Immigration, identité et islam: l’étrange mort de l’Europe, vue d’Angleterre (4/4) (13/07/2017)

4- DES SOCIÉTÉS EUROPÉENNES ÉPUISÉES ?

La démographe et essayiste Michèle Tribalat présente ici les thèses de Douglas Murray sur l’épuisement des sociétés européennes. Polémia

Avec l’effacement des croyances religieuses, les Européens sont livrés à l’incertitude, se posent des questions sans réponses toutes prêtes. Les Européens ont expérimenté la recherche de l’absolu ailleurs (fascisme, nazisme, communisme) et cela n’a donné rien de bon. « La plupart des souffrances de l’Europe pendant le 20e siècle sont venues d’un effort profane de l’époque d’atteindre un absolu politique ». Le rêve fasciste n’a pas peu fait pour entretenir la ferveur communiste. Si deux idéologies apparemment opposées (comme c’était le cas à l’époque) pouvaient mener là où elles avaient conduit, alors, peut-être que n’importe quoi d’autre peut y conduire aussi. Peut-être que toute idéologie et toute certitude sont le problème.

Les Européens ont tout essayé : « la religion et l’anti-religion, la croyance et la non-croyance, le rationalisme et la foi dans la raison… ces idées ont fait des centaines de millions de morts, pas seulement en Europe, mais partout où ces idées ont été appliquées. » Que peut faire une société après cela ? Douter, se méfier d’elle même, ne pas juger les autres ? Cette attitude si courante en Europe est une solution de facilité qui ne garantit pas sa survie.

La plupart des habitants du reste de la planète ne partagent pas cette attitude. Ils ne craignent pas de poursuivre leur intérêt propre. C’est aussi le cas en Europe de l’Est.

Si penser aux migrants d’aujourd’hui, c’est penser aux juifs d’hier, et réparer à travers les premiers le crime vis-à-vis des seconds, alors l’Europe ne peut rien opposer à l’immigration massive. Même si cette dernière, et plus encore surtout si cette dernière, est vue comme une punition. « Se ranger du côté des migrants, c’est se mettre du côté des anges. Parler en faveur des Européens, c’est se mettre du côté du diable. »

Douglas Murray se demande combien de temps une société fondée sur ce qui est sorti de la tradition chrétienne peut survivre sans se référer aux croyances qui lui ont donné naissance. Pour les Églises d’Europe, le message de la religion est devenu une forme de politique de gauche, d’action en faveur de la diversité et du bien être social. Ainsi, en Suède, l’archevêque Antje Jeckelen a déclaré que Jésus se serait opposé aux restrictions que la Suède a fini par mettre à l’immigration après la ruée de 2015.

Après avoir perdu la croyance religieuse, et même le sens des métaphores bourrées de références à la religion, nous dit Douglas Murray, nous sommes sur le point d’abandonner le rêve d’une extension illimitée de valeurs que nous croyions universelles. Et, le trou creusé par la religion risque de s’agrandir.

« Les étrangers qui viennent en Europe apportent leur propre culture au moment précis où notre culture a perdu la confiance qui lui permettrait de plaider sa cause ». Combien de temps cela peut-il durer, se demande Douglas Murray, et qu’est-ce qui se profile après ?

QUE FAIRE, COMME AURAIT DIT LÉNINE ?

Pourquoi les Européens devraient-ils être les seuls à porter les malheurs du monde ? Que deviendra l’Europe si cette fuite en avant continue ? Pourquoi les Européens devraient-ils être les seuls à ne pas pouvoir se préoccuper d’abord de leurs intérêts et de leur avenir, comme le font la plupart des autres peuples du monde ?

Il faudrait, nous dit Douglas Murray, que ceux qui gouvernent reconnaissent leurs erreurs, qu’ils cessent de dire qu’ils veulent changer de fond en comble la société, qu’ils reconnaissent enfin les problèmes que la société a perçu bien avant eux, que la diversité c’est bien, mais à dose raisonnable, sans quoi, en plus des problèmes vécus par les autochtones, ce sont les problèmes du monde entier qui se retrouvent en Europe.

Les politiciens devraient reconnaître le bienfondés de certains griefs.

Alors que l’idée de grand remplacement de Renaud Camus est vouée aux gémonies, et quelquefois est jugée à la 17e chambre, le grand remplacement assumé et revendiqué par les Indigènes de la République et d’autres ne suscite pas la même désapprobation. Qu’ont dû penser les Allemands lorsque, lors d’une émission sur la télévision allemande, une jeune syrienne leur a dit qu’à l’avenir les Allemands ne seront plus blonds aux yeux bleus, mais d’origine immigrée ?

Ne faudrait-il pas réserver l’ostracisme aux vrais partis fascistes comme Aube dorée et permettre aux autres partis dits d’extrême droite d’évoluer ? Il serait bon, pour y arriver que le coût social lié à une fausse accusation de racisme, de nazisme… soit équivalent à celui encouru par ceux qui en sont vraiment coupables.

Il faudrait aussi une attitude plus juste à l’égard du passé européen : retenir les bons comme les mauvais moments.

CONCLUSION DE DOUGLAS MURRAY

Mais, ce qu’il faudrait faire ne ressemble guère à ce qui est le plus probable. Les politiciens continueront de préférer les bénéfices à court terme qu’ils tirent à paraître compatissants, généreux et ouverts, même si cela conduit, à long terme, à des problèmes nationaux. Ils continueront à garantir que l’Europe est le seul endroit au monde qui appartient à tout le monde. D’ici la moitié de ce siècle, alors que la Chine ressemblera encore à la Chine, l’Inde à l’Inde… l’Europe ressemblera, au mieux, à une version des Nations Unies à grande échelle, écrit Douglas Murray.

En Hollande et au Danemark, les politiciens hostiles à l’immigration vivent sous protection policière. De quoi dissuader les vocations. C’est tellement plus facile et gratifiant de se montrer compatissant, généreux et ouvert. Les plus menacés sont ceux qui ont cru aux promesses de l’Europe (Hirsi Ali, Maajid Nawaz, Kamel Daoud…). Ceux qui défendent nos valeurs ont été abandonnés à leur sort. Ils paient l’addition du déni. Ce sont eux les premiers sacrifiés. Au lieu de représenter les modèles qu’ils auraient dû être, ils font figure d’anti-modèles.

De jour en jour, l’Europe perd toute possibilité d’un atterrissage en douceur en réponse à de tels changements. Une classe politique entière n’a pas réussi à apprécier ce que beaucoup d’Européens aiment dans ce qui a été notre Europe, écrit Douglas Murray. Prisonniers du passé et du présent, il semble que, pour les Européens, il n’y ait pas de réponse décente pour l’avenir. Mais, les Européens risquent de ne pas pardonner un changement complet de notre continent.

Michèle Tribalat Juillet 2017

Voir aussi l’entretien avec Eugénie Bastié dans Le figarovox du 22 juin 2017 : http://premium.lefigaro.fr/vox/monde/2017/06/22/31002-201...

https://www.polemia.com/immigration-identite-et-islam-let...

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