisme culturel libertaire : Emmanuel Macron, indéniable champion des métropoles globalisées, des banques rapaces et des médiats oligopolistiques.

Incarnation de « Nuit debout pour les traders », Macron (hors le cas d’Alain Juppé) reste la seule garantie de maintenir le carcan austéritaire sociétaliste – multiculturaliste. Chouchou des places financières de Francfort et de Wall Street (en forte concurrence avec la City), l’ancien ministre de l’Économie, s’il parvient à la présidence de la République, accélérera la dissolution de la France européenne dans le magma de l’indifférenciation marchande, ce que ne souhaitent pas d’autres mondialistes qui soutiennent, eux, François Fillon de peur de provoquer d’éventuelles réactions populaires spontanées et incontrôlables.

Georges Feltin-Tracol

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