L’euro dans l’impasse (16/04/2017)

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Les économies hétérogènes s’accommodent mal d’une monnaie unique… En réponse aux dysfonctionnements de la zone euro, certains réclament une Europe plus fédérale. Un projet utopique condamné à l’échec.

Au cœur des enjeux de la campagne présidentielle, la question de la souveraineté monétaire occupe une place de premier ordre. Pendant que les défenseurs de la monnaie unique rivalisent d’imagination pour « sauver l’euro » (“sauvetage” devenu prioritaire par rapport à celui de l’emploi, de notre industrie, de notre avenir), des voix s’élèvent contre l’aberration économique qu’a constituée cette expérience.

L’échec de cette monnaie ne peut désormais plus être nié. Le réel a balayé l’utopie européiste. L’instauration de l’euro a entraîné une désindustrialisation massive de l’Europe dite du Sud, au profit de l’Europe du Nord, Allemagne en tête. Les faits parlent d’eux-mêmes : l’Italie a perdu 20 % de sa production industrielle en quinze ans, le chômage touche désormais plus d’un jeune sur deux en Espagne et en Grèce…

Mais pouvait-il en être autrement ? Le niveau d’une monnaie dépend de la compétitivité hors coûts de son économie. Celle-ci étant très hétérogène au sein de la zone euro, la monnaie unique ne peut pas être au niveau optimal pour chaque pays. L’Allemagne ayant pu obtenir un euro fort, ce sont donc les pays les moins compétitifs qui doivent subir une monnaie surévaluée. Tuant leur compétitivité à l’export, cela a provoqué un transfert de l’industrie du Sud vers le Nord, paupérisant ainsi les pays d’Europe du Sud. L’évolution de la production industrielle des principaux pays concernés, présentée ci-dessus, en témoigne.

Une illusoire solidarité entre États

Afin de résorber ce problème, la plupart des défenseurs de l’euro s’accordent sur la nécessité d’instaurer un plus grand degré de fédéralisme, afin de donner à l’Union européenne les moyens politiques de contrer les effets de la monnaie unique. Cela signifierait un transfert de notre politique industrielle, budgétaire et fiscale à l’Union européenne. Cela impliquerait également que les pays d’Europe du Nord subventionnent abondement ceux d’Europe du Sud.

Ces subventions, de l’ordre de plusieurs centaines de milliards d’euros par an, ne seraient bien sûr jamais acceptées par les pays d’Europe du Nord, Allemagne en tête. Ils supposeraient une solidarité entre États membres, qui passe nécessairement par un sentiment d’appartenance commune. Celui-ci ne saurait résulter de quelconques décrets. Enfermés dans le dogme contractualiste de la sociabilité artificielle, les utopistes du fédéralisme européen pensent pouvoir créer une nation européenne, oubliant que la nation est avant tout un produit de l’histoire, qu’elle ne se construit pas par un artifice technocratique.

Devant l’impasse de leur projet, les européistes n’ont d’autre solution que  de fuir le débat de fond. Les grandes formules creuses emplissent leurs discours. Les “affaires” monopolisent l’attention des médias. Nous assistons à une dépolitisation du débat politique national, syndrome d’une dépossession politique orchestrée par l’Union européenne. Dans ce contexte, la sortie de l’euro apparaît comme une nécessité de premier plan, cette monnaie unique étant fondamentalement incompatible avec notre souveraineté politique.

N. Lamidaeff

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18:13 Écrit par pat | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer |  Facebook | | | | |