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  • « Tous pourris » : la réponse du « beauf » à une caste qui méprise le peuple

    Sophie de Ravinel ne s'astreint pas à exiger d'elle-même la décence élémentaire de respecter ces Français qui souffrent.   

    Sophie de Ravinel, grand reporter au Figaro en charge de la gauche, a le mépris facile. Cette « grande dame » s’est offusquée des propos d’un chauffeur de taxi un peu trop « popu » à son goût. Le monsieur s’est plaint et a entamé le refrain classique du « tous pourris ». Madame de Ravinel n’était pas d’humeur à entendre les grognements d’humeur de son cocher, dont la mission consistait uniquement à la transporter de son aéroport vers un lieu protégé duquel elle aurait pu continuer à ignorer ces Français d’en bas qui l’ennuient.

    Philippe Muray aimait à dépeindre les artistes médiatiques telle une nouvelle caste aux privilèges spéciaux. Il usa, durant sa carrière, d’un néologisme pour les nommer : « artistocrates ». Sophie de Ravinel n’est pas une artiste, et se défend même sur Twitter d’être une bobo ; elle préfère revendiquer son appartenance à la classe des « Aribo », se démarquant par sa supériorité de qualité et de naissance par rapport aux premiers cités. « Aribo » signifie « aristo bohème ». En somme, des bobos à particules : eux ne sont point parvenus par le fruit de leur labeur à un mode de vie bohème, ils en jouissent pleinement depuis la plus petite enfance. Du moins, c’est ce que la journaliste a laissé entendre à un internaute qui la qualifiait de « bourgeoise déconnectée », ce qui ne manqua pas de la vexer.

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  • Pour en finir avec la civilisation occidentale

    « Cette Europe qui, dans son incalculable aveuglement, se trouve toujours sur le point de se poignarder elle-même, écrit Martin Heidegger dans son Introduction à la métaphysique, est prise aujourd’hui dans un étau entre la Russie d’une part et l’Amérique de l’autre. La Russie et l’Amérique sont, toutes les deux, au point de vue métaphysique la même chose : la même frénésie de l’organisation sans racine de l’homme normalisé. Lorsque le dernier petit coin du globe terrestre est devenu exploitable économiquement [...] et que le temps comme provenance a disparu de l’être-là de tous les peuples, alors la question : « Pour quel but ? Où allons-nous ? Et quoi ensuite ? » est toujours présente et, à la façon d’un spectre, traverse toute cette sorcellerie. » 

         Dans les campagnes françaises, on ne danse plus la gigue ou la sardane les jours de fête. Le juke-box et le flipper ont colonisé les derniers refuges de la culture populaire. Dans un collège allemand, un garçon de dix-huit ans achève de crever d’overdose, recroquevillé au fond d’une pissotière. Dans la banlieue de Lille, trente Maliens vivent entassés dans une cave. A Bangkok ou à Honolulu, vous pouvez, pour cinq dollars, vous envoyer une fillette de quinze ans. « Ce n’est pas de la prostitution puisque toute la population le pratique », précise une brochure touristique américaine. Dans la banlieue de Mexico, une firme américaine de production de skate board licencie une centaine d’ouvrières. Houston estime qu’il est plus rentable de s’installer à Bogota... 

         Tel est le visage hideux de la civilisation qui, avec une logique implacable, s’impose à tous les continents, arasant les cultures sous un même mode de vie planétaire et digérant les contestations sociopolitiques des peuples qui lui sont soumis dans les mêmes habitudes de mœurs (standard habits). A quoi sert, en effet, de crier US go home si l’on porte des jeans ? Pour Konrad Lorenz, cette civilisation a trouvé pire que l’asservissement ou l’oppression : elle a inventé la « domestication physiologique ». Et plus efficacement que le marxisme soviétique, elle réalise une expérience sociale de fin de l’histoire. Avec pour objectif d’assurer partout le triomphe du type bourgeois, au terme d’une dynamique homogénéisante et d’un processus d’innovation culturelle. 

         Cette civilisation dans laquelle les peuples d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine sont aujourd’hui englués, il nous faut bien la désigner par son nom : c’est la civilisation occidentale. La civilisation occidentale n’est pas la civilisation européenne. Elle est le fruit monstrueux de la culture européenne, à laquelle elle a emprunté son dynamisme et son esprit d’entreprise, mais à laquelle elle s’oppose fondamentalement, et des idéologies égalitaires issues du monothéisme judéo-chrétien. Elle s’accomplit dans l’Amérique qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lui a donné son impulsion décisive. 

         Il convient dès lors de distinguer la civilisation occidentale du système occidental, celui-ci désignant la puissance qui entraîne l’expansion de celle-là. Le système occidental ne peut en outre être décrit sous les traits d’un pouvoir homogène et constitué en tant que tel. Il s’organise en un réseau mondial de micro-décisions, cohérent mais inorganique, ce qui le rend relativement insaisissable et, partant, d’autant plus redoutable. Il regroupe notamment les milieux d’affaires des pays membres de l’OCDE, les états-majors d’une centaine de firmes transnationales, un fort pourcentage du personnel politique des nations « occidentales », les sphères dirigeantes des « élites » conservatrices des pays pauvres, une partie des cadres des institutions internationales, et la plupart des rouages supérieurs des institutions bancaires du monde « développé ». 

         Le système occidental tient son épicentre aux Etats-Unis. Il n’est pas d’essence politique ou étatique, mais procède par mobilisation de l’économie. Négligeant les Etats, les frontières, les religions, sa « théorie de la praxis » repose moins sur la diffusion d’un corpus idéologique ou sur la contrainte que sur une modification radicale des comportements culturels, orientés vers le modèle américain. 

    Guillaume Faye, Eléments n°34, automne 1980

    http://www.oragesdacier.info/2014/08/pour-en-finir-avec-la-civilisation.html

  • Le couple franco-allemand doit-il faire chambre à part ?

    Les résultats des Européennes ont montré un véritable euroscepticisme dans certains pays. Bien que nous soyons heureux de ce (modeste) sursaut des Européens contre la technocratie capitaliste euro-atlantiste, il pose tout de même la question de l’avenir de notre continent. Soyons clairs, nous sommes initialement des défenseurs de l’Europe carolingienne, celle dont rêvait aussi Bonaparte, et qui fut à l’origine de l’Europe des Six. Le « repli national » n’est donc pas pour nous la solution optimale. C’est à la limite un truc d’Anglais de se replier sur son île et d’œuvrer à saborder toute puissance continentale européenne. Le rôle de la France, c’est d’être le cœur politique de l’Europe, comme c’est le cas depuis de nombreux siècles. La France se doit donc de « penser l’Europe ».

    Du rêve à la réalité, il y a un pas, donc soyons pragmatiques. Aujourd’hui il paraît évident qu’il n’existe aucun couple franco-allemand, on aura beau le fantasmer, dessiner des cartes de la Grande Europe sur Paint ou Photoshop, la réalité est évidente, comme c’est malheureusement le cas depuis maintenant cent cinquante ans, la France et l’Allemagne ne parviennent pas à agir de concert, à ne pas se vampiriser. Le couple franco-allemand ne vit que dans le spectacle médiatique fait des sourires hypocrites de leurs chefs d’États respectifs. Par ailleurs, combien de Français parlent l’allemand et combien d’Allemands parlent français ? Il faut donc envisager la constitution de l’Europe sur des bases neuves, ou pas.

    La France doit retrouver sa place, celle d’une grande nation d’Europe. La France a plusieurs forces. Tout d’abord elle dispose de la deuxième Z.E.E. du monde (espace maritime), ce qui est essentiel vis-à-vis des États-Unis et de la Chine. De plus, elle est aussi un carrefour, un passage obligé entre l’Europe du Nord et celle du Sud et l’isthme de tous les trajets partant de l’Est vers l’Ouest. Enfin, elle est une puissance agricole (la première d’Europe). La France est aussi, intrinsèquement, une « mini-Europe ». Il suffit par exemple de voir la diversité du bâti, entre les maisons en briques du Nord, qui rappellent la Belgique voisine ou l’Angleterre, les grandes maisons en pierre du Pays basque ou les maisons au crépis chaud du Sud méditerranéen qui rappellent l’Espagne ou l’Italie. La France ne peut donc pas aller contre l’Europe, au risque de renier une partie d’elle-même. C’est en s’appuyant sur ses forces (il y en a d’autres) qu’elle pourra se permettre de revenir ensuite vers l’Allemagne. La France se positionne aujourd’hui comme le seul pays capable de construire une autre Europe.

    Dans l’état actuel des choses, il faut réfléchir sur quelles bases constituer l’Europe. Une idée, qui n’est pas neuve mais pourrait être pertinente me traverse l’esprit régulièrement : diviser l’Europe actuelle en deux grandes familles et organiser des rapports bilatéraux entre la France et l’Allemagne. D’un côté une « union/confédération latine », de l’autre une « union/confédération germanique ».

    L’union latine est déjà un projet évoqué par Charles Maurras, qui lui- même mentionne que cette idée a été défendue par des « révolutionnaires » : Mazzini ou Victor Hugo. C’est d’ailleurs un projet qui a eu une actualité dans la deuxième moitié du XIXe siècle à la suite de l’unité italienne et des relations établies avec le Second Empire.

    La France pourrait coopérer avec l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Wallonie et disposerait de son importante Z.E.E. La France serait ainsi le moteur de cette union latine, ouverte directement sur deux mers et un océan et pouvant compter sur les territoires ultra-marins. Cette union latine disposerait d’une monnaie en rapport avec ses atouts économiques comme l’agriculture et le tourisme et pourrait aussi développer des technologies maritimes et s’engager sur la voie de la protection des océans. Elle serait un passage obligé pour le commerce international, en raison de son contrôle sur Gibraltar et le rail d’Ouessant et dispose de plusieurs villes portuaires comme Gênes, Marseille-Fos, Barcelone, Bilbao ou le Havre. Elle pourrait donc lourdement taxer les produits d’Asie de l’Est et du sous-continent indien, favorisant ainsi le développement d’un tissus de P.M.E. et engageant une forme de démondialisation. Elle aurait aussi en charge la lutte contre l’immigration et la coopération avec le Maghreb. Elle pourrait aussi être un partenaire de certains pays d’Amérique latine hostiles à la doctrine Monroe.

    La « confédération germanique » quant à elle rappellera la situation avant l’unité allemande, à l’époque où celle-ci était dominée principalement par l’Autriche. Les Prussiens ayant affaibli la position de l’Autriche, il reviendrait très naturellement à l’Allemagne rhénane de mener cette confédération. D’autant que la réunification n’est pas encore totalement réussie.

    L’Allemagne est la maîtresse de la Mitteleuropa, son espace géostratégique et économique comprend la Baltique, une partie du Danube et les pays de l’Europe orientale. Ainsi l’Allemagne pourrait structurer un espace de coopération avec l’Autriche, la Flandre, les Pays-Bas, la République tchèque et le Danemark. Je préfère ne pas trop élargir pour définir une union resserrée. Elle serait en tête dans l’industrie de qualité, la recherche ou les énergies « vertes ». Cet espace aurait le contrôle sur le Rhin, le Danube et bénéficiait des grands ports comme Rotterdam ou Anvers.

    L’établissement de ces deux grandes unions ou confédérations pourrait ensuite permettre la mise en place de rapports d’égal à égal entre la France et l’Allemagne, entre les Latins et les Germains, entre une Europe ouverte sur les mers et une Europe continentale, entre une Europe agraire et une Europe plus industrielle (ce qui n’exclue pas l’existence d’agriculture du côté de l’union allemande et d’industrie dans l’union latine). Bien sur tout cela relève de la fiction et il faudrait passer au-dessus de certaines blessures historiques, comme celle entre la France et l’Espagne ou celle entre l’Allemagne et la République tchèque qui serait le seul État « slave » de cette confédération, à moins que la Pologne s’y joigne. Pourtant ce serait dans l’immédiat la meilleur façon de sortir de la crise que traverse l’Europe en repositionnant les deux grands pays sur leur espace géopolitique naturel et en coupant l’Europe en deux grandes zones économiques structurellement différentes.

    Ces deux unions œuvreraient ensuite pour une politique internationale commune, ou du moins, non divergente. Ce qui pose par exemple la question d‘un partenariat avec la Russie, beaucoup plus simple à réaliser pour l’Allemagne que pour la France mais qui garantit le fameux axe « Paris-Berlin-Moscou » sur des bases équitables. L’Angleterre quant à elle serait repliée sur son île et chercherait à favoriser le libre-échange avec les États-Unis, comme elle l’a toujours fait. L’union latine serait sa principale concurrente sur les mers.

    À travers ce modeste article, qui relève de la prospective fictionnelle, j’ai cherché à proposer une sortie de crise possible pour résoudre les problèmes que nous traversons : difficultés monétaires, austérité en Europe du Sud (particulièrement en Italie), immigration, asphyxie économique, absence de protectionnisme, absence de politique étrangère, relations avec la Russie, résistance à l’impérialisme anglo-américain, riposte économique et géostratégique à la Chine et à l’Inde. Peut-être que certaines personnes bien placées seront à même de soulever cette idée, pas neuve, mais qui pourrait retrouver une actualité.

    Jean Non Conforme

    N.B. : ces considérations n’entrent pas en conflit avec des volontés localistes, auto-gestionnaires ou décroissantes qui peuvent aussi nous préoccuper. Ces dernières sont essentiellement le produit d’une politique intérieure alors que cet article concerne simplement la politique extérieure.

    • D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 4 août 2014.

    http://www.europemaxima.com/?p=3891

  • Juppé, bon maire, mais piètre ministre. Et président ?

    Depuis le 20 août, Alain Juppé ne cache plus ses ambitions présidentielles. Et ses quatre mandats à la mairie de Bordeaux lui donnent du crédit tant la réhabilitation de cette ville est une réussite que tout le monde peut admirer. Et les expériences politiques nationales passées – ministre du budget, des affaires étrangères à deux reprises, écologie, défense, et enfin premier ministre – font de lui un challenger sérieux.

    Pourtant un bref retour en arrière s’impose. En 1997, alors qu’il est premier ministre de Jacques Chirac, Alain Juppé atteint des sommets d’impopularité et parvient à paralyser complètement le pays. Pourquoi ?

    Chantre de la mondialisation et du traité de Maastricht, Alain Juppé durant les deux années de son gouvernement s’est révélé être un ultra libéral : privatisations nombreuses, hausse de CSG, création de la CRDS, gèle des prestations familiales, explosion de l’ISF ; en somme une augmentation de la pression fiscale à en rendre jaloux les socialistes !

    Alain Juppé, c’est aussi les « affaires » : l’appartement dans lequel son fils est logé voit son loyer être diminué sur sa demande. Lui-même s’installe dans un logement de 189 m² et fait réaliser des travaux de plusieurs millions de francs au frais du contribuable. Une information pour prise illégale d’intérêt est ouverte, Alain Juppé se voit contraint de quitter son luxueux logement.

    En 1999, Alain Juppé est mis en examen pour « abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux, et prise illégale d’intérêt ». En 2004, le tribunal de Nanterre le condamne à dix-huit mois de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris. Le 1 décembre 2004, la peine est réduite à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité.

    Européiste, immigrassioniste, partisan du « front républicain », promoteur de la culture de mort (avortement, PACS, mariage homosexuel, etc…) Juppé est un Chirac en plus jeune : la girouette tourne dans le sens du vent. Rien dans son passé ne permet de dire ni de penser qu’il fera un bon président, bien au contraire, il a toutes les caractéristiques d’une génération usée qui cherche à se recycler en appliquant avec des mots différents la même politique que celle qui nous mène dans le gouffre depuis 40 ans.

    Xavier Celtillos

    http://medias-presse.info/juppe-bon-maire-mais-pietre-ministre-et-president/14365

  • Ukraine : invasion russe avec des camions humanitaires

    Lu sur IHS News :

    "La Russie a perdu la tête, l’occident l’avait pourtant prédit, Moscou n’attendait qu’une chose, envahir l’Ukraine. C’est chose faite le Kremlin a lancé l’invasion…avec près de 300…camions humanitaires (sans doute que Poutine ne dispose plus de chars).

    Redevenons sérieux quelques instants! Depuis hier les médias s’offusquent et crient à l’invasion.

    Sur le fait en lui-même, le président russe a-t-il eu raison d’ordonner au convoi humanitaire de rentrer en Ukraine ou aurait-il dû attendre ?

    Tout dépend sous quel angle on se place. Sous l’angle Atlantiste, cela n’arrangera pas les relations c’est certain, mais depuis le début de la crise ukrainienne et le putsch de Kiev (n’oublions pas que le précédent gouvernement a été renversé et que les occidentaux ont applaudi des deux mains), quoi que puisse faire Moscou, et surtout ne pas faire, est détourné et immédiatement sujet à des sanctions. [...]

    Il aurait pu, c’est vrai attendre l’accord ukrainien qui ne serait sans doute jamais arrivé. L’Ukraine prétextant n’avoir pas eu le temps d’inspecter les camions, alors que ceux-ci attendent depuis une semaine… Il n’y a pas eu la même entrave pour l’aide humanitaire venant de Pologne, il faut dire qu’elle n’était pas destinée aux civils de l’est de l’Ukraine mais à l’armée ukrainienne comme l’explique le site du gouvernement polonais. Une aide humanitaire à destination de l’armée tandis que les civils connaissent famine et bombardements comme à Gaza.

    Alors la réaction du Kremlin peut se comprendre, ce n’est sans doute pas la décision la plus porteuse de paix, mais devant une situation où de toutes façons la Russie aurait été critiquée, autant s’affirmer comme un chef d’état fort et venir en aide aux civils d’Ukraine.

    Car, si l’on atteint les presque 3.000 morts à Gaza, ici on les a dépassés depuis longtemps…6.000 morts civils en quatre mois, plus de 400.000 réfugiés et tout cela à seulement 3.217 km de Paris ! Mais ceci, les médias n’en parle pas, préférant se focaliser sur les déclarations du président Porochenko qui affirme vouloir parler de paix alors qu’il bombarde le coeur de Donetsk. Ce scandale n’émeut personne en Europe, où en revanche la baisse du prix des fruits et légumes fait la Une des médias. [...]"

    Michel Janva

  • Auguste (63 av. J.-C. - 14) Le maître du monde

    César et Auguste, deux destins très différents

    L'empereur Auguste est traditionnellement associé dans l'imaginaire occidental à son grand-oncle et père adoptif Jules César.

    Les empereurs romains qui leur ont succédé pendant quatre ou cinq siècles n'ont jamais manqué d'associer les deux noms à leur titulature :César Auguste... et nous nous les remémorons chaque été enjuillet, le mois de Jules (César) etaoût, le mois d'Auguste.

    Pourtant, il n'est guère de personnalités et de destins aussi dissemblables.

    Jules César, dilettante issu d'une illustre famille patricienne de Rome, révéla sur le tard son génie militaire, son courage et son charisme ; promptement assassiné par ses adversaires, il eut néanmoins le temps, en cinq ou six ans, de réformer la République sénatoriale et d'ouvrir la voie au successeur qu'il s'était choisi en la personne de son petit-neveu.

    Auguste, de son vrai nom Octave, est le fils d'un notable romain et de la nièce de César. Il a seulement 19 ans à la mort de celui-ci, en 44 av. J.-C.. Il va user de toutes les ressources de son esprit rusé pour éliminer ses rivaux et ses propres alliés et assurer sur Rome et ses immenses possessions un pouvoir sans partage.

    Retors et brutal, homme à femmes quelque peu pervers, pleutre sur le champ de bataille, cruel à l'égard des vaincus, Octave témoigne néanmoins dès ses jeunes années d'une habileté politique qui lui permet de l'emporter sur de fortes personnalités, des hommes mûrs et des guerriers tels que Brutus, Marc Antoine et Cicéron.

    À la différence de César, il a l'habileté de respecter les formes républicaines du régime et de ne jamais prétendre à la monarchie, de façon à ne pas contrarier les ambitions personnelles du millier de sénateurs qui aspirent à suivre la carrière des honneurs jusqu'au consulat. Il se contente de concentrer entre ses mains toutes les magistratures utiles et se satisfait du titre dePrinceps senatus(le« premier du Sénat ») qui lui est attribué en 28 av. J.-C. (nous en avons tiré le motprince).

    Une fois son pouvoir bien établi, il va cultiver jusqu'à sa mort l'image d'un patriarche bienveillant et aux moeurs frugales, attentif à préserver la paix civile et soucieux d'éviter les guerres de conquête inutiles.

     

    L'empire romain à son apogée

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    L'empire romain à son apogée (cartographie Herodote.net)

    Cette carte montre l'empire romain dans sa plus grande extension (fin du Ier siècle après J.-C.). Au centre de cet immense empire était la mer Méditerranée, que les Romains appelaient avec orgueil et non sans justesseMare Nostrum(Notre mer). Cet empire est aujourd'hui éclaté en États rivaux que divisent la langue, la politique, la religion, la société et l'économie.

     

     

    De la République auprincipat

     

    Né le 23 septembre de l'an 63 av. J.-C. sur le mont Palatin, quartier aristocratique de Rome, Octave est le fils de Gaius Octavus, un« homme nouveau », autrement dit un représentant de la bourgoisie équestre en pleine ascension sociale.

    Comme tout Romain bien né, le jeune homme va faire ses humanités en Grèce, en l'occurence à Apollonie d'Illyrie. C'est là qu'il apprend de sa mère Atia l'assassinat de son grand-oncle puis, dans un message ultérieur, sa désignation comme héritier ! Il est jeune, de santé fragile, n'a pas de partisans ni d'armée mais seulement quelques amis fidèles et habiles : Agrippa, Mécène, Rufus.

    Il doit affronter d'une part les assassins de César, guidés par les sénateurs Brutus et Cassius ainsi que Sextus Pompée, commandant de la flotte ; d'autre part Marc Antoine, un solide quadragénaire qui a pour lui le prestige militaire. Il est assisté de Lépide, le maître de la cavalerie de César.

    Le jeune homme, qui se fait désormais appelerCaius Julius César mais que l'on appelle aussiOctavien, va devoir jouer serré. Il obtient au Sénat le soutien de Cicéronet soigne sa popularité en distribuant les biens de César. Avec l'aide financière de Mécène, il lève des légions et se fait attribuer illégalement par le Sénat un commandement militaire, l'imperium proconsulare

    Les légions de Marc Antoine et Octave s'affrontent sous les murs de Modène le 21 avril 43 av. J.-C.. Le premier est défait et aussitôt déclaré ennemi public par le Sénat.

    Octave profite de son avantage et, nonobstant sa jeunesse, réclame rien moins que le consulat, stade suprême de la carrière des honneurs. Pour appuyer ses prétentions, il marche sur Rome et rallie à lui les trois légions que le Sénat lui oppose. Dans la curie où les sénateurs tentent encore de résister à Octave, un centurion montre son glaive :« Si vous ne le faites pas consul, celui-ci s'en chargera ! ». Voilà Octave consul à 20 ans, le 9 août 43 av. J.-C. !

    Le jeune intrépide juge sa situation malgré tout fragile et choisit de négocier avec le parti césarien. C'est ainsi qu'Octave, Marc Antoine et Lépide font alliance à Bologne le 11 novembre 43 avant J.-C. et forment un second triumvirat, à l'imitation de celui qui avait rapproché très provisoirement Pompée, César et Crassus 17 ans plus tôt. 

    Ils proscrivent les républicains prétendument coupables d'avoir comploté contre César, y compris Cicéron, puis se lancent à la poursuite de Brutus et Cassius. La bataille décisive a lieu à Philippes, en Grèce. Elle est gagnée haut la main par Marc Antoine, Octave s'étant fait porter pâle au moment crucial.

    Les triumvirs renouvellent leur alliance à Brindes (aujourd'hui Brindisi), en octobre 40 avant J.-C., et se partagent le monde romain. À Marc Antoine l'Orient, à Octave l'Occident, à Lépide l'Afrique.  En gage de réconciliation, Marc Antoine, qui vient de perdre Fulvie, épouse la soeur aînée de son rival, Octavie.

    Il s'ensuit une longue trêve que savourent les Romains. Octave en profite pour affermir son autorité à Rome et en Italie. Il fait usage de la flotte d'Antoine pour vaincre Sextus Pompée en Sicile, à Nauloque, le 3 septembre 36 av. J.-C., et confisque aussi les possessions africaines de Lépide mais laisse à celui-ci le titre de grand pontife (ordonnateur des cérémonies religieuses). 

    En 32 enfin vient l'heure des comptes. Cléopâtre a repris son ascendant sur Marc Antoine et les deux amants réorganisent à leur façon les provinces orientales de Rome et l'Égypte.

    À Rome, Octave a beau jeu de dénoncer une trahison d'Antoine au profit de Cléopâtre. Il obtient du Sénat qu'il déclare la guerre à cette dernière.

    Ainsi la guerre civile prend-elle l'allure d'une guerre contre l'étranger. Elle va aboutir à la défaite navale de Marc Antoine et Cléopâtreà Actium, grâce au génie stratégique d'Agrippa. 

    Après la prise d'Alexandrie d'Égypte, Antoine et Cléopâtre n'ont plus d'autre issue que la mort. 

    Libéré de ses rivaux, Octave peut célébrer à Rome, le 15 août 29 avant J.-C., le triomphe dû à un général vainqueur.

    Il s'octroie dès lors un pouvoir quasi-absolu grâce au cumul indéfiniment renouvelé des plus hautes fonctions de la République. 

     

    La République romaine se transforme en quelques années en un« empire »qui ne dit pas son nom, ou plus précisément en un« principat »(avec un homme tout-puissant à sa tête) sans que ses structures traditionnelles aient été en apparence modifiées !

     

     

    Une monarchie qui ne dit pas son nom

     

    Pour commencer, Octave obtient du Sénat, comme César, le droit de porter à vie le titre d'Imperator  (d'où nous avons tiré le mot empereur).

    Ce titre désigne usuellement un général investi de l'imperium. C'est un pouvoir à caractère militaire mais aussi juridique et sacré conféré par le Sénat à un général avant de partir en campagne. Il lui est retiré à son retour à Rome, dans les limites du pomerium, l'enceinte sacrée délimitée selon la légende par la charrue de Romulus.

    Par ailleurs, après la fin du deuxième triumvirat, le nouvel homme fort de Rome se voit réattribuer dix années de suite le consulat (qu'il partage à chaque fois avec un quelconque notable).

    À partir de l'an 28 av. J.-C., Octave est officiellement considéré commePrinceps senatusou premier sénateur (d'où nous avons tiré le motprince).

    L'année suivante, le 16 janvier de l'an 27 av. J.-C., le Sénat romain lui décerne le surnom Augustus (Auguste) habituellement réservé aux divinités. Ce titre honorifique désigne celui qui agit sous de bons auspices.

    Le prince impose une réorganisation des provinces.

    Au Sénat, les provinces les plus anciennes, pacifiques et désarmées, avec un proconsul à leur tête ; à lui, les provinces les plus récentes, avec la force armée qu'elles nécessitent et un légat à leur tête. 

    Il a de la sorte autorité sur les trois provinces de Gaule, d'Espagne et de Syrie ainsi que sur leurs armées, éliminant pour longtemps le risque qu'un général ne se pose en rival. Il sera quelques années plus tard élargi à tout l'empire, y compris à la ville de Rome !

    En 23 av. J.-C., à la suite d'une grave maladie, Auguste se fait attribuer lapuissance tribunicienneà vie, autrement dit tous les attributs d'un tribun de la plèbe, fonction qu'il lui est interdit de cumuler avec ses autres magistratures.

    Elle lui garantit l'inviolabilité et lui donne le droit de proposer des lois au Sénat et d'opposer sonvetoà celles qui lui déplaisent, lacensurel'autorisant à dresser les listes de sénateurs, de chevaliers et de citoyens.

    À la mort de Lépide, en 12 avant J.-C., Auguste est enfin élugrand Pontifeet devient à ce titre le chef de la religion et l'ordonnateur des cérémonies. On l'honore sur les autels et plusieurs cités provinciales vont jusqu'à le déifier.

    Le prince n'est bientôt plus désigné que sous l'appellationImperator Cesar Augustus.

     

    Le « Père de la Patrie »

     

    Assuré de son pouvoir sur Rome et l'ensemble de ses possessions, Auguste professionnalise l'armée avec des volontaires engagés pour vingt ans qui reçoivent en fin de carrière un lopin de terre et un pécule. Se targuant d'avoir restauré la paix, il peut fermer pour un temps le temple de Janus, consacré à la guerre et à la paix.

    - Auguste, la guerre et la diplomatie :

     

     

     

    Auguste, qui n'a aucun attrait pour les armes, lance seulement quelques guerres pour consolider les frontières. Il délègue celles-ci à ses proches Rufus et surtout Agrippa.

    Le premier sera condamné à mort par le Sénat pour avoir comploté contre le prince ; le second demeurera à ses côtés jusqu'à sa mort, en 12 avant J.-C., l'assistant de son génie et acceptant même d'épouser sa fille unique, l'inconstante Julie, pour lui donner des petits-fils.

    Entre les Alpes et le Danube, ses gendres Drusus et Tibère conquièrent la Rhétie, le Norique et la Pannonie. Il soumet en personne les peuples des Alpes occidentales, ce qui lui vaut un trophée à sa gloire à La Turbie, en un lieu magnifique qui domine la côte méditerranéenne et l'actuelle cité de Monaco.

    À l'exception de l'Égypte, devenue l'un des joyaux de l'empire, il n'annexe pas formellement les royaumes périphériques mais les maintient sous le protectorat de Rome et fait éduquer à ses frais, dans la Ville même, les enfants des rois vaincus afin de les rallier à sa politique.

    C'est le cas en Orient du royaume de Judée, gouverné par Hérode, de la Cappadoce du roi Archelaüs, du Pont et de la Petite Arménie du roi Polémon, de la Galatie, la Pisidie et la Lycaonie du roi Amyntas. En Afrique, Juba II, roi de Maurétanie, est aussi le protégé d'Auguste.

    Sa principale déconvenue vient de l'échec de la tentative de conquête de la Germanie entre Rhin et Danube. Tibère et Germanicus, neveu de l'empereur, occupent ces régions mais un chef chérusque,Arminius(Hermann), piège et massacre trois légions en l'an 9 de notre ère dans la forêt de Teutoburg, près d'Osnabrück. Il en éprouva, dit-on, un tel désespoir, qu'il laissa croître sa barbe et ses cheveux pendant plusieurs mois, et qu'il se frappait parfois la tête contre les murs, en s'écriant : «Quinctilius Varus, rends-moi mes légions». Les anniversaires de ce désastre furent toujours pour lui des jours de tristesse et de deuil (Suétone, Vie des Douze Césars).

    - Auguste et l'urbanisme :

    Auguste s'applique à embellir Rome, laVillepar excellence, et la couvrir de monuments, grâce au concours de son fidèle Agrippa.« Il se vanta avec raison d'avoir trouvé une ville de briques et d'en avoir laissé une de marbre », (Suétone, Vie des Douze Césars).

    Agrippa construit sur ses deniers propres les premiers thermes publics de Rome, sur le Champ de Mars, au nord dupomerium, l'enceinte sacrée de la ville. À proximité, il érige aussi lePanthéon, dédié à tous les dieux. Ce monument a été profondément remanié par l'empereur Hadrien et a traversé les siècles intact.

    Toujours sur le Champ de Mars est érigé le Mausolée d'Auguste. Ce monument de forme conique, dont il ne reste que des ruines, est destiné à recevoir les cendres des membres de la famille d'Auguste (seules sa fille Julie et sa petite-fille Julie en seront exclues pour cause d'inconduite notoire). En 13 avant J.-C., le Sénat décide de célébrer le rétablissement de la paix par Auguste en lui vouant un autel à proximité du Mausolée. Ce bijou architectural est l'Autel de la Paix (ara pacis).

     

    Agrippa lance aussi d'autres chantiers comme le Forum d'Auguste. Il se préoccupe aussi de la vie quotidienne en modernisant les égoûts, construisant de nouveaux aqueducs  et renforçant les services de prévention des incendies, avec notamment des machines de siège destinées à détruire les bâtisses pour circonscrire au plus vite les sinistres !Les cités provinciales ne sont pas oubliées. Nîmes, par exemple, a bénéficié de grands travaux et d'un début de réalisation de son célèbre aqueduc (le pont du Gard). 

    Il tente aussi de réformer l'annone, une distribution gratuite de blé à 300.000 plébéiens de Rome, en essayant d'en restreindre le nombre de bénéficiaires.

    Avec un million d'habitants sur 1300 hectares, dont une bonne partie occupés par les forums, temples et résidences aristocratiques, Rome apparaît comme une cité grouillante et dangereuse, tout autant que majestueuse. Sa densit de près de 100.000 habitants/km2 est cinq fois supérieure à celle du Paris intra-muros actuel.

    - Culture et propagande :

     

     

     

     

    Le principat voit aussi l'épanouissement de la littérature latine avec les poètes Virgile et Horace et l'historien Tite-Live, contemporains d'Auguste, Properce et Ovide, plus jeunes. C'est ainsi que Virgile compose  les Georgiques en 37 avant J.-C. pour exalter le retour à la paix et les charmes de la vie rurale et, à la fin de sa vie, sur une suggestion directe d'Auguste, compose l'Énéide, un poème épique sur les origines de Rome.

    L'un des plus proches amis d'Auguste, le richissime Mécène, les reçoit dans sa villa de Tibur et n'hésite pas à les aider financièrement quand cela est nécessaire. Faisant office de ministre de la Culture, il les invite à chanter les louanges du prince. Son nom est devenu un nom commun pour désigner les protecteurs des artistes !

    Habile communicant, Auguste soigne son image de « Père de la Patrie », surnom octroyé par le Sénat en 2 de notre ère. Il se montre capable de clémence comme avec le jeune sénateur Cinna, petit-fils du Grand Pompée, qui projeta de l'assassiner, obtint son pardon le 5 juillet 13 avant J.-C. et finit par accéder au consulat.

     


    Un Âge d'Or ?

    Attentif aux présages et aux mythes comme la plupart de ses concitoyens, il souhaite que son règne soit assimilé à l'Âge d'Or qui doit succéder à l'Âge de Fer. Ses travaux d'embellissement urbains vont dans ce sens, de même que la réhabilitation des rites traditionnels de la religion. Du 31 mai au 2 juin 17 avant J.-C., il renoue avec le lointain passé de Rome en faisant procéder auxJeux Séculaires, les précédents ayant eu lieu en 149 avant J.-C. !Mais il s'attire des sarcasme quand il tente, avec la Lex Julia de maritandis ordinibus, d'encourager le mariage, la fidélité et la procréation dans les couches supérieures de la société romaine. Lui-même, en effet, s'adonne au sexe sans modération, vole sans scrupules les femmes de ses proches, y compris celle de son ami Mécène, n'a eu aucun enfant de sa femme Livie et doit sévir contre l'indonduite scandaleuse de sa fille unique Julie, née d'un premier mariage.Virgile exprime dans saIVe Églogue(poème bucolique) en l'honneur de son protecteur Pollion son espoir en un possible Âge d'Or :« Toi du moins, sois favorable chaste Lucine, à l’enfant naissant par lequel cessera d’abord [la race] du fer et s’élèvera la race de l’or dans le monde entier ». Ce vers va prendre une résonance particulière chez des exégètes chrétiens des siècles suivants qui y verront rien moins que l'annonce du Christ ! On ne saurait oublier en effet que c'est au temps de l'empereur César Auguste que naît à Bethléem, un petit village au sud de Jérusalem, un enfant du nom de Jésus.

     

    Embrouilles familiales

    Auguste, heureux dans presque toutes ses entreprises, a cependant échoué à assurer la transmission héréditaire du pouvoir en dépit d'une réputation méritée d'homme à femmes et d'une union heureuse mais stérile de 52 ans avec Livie Drusilla, une aristocrate qu'il a faite divorcer de son premier mari alors qu'elle portait son deuxième enfant.

    Faute de fils pour lui succéder, il demande à son ami et complice Agrippa d'épouser sa fille Julie, née d'un premier mariage. Mais il a la douleur de voir mourir son gendre en 12 av. J.-C. et les deux fils d'Agrippa et Julie, les« Princes de la Jeunesse »Lucius et Caïus, en 2 et 4 après J.-C.. Faute de mieux, il adopte son beau-fils Tibère, né d'un premier mariage de Livie, un homme capable mais avec lequel il n'a guère d'affinités.

    L'empereur s'éteint en pleine gloire à 76 ans, le 19 août de l'an 14 après J.-C., dans les bras de Livie. Déjà honoré comme le « Père de la Patrie », il reçoit sitôt après sa mort les honneurs de l'apothéose, c'est-à-dire qu'il est hissé au rang des divinités.

    C'est en définitive Tibère qui va hériter à 56 ans de l'oeuvre immense de César et d'Auguste ! Mais avec l'accession ensuite de Caligulaauprincipat, Rome liera son destin pendant quelques décennies à une dynastie julio-claudienne, issue tout à la fois de lagensJulia (Auguste) et de lagensClaudia (Livie).

     

    L'ouvrage incontournable est signé Suétone : Vie des douze Césars. L'auteur est un érudit né en 75, qui travailla pour l'empereur Hadrien avant d'être exilé. Son récit, vivant et non dépourvu de commérages, a forgé en bonne partie notre vision des débuts de l'empire romain. Nous lui devons en premier lieu notre classement des douze premiers empereurs : Jules César, Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus et Domitien et le moyen mnémotechnique de s'en souvenir (un classique du collège) : Cés Au Ti Ca Vi Ves Ti Do.Bibliographie

     

    Plus près de nous, Pierre Cosme a publié en 2005 Auguste (Perrin), une biographie limpide et didactique autant que passionnante. On peut aussi se reporter sur le hors-série richement illustré qu'a consacré à Auguste Le Figaro en 2014. Notons aussi l'excellente série télévisée Rome en 22 épisodes réalisée en 2005 par John Millius et Bruno Heller, avec une production internationale : derrière un vernis romanesque, elle donne du jeune Octavien et de Rome une image très vraisemblable.

    André Larané

  • La France hollandaise ça suffit ! Par Michel Geoffroy

    « Celle qui prend conscience que cela ne peut plus continuer ainsi.
    Celle qui va se révolter. »

    ♦ La France hollandaise, symbolisée par le président « normal » du même nom, c’est celle que l’on retrouve avec tristesse quand on a eu la chance de prendre quelques vacances à l’étranger. Une France sale et ridée, qui sort de l’histoire. Une France qui fait mal.

     

    La France bavarde

    Bien sûr, la France hollandaise s’écoute parler, chaussée de ses nouvelles lunettes «made in Denmark». Le flot médiatique et minable ne s’arrête plus.

    «Elle cause, elle cause, c’est tout ce qu’elle sait faire», pourrait une nouvelle fois dire Zazie ! RRéppubliqqque, Démmocccratie, Drroits de l’homme, Libérration, Heures Sombbrres, Raccissme, Réfformes Socciétales, Redddressement Prroductif, coassent sur tous les tons les perroquets ridicules qui sont au pouvoir. Ridicules à force d’impuissance.

    A côté d’eux un Guy Mollet, un Edouard Daladier ou un Jean Jaurès passeraient pour des géants ou des parangons de popularité !

    La France qui s’abandonne

    Mais la France hollandaise c’est la France qui s’abandonne.

    La France qui n’a plus de politique arabe mais qui se soumet chaque jour un peu plus à l’islam sur son sol. La France qui joue les petits télégraphistes des Israéliens mais qui laisse tomber les chrétiens d’Orient. La France ralliée à l’OTAN et espionnée par les Etats-Unis. La France qui se coupe progressivement de tous ses alliés historiques et notamment de la Russie. La France réduite au rôle de pompier en Afrique.

    La France vassalisée, minoritaire, endettée qui va quémander à Berlin un assouplissement des normes budgétaires qu’elle a pourtant soutenues lors de l’avènement du Traité de Maastricht et la mise en place de l’euro.

    La France impuissante

    Car la France hollandaise c’est la France impuissante.

    Impuissante à lancer les réformes qui s’imposent. Impuissante à faire entendre sa voix. Impuissante à réduire les dépenses et les impôts, ce que tous nos voisins ont su faire. Impuissante à relancer la croissance et l’industrie (en 2014 la production industrielle est revenue à son niveau de… 1994). Impuissante à faire régner la loi et l’ordre sur son territoire. Impuissante à faire prévaloir le bien commun sur les intérêts particuliers.

    La France hollandaise c’est celle des clans, des minorités agissantes, des partis, des loges, des corporatismes, du MEDEF et des passe-droits.

    La France qui fait dans son froc

    La France hollandaise c’est la France qui a peur de tout.

    C’est la France libanisée qui n’ose plus rien, de peur que les banlieues ne s’embrasent. C’est la France des policiers qui n’osent plus aller dans les cités ou qui ont peur de la «bavure» médiatisée. C’est la France qui n’ose pas empêcher l’immigration irrégulière ni protéger ses frontières par peur du «racisme».

    C’est la France qui a peur des radars, du fisc, du chômage, des cambrioleurs et des juges. La France qui ne veut plus appeler les choses par leur nom de peur de se faire accuser de racisme ou d’antisémitisme. La France qui ne veut plus prendre de risques, «principe de précaution» oblige, ni faire d’enfants.

     

    La France des vieux qui font dans leur froc.

    La France qui recule

    La France hollandaise c’est la France qui recule.

    C’est la France qui roule à vélo et qui «vapote» pendant que nos voisins travaillent : celle où les trains n’arrivent plus à l’heure, celle des pannes, des grèves, des ordures non ramassées, des tags que l’on n’efface plus, celle des usines et des commerces qui ferment, celle des hôpitaux où l’on attrape des maladies, celle des écoles où l’on n’apprend plus rien. C’est la France du bac, de la fac et du mariage pour tous. Celle de l’à-peu-près et du laxisme érigés en système.

    Celle des pauvres, aussi, que l’on voit dormir dans la rue ou bien fouiller les poubelles devant les superettes. Celle où l’ascenseur social ne fait plus que descendre. Celle où le trafic, la fraude et la corruption rapportent désormais plus que le travail et l’épargne. La France hollandaise c’est la France tiers-mondisée qui s’installe.

    La France ridiculisée

    La France hollandaise c’est enfin la France ridicule et ridiculisée.

    La France ventripotente, à l’image de son «chef de l’Etat», qui croit pouvoir encore donner des leçons à l’univers entier alors qu’il n’arrive plus à mettre de l’ordre dans ses propres affaires. Celle qui se croit de gauche alors que l’on s’est rallié au néo-capitalisme en abandonnant le peuple.

    Celle qui se déclare à tout bout de champ «préoccupée» par tout ce qui arrive dans le monde, pour la simple raison qu’elle ne se montre plus capable de ne rien empêcher. C’est la France inaudible et pleurnicharde.

    Car celle qu’aiment encore les étrangers – celle des grands hommes, des artistes, des paysages équilibrés et des beaux châteaux – disparaît lentement mais sûrement dans le grand néant de la «mondialisation heureuse» chère à M. Strauss-Kahn et ses émules.

    La France qui gronde

    Mais soyons juste.

    La France hollandaise a commencé bien avant Hollande. Car les responsabilités de la classe dirigeante française – oligarques politiques, syndicaux, administratifs, du patronat et des médias – dans ce naufrage collectif sont écrasantes. François Hollande est plus un aboutissement fatal qu’un début. La fin d’un cycle.

    Et puis ne désespérons pas : la France hollandaise c’est aussi la France qui gronde ; celle qui en assez de perdre ou de se faire plumer. Celle qui ne veut plus se sentir étrangère dans son propre pays. Celle qui prend conscience que cela ne peut plus continuer ainsi.

    Celle qui va se révolter.

     Michel Geoffroy

    http://www.polemia.com/la-france-hollandaise-ca-suffit/

  • Le trésor des Nibelungen

    Dans la légende germanique, Hagen tue Siegfried, enfouit le trésor des Nibelungen au fond du Rhin et bannit de la cour la veuve du héros, Kriemhild, dans la crainte qu’elle ne tente de le venger. Quel est le fondement historique de cette saga où se mêlent fidélité, trahison, pouvoir et vengeance, et qui a notamment inspiré l’oeuvre de Richard Wagner et, indirectement, celle de J.R.R. Tolkien ? Qui étaient les Burgondes qui ont servi de modèle aux Nibelungen ? Que sait-on sur Siegfried, celui que la légende fait triompher du dragon ? Historiens, linguistes et spécialistes de la culture germanique se penchent sur les sources et débusquent les faits historiques réels cachés sous la trame littéraire de la Chanson des Nibelungen.

     







    http://fortune.fdesouche.com/352025-352025#more-352025

  • L'économie du partage ennuie les étatistes

    Lu ici cette analyse plutôt bien vue :

    "Internet a permis de nombreux développements, notamment celui des sites d’entraide et de partage ou la mise en relation entre particuliers. Du covoiturage à la récupération, de la location de logements inoccupés au prêt entre particuliers, c’est tout un écosystème qui se développe, offrant des solutions moins chères voire gratuites aux consommateurs. Parfois en concurrence avec des entreprises, ces services créent souvent des opportunités inexistantes. [...]

    Mais ce n’est pas au goût de tout le monde. Les professionnels de l’hôtellerie ne voient pas d’un bon œil la concurrence d’AirBnB, et les taxis refusent la concurrence d’alternatives moins coûteuses ; tous deux ont obtenu de l’État qu’il mette des bâtons dans les roues des nouveaux entrants sur leur marché.

    Pour Bouldié Chartier-Beffa :

    Dès lors que cette mise en réseaux, qui s’affranchit des intermédiaires, se généralise, « on a affaire à un libéralisme sauvage, non structuré qui s’exprime ». Au détriment de l’économie traditionnelle. [...] Biouldé Chartier-Beffa prône une régulation d’urgence de ce marché par les pouvoirs publics, car « ces starts up [sic] n’ont pas les mêmes charges que leurs homologues traditionnelles ni les même salariés, ni les mêmes taxes. » La « guerre » a bien commencé : il suffit de voir la violente opposition entre Uber et les taxis ou entre Rbnb [sic] et l’hôtellerie. « Et, demain, la multiplication des services à domicile est une vraie menace ».

    Des solutions innovantes offrant aux citoyens des possibilités nouvelles et plus avantageuses, c’est bien trop libéral, et ça crée une concurrence à l’économie traditionnelle. Vite, règlementons, taxons, interdisons !

    Cette concurrence néolibérale débridée, ce capitalisme sauvage qui s’exprime par le partage et l’échange entre adultes consentants menacent directement l’économie. Pour endiguer l’invasion du libéralisme, il faut aller plus loin, et en finir définitivement avec le gratuit et le pas cher, avec le don, l’échange et le service entre particuliers. Interdire non seulement AirBnB, mais aussi Couchsurfing.

    Il faut en finir avec le coup de main donné à un ami pour repeindre son salon, qui part d’une bonne intention mais fait concurrence aux artisans locaux. Interdire aux Français d’héberger un ami en plein déménagement, ou de garder pour lui quelques cartons dans un coin du grenier, pour sauver les hôtels et garde-meubles.Traquer les naïfs qui pensent qu’inviter un collègue à diner est un geste innocent et bienveillant sans se rendre compte qu’ils mettent ainsi en péril tout le secteur de la restauration. Pourchasser ceux qui offrent ou vendent pour un prix modique les vieux meubles dont ils n’ont plus l’usage. Enfermer ceux qui prêtent de l’argent à un voisin dans le besoin, et lui évitent de payer des frais bancaires. Il faut en finir avec tous ces pirates. Que dire de la colocation, qui évite à chacun d’avoir à louer son propre appartement ? Ou de l’auto-stop, ce covoiturage gratuit et sauvage face auquel les professionnels du transport sont désarmés ?

    Ce n’est pas seulement l’écosystème de la mise en relation entre particuliers qu’il faut tuer dans l’œuf, mais l’idée même de la solidarité et du partage. [...]"

    Michel Janva