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  • Electricité : le Conseil d’Etat impose une hausse rétroactive

    Une hausse rétroactive ! Avec une telle formule, ils peuvent vous faire payer tout et n’importe quo i!!!

    Le Conseil d’Etat a contraint vendredi le gouvernement à faire payer une facture d’électricité rétroactive à la plupart des foyers français. Une décision «très regrettable», a commenté la ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Ségolène Royal, jugeant qu’il fallait «réformer le mode de calcul» des tarifs.

    La Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative, avait déjà pris plusieurs décisions similaires pour le gaz, a cette fois retoqué les tarifs réglementés d’électricité d’EDF pour les particuliers, pour la période allant de fin juillet 2012 à fin juillet 2013.

    En juillet 2012, peu après le retour de la gauche au pouvoir, le gouvernement Ayrault avait limité à 2% l’augmentation de ces tarifs (auxquels souscrivent plus de 28 millions de Français), alors même que la Commission de régulation de l’énergie avait calculé qu’une hausse de 5,7% était nécessaire.

    Vingt-et-un mois plus tard, retour de boomerang: le Conseil d’Etat a jugé que les tarifs «bleus» des particuliers étaient «manifestement inférieurs au niveau auquel ils auraient dû être fixés en application des principes s’imposant aux ministres».

    Ces tarifs «ne permettaient pas de répercuter les hausses prévisionnelles des coûts de production pour l’année 2012», indique-t-il.

    Le Conseil d’Etat a donné deux mois au nouveau gouvernement Valls — la question des tarifs d’énergie est généralement du domaine de compétences de Matignon et des ministères de l’Energie de Ségolène Royal et de l’Economie d’Arnaud Montebourg — pour prendre un nouvel arrêté conforme.

    Surcoût de 20 ou 40 euros

    L’inconnue principale porte désormais sur le niveau de la hausse rétroactive. Le régulateur, la Commission de régulation de l’énergie, avait initialement estimé à 5,7% la hausse nécessaire des tarifs pour les particuliers en 2012, avant de la réévaluer dans un second temps à 9,6%.

    Dans le premier cas, la facture rétroactive moyenne devrait être de l’ordre de 20 euros, de 40 euros dans le second. Cette somme serait probablement lissée sur les prochaines factures.

    Dans sa décision, le Conseil d’Etat se réfère à l’évaluation «prévisionnelle» de la CRE (soit les 5,7%), ce qui privilégie l’hypothèse d’une «petite» hausse.

    Mais l’Anode, le regroupement de petits concurrents d’EDF (Direct Energie, Eni, Lampiris…) à l’origine du contentieux, a d’ores et déjà appelé le gouvernement à prendre en compte «l’ensemble des coûts du passé», qui devront selon elle de toutes façons être réglés un jour ou l’autre.

    «Il est absolument indispensable de solder, dès à présent, la totalité des dettes, en évitant qu’à l’avenir les charges d’hier ne pèsent, à nouveau, sur les factures de demain des Français», écrit l’Anode dans un communiqué où elle salue la «décision logique» du Conseil d’Etat.

    Article complet sur  liberation.fr

    http://lesmoutonsenrages.fr/2014/04/11/electricite-le-conseil-detat-impose-une-hausse-retroactive/#more-61531

  • François Hollande n’est pas là par hasard…

    L’ancien Premier secrétaire du PS n’est pas fait pour être Président de la République, c’est entendu, mais c’est un homme de pouvoir.   

    Que François Hollande ne soit pas l’homme qu’il faut où il faut est une évidence. Mais il n’est pas là par hasard. L’ancien Premier secrétaire du PS n’est pas fait pour être Président de la République, c’est entendu, mais c’est un homme de pouvoir, peut-être plus habile à agir dans les coulisses et à jongler au milieu des arcanes politiciennes qu’à représenter et diriger la France. Le voici donc en train d’exploiter le marasme de la gauche et du parti socialiste en particulier. En touchant le fond après le naufrage municipal, il saisit l’occasion de rebondir par une manoeuvre qui révèle d’ailleurs la réalité du pouvoir dans notre pays.

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  • Quand les élites ne trahissaient pas…

    De la réalité des élites, de leur reproduction et de leurs devoirs.

    Trois hypothèses de départ:

    1. Quand une communauté atteint la taille de 10 membres, elle se structure et se choisit des chefs (c’est pour cela que les anarchistes sont rarement plus de 9!)

    2. Ces chefs ont une tendance naturelle à passer le pouvoir à leurs enfants (la reproduction des élites)

    3. La condition morale de la société est dictée par la condition morale de son élite (notamment dans les pays latins catholiques)

    Aujourd’hui, nous avons une élite qui ne dit pas son nom, dont les enfants accèdent à leur tour à l’élite, mais dont la condition morale est des plus douteuses.

    Le Moyen-Âge, heures les plus sombres de notre histoire (en concurrence avec le moustachu d’Outre-Rhin), était parvenu à résoudre ce problème:

    1. La société avait un chef, des sous-chefs, et un quadrillage par les corps intermédiaires (paroisses, corporations, etc.)

    2. Plutôt que de parler d’égalité républicaine, la reproduction des élites était encadrée dans l’aristocratie (avec des entrées tous les ans de bourgeois et guerriers)

    3. Mais l’élite s’imposa un code d’honneur que je reproduis ici:

    1. Tu croiras à tous les enseignements de l’Église et tu observeras ses commandements.
    2. Tu protégeras l’Église.
    3. Tu défendras tous les faibles.
    4. Tu aimeras le pays où tu es né.
    5. Tu ne fuiras jamais devant l’ennemi.
    6. Tu combattras les infidèles avec acharnement.
    7. Tu rempliras tes devoirs féodaux, à condition qu’ils ne soient pas contraires à la loi divine.
    8. Tu ne mentiras jamais et tu seras fidèle à ta parole.
    9. Tu seras libéral et généreux.
    10. Tu seras toujours le champion du droit et du bien contre l’injustice et le mal.

    Si le chevalier manque à son serment, il est proclamé indigne d’être chevalier. Il est conduit sur une estrade, son épée est brisée et piétinée, son blason est attaché à un cheval et trainé dans la boue. Tous peuvent l’injurier. On le met sur une civière, puis on le recouvre d’un drap noir et on le porte à l’église comme un mort. On récite les prières des défunts : il est mort comme chevalier et banni toute sa vie.

    Si tous les ministres, financiers, people et journalistes prononçaient ce serment, le monde irait probablement un peu mieux.

    Si l’Eglise comprenait cette maxime de Nicolas Gomez Davila "le Christ n’est pas venu sur terre pour régler la condition économique des pauvres, mais pour régler la condition morale des riches", le monde irait probablement un peu mieux aussi.

    http://droitedavant.wordpress.com/2014/03/04/quand-les-elites-ne-trahissaient-pas/

  • Les leçons de Peter Koslowski face à la post-modernité de la note

    Peter Koslowski [1952-2012], jeune philosophe allemand, est professeur de philosophie et d'économie politique à l'Université de Witten/Herdecke, président de l'Institut Civitas, Directeur de l'Institut de Recherches en Philosophie de l'Université de Hanovre. Son objectif est de déployer une critique fondée de la modernité et de tous ses avatars institutionalisés (en politique comme en économie). Ses arguments, solidement étayés, ne sont pas d'une lecture facile. Rien de son œuvre, déjà considérable, n'a été traduit et nous, francophones, avons peu de chances de trouver bientôt en librairie des traductions de ce philosophe traditionnel et catholique d'aujourd'hui, tant la rigueur de ses arguments ruine les assises de la pensée néo-gnosticiste, libérale et permissive dominante, surtout dans les rédactions parisiennes !

    Koslowski est également un philosophe prolixe, dont l'éventail des préoccupations est vaste : de la philosophie à la pratique de l'économie, de l'éthique à l'esthétique et de la métaphysique aux questions religieuses. Koslowski est toutefois un philosophe incarné : la réflexion doit servir à organiser la vie réelle pour le bien de nos prochains, à gommer les dysfonctionnements qui l'affectent. Pour atteindre cet optimum pratique, elle doit être interdisciplinaire, éviter l'impasse des spécialisations trop exigües, produits d'une pensée trop analytique et pas assez organique.

    Pour la rédaction d'un article, l'interdisciplinarité préconisée par Koslowski fait problème, dans la mesure où elle ferait allègrement sauter les limites qui me sont imparties. Bornons-nous, ici, à évoquer la présentation critique que nous donne Koslowki de la “postmodernité” et des phénomènes dits “postmodernes”.

    La “modernité” a d'abord été chrétienne, dans le sens où les chrétiens de l'antiquité tardive se désignaient par l'adjectif moderni, pour se distinguer des païens qu'ils appelaient les antiqui. Dans cette acception, la modernité correspond au saeculum de Saint-Augustin, soit le temps entre la Chute et l'Accomplissement, sur lequel l'homme n'a pas de prise, seul Dieu étant maître du temps. Cette conception se heurte à celle des gnostiques, constate Koslowski, qui protestent contre l'impuissance de l'homme à exercer un quelconque pouvoir sur le temps et la mort. Le gnosticisme — qu'on ne confondra pas avec ce que Koslowski appelle “la vraie gnose” — prétendra qu'en nommant le temps (ou des segments précis et définis du temps), l'homme parviendra à exercer sa puissance sur le temps et sur l'histoire. Par “nommer le temps”, par le fait de donner des noms à des périodes circonscrites du temps, l'homme gnostique a la prétention d'exercer une certaine maîtrise sur ce flux qui lui échappe. La division du temps en “ères” antique, médiévale et moderne donne l'illusion d'une marche en avant vers une maîtrise de plus en plus assurée et complète sur le temps. Telle est la logique gnostique, qui se répétera, nous allons le voir, dans les “grands récits” de Hegel et de Marx, mais en dehors de toute référence à Dieu ou au Fils de Dieu incarné dans la chair des hommes.

    Parallèlement à cette volonté d'arracher à Dieu la maîtrise du temps, le gnosticisme, surtout dans sa version docétiste, nie le caractère historique de la vie de Jésus, rejette le fait qu'il soit réellement devenu homme et chair. Le gnosticisme spiritualise et dés-historise l'Incarnation du Christ et introduit de la sorte une anthropologie désincarnée, que refusera l'Église. Ce refus de l'Église permet d'éviter l'écueil de l'escapisme vers des empyrées irréelles, de déboucher dans l'affabulation phantasmagorique et spiritualiste. L'Incarnation revalorise le corps réel de l'homme, puisque le Christ a partagé cette condition. Cette revalorisation implique, par le biais de la caritas active, une mission sociale pour l'homme politique chrétien et conduit à affirmer une religion qui tient pleinement compte de la communauté humaine (paroissiale, urbaine, régionale, nationale, continentale ou écouménique). L'homme a dès lors un rôle à jouer dans le drame du saeculum, mais non pas un rôle de pur sujet autonome et arbitraire. Si les gnostiques de l'antiquité avaient nié toute valeur au monde en refusant l'Incarnation, l'avatar moderne du gnosticisme idolâtrera le monde, tout en le désacralisant ; le monde n'aura plus de valeur qu'en tant que matériau, que masse de matières premières, mises à la totale disposition de l'homme, jetées en pâture à son arbitraire le plus complet. Le gnosticisme moderne débouche ainsi sur la “faisabilité” totale et sur la catastrophe écologique.

    Si le premier concept de modernité était celui de la chrétienté imbriquée dans le saeculum (selon Saint-Augustin), la deuxième acception du terme “modernité” est celle de la philosophie des Lumières, dans ses seuls avatars progressistes. Koslowski s'insurge contre la démarche de Jürgen Habermas qui a érigé, au cours de ces deux dernières décennies, ces “Lumières progressistes” au rang de seul projet valable de la modernité. Habermas perpétue ainsi la superstition du progressisme des gauches et jette un soupçon permanent sur tout ce qui ne relève pas de ces “Lumières progressistes”. L'idée d'un progrès matériel et technique infini provient du premier principe (galiléen) de la thermodynamique, qui veut que l'énergie se maintient en toutes circonstances et s'éparpille sans jamais se perdre au travers du monde. Dans une telle optique, l'accroissement de complexité, et non la diminution de complexité ou la régression, est la “normalité” des temps modernes. Mais, à partir de 1875, émerge le second principe de la thermodynamique, qui constate la déperdition de l'énergie, ce qui permet d'envisager la décadence, le déclin, la mort des systèmes, la finitude des ressources naturelles. Le projet moderne de dominer entièrement la nature s'effondre : l'homme gnostique/moderne ne prendra donc pas la place de Dieu, il ne sera pas, à la place de Dieu, le maître du temps. Dans ce sens, la postmodernité commence en 1875, comme le notait déjà Toynbee, mais ce fait de la déperdition n'est pas pris en compte par les idéologies politiques dominantes. Partis, idéologues, décideurs politiques agissent encore et toujours comme si ce second principe de la thermodynamique n'avait jamais été énoncé.

    Pourtant, malgré les 122 ans qui se sont écoulés depuis 1875, l'usage du vocable “postmoderne” est venu bien plus tard et révèle l'existence d'un autre débat, parti du constat de l'effondrement de ce que Jean-François Lyotard appelait les “grands récits”. Pour Lyotard, les “grands récits” sont représentés par les doctrines de Hegel et de Marx. Ils participent, selon Koslowski, d'une “immanentisation radicale” et d'une “historicisation” de Dieu, où l'histoire du monde devient synonyme de la marche en avant de l'absolu, libérant l'homme de sa prison mondaine et de son enveloppe charnelle. Pour Marx, cette marche en avant de l'absolu équivaut à l'émancipation de l'homme, qui, en bout de course, ne sera plus exploité par l'homme ni assujetti au donné naturel. Lyotard déclarera caducs ces deux “grands récits”, expressions d'un avatar contemporain du filon gnostique.

    À la suite de cette caducité proclamée par Lyotard, le philosophe allemand Odo Marquard embraye sur cette idée et annonce le remplacement des deux “grands récits” de la modernité européenne par une myriade de “petits récits”, qu'il appelle (erronément) des “mythes”. Le marxisme, l'idéalisme hégélien et le christianisme, dans l'optique de Marquard, sont “redimensionnés” et deviennent des “petits récits”, à côté d'autres “petits récits” (notamment ceux du “New Age”), auquel il octroie la même valeur. C'est le règne de la “polymythie”, écrit Koslowski, que Marquard érige au rang d'obligation éthique. Le jeu de la concurrence entre ces “mythes”, que Koslowski nomme plus justement des “fables”, devient la catégorie fondamentale du réel. La concurrence et l'affrontement entre les “petits récits”, le débat de tous avec tous, le jeu stérile des discussions aimables non assorties de décisions constituent la variante anarcho-libérale de la postmodernité, conclut Koslowski. Ce néo-polythéisme et cet engouement naïf pour les débats entre tous et n'importe qui dévoile vite ses insuffisances car :

    1) La vie est unique et ne peut pas être inscrite exclusivement sous le signe du jeu, sans tomber dans l'aberration, ni sous le signe de la discussion perpétuelle, ce qui serait sans issue ;

    2) Totaliser ce type de jeu est une aberration, car s'il est totalisé, il perd automatiquement son caractère ludique ;

    3) Cette polymythie, théorisée par Marquard, se méprend sur le caractère intrinsèque des “grands récits” ; contrairement aux “petits récits”, alignés par Marquard, ils ne sont pas des “fables” ou de sympathiques “historiettes”, mais un “mélange hybride d'histoire et de philosophie spéculative”, qui est “spéculation dogmatique” et ne se laisse pas impliquer dans des “débats” ou des “jeux discursifs”, si ce n'est par intérêt stratégique ponctuel. La polymythie de Marquard n'affirme rien, ne souhaite même pas maintenir les différences qui distinguent les “petits récits” les uns des autres, mais a pour seul effet de mélanger tous les genres et d'estomper les limites entre toutes les catégories. Les ratiocinations évoquant une hypothétique “pluralité” qui serait indépassable ne conduisent qu'à renoncer à toute hiérarchisation des valeurs et s'avèrent pure accumulation de fables et d'affabulations sans fondement ni épaisseur.

    Après la “polymythie” de Marquard, le second volet de l'offensive postmoderne en philosophie est représentée par le filon “déconstructiviste”. En annonçant la fin des “grands récits”, Lyotard a jeté les bases d'une vaste entreprise de “déconstruction” de toutes les institutions, instances, initiatives, que ces “grands récits” avaient générées au fil du temps et imposées aux sociétés humaines. Procédant effectivement de cette “spéculation dogmatique” assimilable à un néo-gnosticisme, les “grands récits” ont été “constructivistes” — ils relevaient de ce que Joseph de Maistre appelait “l'esprit de fabrication” — et ont installé, dit Koslowski, des “cages d'acier” pour y enfermer les hommes et, aussi, les mettre à l'abri de tout appel de l'Absolu. Ces “cages d'acier” doivent être démantelées, ce qui légitime la théorie et la pratique de la “déconstruction”, du moins jusqu'à un certain point. Si déconstruire les cages d'acier est une nécessité pour tous ceux qui veulent une restauration des valeurs (traditionnelles), faire du “déconstructivisme” une fin en soi est un errement de plus de la modernité.

    Toujours hostile aux avatars du gnosticisme antique, à l'instar du penseur conservateur Erich Voegelin, Koslowski rappelle que pour les gnoses extrêmes, le réel est toujours “faux”, “inauthentique”, “erratique”, etc. et, derrière lui, se trouvent le “surnaturel”, le “tout-autre”, l'“inattendu”, le “nouveau”, l'“étranger”, toujours plus “vrais” que le réel. Pour Lyotard et Derrida, le philosophe doit toujours placer ce “tout-autre” au centre de ses préoccupations, lui octroyer d'office toute la place, au détriment du réel, toujours considéré comme insuffisant et imparfait, dépourvu de valeur. Lyotard veut privilégier les “discontinuités” et les “hétérogénéités” contre les “continuités” et les “homogénéités”, car elles témoignent du caractère “déchiré” du monde, dans lequel jamais aucun ordre ne peut se déployer. L'idée d'ordre — et non seulement la “cage d'acier” — est un danger pour les déconstructivistes et non pas la chance qui s'offre à l'homme de s'accomplir au service des autres, de la Cité, du prochain, etc.

    Pour Koslowski, cette logique “anarchisante” dérive de Georges Bataille, récemment “redécouvert” par la “nouvelle droite” [allusion à Nouvelle École n°50, 1998]. Bataille, not. dans La littérature et le mal, explique que la souveraineté consiste à accroître la liberté jusqu'à obtenir un “être-pour-soi” absolu, car toute activité consistant à maintenir l'ordre est signe d'esclavage, d'une “conscience d'esclave”, servile à l'égard de l'“objectivité”. L'homme ne peut être souverain, pour Bataille, que s'il se libère du langage et de la vie, donc s'il est capable de s'auto-détruire. Le moi de Bataille renonce de façon absolue à défendre et à maintenir la vie (laquelle n'a pas de valeur comme le monde n'avait pas de valeur pour les gnostiques de la fin de l'antiquité, qui refusaient le mystère de l'Incarnation). L'apologie du “gaspillage”, antonyme total de la “conservation”, et la “mystique du moi” chez Bataille débouchent donc sur une “mystique de la mort”. En ce sens, elle surprivilégie la dispersio des mystiques médiévaux, lui accorde un statut ontologique, sans affirmer en contre-partie l'unio mystica.

    Telle est la critique qu'adresse Koslowski à la philosophie postmoderne. Elle ne s'est pas contenté de “déconstruire” les structures imposées par la modernité, elle n'a pas rétabli l'unio mystica, elle a généralisé un “déconstructivisme” athée et nihiliste, qui ne débouche sur rien d'autre que la mort, comme le prouve l'œuvre de Bataille. Mais si Koslowski s'insurge contre le refus du réel qui part du gnosticisme pour aboutir au déconstructivisme de Derrida, que propose-t-il pour ré-ancrer la philosophie dans le réel, et pour dégager de ce ré-ancrage une philosophie politique pratique et une économie qui permette de donner à chacun son dû ?

    Dans un débat qui l'opposait à Claus Offe, politologue allemand visant à maintenir une démocratie de facture moderne, Koslowski indiquait les pistes à suivre pour se dégager de l'impasse moderne. Offe avait constaté que les processus de modernisation, en s'amplifiant, en démultipliant les différenciations, en accélérant outrancièrement les prestations des systèmes et sous-systèmes, confisquaient aux structures et aux institutions de la modernité le caractère normatif de cette même modernité. Différenciations et accélérations finissent par empêcher la modernité d'être émancipatrice, alors qu'au départ son éthique foncière visait justement l'émancipation totale (i.e. échapper à la prison du réel pour les gnostiques, s'émanciper de la tyrannie du donné naturel chez Marx). Pour réintroduire au centre des préoccupations de nos contemporains cette idée d'émancipation, Offe prône l'arrêt des accumulations, différenciations et accélérations, soit une “option nulle”. Offe veut la modernité sans progrès, parce que le progrès fini par générer des structures gigantesques, incontrôlables et non démocratiques. Il réconcilie ainsi la gauche post-industrielle et les paléo-conservateurs, du moins ceux qui se contentent de ce constat somme toute assez facile. Effectivement, constate Koslowski, Offe démontre à juste titre qu'une accumulation incessante de différenciations diminue la vitalité et la robustesse de la société, surtout si les sous-systèmes du système sont chacun monofonctionnels et s'avèrent incapables de régler des problèmes complexes, chevauchant plusieurs types de compétences.

    Si les principes de vérité, de justice et de beauté s'éloignent les uns des autres par suite du processus de différenciation, nous aurons, comme l'avait prévu Max Weber, une vérité injuste et laide, une justice fausse et laide et une esthétique immorale et fausse. De même, le divorce entre économie, politique et solidarité, conduit à une économie impolitique et non solidaire, à une politique anti-économique et non solidaire, à une solidarité anti-économique et impolitique. Ces différenciations infécondes de la modernité doivent être dépassées grâce à une pratique de l'“interpénétration” générale, conduisant à une polyfonctionalité des institutions dans lesquelles les individus seront organiquement imbriqués, car l'individu n'est pas seulement une unité économique, par ex., mais est simultanément ouvrier d'usine, artiste amateur, père de famille, etc. Chaque institution doit pouvoir répondre tout de suite, sans médiation inutile, à chacune des facettes de la personnalité de ce “père-artiste-ouvrier”. Offe considère que l'“interpénétration” pourrait porter atteinte au principe de la séparation des pouvoirs. Koslowski rétorque que cette séparation des pouvoirs serait d'autant plus vivante avec des institutions polyfonctionnelles et plus robustes, taillées à la mesure d'hommes réels et complexes. L'“option nulle” est un constat d'échec. L'effondrement de la modernité politique et des espoirs qu'elle a fait naître provoque la déprime. Un monde à l'enseigne de l'“option nulle” est un monde sans perspective d'avenir. Un système qui ne peut plus croître, s'atrophie.

    Pour Koslowski, c'est le matérialisme, donc la pensée économiciste, — la sphère de l'économie dans laquelle la modernité matérialiste avait placé tous ses espoirs — qui est contrainte d'adopter l'“option nulle”. Comme cette pensée a fait l'impasse sur la culture, la religion, l'art et la science, elle est incapable de générer des développements dans ces domaines et d'y susciter des effets de compensation, pourtant essentiels à l'équilibre humain et social. L'impasse, le sur-place du domaine socio-économique doit être un appel à investir des énergies créatrices et des générosités dans les dimensions religieuses, artistiques et scientifiques, conclut Koslowski.

    Telle est bien son intention et Koslowski ne se contente pas d'émettre le vœu d'une économie plus conforme aux principes de conservation et d'équilibre des philosophies non modernes. Deux livres très denses témoignent de sa volonté de sauver l'économie et le social de la stagnation et du déclin induits par l'“option nulle”, constatée par Offe, un politologue déçu de la modernité mais qui veut à tout prix la sauver, en dépit de ses échecs patents. Dans cette optique, Koslowski a écrit Wirtschaft als Kultur (1989) et Die Ordnung der Wirtschaft (1994) (réf. infra). Ces 2 ouvrages sont si fondamentaux que nous serons contraints d'y revenir : retenons, ici, que Koslowski, dans Wirtschaft als Kultur, part du constat que les réserves naturelles de la planète s'épuisent, qu'elles sont limitées, que cette limite doit être prise en compte dans toutes nos actions, qu'elle implique ipso facto que le progrès accumulatif illimité est une impossibilité pratique. À ce progressisme qui avait structuré toute la pensée moderne, Koslowski oppose les idées d'une “justice” et d'une “réciprocité” dans les échanges entre l'homme et la nature. Ensuite, il plaide pour une réinsertion de la pensée économique dans une culture plus globale, laissant une large place à l'éthique du devoir. Il esquisse ensuite les contours de l'État social postmoderne, qui doit être “subsidiaire” et prévoir une solidarité en tous sens entre les générations. Cet État postmoderne et subsidiaire doit participer, de concert avec ses homologues, à la restauration d'un marché intérieur européen, prélude à la naissance d'une “nation européenne”, capable d'organiser ses différences ethniques et culturelles sans sombrer dans le nivellement des valeurs qu'un certain discours sur la “multiculturalité” appelle de ses vœux (Koslowski se montre très sévère à l'égard de cet engouement pour la “multiculture”).

    Dans Die Ordnung der Wirtschaft, ouvrage très solidement charpenté, Koslowski jette les bases d'un néo-aristotélisme, où s'allient “philosophie pratique” et “économie éthique-politique”. Cette alliance part d'une “interpénétration” et d'une “compénétration” des rationalités éthique, économique et politique. Ainsi, la “bonne politique” est celle qui ne répond pas seulement aux impératifs politiques (conservation du pouvoir, évitement des conflits), mais vise le bien commun et la couverture optimale de tous les besoins vitaux. Les structures économiques, toujours selon cette logique néo-aristotélicienne, doivent également répondre à des critères politiques et éthiques. Quant à l'éthique, elle ne saurait être ni anti-économique ni anti-politique. Cette volonté de ne pas valoriser un domaine d'activité humaine au détriment d'une autre postule de recombiner ce que la modernité avait voulu penser séparément. La philosophie pratique d'Aristote entend également conserver les liens d'amitié politique (philia politike) entre les citoyens et les communautés de citoyens, qui fondent le sens du devoir et de la réciprocité. Koslowski relie ce principe cardinal de la pensée politique aristotélicienne aux travaux de la nouvelle école communautarienne américaine (A. MacIntyre, M. Walzer, Ch. Taylor, etc.). Le néo-aristotélisme met l'accent sur le retour indispensable de la vertu grecque de phronesis : l'intelligence pratique, capable de discerner ce qui est bon et utile pour la Cité, dans le contexte propre de cette Cité. En effet, la rationalité pure, sur laquelle l'hypermodernité avait parié, exclut le contexte. L'application de cette rationalité décontextualisante dans le domaine de l'économie a conduit à une impasse voire à des catastrophes : une rationalité économique réelle et globale exige une immersion herméneutique dans le tissu social, où se conjuguent actions économiques et politiques. Enfin, le réel est le fondement premier de la philosophie pratique et non le “discours” ou l'“agir communicationnel” (cher à Habermas ou à Apel), car tout ne procède pas de l'agir et du parler : l'Être transcende l'action et ses déterminations précèdent l'acte de parler ou de discourir.

    La pensée philosophique et économique de Koslowski constitue une réponse aux épreuves que nous a infligées la modernité : elle représente la facette positive, le complément constructif, de sa critique de la modernité gnosticiste. Elle est un chantier vers lequel nous allons immanquablement devoir retourner. Puisse cette modeste introduction éveiller l'attention du public francophone pour cette œuvre qui n'a pas encore été découverte en France et qui complèterait celles de Taylor, MacIntyre, Spaemann, déjà traduites.

    Jacques-Henri Doellmans (Robert Steuckers), Catholica n°59, 1998.

    http://www.archiveseroe.eu/recent/2

  • Ça ne peut pas marcher comme ça

    Au lendemain du discours de politique générale prononcé ce Mardi 8 avril 2014 par le Premier ministre Manuel Valls, la plupart des commentateurs agréés se sont employés à un exercice de louanges. Désolé mais, pour un esprit indépendant, il se révèle difficile de s'y joindre.

    Reconnaissons toutefois que le genre littéraire auquel l'ancien ministre de l'Intérieur s'est livré, s'adresse par principe à deux types de publics, bien distincts.

    Il visait d'une part les députés de gauche, d'extrême gauche, écologistes compris. De ce côté-là il s'agissait de limiter au maximum la casse, à savoir une défection de parlementaires qui marquerait l'effritement de la majorité.

    D'un tel point de vue, l'orateur peut se targuer d'une réussite relativement complète. Les 86 députés socialistes qui avaient annoncé leurs réticences ont finalement voté la confiance, adoptée par 306 voix pour et 239 contre, principalement les 197 UMP, les 30 centristes et les 2 FN ; 26 députés se sont abstenus, dont 11 membres de l'aile gauche du PS et 6 membres d'EELV. Les votes "contre" de gauche se limitent aux 12 communistes et front de gauche.

    D'autre part, il s'agissait aussi de reconquérir un peu de la crédibilité perdue, depuis 2012, auprès de l'opinion populaire.

    Or, le prix à payer de la victoire parlementaire ambiguë, remportée sur les critiques gauchisantes au sein du parti socialiste, se retrouve dans le caractère même du programme esquissé.

    Ce que l'on nous promet ne tend en rien à baisser les réglementations, à développer la concurrence, à libérer l'initiative.

    Dans le texte intégral des 47 minutes d'intervention, le mot liberté ne figure qu'une fois. Voici très exactement comment le terme apparaît : "La République, c’est la laïcité. C’est l’essence de notre nation, sa sève, sa flamme. La France, c’est aussi un pays de liberté. Cette majorité l’a montré en ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Mais je souhaite l’apaisement, et c’est la volonté du Président de la République. Et c’est aussi cela la gauche !" Beaucoup de choses sont dites dans ce seul passage de quelques lignes. Elles me semblent se passer de commentaires. Plus encore : on observera que la notion même de liberté, qui caractériserait "aussi" la nation française se trouve ramenée à bien peu de choses.

    Or, voilà en quoi, même "social-démocrate" c'est-à-dire "non-marxiste" le chef du gouvernement reste un socialiste et un étatiste. Tant qu'il demeurera dans cette culture, il se voue lui-même, par conséquent, à l'échec. Ceci doit être considéré non pas "malgré" les sympathiques éloges qu'il décerne aux entreprises, grandes et petites, mais précisément parce qu'il paraît y croire.  Avec Hollande, et sous son contrôle, il assume en effet les responsabilités d'un pays qui ressent l'ardent besoin d'une cure de désintoxication radicale. Ceci vient après quelque 40 années de hausses régulières des prélèvements obligatoires, de redistribution et d'activités subventionnaires.

    Remarquons dès lors que, jusqu'ici, les baisses de charges et de taxes qui ont été annoncées, ressembleront plus à des transferts qu'à des allègements globaux. On nous parle, à longue échéance, L'Étatisme se propose de faire passer l'effort d'une catégorie sur l'autre ; En particulier ses exonérations arbitrairement ciblées iront au bénéfice des catégories ou des secteurs en difficulté. On frappera, au contraire, ceux qui, jusqu'ici, parvenaient à survivre et que l'on s'apprête à pénaliser. Une telle exécrable méthode se réclame au besoin de la "solidarité" : comme si la France n'en avait pas absorbé une overdose, généralement mal investie et absente là où elle demeurerait nécessaire.

    Quand on entend une partie du discours gouvernemental, comme ce 9 avril au matin le ministre des Finances Michel Sapin sur Radio Classique, on peut, certes, s'efforcer de croire que des mesures raisonnables ont été préparées et qu'elles ne vont pas tarder à intervenir.

    Mais tout ce qui pourrait, le jour, être entrepris de sérieux, non seulement restera marqué par l'interventionnisme et l'étatisme les plus ruineux, mais se verra détricoté, la nuit, par les petites mains montebourgeoises.

    Disons clairement que l'on ne pourra y  croire que lorsque les Dr Jekyll "sociaux-démocrates" se seront franchement et explicitement débarrassés de leurs Mr Hyde de gauche, dont ils pensent avoir besoin en vue du scrutin européen. Un gouvernement qui ne verrait pas plus loin qu'une telle échéance ne saurait être pris au sérieux.

    Si l'on ne peut que souhaiter, par patriotisme, le succès de la France, on se trouve, à regret, obligé de penser et de conclure : non, ça ne peut pas marcher comme ça.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/  

  • Prochaine sortie d’un livre choc d’Emmanuel Ratier sur Manuel Valls

     En moins de trois ans, Manuel Valls est passé de l’anonymat (5,6 % à la primaire socialiste de 2011) à Matignon. L’histoire de Manuel Valls, issu de la plus haute bourgeoisie catalane par son père et d’une famille suisse enrichie dans le trafic de l’or par sa mère, attendait d’être racontée, sans fard et en détails, afin que les français connaissent vraiment celui qui est aujourd’hui à la tête du gouvernement.

    C’est à cette tâche que s’est consacré le journaliste Emmanuel Ratier qui publie, le 25 avril prochain, une biographie sans concession de celui que beaucoup voient comme une sorte de « Sarkozy de gauche ».

    Un livre choc, dans la lignée des précédents travaux de l’auteur, extrêmement documenté, bourré de révélations sur celui qui se rêve déjà président de la république. 

    « Le vrai visage de Manuel Vall », par Emmanuel Ratier, 20 euros port compris à commander à : Faits & Documents, BP 254-09, 75424 Paris cedex 09 (chèque à l’ordre le Librairie Facta) ou www.vraivisagemanuelvalls.com

    http://fr.novopress.info/

  • Référendum

  • Faire sa révolution intérieure :

    Nous pourrions aller plus loin en constatant que la disparition du respect, de la courtoisie, du service, de l’éducation, de la tenue, sont les conséquences tardives de ce mal profond qui gangrène nos vies communautaires détruites. « Ce qui avait été, au temps de Voltaire, le triomphe de l’esprit dénigrant et ironique, attaquant néanmoins toujours sur le terrain des idées, devient désormais une organisation mécanique et froidement calculée pour servir des intérêts.» (M-M. Martin)

    Ce nouveau mécanisme de pensée amènera les français à agir en opposition avec la pensée de leur père. On est loin de tout complot ourdi par des loges mais plutôt d’un état d’esprit sur lequel les loges bâtiront et dirigeront de nouvelles idées, réflexes et systèmes politiques. La dégradation de la pensée chrétienne d’Occident commença à fléchir bien avant l’arrivée des loges, que l’on situe vers 1715-1721. Ces sociétés de pensée se sont multipliées parce que l’esprit du temps leur était favorable et cela correspondait aux attentes de l’opinion publique d’alors. Ces sociétés de pensée, loges, clubs, cafés, salons, structureront ces «déviances» devenant attrayantes et feront force de lois auprès du peuple qui les accepte parce qu’en fait, il en est l’initiateur. Ces idées fausses, parce que corrompus par le mercantilisme naissant, ont contaminé, telle une maladie ce rythme évolutif, détourné du sens naturel, social et traditionnel du monde médiéval : « La psychologie même de notre peuple en a été transformée… » (M-M. Martin).

    Ces idées dites « nouvelles », furent le fruit du développement vicié de la pensée, contraire à l’élévation, la grandeur d’esprit et aux valeurs de nos pères. C’est ainsi que les organisations qui détruisent la France, bénéficient d’un silence, voire d’une approbation populaire empêchant toute organisation saine désirant reprendre les rênes de notre destinée. « Il est frappant que, pendant plusieurs siècles, les doctrines subversives s’étaient heurtées chez nous à la monumentale solidité de la société de l’Ancien Régime, avec ses familles centrées sur la maison, bien quasi immortel dominant les passions fluctuantes des individus ; avec ses professions organisées à partir de la notion d’intérêt commun entre employeurs et employés, du respect, aussi, d’idéal professionnel transcendant la notion de bas profit ; avec son organisation politique, héritière à la fois de Rome, gardienne du Droit, et de la chevalerie médiévale exaltant les notions de service et de fidélité... » (M-M. Martin).

    Bref, lorsque les élites démissionnent, la société se dirige alors, vers ses bas instincts qui mènent les peuples à la mort, c’est-à-dire, à l’auto destruction de toute société policée. On met en place des lois antisociales et antinaturelles qui détruisent toute vie organisée, alors que d’autres lois pourraient fleurirent et prospérer. Ce fut le cas avec les libertés (républiques) multiples qui garnissaient jadis, notre terre de France. La perte de repères engendre les idées fausses qui amènent une perversion de la pensée. Cela entraîne des idées floues, inexactes, laissant libre cours aux pulsions qui ne sont plus contrariés par l’apprentissage dans une vie communautaire, un enseignement et des réflexes éducatifs cohérents. Celles-ci correspondent à une demande, une mode, une volonté. « Après 1789, la société se désagrège, de façon très peu apparente d’abord, puis à partir de 1860 de manière frappante... Les doctrines ne se heurteront donc plus au rempart d’un ordre quasi intangible, mais viendront accélérer une anarchie qui aboutira à la véritable dissolution étalée aujourd’hui sous nos yeux. » (M-M. Martin) D’où un échec cuisant pour des partisans de la tradition qui ne pourront aller contre ces nouveautés, tant qu’ils n’ont plus le consensus populaire. « L’obscurcissement du monde vient de l’atrophie puis de la cécité spirituelle des hommes » (C. Levalois).

    Ce problème existe depuis la nuit des temps, il est dans l’homme. Le comportement extérieur de tout individu reflète l’âme intérieure. Le peuple est consentant à son malheur, comme « les peuples ont les gouvernements qu’ils méritent » disait Rivarol. Si les loges prolifèrent, si l’anti-France prospère, c’est que le corps social est malade. Les bactéries se multiplient sur un corps en décomposition. Pourtant s’il existait encore le « bon sens » populaire de jadis, toute tentative de pénétration et d’implantation seraient vouées à l’échec dans une société saine, composée d’élites libres et responsables, protectrices du corps social. Nous ne pouvons soigner une maladie sans en attaquer les causes. « Le processus de cette dissolution aura été de pair avec l’influence de plus en plus importante de la bourgeoisie d’affaires, grande triomphatrice de 1789, à la fois contre le pouvoir royal, contre la noblesse terrienne et contre le peuple lui-même. Au lendemain de la Grande Révolution, seule une certaine partie de la classe bourgeoise vit restaurer et même accroître ses privilèges : la noblesse et le clergé avaient perdu les leurs ; le peuple était blessé à mort par la suppression des corporations et des autonomies locales ou provinciales. La haute bourgeoisie, au contraire, a conquis en 1789 cette place qu’elle avait cherché pendant si longtemps à arracher aux autres privilégiés ; de plus, elle a institué dans les assemblées révolutionnaires, un système électoral donnant prépondérance au pouvoir de l’argent (elle affirmera ce système, dans toutes les Assemblées de la Restauration, où le suffrage cen­sitaire consacrera la suprématie des détenteurs de biens). Grisée par son pouvoir grandissant, la bourgeoisie d’argent voit bientôt dans la monarchie le seul ennemi qui défende l’intérêt général contre ses intérêts particuliers ; les débuts du XIXe siècle sont remplis par ce conflit entre le monde de la finance et une autorité royale héroïquement accrochée pour la dernière fois à la grande tâche capétienne : la défense de la nation contre les excès des féodalités … Et c’est l’argent, prenant une place primordiale dans la vie du pays, qui va pervertir une partie de l’aristocratie, après avoir fait, de la haute bourgeoisie d’Ancien Régime, une caste plus implacable que celle des tyrans de la société antique : c’est l’argent qui enfin, un jour, arrachera le peuple lui-même à ses traditions séculaires de respect du travail et de l’économie, à sa désinvolture moqueuse, à son mépris joyeux envers les forces matérielles, pour faire naître un troupeau sans réaction devant la mainmise de l’Etat parce qu’il aura été préalablement annihilé par le goût du confort. » » (M-M. Martin)

    Le peuple de France nage dans l’hédonisme, le subjectivisme, bref une superficialité qui le mène vers le néant. Pourquoi être contre le socialisme si au préalable on ne détruit pas la racine du mal, qui est le libéralisme ? Allons-nous reprocher à l’Islam ses progrès alors que nous avons laissé un vide spirituel, déserté nos Eglises et renié notre foi ? Pourquoi avons-nous abandonné la foi de nos ancêtres et suivi ce chemin qui nous conduit vers l’abîme ?

    A suivre... Frédéric Winkler

    http://www.actionroyaliste.com/bibliotheque-du-gar/etre-royaliste/1340-faire-sa-revolution-interieure-