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  • Grèce : le gouvernement émet des tickets d’approvisionnement pour lutter contre la misère

    Le gouvernement a dû émettre des tickets d’approvisionnement alors que l’Eglise et les ONG amplifient leurs efforts.

    «En Grèce, les enfants et les familles connaissent l’horreur de la faim et du dénuement», a alerté cette semaine Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français, en lançant un appel à la générosité. La situation, qui n’a cessé de se dégrader ces derniers mois, devient en effet dramatique.

    Le gouvernement a ainsi décidé de mettre en circulation des cartes alimentaires prépayées, utilisables dans 5000 magasins d’alimentation. Elles sont destinées à près de 150 000 personnes: familles nombreuses, monoparentales, avec enfants handicapés, ou chômeurs de longue durée. Cette mesure a été prise en urgence, car le filet social existant ne suffit plus.

    Le rapport 2014 des œuvres sociales de l’Eglise orthodoxe faisait pourtant déjà état de plus de 500 000 personnes secourues par 280 soupes populaires et plus de 75 000 Grecs aidés dans 150 «magasins sociaux», pour un coût total de 120 millions d’euros. Les mairies sont aussi impliquées, dont celle d’Athènes qui a vu la demande en aliments, médicaments et habits exploser ces dernières semaines.

    Des associations offrent également des douches et des générateurs à ceux qui n’ont plus d’eau ou d’électricité. Avec l’aide de nombreux bénévoles, souvent démunis eux-mêmes. Mais pour eux, aider les autres est le seul antidépresseur qu’il leur reste.

    Les entreprises s’y mettent à leur tour. Venetis, une chaîne boulangère de 80 magasins, distribue ainsi gratuitement plus de 100?000 pains par jour, le tiers de sa production. Car pour Panagiotis Monembasiotis, son directeur général, «avec ce 3e plan de rigueur qui commence, il n’y aura bientôt plus de consommateurs en Grèce, il ne restera que des mendiants».

    Dans les beaux quartiers, les gens vont discrètement le soir chercher leur pain offert. Ailleurs, on n’a plus cette honte. Fotis Pedikas, peintre au chômage, attend chaque jour la dernière heure pour aller au marché en plein air, quand les prix baissent de moitié. Les plus mauvais jours, il ramasse les fruits jetés, ou récupère autour des poubelles les sacs plastiques avec les restes des repas que d’autres laissent exprès. Et dans un grand éclat de rire, il interpelle le premier ministre Alexis Tsipras, qui a signé le fameux accord avec les créanciers du pays afin de rester dans la zone euro: «Pour que la Grèce continue d’appartenir au Club, faut-il que les Grecs meurent?»

    Merci à Stormisbrewing

    TDG.ch

    http://fortune.fdesouche.com/387827-la-grece-senfonce-dans-la-misere#more-387827

  • La soumission à la politique américaine

    Renaud Girard est grand reporter international au Figaro. Il déclare :

    "La France a tellement peur des Etats-Unis que nous avons accepté que la BNP paie une amende de 9 milliards de dollars au Trésor américain, alors que la BNP n'avait violé aucune loi française, mais financé l'exportation de produits - ni trafic d'êtres humains, armes ou drogue - en provenance du Soudan, de Cuba ou d'Iran. La justice américaine a pris prétexte que ces transactions étaient libellées en dollars pour étendre l'application de la loi américaine et de ses sanctions commerciales aux relations entre une entreprise française et ces pays. En 1965, De Gaulle dénonçait «le privilège exorbitant du dollar». Aujourd'hui on assiste au privilège exorbitant de la justice américaine qui prétend appliquer sa loi au monde entier. Renault et Peugeot ont été victimes de pressions américaines, nous les avons hélas acceptées. Aujourd'hui, les entreprises françaises craignent d'agir par peur de s'attirer les foudres de la justice américaine. Elles regrettent que l'UE et ses Etats membres aient été incapables de les protéger le moins du monde. Après la scandaleuse amende imposée à la BNP, on aurait pu imaginer que l'Europe infligeât une amende de 15 milliards de dollars à Goldman Sachs pour avoir aidé le gouvernement grec à truquer ses comptes publics afin d'entrer dans la zone euro."

    Michel Janva

  • La guerre supra- et infra-étatique

    Trois traits marquants ressortent de l'analyse [sur la nouvelle forme de guerre de l'OTAN en Yougoslavie]. 
    Premièrement, on assiste à l'émergence d'un bloc occidental de type impérial, unifié mais en équilibre instable en raison de son extension tous azimuts et de la crise de société vécue par son membre le plus influent, les États-Unis. Ce bloc pratique la guerre postmoderne, c'est-à-dire les interventions supra-étatiques, au moyen d'armes de très haute technologie, et au nom du maintien des droits de l'homme. 
    Deuxièmement, l'unification de ce conglomérat étatique occidental débouche sur l'opposition huntingtonienne de blocs géopolitiques et culturels en Europe et au-delà (on pense notamment à la Chine et au monde islamique). 
    Troisièmement, cette situation conduit à une très grande instabilité au niveau international à cause, d'une part, de la structure nouvelle des conflits où le paradigme culturel remplace désormais le paradigme idéologico-politique et, d'autre part, du "retour" de la stratégie directe et de la guerre classique grâce aux armes de très haute technologie qui permettent de mener des conflits sans risque majeur d'escalade mais qui, par ricochet, pourraient amener certains États ne disposant pas de cette technologie à recourir aux armes de destruction massive pour se protéger de ces interventions des grandes puissances.
    Ces trois éléments se rapportent essentiellement à la guerre supra-étatique. Par conséquent, plus que jamais ce type de guerre fait l’État, c'est-à-dire le conglomérat étatique supranational, impérial, avec ses moyens de surveillance planétaire et sa volonté universaliste. En retour, évidemment, cet "Etat" fait la guerre. Or, dans l'ancien système westphalien dominant jusqu'en 1945 et composé d'un damier d'Etats-nations en occurrence et compétition les uns avec les autres, on peut dire en simplifiant que la guerre était en quelque sorte la voie normale des relations internationales. Est-ce encore le cas actuellement ?
    Même si la guerre supra-étatique s'écarte du modèle westphalien parce qu'elle ne vise ni l'anéantissement, ni la conquête du territoire de l'adversaire (d'où son caractère postmoderne), elle s'inscrit pleinement dans le schéma clausewitzien du prolongement de la politique. Elle veut en effet imposer un ordre, une volonté dominante ; elle veut affirmer une souveraineté (collective) face à une autre. En ce sens, elle s'intègre parfaitement dans le jeu complexe des relations internationales d'aujourd'hui ; on peut même dire qu'elle en représente l'outil majeur puisque le maintien de la paix et le respect des droits de l'homme sont devenus les objectifs principaux de la politique étrangère des Etats développés.
    Mais cette situation ne doit pas nous faire oublier la persistance de la guerre infra-étatique qui reste la forme dominante de conflit à notre époque. Il convient donc de dire ce que nous entendons par guerre infra-étatique.
    On peut caractériser la guerre infra-étatique principalement par les affrontements qui se déroulent à l'intérieur des États et indépendamment de toute considération des frontières nationales. Ce sont les luttes tribales, les conflits ethniques et religieux ainsi que toutes les autres formes de guerre civile auxquelles viennent s'ajouter la guérilla, le terrorisme, l'action des mafias et du crime organisé, l'extension des zones grises et du chaos social plus généralement. Ces conflits échappent à tous les schémas clausewitziens de la guerre comme instrument au service de l’État. Ils se déroulent, dans la plupart des cas, "en dessous du seuil technologique" et au moyen d'armes légères. Ils ne font l'objet d'aucune  sorte de codification et leur but ultime, en définitive, est le génocide. Les combats ont lieu généralement au sein de la population entre factions rivales. Alors que, dans la guerre supra-étatique, l'objectif est l'imposition d'un ordre dominant et le maintien de la paix en vue de la conquête ultérieure des marchés, dans la guerre infra-étatique l'enjeu c'est la substance de la population qui est à la fois l'objet et le sujet des combats. Le territoire ne constitue plus un objectif militaire mais représente seulement un vaste champ de bataille. On se rapproche du modèle de la guerre révolutionnaire qui vise à conquérir le peuple et non le terrain. Ce sont toutefois les guerres du Liban (1975-1990) qui représentent l'archétype de ce genre de conflit : d'où l'expression de "libanisation" pour décrire ce type de processus de décomposition de l’État et de la société.

  • Jean-François Solnon, Louis XIV : Vérités et légendes, Perrin, 2015

    Louis XIV, le « roi-soleil » est un personnage fondamental dans notre imaginaire historique au même titre que Charlemagne, Jeanne d’Arc, Saint-Louis ou Napoléon. Sa majesté, ses guerres, ses conquêtes, sa cour fastueuse, Versailles, en font encore aujourd’hui un grand nom de notre histoire et l’un des seuls rois de France à avoir conservé une renommée certaine dans une population de moins en moins intéressée par son histoire. Fort d’un règne long qui a duré de 1643 à 1715 (bien qu’il ne commence à gouverner seul qu’à la mort de Mazarin en 1661), Louis XIV est un souverain qui a laissé une empreinte profonde sur notre pays en tant que symbole de l’absolutisme et de la toute-puissance de la fonction royale. Si les Français ont aimé Louis XIV, ce dernier n’a jamais fait l’unanimité auprès de la totalité de ses sujets. Certains d’entre eux ont justement laissé une trace durable sur l’image que l’on se fait du « roi-soleil », citons l’homme d’Eglise Fénelon et surtout le noble Saint-Simon qui, parmi d’autres contemporains, tant Français qu’étrangers, ont beaucoup contribué à bâtir une image inexacte du fils d’Anne d’Autriche et à propager nombre d’inexactitudes voire de légendes sur le compte d’un homme qu’ils haïssaient pour des raisons personnelles, politiques ou religieuses.

    Jean-François Solnon, spécialiste renommé de l’Ancien Régime et de la Cour de France à laquelle il a d’ailleurs consacré un ouvrage-clé, se propose ici de faire la lumière sur toutes les rumeurs et bêtises qui entachent une connaissance claire et raisonné de Louis XIV. Pour cela, il a choisi une approche thématique déclinée en 38 chapitres courts et synthétiques d’environ 6 à 8 pages chacun et basés sur les acquis historiographiques les plus récents. La grande diversité des thèmes traités permet d’approcher aussi bien la personne privée du roi que les évènements de son règne, les principaux axes de sa politique intérieure et extérieure, les mentalités de son temps mais aussi les rivalités à la Cour, l’influence de ses proches et un tas d’autres sujets annexes (l’hygiène à Versailles, le Masque de fer etc).

    Face aux légendes se dessine un homme immensément attaché à son métier de roi et tout entier dévoué à la grandeur de son pays et au bien de sujets qu’il est loin d’avoir traité avec indifférence comme le voudrait la vulgate... Si son physique et sa majesté frappent tous ceux qu’il croise dans la sphère publique, il n’en demeure pas moins un individu timide et méfiant dont la retenue et la simplicité en privé peuvent étonner. L’ouvrage de Jean-François Solnon nous aide à nuancer l’image monolithique que l’on a d’un homme qui est justement un homme avant tout, avec ses qualités et ses défauts. Jouisseur et fêtard dans sa jeunesse, le roi se transformera néanmoins avec les années en un souverain plus sage sous le poids des affaires du royaume, des drames personnels et d’une foi catholique très forte. Loin d’être un dictateur refusant l’avis de qui que ce soit, il a toujours su s’entourer de personnages brillants (Colbert, Louvois, Vauban…) et utiliser au mieux leurs compétences au nom de la France. Si la légende veut qu’il ait haï le cardinal Mazarin, la réalité est toute autre et Louis XIV a su tirer grand profit de l’apprentissage pragmatique des affaires politiques auprès de celui qui avait été son parrain et tuteur en l’absence d’un père mort trop tôt et qu’il désignait comme « le meilleur ami que j’aie ».

    Encore plus intéressant à mon sens sont les chapitres qui traitent de la politique de Louis XIV et, en parallèle des finances de la France, des questions internationales et religieuses, de ses guerres et de ses conquêtes. Sur ce dernier point justement, l’auteur souligne combien, malgré une politique qui a pu être guidée au tout début du règne par une volonté de puissance et de renommée, le roi a, avant tout mené une politique de défense du pays en s’appuyant sur un « pré carré » (voir d’ailleurs la chronique de Vauban et l'invention du pré carré français) afin d’écarter les invasions du royaume. Oui, le « roi-soleil » a été un roi guerrier comme c’était la norme à l’époque (plus de 30 ans de guerre durant son règne) mais il a agrandi la France par de nombreuses conquêtes (Flandre, Artois, Hainaut, Franche-Comté, Roussillon, Alsace) et l’a préservée pour longtemps des invasions étrangères. Menant une politique moins brutale qu’on ne le dit dans les nouvelles provinces, il a voulu intégrer les populations rapidement à la communauté française en conservant et en respectant dans la majorité des cas les coutumes locales. Le résultat fut sans appel : l’intégration de ces nouvelles provinces était effective à la fin de son règne malgré les quelques résistances qui pouvaient entraver son œuvre.

    Un autre point qu’il convient d’aborder ici est cette légende qui voudrait que Louis XIV ait été l’allié du Grand Turc, en d’autres termes de l’Empire Ottoman. Loin du temps où François Ier avait déchaîné l’opinion européenne contre lui en s’alliant avec la puissance musulmane, Louis XIV a poursuivi la politique de Mazarin en envoyant des contingents français à Saint-Gotthard et en Crète contre les armées ottomanes tout en lançant de multiples opérations en méditerranée à l’encontre des barbaresques. S’il lui est –à juste titre- reproché l’absence de la France à Vienne en 1683 et son refus d’adhérer à la Sainte Ligue l’année suivante, c’était afin de profiter du pouvoir de nuisance ottoman à l’est lui laissant l’occasion d’avoir les mains libres à l’ouest face à l’empereur Léopold… Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts…

    On trouvera nombre d’autres sujets très intéressants dans ce Louis XIV : Vérités et légendes, à l’image des chapitres où sont abordés les relations entre le roi et la noblesse de France et qui ne sont pas les seuls atouts de cet ouvrage clair et très agréable à lire qu’il conviendra toutefois d’approcher si l’on a un minimum de connaissances historiques sur l’Ancien Régime et ce, même si le livre est loin d’être réservé aux spécialistes.

    Rüdiger / C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Retour aux sources “Vous reprendrez bien un peu de latin”, par Claude Terreaux

    Alors que notre société en pleine déliquescence, où fantaisie, rigueur et logique s’amenuisent, voit des pans entiers de son identité culturelle s’effondrer, Claude Terreaux nous propose son livre “Vous reprendrez bien un peu de latin” qui vient à point nommé.

    L’auteur, professeur de lettres, entraîne son lecteur vers un retour aux sources, “sans ennui ni contrainte dans la langue latine qui fut le creuset de la langue française”. Ce traité, qui se veut à la fois pédagogique et divertissant, s’adresse aussi bien à ceux qui “au temps de leurs humanités” se sont penchés sur l'”Enéide” ou le “De Viris Illustribus” qu’à ceux, plus jeunes, qui n’ont jamais ouvert une grammaire Petitmangin.

    Au fil de textes élégamment choisis, Claude Terreaux plonge son lecteur – j’allais dire: son élève – dans les déclinaisons et les conjugaisons tout en lui permettant de découvrir, parmi bien d’autres merveilles, la poésie et le lyrisme de Lucrèce dans le “De Natura Rerum”, le talent oratoire de Cicéron à travers “Les Catilinaires” ou la qualité du style de Tite-Live avec son histoire de Rome.

    Au long de ses douze chapitres, dont il suffit de lire les titres pour naviguer dans une sorte de bonheur antique, l’auteur promène son lecteur dans une “visite aux Enfers” en compagnie de Virgile, lui fait côtoyer “la jolie servante Photis” dont Apulée décrit avec gourmandise la silhouette et l’art culinaire, lui permet de rencontrer les empereurs Claude et Néron et poursuit ce voyage avec des haltes chez Ovide, Lucain, César et les très inattendus Abélard et Héloïse qui, au XIIe siècle, s’écrivaient toujours en latin.

    Ce livre est un véritable régal. Claude Terreaux, comme l’écrit son éditeur en quatrième de couverture, “a mis au point une méthode qui, à partir de textes de différents âges du latin, peut fournir au plus réfractaire des apprentis les clés de cette langue savante et savoureuse”.

    René SCHLEITER, 07/03/2003

    Vous reprendrez bien un peu de latin”, Claude Terreaux

    Editions Arléa, Septembre 2002, 210 pages, 7,5 euros

    http://www.polemia.com/retour-aux-sources-vous-reprendrez-bien-un-peu-de-latin-par-claude-terreaux/

  • Bruno Gollnisch dans le JDD: savoir raison garder

    Bruno Gollnisch a  accordé un entretien au JDD, paru ce dimanche,  sur « l’affaire Jean-Marie Le Pen » que nous publions ici in extenso. Il y réitère ses appels à l’apaisement et à la conciliation,  au nom de ce qu’il estime être  l’intérêt supérieur du Front National et dans la perspective de la présidentielle de 2017.

    JDD: Quel regard portez-vous, sur ce qui se passe aujourd’hui au FN ?

    Bruno Gollnisch. Un regard attristé. Humainement parlant, c’est désolant. Jean-Marie Le Pen –j’en sais quelque chose puisqu’il m’avait longtemps présenté comme son successeur- a favorisé ensuite l’ascension de Marine. Or, aujourd’hui, il semble que l’animosité envers lui augmente de façon inquiétante. Si c’est rationnel, cela signifierait alors qu’on le sacrifie au politiquement correct. 

    Si c’était affectif, ce serait également navrant. Dans l’un ou l’autre cas c’est contraire à l’intérêt du Mouvement. Qu‘est-ce en effet qui a permis à ce Front National, de tenir depuis quarante ans au milieu de tant d’épreuves ? C’est une dimension affective que les événements actuels atteignent. Du coup, même si l’appareil (moi inclus) ne conteste pas Marine Le Pen, beaucoup d’amis vont s’éloigner. Le 24 octobre 2014, à notre Congrès de Lyon, on annonçait  83.087 adhérents à jour de cotisation. Aujourd’hui, lors du vote sur les nouveaux statuts, ils auraient été 28 000 à s’exprimer sur 52 000 adhérents annoncés. Et les résultats des dernières élections partielles ne sont pas très rassurants.

     JDD:Admettez pourtant qu’avec son interview fracassante à « Rivarol », votre ami Jean-Marie Le Pen, l’homme du « détail », a fait une fois de plus dans la provoc…

    BG: Rivarol  est un journal confidentiel  et qui défend la mémoire du Maréchal Pétain. Ils interrogent donc Jean-Marie Le Pen sur le sujet. Ce qu’il a répondu (une phrase, se concluant par les propos du Président Pompidou appelant à la réconciliation des Français) n’avait, à mes yeux, rien de choquant ni de nouveau. De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, faisaient chaque année fleurir la tombe de Pétain à l’île d’Yeu! Jean-Marie Le Pen a le sentiment d’être victime aujourd’hui d’un procès en sorcellerie. Il en est outré, mais il essaie de ménager une possibilité de réconciliation.

    JDD: Jean-Marie Le Pen pense que Marine agit sous l’influence de Florian Philippot… 

    BG: Florian Philippot tient un discours  «gaullo-colbertiste » qui pourrait passer chez certains pour socialisant, compte tenu de ses origines « chevènementistes ». Mais là n’est pas l’essentiel.  Selon moi, Marine choisit ses conseillers. C’est une femme de caractère, mais il faut qu’elle montre aussi son aptitude au compromis dans l’intérêt de la cause qu’elle sert.  Toute expression d’une position différente de la sienne n’est pas une agression à son encontre…

    JDD: Comment jugez-vous l’attitude de Marion Maréchal Le Pen ? 

    BG: Je serais très déçu qu’elle ne lance pas un appel à la réconciliation. Jean-Marie Le Pen n’est pas à l’origine de la fronde en Paca. Mais il est président sortant, depuis des années, du Groupe d’élus régionaux, qui n’ont pas démérité, et dont plusieurs sont très amers.  Il est évident qu’il doit être consulté sur la situation politique de cette région, sur les investitures, les aspects humains, les dossiers, etc. On construit mieux sur des fondations.

    JDD: Comment tout cela va-t-il finir ?

    BG: Si l’on ne sortait pas rapidement de cette spirale délétère, je serais très pessimiste. Il serait odieux de vouloir éliminer Jean-Marie Le Pen, qui certainement ne laisserait pas sans réaction une telle injustice. C’est pourquoi il faut trouver un modus vivendi, ce qui est encore possible. 

    JDD: Marine Le Pen n’a-t-elle pas impérativement besoin, dans la perspective de 2017, de se débarrasser des outrances du Front national ?

    BG:  S’il s’agit de donner satisfaction au discours  politiquement correct, on n’en fera jamais assez. Et Jean-Marie Le Pen est un symbole de résistance au prêt-à-penser. La démoralisation gagnerait au moins une partie de nos militants… et de nos électeurs. 

    JDD: Qu’auriez-vous souhaité, vous ?  

    BG: J’ai tenté –mais jusqu’ici en vain- d’en appeler à la « désescalade ». Sur le fond, en somme, Marine Le Pen veut l’efficacité. Jean Marie Le Pen, qui est un grand témoin de l’Histoire contemporaine, veut, lui, dire sa vérité…Il suffit d’acter, et, il en est d’accord, que, n’étant plus le Président en exercice, ses propos n’engagent pas l’ensemble du Front National. Des concessions mutuelles s’imposent pour conserver les chances de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017. Une division dans nos rangs serait très néfaste au moment où nos adversaires font tout pour s’unir.

    http://gollnisch.com/2015/08/04/bruno-gollnisch-dans-le-jdd-savoir-raison-garder/

  • Comment François Hollande et Manuel Valls ont magouillé pour éviter une législative partielle en Isère potentiellement catastrophique pour le PS

    Les faits remontent au 23 juillet 2015. François Hollande, Manuel Valls et Ségolène Royal s’entendent sur le fait de parachuter le député PS de l’Isère François Brottes à la présidence du directoire de Réseau de transport d’électricité (RTE) avec, à la clé, 398.000 euros par an. Mais cette promotion nécessite d’abandonner son siège de député.

    Dans un tel cas, la procédure normale est simple :

    – s’il quitte son siège de député pour entrer au gouvernement, il est remplacé par son suppléant;

    – s’il quitte son siège de député pour motif professionnel, il doit démissionner, ce qui entraine une élection législative partielle dans sa circonscription.

    Mais le Parti socialiste ayant perdu quasiment toutes les partielles organisées depuis 2012, et sa majorité n’étant plus que relative, l’Elysée et Matignon ont fait appel à leurs conseillers pour contourner la normalité.

    L’entourloupe consiste à faire appel à une exception présente dans le code électoral permettant aux députés dont le siège devient vacant pour cause de mission temporaire confiée par le gouvernement d’être remplacés par leur suppléant, sans recours à une élection partielle. Seule condition, la loi exige que la mission soit prolongée « au-delà du délai de six mois ».

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  • Il y a eu quatre cents ans en janvier, naissait le surintendant Nicolas Fouquet….

    Il y eu, dans l'Histoire, des hommes qui semblaient n'être nés et n'avoir vécu que pour laisser aux générations futures un exemple à ne pas suivre. Le surintendant Nicolas Fouquet, né le 27 janvier 1615 - il y a eu quatre cents ans ! - fut assurément de ceux-là.

    Quo non ascendet ?

    Il était issu d'une riche famille de marchands de drap angevins, qui s'était peu à peu agrégée au monde de l'office et de la robe avant de se tourner vers le service du roi, tout en gardant une dévotion très marquée dans l'esprit de la Contre-Réforme catholique et de la compagnie du Saint-Sacrement. François, le père de Nicolas, maître des requêtes, avait ajouté aux armes explicites de ses ancêtres - le fouquet est un écureuil en patois de l'ouest - la fière devise (Jusqu'où ne montera-t-il pas ?) qui traduisait bien l'impatiente ambition de la famille. Nicolas était le second des quinze enfants de François Fouquet et de Marie de Maupeou. Intelligent et travailleur, et quelque peu charmeur, il ne tarda pas à s'affirmer comme le plus apte à prendre la tête du clan.

    D'abord avocat, puis maître des requêtes, intendant à l'armée du Nord, dans le Dauphiné et en Catalogne, Nicolas fut promu à la généralité de Paris. En novembre 1650 il acheta, avec le soutien de Mazarin, la charge de procureur général du Parlement, poste qui faisait de lui l'homme du roi au sein de la turbulente assemblée. Durant la Fronde il s'acquitta de ses fonctions avec habileté, servant souvent d'intermédiaire entre les partis. Marié à une riche héritière, Louise Fourché, il épousa, à la mort de celle-ci, Marie-Madeleine de Castille, cousine du maréchal de Villeroy, gouverneur du jeune Louis XIV.

    Déjà propriétaire du domaine de Vaux-le-Vicomte, qu'il allait agrandir par des acquisitions successives pendant quinze ans, il était alors un homme d'influence bien introduit dans les milieux des traitants et des financiers, si bien que le cardinal Mazarin, à la mort du surintendant La Vieuville (1653), choisit Nicolas pour succéder à celui-ci. L'état des finances royales était alors dramatique ; la poursuite des campagnes militaires, les désordres politiques de la Fronde n'avaient it qu'aggraver le mal. Même les expédients coûteux et les taux usuraires ne suffisaient plus. La pénurie des espèces due aux faibles arrivages des cargaisons d’Amérique engendrait le resserrement pu crédit, le ralentissement du commerce, la contraction de l'économie. Or Fouquet, tel un magicien, réussit à renflouer les caisses de l'État et à restaurer la confiance. Menant rondement, habilement ses affaires, risquant sa fortune personnelle, prélevant sur les biens de sa femme, il parvint à obtenir des concours qui eussent été refusés au roi lui-même.

    Jongleries aventureuses ? Avec l’argent public

    Jean-Christian Petitfils, dans son Louis XIV(1), a, semble-t-il, bien cerné la personnalité de notre homme : « Tout ceci générait des abus, abus inhérents au système fisco-financier de l'époque. Fouquet qui n'agissait pas seulement comme responsable politique mais comme financier privé considérait qu'il rendait service au roi. Il était donc naturel qu'il y trouvât son compte ». Ces pratiques, en l'absence de banque centrale et d'unité budgétaire, étaient alors si courantes que tout le monde, au sein du groupe dirigeant, en profitait, même le cardinal Mazarin ! « Fouquet, poursuit Jean-Christian Petitfils, en arrivait à des jongleries aventureuses, des pratiques acrobatiques où se confondaient son propre argent et celui de l'État. »

    Le tort de Fouquet fut de croire que sa surintendance était une marche vers le pouvoir. Alors il joua au "Magnifique". À Saint-Mandé, sa résidence de prédilection, il s'entoura, d'une riche collection de tableaux et d'une immense bibliothèque. Il menait un train de vie fastueux qui ne pouvait pas ne pas lui attirer des jalousies et des calomnies, dont les plus cruelles furent celles de Colbert. Sûr d'être le seul homme capable de succéder à Mazarin, mort le 9 mars 1661, il semblait ne craindre personne. Or le jeune Louis XIV, vingt-trois ans, tout récemment marié à Marie-Thérèse, infante d'Espagne, archiduchesse d'Autriche, entendait faire savoir qu'il exercerait lui-même le pouvoir, affirmant son autorité face à sa mère, Anne d'Autriche, et aux amis du cardinal. Il voyait parfaitement que, si le pouvoir royal, triomphant de la Fronde, avait abaissé les puissances féodales, celles-ci risquaient bel et bien d'être remplacées par les puissances d'argent, encore plus dangereuses car elles pourraient alors séduire les gens de lettres et façonner l'opinion...

    Or Fouquet disposait d'une immense fortune qu'il s'était appropriée aux dépens des finances publiques. Mazarin lui-même n'avait pas été exempt de ce péché, mais au moins s'était-il racheté par les services rendus à la nation. Fouquet avait réuni autour de lui toute une cour de protégés, d'administrateurs, d'artistes et de gens du monde. Ses moyens étaient tels qu'il s'était aménagé, en acquérant la terre et le marquisat de Belle-Ile une véritable place forte, laquelle, s'ajoutant à son duché de Penthièvre et au port de Concarneau, lui faisait entrevoir la possibilité de faire main basse sur toute la flotte de la Manche. En tout cas, ces possessions lui serviraient éventuellement à se retrancher si son sort venait à prendre mauvaise tournure ! Du moins le croyait-il..

    Ce mondain délicat était dévoré par le goût du luxe, du faste et la passion du beau mais surtout la quête du pouvoir. Or, étant un parvenu qui n'avait jamais beaucoup lutté pour arriver, puisqu'il avait toujours été protégé par son père, puis par la reine mère Anne d'Autriche, il ne semble pas qu'il eût pu mesurer le danger qui le menaçait. Il tomba en toute naïveté dans tous les pièges que lui tendirent Colbert puis le roi, le recevant dans des audiences inutiles mais qui flattaient son amour propre.

    Bien plus qu’une affaire de jalousie

    On dit souvent que, s'étant fait bâtir le magnifique château de Vaux-le-Vicomte par les plus grands architectes et artistes du temps (Le Vau, Lebrun, Le Nôtre) et y ayant attiré les plus grands écrivains de son temps comme Jean de La Fontaine, Charles Perrault, Molière..., Fouquet s'était attiré la jalousie du souverain en organisant pour lui en ces lieux le 17 août 1661 une fête éblouissante. Il s'agissait dans ce cas de bien autre chose que de jalousie !

    Louis XIV ne pouvait tolérer qu'un homme d'argent prétendît devenir une force politique et s'ériger en arbitre souverain de l'Etat. Déjà il songeait à se débarrasser de lui et, d'abord, à lui arracher la surintendance. Mais Colbert, telle une couleuvre jalouse, faisait recueillir des informations par quelques espions sur les fortifications de la citadelle de Belle-Île, qui devenait une puissante base navale pour commercer avec les îles d'Amérique. Colbert rédigea un rapport très détaillé. Preuve était faite qu'aux malversations financières s'ajoutait le crime de lèse-majesté ! Trois semaines après la fête tapageuse de Vaux, le 5 septembre, l'opulent surintendant tut arrêté à Nantes, au cours d'une réunion des États de Bretagne à laquelle assistait le roi, par une compagnie de mousquetaires du roi commandée par le capitaine Charles de Batz-Castelmore dit sieur d’Artagnan, pour être déféré devant une cour d'exception. Après trois années de procès, les juges se prononcèrent pour la confiscation des biens de l'accusé et son bannissement. Or Louis XIV, qui ne souhaitait pas le voir intriguer de l'étranger ou divulguer certains secrets d'État, transforma la sentence en détention perpétuelle.

    Ainsi l'ancien ministre fut-il accompagné par une escorte de cent mousquetaires à la forteresse de Pignerol, dans les Alpes savoyardes, où il resta enfermé jusqu'à sa mort le 23 mars 1680.

    Fouquet servit-il de bouc émissaire ? Sa personnalité flamboyante, charmeuse et arrogante à la fois, faisait de lui la cible idéale. François Bluche écrit dans son magistral Louis XIV(2) : « Le surintendant s'est fait, avec les "richesses d'iniquité" autant d'ennemis que d'amis. Son ambitions en contrariait d'autres et pas seulement M. Colbert. Au reste l'immolation périodique de victimes propitiatoires est un rite immémorial qui rassure les peuples. » Cela ne saurait prouver l'innocence de Fouquet, mais Simone Bertière, étudiant Le Procès Fouquet(3), a raison d'écrire que Louis XIV « eut la chance du double retour de la paix intérieure puis enfin extérieure [qui supprima] provisoirement la principale cause du dérèglement des finances, les dépenses dues à la guerre », et que le procès Fouquet n'est qu'un épisode du combat séculaire que la monarchie mena pour s'affranchir de l'emprise des manieurs d'argent qui allaient finir pour l'engloutir en 1789. Tant il est vrai que, comme allait le dire sous la Restauration le baron Louis, il faut une « bonne politique » pour avoir de « bonnes finances »...

    La sévérité inflexible du roi dans l'affaire Fouquet était à la mesure de la gravité de la situation. Il fallait frapper fort pour que, comme écrit Jacques Bainville dans son Histoire de France(4), chacun sût que désormais « nul n'aurait licence de s'enrichir à la faveur du désordre et aux frais de l'État. » Le roi, loin des soucis électoralistes des politiciens d'aujourd'hui, n'avait nul besoin de ménager les puissances d'argent...

    La république a toujours plus de mal à s'en dépêtrer, on le voit presque tous les jours...

    Michel Fromentoux Rivarol du 9 juillet 2015

    1) Jean-Christian Petitfils : Louis XIV, Perrin, 2001

    2) François Bluche Louis XIV, fayard, 1986

    3) Simone Bertière : Le procès de Fouquet, Fallois, 2013

     

    4) jacques Bainville : Histoire de France, Fayard, 1959

  • La prison d'Arras, c'est "le Club Med, les vacances"

    D'après une série de trois articles de la Voix du Nord, la maison d'arrêt d'Arras est une véritable passoire pour smartphones, et les journalistes n'ont eu aucun mal à contacter par Facebook des détenus, qui se sont fendus d'une visite guidée de leur douillet univers carcéral, photos à l'appui.

    1891813767_B976202411Z.1_20150803183551_000_GM94VB0I7.1-0En théorie, les smartphones sont interdits à l'intérieur de l'établissement, mais certains gardiens ferment les yeux, les caméras de surveillance sont systématiquement mises hors d'usage, et pour 40 euros un revendeur jette un appareil par-dessus la clôture à l'heure de la promenade. La prison d'Arras, "c'est le Club Med, les vacances", d'après un détenu, petit plaisantin à ses heures. On trouve quelque fois plus de téléphones portables que de détenus dans une cellule.

    Le vice-procureur, Élise Bozzolo, est parfaitement au courant de la situation, mais y voit un moyen d"acheter "une forme de paix sociale" : "quand les détenus sont sur leur téléphone, ils ne font pas autre chose...".

    Ce qui est tout de même un aveu d'échec, non ?

    Marie Bethanie