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  • Hommage à Gustave Thibon

    Le philosophe catholique Gustave Thibon [1903-2001] est décédé. Dans un éditorial de la presse italienne, nous avons lu ce vibrant hommage (notre correspondant ne nous a malheureusement pas transmis les coordonnées du journal) :

    « L'écrivain et philosophe français Gustave Thibon, un des penseurs chrétiens les plus controversés de la seconde moitié du XXe siècle, est décédé récemment, âgé de 97 ans, à Saint-Marcel, dans son pays natal de l'Ardèche. Catholique de droite, sympathisant monarchiste mais aussi ami et premier éditeur de la philosophe d'origine juive Simone Weil, Thibon doit sa célébrité à ses aphorismes sur la foi. Certaines de ses brèves maximes font désormais partie du patrimoine catholique : de “Celui qui refuse d'être l'image de Dieu sera son singe pour l'éternité” à “Pour unir les hommes, il ne sert de rien de jeter des ponts, il faut dresser des échelles. Celui qui n’est pas monté jusqu’à Dieu n’a jamais vraiment rencontré son frère”, en passant par “La vérité est aussi une blessure, quasiment jamais un baume” et “Aime ce qui cause ton bonheur, mais n'aime pas ton bonheur”. Thibon était animé par une veine mystique particulière, mais, en même temps, restait attaché à la campagne (il aimait se présenter comme un “écrivain-paysan”). Il a affronté dans une vingtaine de livres les grandes questions de l'existence d'un point de vue chrétien : la présence de Dieu, l'amour, la foi et la grâce, la domination de la technique sur l'homme. Parmi ses ouvrages les plus connus, citons : Destin de l'homme(1941), L’Échelle de Jacob (1942) et Retour au réel (1943). En juillet 1941, Thibon rencontre Simone Weil dans son usine, alors qu'elle avait été chassée de l'université en tant qu'intellectuelle d'origine juive. Elle lui confie le manuscrit d'un de ses livres les plus célèbres, La pesanteur et la grâce, que Thibon publiera en 1947, faisant ainsi connaître au monde la jeune philosophe morte de tuberculose en Angleterre en août 1943. Thibon avait été influencé par Pascal et par Péguy, mais aussi par Nietzsche et par Maurras. Dans tous ses livres, il a dénoncé la marginalisation des “exigences de l'esprit” dans la société contemporaine. De concert avec Jean Guitton, il est aujourd'hui considéré comme l'un des phares de la pensée catholique française du XXe siècle, mais il avait choisi de vivre en retrait, refusant toute charge académique ».

    C'est bien entendu la dimension paysanne de Thibon, l'influence du vitalisme (qu'il reliait à la doctrine catholique de l'incarnation), de Nietzsche et de Péguy sur sa pensée, qui nous intéresse dans son œuvre. De même que cette proximité entre le paysan monarchiste et Simone Weil, théoricienne de l'enracinement, à la suite de sa lecture attentive de Péguy, chantre des “petites et honnêtes gens”, qui font la solidité des peuples. Mieux : l'œuvre de Thibon démarre avec une réflexion approfondie sur l'œuvre de Ludwig Klages, figure cardinale de la Révolution conservatriceet des premières années du Cercle de Stefan George (les Cosmiques de Munich), un Klages pourtant fort peu suspect de complaisance avec le christianisme. Marc Eemans, lecteur attentif de Thibon, parce que celui-ci était justement le premier exégète français de Klages, reliait la pensée de ce catholique de l'Ardèche à celle de toutes les formes de catholicisme organique, liées en ultime instance à la mystique médiévale, résurgence d'un paganisme fondamental. Thibon, exégète de Klages, donne le coup d'envoi posthume à Simone Weil, théoricienne audacieuse de l'enracinement. Lier le paganisme de Klages, le catholicisme paysan de Thibon et le plaidoyer pour l'enracinement de Simone Weil permettrait de ruiner définitivement les manichéismes incapacitants et les simplismes binaires qui dominent l'univers médiatique et qui commencent dangereusement à déborder dans le champs scientifique.

    ► Robert Steuckers, Nouvelles de Synergies Européennes n°51, 2001.

    http://www.archiveseroe.eu/recent/44

  • Des trafiquants albanais empochent 9.800 euros par personne pour faire passer des immigrés clandestins de France en Angleterre

    Un réseau de « passeurs » albanais vient d’être démantelé par la brigade mobile de recherche (BMR) à Calais et à Dunkerque. Ces trafiquants organisaient les passages d’immigrés clandestins vers l’Angleterre.

    Les sommes en jeu sont énormes. Le forfait à acquitter au réseau albanais se paie entre 6500 et 7000 livres (jusqu’à 9.800 euros) par personne.

    Pour ce montant, les réseaux albanais assurent à leurs clients d’être pris en charge, jusqu’au franchissement des 35 kilomètres séparant Calais de Douvres, quel que soit le nombre de tentatives nécessaires pour y arriver.

    Les réseaux albanais fonctionnent avec des poids lourds dont les chauffeurs sont complices.

    Les intermédiaires perçoivent de 700 à 1400 euros par personne.

    Les passages se font souvent dans les cargaisons de légumes frais, de choux ou de pommes de terre, car ils dégagent une telle quantité de CO2 que les détecteurs de gaz carbonique censés repérer la respiration humaine sont inopérants.

    Les enquêteurs ont estimé que le bénéfice du trafic du réseau arrêté atteindrait un minimum d’1,4 million d’euros pour un passage de 255 immigrés clandestins depuis le mois de mars.

    Mais d’autres Albanais devraient rapidement remplacer ceux arrêtés…

    Il reste un point à éclaircir : comment ceux qui composent ces marées d’immigrés clandestins sont-ils capables de payer près de 10.000 euros pour arriver jusqu’en Europe puis presqu’encore autant pour passer de la France à l’Angleterre ?

    Beaucoup de Français, d’Européens, vivent dans la misère et sont loin d’avoir 20.000 euros d’économies.

    Alors, d’où vient l’argent ? De quoi alimenter certains propos

  • Qui lutte vraiment contre ISIS?

    Les frappes aériennes de l’OTAN contre l’armée serbe de Bosnie ont eu lieu dans la période du 30 août au 20 septembre 1995. Elles ont été effectuées par 400 avions et missiles de croisière Tomahawk au nom de mercenaires musulmans amenés par les Etats-Unis, l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Turquie pour lutter contre les Serbes. L’opération a atteint son objectif, qui était la destruction de 338 cibles terrestres serbes (les concentrations de blindés, les batteries d’artillerie lourde, les colonnes d’infanterie motorisée en mouvement, etc..).

    Les bombardement de l’OTAN de la Yougoslavie ont été effectués dans la période du 24 mars au 10 juin 1999 et ont entraîné la mort de 5 à 10 000 Yougoslaves militaires et civils, la neutralisation de 40 % des armes les plus avancées du monde des forces terrestres de l’armée yougoslave, et la destruction de 60 % de la capacité industrielle du pays, des centrales thermiques qui approvisionnent la population en chauffage, des ponts sur le Danube, des nœuds ferroviaires. L’opération a atteint son objectif, en faisant évacuer l’armée yougoslave du Kosovo, que les Américains convoitaient.

    Ce qui est surprenant, c’est que depuis plus d’un an, les Etats-Unis avec leurs alliés de l’OTAN (Turquie, Canada, Grande-Bretagne, France, Allemagne et Pays-Bas), ainsi qu’avec les Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Qatar, Jordanie, Australie, effectuent des frappes aériennes contre ISIS, sans résultat. Cela est d’autant plus surprenant que les forces d’ISIS ne comprennent que 5 à 7 000 combattants, agissant dans des zones strictement délimitées et à découvert (le plus souvent dans les régions désertiques) où le suivi et les frappes sont beaucoup plus faciles que dans l’ancienne Yougoslavie.

    ISIS map of location

    ISIS est organisé en détachements avec une grande mobilité tactique, composés de sous-unités de reconnaissance équipées de blindés légers (Humvee), de sous-unités blindées équipées de chars, IFV et APC, de sous-unités d’artillerie tractée, de sous-unités de transport avec des camions (pour les munitions, la nourriture, le carburant, etc.), de sous-unités de défense AA avec des canons ou mitrailleuses montées sur camions, etc.. Les quelques vidéos publiées par les médias occidentaux, ne montrent que des cibles statiques, type bunker, lors de frappes de l’aviation américaine. C’est très étrange qu’il n’y ait aucune voiture, aucun blindé, aucun combattant ISIS dans les parages de la cible. Cela veut dire qu’il pourrait s’agir de fake, pour la bonne raison qu’il n’y a plus de bunkers en Irak. Les médias occidentaux qui diffusent ce genre de vidéos, semblent avoir oublié qu’avec l’occupation de l’Irak par l’armée américaine, les ingénieurs américains avaient reçu la tâche de faire sauter tous les bunkers construits par Saddam Hussein. Où les combattants d’ISIS ont-ils trouvé les bunkers montrés dans les vidéos ?

    L’occupant américain, à partir de 2003, a mis au rebut tous les avions à réaction supersoniques ou les avions d’attaque au sol (Su-25) de la production soviétique, existant dans l’armée irakienne. Ils les ont remplacés par des avions à hélice Cessna 208 Caravan, Cessna 172 et Beechcraft T-6 Texan. La même chose, a été faite avec les hélicoptères d’attaque iraquiens, remplacés par des Bell 206, Bell UH-1, Bell OH-58C, Bell 407. Aucun de ces appareils ne bénéficie de blindage, ni n’est armé pour le combat contre des véhicules blindés. Les États-Unis ont repoussé à plusieurs reprises la livraison de 36 avions F-16 block 52, payés par l’Iraq en 2011. Les quatre premiers F-16 ne sont arrivés à la base aérienne irakienne de Balad qu’en juillet 2015, le reste devant arriver en 2018. Idem pour les 36 AH-64E Apache que l’Irak a achetés aux Etats-Unis et qui n’ont toujours pas été livrés. Mise devant l’obligation de combattre ISIS, l’Irak avait demandé l’aide de la France, mais celle-ci, suivant le modèle des Mistral, a refusé de fournir des hélicoptères d’attaque Tigre, pour ne pas offenser les Etats-Unis.

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    Pourquoi les Etats-Unis font-ils tout leur possible pour que l’Irak, qui se trouve en première ligne dans la lutte contre ISIS, n’ait pas d’avions de combat? C’est tout simplement parce qu’ils savent qu’avec ces avions l’Irak neutraliserait à elle seule ISIS dans les deux mois. Et puis cela dévoilerait le bluff U.S. et ses alliés au sujet d’ISIS.

    La Russie a compris les véritables intentions des Etats-Unis et a été le seul État à soutenir les forces luttant véritablement contre ISIS. Elle a immédiatement signé un accord avec l’Irak pour la livraison de 56 hélicoptères d’attaque Mi-28 NE et Mi-35 (24 hélicoptères russes opèrent déjà actuellement). Une vidéo irakienne, montre comment se déroule maintenant un vrai combat entre un hélicoptère irakien Mi-35 et une colonne ISIS.

    La Russie a également livré à l’Irak 12 avions Su-25, des pilotes iraniens sont sur ces appareils. D’autre part, grâce à un accord négocié par la Russie, 7 autres avions Su-25 iraniens devaient retourner en Irak pour combattre ISIS. Ils sont arrivés à la base aérienne de Balad, le 13 juillet 2015.

    Valentin Vasilescu

    Traduction Avic Réseau International

     http://reseauinternational.net/qui-lutte-vraiment-contre-isis/

  • « Choc et Simulacre » par un collectif européen d’auteurs, présenté par Michel Drac

    Écrit par un collectif d’auteurs dont certains avaient déjà participé à la rédaction du roman d’anticipation politique Eurocalypse et qui ont assimilé l’œuvre de Jean Baudrillard,Choc et Simulacre est un ouvrage dense qui interprète, d’une manière décapante, les grands événements en cours.

    Les auteurs s’intéressent à la genèse récente du projet hégémonique des États-Unis. Ils rappellent que, sous la présidence de Bill « Tacheur de robe » Clinton (1993 – 2001), des intellectuels préparaient la domination mondiale de leur pays à travers le Project for a New American Century. Ce programme ambitieux parvint à regrouper « conservateurs réalistes », mondialistes patentés et néo-conservateurs malgré des tensions inhérentes incessantes. Au sein du néo-conservatisme même, le collectif relève que « la base militante […] était à l’origine composée de trois groupes dont les valeurs ne sont pas totalement compatibles, et dont les intérêts divergent largement : le “ big business ”, les milieux pro-Israël, la “ moral majority ” (p. 26) ».

    Sommes-nous en présence d’une « entente idéologique » factuelle qui œuvre à la suprématie planétaire de Washington ? Oui, mais sans chef d’orchestre patenté puisqu’il s’y concurrence et s’y affronte divers clivages, d’où les ambiguïtés intrinsèques du « conservatisme étatsunien » au début du XXIe siècle. Le collectif prend pour preuve les études de Samuel Huntington. Son « choc des civilisations » était au départ un article répondant à la thèse de Francis Fukuyama sur la fin de l’histoire et le triomphe final du libéralisme. Certes, Huntington y exprimait une vision étatsunienne du monde en distinguant l’Occident euro-atlantique d’une civilisation européenne orthodoxe et en niant toute particularité à l’Europe. Pourtant, même si son thème du « choc des civilisations » va être instrumentalisé au profit du mondialisme yanqui conquérant, Huntington comprit ensuite, dans son dernier essai, Qui sommes-nous ?, que le « choc des civilisations » atteignait les fondements des États-Unis avec une lente « latino-américanisation » de sa patrie…

    Les méandres du pouvoir réel à Washington

    Les interventions militaires en Afghanistan (2002) et en Irak (2003) marquent l’apogée du néo-conservatisme et donc le début de son déclin à l’intérieur de la « coalition » dominante. « La fracture entre néo-conservateurs d’une part, mondialistes et conservateurs réalistes d’autre part, continue à perdurer, mais désormais, ce sont à nouveau les conservateurs réalistes qui mènent la danse, ayant récupéré le soutien clair et fort des milieux mondialistes (p. 63). » Par ailleurs, le plan « néo-con » a échoué auprès de la population U.S. qui réagit maintenant par le phénomène du Tea Party. Cette nébuleuse mouvementiste présente de fortes inclinations libertariennes et isolationnistes (mais pas toujours !).

    Avec ce retour au réel géopolitique, on assiste au regain d’influence de Zbigniew Kazimierz Brzezinski – que les auteurs désignent par ses initiales Z.K.B. -, qui est probablement le plus talentueux penseur géopolitique des États-Unis vivant. Bien que démocrate, ce conservateur réaliste s’active en faveur d’« un ordre mondial aussi unifié que possible, au sein duquel les élites anglo-saxonnes sont prédominantes (p. 47) ». Z.K.B. réactualise de la sorte les vieux desseins de Cecil Rhodes, de la Fabian Society et de l’« Anglosphère » en partie matérialisée par le système Échelon. Ainsi, « l’objectif de la conquête de l’Asie centrale doit être, selon Z.K.B., d’assurer la victoire non de l’Amérique proprement dite, mais plutôt celle d’un Nouvel Ordre Mondial entièrement dominé par les grandes entreprises multinationales (occidentales principalement). Le Grand Échiquier se présente d’ailleurs comme un véritable hymne aux instances gouvernantes du mondialisme économique (Banque mondiale, F.M.I.). Z.K.B. est le premier patriote du Richistan – un pays en surplomb de tous les autres, où ne vivent que les très, très riches (p. 49) ».

    Faut-il ensuite s’étonner d’y rencontrer le chantre des « sociétés ouvertes », le co-directeur de la célèbre O.N.G. bien-pensante Human Rights Watch et l’instigateur occulte des révolutions colorées, Georges Soros ? Il soutient de ses deniers « l’Open Society Fund […qui] est destiné officiellement à “ ouvrir des sociétés fermées ” (en clair : empêcher les États de réguler l’activité des grands prédateurs financiers mondialisés) (p. 55) ». Le collectif évoque une « méthode Soros » qui consiste à « semer le chaos souterrainement pour proposer ensuite la médiation qui rétablit l’ordre (p. 82) ». Il n’y a pourtant ni complot, ni conspiration de la part d’un nouveau S.P.E.C.T.R.E. cher à Ian Fleming et à son héros James Bond…

    En analysant la production éditoriale d’outre-Atlantique, les auteurs observent néanmoins une nette « difficulté de la coordination entre le tendances de l’oligarchie fédérée U.S. – une oligarchie qui ne parvient à surmonter son incohérence que par la fuite en avant (p. 77) ». En effet, les différentes tendances de la « coalition hégémoniste » veulent d’abord défendre leurs propres intérêts. Ils rappellent en outre l’importance du lobby israélien aux États-Unis, groupe d’influence qui ne se recoupe pas avec l’emprise de la communauté juive sur le pays. Ils signalent aussi les liens très étroits tissés entre le Mossad et la C.I.A. au point que « la coopération entre les deux appareils de renseignement va si loin qu’on peut parler d’intégration mutuelle (p. 70) ». Via l’A.I.P.A.C. (American Israel Public Affairs Committee) et d’autres cénacles spécialisés dont l’Anti Defamation League, « spécialisée dans le harcèlement des opposants. Elle utilise très largement l’accusation d’antisémitisme et, d’une manière générale, promeut un “ souvenir ” de la Shoah qui ressemble à s’y méprendre à une stratégie d’ingénierie des perceptions visant à développer, dans la population juive, le syndrome de Massada (p. 67) », Israël est bien défendu outre-Atlantique. Or la diplomatie de la canonnière néo-conservatrice des années 2000, en chassant du pouvoir les Talibans et Saddam Hussein, a favorisé l’Iran et affaibli les soutiens arabes traditionnels des États-Unis (Égypte, Arabie Saoudite, Jordanie). Prenant acte de cette nouvelle donne non souhaitée, « il y aurait donc renversement d’alliance latent entre W.A.S.P. conservateurs réalistes de l’appareil d’État U.S., mondialistes financés par la haute finance londonienne et lobby pro-israélien néoconservateur, avec Z.K.B., le mondialiste réaliste, en médiateur (pp. 64 – 65). »

    L’heure du « médiaterrorisme »

    Il ne faut surtout pas se méprendre : ces conflits internes, inévitables, n’empêchent pas l’unité en cas de nécessité ou de but commun. Par ailleurs, cette « entente » emploie avec aisance le mensonge, la désinformation, l’intox et le truquage qui « est l’imprégnation progressive de la cible (p. 17) ». L’hyper-classe étatsunienne pratique une nouvelle forme de guerre : la guerre de quatrième génération (G4G). « Faisant suite à la guerre des masses en armes, à celle de la puissance de feu et à la Blitzkrieg, cette quatrième génération est définie comme la guerre de l’information, impliquant des populations entières dans tous les domaines (politique, économique, social et culturel). L’objectif de cette guerre est le système mental collectif de l’adversaire. Et par conséquent, le mental des individus qui composent sa collectivité (pp. 13 – 14). »

    Selon les circonstances et les modalités d’emploi, cette G4G s’utilise diversement. « Le terrorisme est un moyen, pour un pouvoir occulte, de conserver le contrôle soit en éliminant un adversaire (instrumentalisation de l’assassin politique), soit en perturbant un processus sociopolitique (stratégie de la tension), soit en poussant un groupe assimilable à l’ennemi à commettre un acte odieux (stratégie du renversement des rôles, l’agresseur réel se faisant passer pour l’agressé – cas le plus célèbre : la conspiration des poudres, dès le XVIIe siècle, en Angleterre) (p. 106). » Les États-Unis ne sont pas en reste dans l’application régulière de cette tactique, de l’explosion de leur navire, U.S.S. Maine, dans la rade du port espagnol de La Havane en 1898 au 11 septembre 2001 en passant par le transport clandestin d’armes pour les Britanniques dans les soutes des navires neutres – dont le Lusitania – coulés entre 1915 et 1917 et l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, après avoir imposé un blocus pétrolier contre le Japon et décrypter dès 1936 les codes secrets nippons… Cessons d’être naïfs ! Comme l’avait déjà bien perçu le situationniste italien Censor (1), « la manipulation du terrorisme, voire sa fabrication, est une vieille stratégie de l’oligarchie américano-britannique. Quelques exemples : Giuseppe Mazzini, au service de l’Empire britannique, pour déstabiliser l’Autriche; ou encore l’instrumentalisation notoire de la Rote Armee Fraktion par les services anglo-américains; ou encore l’instrumentalisation des Brigades Rouges par les services U.S. pour se débarrasser d’Aldo Moro, qui voulait associer le P.C. italien au gouvernement démocrate-chrétien (p. 105) ». N’oublions pas le financement et l’entraînement d’Oussama Ben Laden et d’Al-Qaïda par la C.I.A. ou bien le téléguidage de certains éléments des Groupes islamiques armés algériens par quelques agents anglo-saxons en mission commandée contre les intérêts français en Afrique du Nord, au Sahara et au Sahel…

    Le terrorisme se voit compléter par l’arme médiatique. « Aux U.S.A., le storytelling est en train de devenir non seulement une méthode de gouvernement (ce qu’il était depuis longtemps), mais le gouvernement lui-même, l’acte de gouverner. La révolution amorcée pendant le Watergate vient de s’achever : désormais, la gestion de la communication est au centre de l’acte de gouverner, elle n’est plus chargée d’accompagner l’action politique, elle est l’action politique. Désormais, la politique est l’art de parler non du pays réel, mais de l’imaginaire (pp. 99 – 100, souligné par les auteurs). » Le collectif expose ensuite des cas flagrants de « médiaterrorisme » à partir des exemples irakien, afghan et iranien.

    Et là encore, les auteurs apportent un tiers point de vue. Pour eux, « que l’Irak ait possédé des armes de destruction massive ne fait aucun doute, et les Anglo-Américains étaient bien placés pour le savoir : pour l’essentiel, c’est eux qui avaient fourni ces armes à Saddam Hussein. […] Il est possible qu’en franchissant la ligne séparant armes chimiques et armes bactériologiques, Saddam ait outrepassé les autorisations de ses soutiens occidentaux (pp. 91 – 92) », d’où les rétorsions financières, l’incitation suggérée par Washington de s’emparer du Koweït, la guerre du Golfe, le blocus et l’invasion de l’Irak par les gars de Bush fils.

    Quant à la situation iranienne, il est clair que « l’Iran inquiète les Américains précisément parce qu’il est en train de réussir ce que les payas arabes sunnites échouent à accomplir : définir une voie musulmane vers la modernité. Les Iraniens sont en train d’entrer dans l’ère du progrès technologique sans pour autant s’occidentaliser en profondeur. La société iranienne se libère, mais pas pour s’américaniser. Téhéran menace de briser l’alternative piégée où l’Occident a jusqu’ici enfermé le monde musulman : s’occidentaliser ou végéter dans l’arriération (p. 121) ». Bref, « l’Iran est un pays musulman qui a des ambitions… et les moyens de ses ambitions (p. 123) ».

    Les auteurs dénoncent le détournement médiatique par les Occidentaux des propos du président Ahmadinejad qui n’a jamais parlé de rayer Israël de la carte ! On nuancera en revanche leur appréciation convenue quand ils estiment que « l’Iran n’est pas une démocratie au sens où les pays occidentaux sont démocratiques [sic ! Nos États occidentaux sont-ils vraiment démocratiques ?], mais c’est un État de droit, où le peuple est consulté régulièrement, à défaut d’être reconnu comme pleinement souverain (p. 131) ». Comme si les électeurs français, britanniques, allemands ou espagnols étaient, eux, pleinement souverains ! La Grasse Presse a orchestré un formidable tintamarre autour de la magnifique réélection en juin 2009 d’Ahmadinejad comme elle déplore l’extraordinaire succès populaire du président Loukachenko au Bélarus le 19 décembre 2010. En fait, les premiers tours des présidentielles iranienne et bélarussienne sont plus justes, conformes et légitimes que l’élection de Bush fils en 2000 ou le second tour de la présidentielle française de 2002 ! Ce n’était pas en Iran ou au Bélarus que se déchaînèrent télés serviles et radios soumises aux ordres contre le candidat-surprise du 21 avril !

    On aura compris que, dans cette perspective, « avec la G4G, l’armée des U.S.A. avoue donc qu’elle est l’armée du capitalisme globalisé, et que son arme principale est le marketing. Fondamentalement, dans l’esprit de ses promoteurs, la G4G est la guerre de contre-insurrection d’une armée d’occupation planétaire à la solde du capital (p. 14) ».

    Un champ de bataille parmi d’autres

    Et la France ? Craignant « le conflit métalocal, c’est-à-dire à la fois totalement local et totalement mondial (p. 8, souligné par les auteurs) » et pensant que « le retour des nations n’est donc pas forcément celui des États-nations : seuls les États-nations cohérents sous l’angle culturel seront cohérents sous l’angle national (p. 37) ». L’État-nation est-il encore un concept pertinent avec une population de plus en plus hétérogène sur les plans ethnique, religieux et cognitif ? Le sort de France préoccupent les auteurs qui insistent fortement sur l’acuité de la question sociale. Ils notent que les fractures françaises deviennent de très larges béances. Ils décèlent dans ce contexte d’angoisse sociale les premières manœuvres de la G4G. « La guerre civile visible, entre groupes au sein de la population, constitue un terrain propice à la conduite souterraine d’une autre guerre, qui l’encourage et l’instrumentalise, c’est-à-dire la guerre des classes dirigeantes contre les peuples. Par ailleurs, avec le trafic de drogues, on a précisément un exemple de contrôle exercé par des forces supérieures sur les quartiers “ ethniques ”. D’où l’inévitable question ? : et où, derrière la constitution en France de “ zones de non-droit ”, il y avait, plus généralement, une stratégie de déstabilisation latente, constitutive du pouvoir de ceux qui peuvent déstabiliser ? (p. 145, souligné par les auteurs). » La G4G emploie des leurres et des simulacres. « Le simulacre, c’est le choc des “ civilisations ”, c’est-à-dire l’affrontement des peuples et familles de peuples. La réalité, c’est le conflit entre le haut et le bas de la structure sociale, et parfois la recherche d’une entente horizontale entre les composantes du haut de cette structure. Le simulacre, c’est presque exactement l’inverse : conflit obligé entre les structures sur une base civilisationnelle, recherche de l’entente verticale au sein de chacune d’elle (p. 152). » Attention toutefois à ne pas tomber dans le piège réductionniste et à se focaliser sur un seul problème comme l’islamisation par exemple. Les auteurs prennent bien soin de ne pas nier les chocs de civilisations qui parcourent l’histoire. Ils se refusent en revanche d’entériner tant sa version néo-conservatrice que dans sa variante angélique. « Énoncer, par exemple, qu’il n’existerait pas d’antagonisme entre populations d’origine européenne et populations d’origine extra-européenne en France serait non seulement dire une contre-vérité manifeste (et se décrédibiliser), mais encore s’inscrire dans la grille de lecture de l’adversaire, qui veut que la question de l’antagonisme soit placé au centre du débat (p. 153). »

    Au bord de l’explosion générale, l’Hexagone se retrouve au centre d’une imbrication de luttes d’influence variées. « Les tensions observées en France ne peuvent se comprendre indépendamment de l’action des réseaux d’influence géopolitiques. On citera en particulier l’action des réseaux F.L.N. au sein de la population d’origine algérienne, le poids de l’islam marocain au sein de l’islam “ de France ”, l’influence certaine des services israéliens (Mossad) au sein de la population juive, à quoi il faut sans doute ajouter des influences construites par les services U.S. (pp. 141 – 142) (2) ». Écrit avant la publication des documents diplomatiques par WikiLeaks, les rapports secrets du département d’État des États-Unis prouvent l’incroyable sape des services yankees auprès des médias hexagonaux, du microcosme germano-pratin et dans les banlieues. Sur ce dernier point, Luc Bronner rapporte que « les Américains rappellent la nécessité de “ discrétion ” et de “ tact ” pour mettre en œuvre leur politique de soutien en faveur des minorités (3) ». L’objectif de Washington demeure d’éliminer une puissance gênante… Loin d’être des combattants de l’islam radical, la racaille des périphéries urbaines est plutôt l’auxiliaire zélé de l’américanisme globalitaire ! Ils en ignorent ses richesses métaphysiques et les expériences soufies et singent plutôt les Gangasta Rap yankees : on peut les qualifier sans erreur d’« Islaméricains ».

    Que faire alors ? « La réponse adaptée à la guerre de quatrième génération, c’est la guerre de cinquième génération : la guerre faite pour préserver la structure générale du sens (p. 154) », soit élaborer une métapolitique liée au militantisme de terrain sans portée électorale immédiate. Et puis, ajoutent-ils, « fondamentalement, il faut faire un travail de formation (p. 154) ». Que fleurissent mille séminaires discrets d’où écloront les rébellions française et européenne ! Que se développe un ordonnancement réticulaire, polymorphe et viral des milieux de la dissidence régionale, nationale et continentale ! L’heure des hommes providentiels et des sauveurs suprêmes est révolu ! Dorénavant, l’impersonalité active doit être un impératif pour tous les militants ! Choc et Simulacre nous aide dans la juste compréhension des enjeux actuels.

    Georges Feltin-Tracol, 8 janvier 2011 Europe maxima

    Notes :

    1. Alias Gianfranco Sanguinetti. Il publia en 1975, sous ce nom de plume, un Véridique Rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie, puis en 1980, Du terrorisme et de l’État, la théorie et la pratique du terrorisme divulguées pour la première fois révélant le rôle trouble des services secrets italiens dans les activités des Brigades Rouges.
    2. Il serait bienvenu (un vœu pieu ?) qu’un éditeur traduise en français l’ouvrage récent du journaliste Giovanni Fasanella et du juge anti-terroriste, Rosario Priore, qui, dans Intrigo Internazionale (Chiarelettere éditeur, Milan, 2010), dévoilent la véritable guerre secrète opposant dans les décennies 1970 – 1980 les différents « services » des puissances occidentales et atlantistes. Qui nous dit que les États-Unis ne chercheraient pas à transposer en France ce que l’Italie des « années de plomb » a connu avec une nouvelle « stratégie de la tension », cette fois-ci, activée dans les banlieues ? Par ailleurs, dans une bande dessinée politique intitulée La Droite ! : petites trahisons entre amis (scénario de Pierre Boisserie et Frédéric Ploquin, dessin de Pascal Gros et couleur d’Isabelle Lebeau, Éditions 12 bis, 2010), les auteurs assènent dans une vignette que dans les années 1970, le S.D.E.C.E. (le contre-espionnage extérieur français) était partagé entre les obligés des Anglo-Saxons et les affidés des services israéliens…
    3.  Luc Bronner, Le Monde, 2 décembre 2010. • Collectif européen pour une information libre présenté par Michel Drac, Choc et Simulacre, éditions Le Retour aux Sources, 2010, 164 p.

    http://www.polemia.com/choc-et-simulacre-par-un-collectif-europeen-dauteurs-presente-par-michel-drac/

  • 17 juillet 1918 : massacre rituel de la famille impériale de Russie

    En ces années de commémoration du centenaire de la Grande Guerre, il n'est pas inutile de rappeler que la Grande Guerre s'est cristallisée autour de deux blocs antagonistes Triple Alliance, France-Angleterre-Russie, contre Triple Entente, Allemagne-Autriche-Turquie... Soyons clairs, aucun historien n'oserait aujourd'hui soutenir que les armées des Empires centraux, les empereurs François Joseph et Guillaume II, n'ont pas eu un moment l'avantage grâce à l'existence du fameux front de l'Est qui mobilisait nombre de divisions austro-allemandes dont l'appoint aurait permis d'emporter la victoire si celles-ci avaient été déployées sur le front occidental. Un équilibre des forces qui prévalut jusqu'à la paix séparée de Brest-Litovsk conclue le 3 mars 1918 par Lev Bronstein alias Léon Trotsky représentant des enragés bolcheviques, lesquels le 26 octobre précédent venaient d'arracher le pouvoir des mains des socialistes-révolutionnaires mencheviks. Une paix traîtresse de la part d'internationalistes, en vérité négociée de très longue date par Lénine depuis son exil genevois en échanges des formidables subsides allemands(1). Un homme dont le seul but était la guerre civile comme instrument politique pour instaurer par la force et le carnage l'idéal messianique de la termitière humaine.

    Dans ce contexte l'avènement de la Révolution bolchevique, et surtout la trahison (à l'égard des Alliés et de la Russie elle-même) de Brest-Litovsk furent ressentis comme une catastrophe pour les armées de l'Ouest.. Mais pas pour tous, notamment à Paris où certains de nos politiques qui n'hésitaient pas à cette époque à faire passer leurs chimères idéologiques avant le sang de nos soldats. Il en est ainsi de Clemenceau qui dès août 1916, saluait à la Chambre la montée en puissance en Russie des mouvements socialistes révolutionnaires. En effet, si le communisme russe a été dès l'origine financé par des banquiers judéo-allemands et judéo-américains(2), il a été également fortement soutenu par certaines loges, notamment celles liées ou ralliées au Grand Orient de France, obédience devenue athéiste après l'intronisation du ministre Adolphe Crémieux, et pour ce fait, exclue de la maçonnerie régulière par la Grande Loge d'Angleterre.

    Winston Churchill, dans un article publié dans l'édition du 8 février 1920 de l'Illustrated Sunday Herald, portera un jugement définitif relatif à la vraie nature du Bolchevisme, une vérité intensément occultée depuis, bolchevisme qui était, selon le futur tombeur du IIIe Reich, « une conspiration à l'échelle mondiale pour le renversement de la civilisation et pour la reconstitution de la société sur la base de l'arrêt du développement [économique], de la malveillance envieuse et de l'impossible égalité »... « Il n'y a pas de raison d'exagérer la part jouée dans la création du Bolchevisme et l'apport réel à la Révolution Russe de ces Juifs internationaux, et pour la plupart, athées. Elle est certainement très grande et dépasse probablement en importance toutes les autres ».

    Certes, comme vient de le reconnaître publiquement le président Poutine (3) à l'exception notable de Lénine (Vladimir Oulyanov), pourtant un quart juif par son grand-père maternel Israël Blank, la plupart des dirigeants communistes qui prirent le pouvoir en Russie en 1917 étaient des Juifs tel Léon Trotsky (Lev Bronstein), fondateur de l'Armée Rouge à l'implacable discipline (alors que l'antimilitarisme régnait à l'Ouest), qui fut un temps en charge des Affaires Étrangères de la jeune République bolchevique. Yakov Sverdlov (Yankel Solomon) était à la fois le Secrétaire de l'Exécutif du Parti Bolchevik et, en tant que président du Comité Central Exécutif, chef du gouvernement des Soviets. Grigory Zinoviev (Radomylsky) dirigeait l'Internationale Communiste (Komintern), l'Agence centrale ayant pour objectif de répandre la révolution dans les pays étrangers, ainsi que le commissaire à la Presse, Karl Radek (Sobelsohn), le commissaire aux Affaires étrangères Maxim Litvinov (Wallach), Lev kamenev (Rosenfeld), Moisei Utitsky pour ne citer que les Commissaires politiques les plus actifs et influents.

    Une guerre civile revendiquée

    Lénine théoricien de la « guerre civile révolutionnaire », outil indispensable pour détruire les ennemis du peuple, charge Trotsky à partir d'avril 1918 d'écraser la paysannerie en butte aux réquisitions forcées, celui-ci déclare à ce sujet : « Notre parti est pour la guerre civile. La guerre civile, c'est la lutte pour le pain. Vive la guerre civile ! ». Tout un programme. La « Terreur rouge » sera officiellement décrétée en septembre par le Conseil des Commissaires du peuple. Terreur que l'historiographie servile et conformiste essaie encore vainement, pour en minimiser la portée et la cruauté, d'opposer à la terreur blanche des forces contre révolutionnaires. C'est dans ce contexte que le 17 juillet 1918 la famille impériale sera cyniquement assassinée. Un acte d'une sauvagerie inouïe qui donne la mesure de la folie messianique du cartel de dirigeants judéo-bolcheviques (4) et va marquer un tournant dans la politique de teneur absolue - explicitement inspirée de la Révolution française - que conduit Lénine. Très vite cependant une l'idée s'impose que « Lénine n'était pas au courant et n’a donné aucun ordre », ceci alors que des témoignages directs et accablants existent des ordres donnés pour la liquidation de la famille impériale dans sa totalité afin de mieux asseoir l'emprise révolutionnaire tout comme les Français le firent avec la famille du Roi Louis le Seizième, et avant eux les puritains fanatiques de Cromwell avec Charles 1er !

    Du 13 juin 1918 au 28 janvier 1919, dix-huit membres de la famille impériale seront assassinés dans des conditions le plus souvent atroces. Le premier fut Michel Alexandrovitch de Russie, l'éphémère dernier tsar de toutes les Russies. Grand-duc de Russie, il aura été très brièvement empereur sous le nom de Michel II entre le 15 et le 16 mars 1917 après l'abdication de son frère Nicolas II. Michel fut ainsi assassiné le 12 juin 1918 à Perm dans l'Oural.

    Le 17 juillet, c'est au tour du tsar Nicolas II et de sa famille et des proches qui l'avaient suivi dans son exil... le Dr Evgueni Sergueïevitch Botkine, Anna Stepanovna Demidova, Alekseï Egorovitch Trupp et Ivan Kharitonov. Le meurtre collectif aura heu dans l'entresol de la maison Ipatiev à Ekaterinbourg.

    L'exécuteur en fut le super intendant Ioukov Iourovski, huitième enfant d'une famille juive orthodoxe, né d'un père vitrier et d'une mère couturière. Début 1918, grâce à la Révolution, il est élu député régional et nommé Commissaire de justice. Il rejoint la Tchéka (service d'exécution de la Terreur) régionale et en devient l'un des chefs. Au début de juillet, il obtient le poste de commandant en chef de la villa lpatiev et sera chargé du carnage exécuté, répétons-le, sur les ordres exprès du bon Lénine apôtre de l'Humanité renaissante. Trotsky confirmera ce fait dans son journal publié en 1930 à New York :

    « Les tirs ont eu lieu à bout portant. Iourovski aurait levé son arme et tiré sur Nicolas, qui mourut sur le coup. Les autres bourreaux tirèrent jusqu'à ce que toutes les victimes tombent. Le tsarévitch rampa vers la porte, et le Commissaire bolchevik Peter Ermakov lui défonça le crâne à coups de baïonnette. Les dernières survivantes, Anastasia, Tatiana, Olga, et Maria (dont les diamants cousus dans leurs vêtements avaient servi un temps de gilet pare-balle) sont exécutées tout aussi sauvagement car leurs cris pouvaient être entendus de l'extérieur ! Les corps seront placés dans des draps, conduits en camion dans une fondrière à quelques kilomètres de là, et brûlés à la chaux vive et au vitriol. Les corps n'étant pas complètement dissous à l'aube, les bourreaux revinrent la nuit suivante ».

    Igor Shafarevitch, mathématicien russe mondialement connu, célèbre dissident, écrivait dans son livre La Russophobie (traduction française...):

    « Ce meurtre rituel symbolisa la fin de siècles d'histoire russe, de telle manière qu'il peut être comparé seulement à l'exécution de Charles 1er en Angleterre et de Louis XVI en France ».

    On s'attendrait à ce que les représentants d'une minorité ethnoconfessionnelle numériquement insignifiante se fussent par sagesse tenus éloignés d'aussi loin que possible de ce type d'action cruelle dont la tache restera indélébile pour les siècles des siècles. Or que découvrons-nous ? Que si l'exécution fut personnellement supervisée par Yakov Yurovsky [Ioukov Iourovski] qui abattit lui-même le Tsar, le président du Soviet local était Beloborodov (alias Vaisbart), quant au responsable de l'administration générale d'Ekaterinburg, il s'agissait de Shaya Goloshtehekin.

    Un meurtre rituel

    Pour compléter ce tableau navrant, sur le mur de la pièce où eut lieu l'exécution, se trouvait une citation en allemand extraite d'un poème du néo-messianiste Heinrich Heine (5) relatif au Roi Balthazar, celui-ci ayant offensé Yahvé paya de sa vie cette offense. Bien évidemment une telle inscription ne doit rien au hasard et revêt de toute évidence une valeur revendicative hautement symbolique. Ce que souligne avec pertinence Shafarevitch...

    « Belsatzar ward in selbiger Nacht / Von seinen Knechten umgebracht »... « Belsatzar fut, la même nuit, tué par ses esclaves » L'allusion est limpide : Balthazar, gentil (non-juif) roi de Babylone, vit « l’inscription sur le mur » annonçant sa mort (Livre de Daniel, 5). Pour la bible, il fut tué en punition de ses offenses au dieu d'Israël. En jouant habilement de la citation de Heine, l'auteur de l'inscription, vraisemblablement l'un des tueurs, a substitué "Belsatzar" à l'orthographe initiale de Heine "Belsazar", pour signaler et souligner encore plus clairement son intention de régicide, autrement dit de crime rituelique. Cette inscription tirée de Heine révèle de façon indéniable l'inspiration à la foi ethnique, confessionnelle et messianique de cet holocauste : un roi non juif a été occis en un acte revendiqué de vengeance juive !

    Le 15 août 2000, l'Église orthodoxe russe annoncera la "canonisation" de Nicolas II pour « son humilité, sa patience et sa douceur ». Le 1er octobre 2008, la Cour suprême de la Fédération de Russie se prononce à son tour « pour sa réhabilitation », estimant que Nicolas II et sa famille ont été victimes d'une infâme « répression politique ».

    Dans la nuit du 17 au 18 juillet, donc le même jour, à Alapaievsk dans l'Oural, cinq autres princes de la famille impériale et la grande-duchesse Elisabeth Fiodorovna, sœur de la tsarine Alexandra, une autre religieuse et le secrétaire du prince, seront jetés blessés mais vivants dans un puits de mine où ils mourront après plusieurs jours d'agonie, morts de faim ou de leurs blessures... Sous prétexte de transférer les prisonniers d'Alapaïevsk vers l'usine Verkhine-Sinyatchikhinsky, un groupe de travailleurs de la mort dirigé par Piotr Startsev arrivait à l'école Napolnaya où étaient gardés les prisonniers. Vasili Ryabov, l'un des conspirateurs, relate : « Nous sommes entrés dans le bâtiment de l'école, au travers d'une porte verrouillée, nous réveillâmes deux femmes et nous leur intimâmes l'ordre de s'habiller immédiatement car elles devaient être emmenées dans un endroit plus sûr, car, en ce lieu, il y avait un risque d'attaque. Elles obéirent sans un murmure. Nous leur avons attaché les mains derrière le dos et bandé les yeux, nous les avons escortées, nous les fîmes asseoir dans une charrette qui les attendait devant l'école. Puis nous sommes entrés dans la chambre des hommes. Nous leur avons dit la même chose. Le prince Ioann Konstantinovitch, le prince Paley ont obéi sans opposer de résistance. Nous les avons emmenés dans le couloir, nous leur avons bandé les yeux, lié les mains et nous les fîmes asseoir dans une autre charrette. Le grand Sergueï Mihkaïlovitch fut le seul à résister ».

    Le grand-duc Sergueï Mihkaïlovitch reçut une balle dans le bras et rejoignit les autres détenus dans la seconde charrette. Les prisonniers furent emmenés hors de la ville vers l’une des mines abandonnées et après leur avoir assené un coup derrière la tête, ils furent précipités dans le puits, après quoi des grenades furent jetées, ainsi que des poteaux, des rondins. Malgré cela, certains des suppliciés restèrent en vie encore quelques jours avant de décéder de leurs blessures et de faim. Ainsi la plaie du prince Ioann, tombé à proximité de la grande-duchesse Elizaveta Fiodorovna, fut pansée avec son voile de religieuse, le corps du prince Paley fut lui retrouvé en position assise. Les paysans des environs entendirent des chants religieux venant des profondeurs de la mine.

    La décision d'exécuter les prisonniers d'Alapaïevsk fut prise, dit-on, à l'initiative des commissaires politiques d'Alapaïevsk, sans en référer au Comité central du Parti. Toutefois, le tchékiste Piotr Konstantinovitch Startsev indique que les exécutions des prisonniers avait été ordonnées par le Secrétaire général du Comité régional de l'Oural, Georgi Ivanovitch Safarov alias Safarian.

    Le  novembre 1981, les martyrs d'Alapaïevsk furent "canonisés" par l'Église orthodoxe russe de l'étranger. Au titre de martyrs, la grande-duchesse Elizaveta Rodorovna et la religieuse Varvara Yakovleva furent bénies par le Conseil des évêques de l'Église orthodoxe russe en ces termes : « La grande-duchesse Elizaveta Fiodorovna, fondatrice du monastère des Saintes-Marthe-et-Marie à Moscou, a consacré sa pieuse vie chrétienne à la charité, à l’aide aux pauvres et aux malades. Avec la nonne Varvara Yakovleva, elle mourut en martyre le pur de Saint Serge Radonège 5 juillet (vieux style) 1918 ». Le 5 juillet 2009, le procureur général de Russie réhabilita enfin les morts d’Alapaïevsk... à titre posthume !

    Et ce n’est hélas toujours pas fini…

    Le 29 janvier 1919, dans la forteresse de Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg, les grands-ducs Georges, Nicolas, Dimitri et Paul [Georgui Mikahïlovitch, Nikolaï Mikahïlovitch, et Pavel Alexandrovitch] sont eux aussi exécutés. Le grand-duc Paul et ses cousins seront inhumés en secret dans une fosse commune sous une dalle de béton dont le lieu reste encore inconnu à ce jour. Cependant, en 2007, au cours de travaux entrepris dans l'enceinte de la forteresse Pierre-et-paul, le hasard permit de mettre au jour des ossements humains. Ces restes n'ont pu encore être identifiés... Découverte macabre qui donne une idée de l'ampleur des tueries perpétrées dans l'enceinte même des palais impériaux.

    Aujourd'hui, à l’emplacement de la maison Ipatiev a été construite l'église du Saint Sang versé. D'autres monuments ont été érigés, des plaques apposées. La monarchie jouit de nouveau en Russie, particulièrement à travers les livres d'histoire, d'un prestige considérable. La Russie a su faire peu ou prou amende honorable, reconnaître les crimes de la révolution léniniste pour en quelque jour en obtenir l'oubli et le pardon.

    Les héritiers de nos Conventionnels seraient bienvenus d'en prendre de la graine.

    Romain ROCANCOURT avec Léon CAMUS. rivarol du 23 juillet 2015

    (1) Cf. Nicolas Tandler, Les secrets de Lénine, Dualpha 2005.

    (2) On lira avec grand profit <https//resistance71. wordpress com/2011/12/19fau-coeur-du-nouvel-ordre-mondial-wall-street-et-la-revolution-bolchevique-professeur-antony-sutton-2eme-partie/> « À New York, Nya Banken et Olof Aschberg faisaient passer des fonds du gouvernement allemand aux révolutionnaires russes, ceux qui finiraient par mettre à bas le "comité Kerensky" et établiraient le régime bolchevique ».

    (3) Le 13 juin 2013, à l'occasion d'une visite au Musée juif, Vladimir Poutine revenait sur la composition et l'idéologie de l'aile au pouvoir dans le premier gouvernement bolchevique soulignant le rôle écrasant des Juifs dans la révolution bolchevique dont ils constituaient « 80 à 85% des effectifs de toutes les instances politiques », dixit Poutine, et 100 % ensuite des dirigeants de goulags. Lire Soljenitsyne : Deux siècles ensemble.

    (4) Désignation et qualité aujourd’hui encore revendiquées par le démographe et essayiste médiatique Emmanuel Todd : à la dixième minute de cet entretien <http://wwwdailymotion.com/video/x2p0sn7_ emmanuel-todd-ce-qui-m-inquiete-ie-plus-c-est-la-montee-de-l-antisemetisme_news ?start=3>.

    (5) Voir Salluste, Les origines secrètes du bolchévisme, Dualpha 2015.

  • Pays émergents : Retour aux fondamentaux

    Après 15 ans de battage médiatique, une nouvelle opinion commune s’est établie: les marchés émergents sont dans le pétrin. De nombreux analystes ont extrapolé une croissance rapide dans des pays comme le Brésil, la Russie, la Turquie et l’Inde dans un futur indéterminé, en les tenant pour les nouveaux moteurs de l’économie mondiale.

    Aujourd’hui la croissance est en baisse dans la quasi-totalité d’entre eux ainsi que des investisseurs retirent leur argent, inspirés en partie par l’espoir que la Réserve fédérale américaine relève ses taux d’intérêt en septembre. Leurs monnaies ont chuté, alors que les scandales de corruption et d’autres difficultés politiques ont accablé le récit économique dans des endroits comme le Brésil et la Turquie.

    Rétrospectivement, il est apparu clairement qu’il n’y avait en fait aucune logique de croissance cohérentedans la plupart des marchés émergents. Sous le vernis, on trouve en fait des taux de croissance élevés motivés non pas par une transformation productive, mais par la demande intérieure, à son tour alimentée par booms temporaires des matières premières et des niveaux non viables d’emprunts publics ou plus souvent privés.

    Oui, il y a beaucoup d’entreprises de classe mondiale dans les marchés émergents et l’expansion de la classe moyenne est indéniable. Mais seule une part infime de la main-d’œuvre de ces économies est employée dans des entreprises productives, alors que les entreprises improductives informelles absorbent le reste.
    Si l’on compare cela avec l’expérience des quelques pays qui ont effectivement émergé avec succès, en « passant leur diplôme » de pays avancé, on peut identifier le chaînon manquant. La Corée du Sud et Taïwan ont progressé suite à une industrialisation rapide.

    Comme les paysans sud-coréens et taïwanais sont devenus des ouvriers d’usine, les économies des deux pays (et avec un certain décalage, leurs politiques) ont été transformées. La Corée du Sud et le Taïwan sont par la suite devenues des démocraties riches.

    En revanche, la plupart des marchés émergents actuels connaissent un processus dedésindustrialisation précoce. Les services ne sont pas négociables dans la même mesure que les produits manufacturés et pour la plupart ne présentent pas le même dynamisme technologique. En conséquence, les services se sont avérés être un mauvais substitut à l’industrialisation orientée jusque-là vers l’exportation.

    Mais les marchés émergents ne méritent pas les prophéties de malheur qu’on leur adresse actuellement. La vraie leçon du battage relatif à l’effondrement des marchés émergents est la nécessité d’accorder plus d’attention aux fondamentaux de la croissance et de reconnaître la diversité des situations au sein d’un groupe d’économies inutilement regroupées.

    Pour les économies en développement, les trois principes fondamentaux de croissance clés sont l’acquisition de compétences et l’éducation de la main-d’œuvre, l’amélioration des institutions et de la gouvernance, et enfin la transformation structurelle de la faible productivité vers des activités à forte productivité (dont l’industrialisation est l’exemple type).

    La croissance rapide selon le modèle de l’Extrême-Orient a typiquement exigé d’importantes transformations structurelles durant un certain nombre de décennies, accompagnées d’un progrès régulier dans l’éducation et les institutions, qui ont fourni à long terme des fondements à la convergence des économies avancées.

    Contrairement aux économies d’Extrême-Orient, les marchés émergents actuels ne peuvent pas considérer leurs excédents à l’exportation de produits manufacturés comme un moteur de transformation structurelle et de croissance. Ils sont donc obligés de compter davantage sur les fondamentaux à long terme de l’éducation et sur les institutions. Celles-ci génèrent bien de la croissance et sont en effet indispensables. Mais elles produisent au mieux 2 à 3% de croissance annuelle et non pas 7 à 8% comme en Extrême-Orient.

    Comparons la Chine et l’Inde. La Chine s’est développée en construisant des usines et en les remplissant de paysans peu éduqués, ce qui a entrainé une poussée instantanée de la productivité. L’avantage comparatif de l’Inde réside dans les services à relativement forte intensité de compétences (comme les technologies de l’information), qui ne peuvent absorber qu’une minuscule tranche de la population active largement non qualifiée du pays.

    Il faudra attendre de nombreuses décennies avant que le niveau de compétence moyen en Inde augmente au point de pouvoir faire augmenter sensiblement le niveau de la productivité globale de l’économie.

    Le potentiel de croissance à moyen terme de l’Inde se situe donc bien en deçà de celui de la Chine au cours des dernières décennies. Une poussée significative dans les dépenses d’infrastructure et les politiques de réforme pourra faire une différence, mais elle ne pourra pas rattraper le retard.

    D’autre part, être la tortue plutôt que le lièvre dans la course à la croissance peut être un avantage. Les pays qui dépendent de l’accumulation constante de compétences à l’échelle de l’économie et de l’amélioration de la gouvernance n’ont peut-être pas une croissance aussi rapide, mais ils peuvent être plus stables, moins sujets aux crises et plus susceptibles de converger par la suite avec les pays avancés.

    Les réussites économiques de la Chine sont indéniables. Mais elle reste un pays autoritaire où le Parti communiste conserve son monopole politique. Ainsi, les défis de la transformation politique et institutionnelle sont infiniment plus grands qu’en Inde. L’incertitude à laquelle fait face un investisseur à long terme en Chine est également plus grande.

    Ou comparons encore le Brésil avec d’autres marchés émergents. Parmi ces pays, le Brésil a sans doute récemment connu la plus forte réussite. Le scandale de corruption autour de la fameuse la compagnie pétrolière détenue par l’État, Petrobras, a produit une crise économique, avec une forte chute du cours de la devise nationale et une croissance au point mort.

    Pourtant la crise politique du Brésil démontre la maturité démocratique du pays et est sans doute  un signe de force plutôt que faiblesse. La capacité des procureurs à enquêter sur les irrégularités de paiement touchant aux plus hauts rangs de la société brésilienne et son gouvernement sans ingérence politique (ou le processus se transforme en chasse aux sorcières), peut servir d’exemple à de nombreux pays avancés.

    Le contraste avec la Turquie ne saurait être plus saisissant. La corruption y est d’une plus grande ampleur : elle implique le président Recep Tayyip Erdoğan et sa famille. Et personne n’ose y toucher. Une enquête menée par les procureurs turcs contre Erdoğan en 2013 était clairement motivée politiquement (et commanditée par les ennemis d’Erdoğan au sein du mouvement dirigé par Fethullah Gülen, un prédicateur islamique auto-exilé), qui a donné au gouvernement la couverture nécessaire pour annuler l’enquête. L’économie de la Turquie n’a pas souffert autant que le Brésil, mais sa gangrène risque de lui causer des ennuis plus graves à plus long terme.

    Des finances extérieures bon marché, des apports de capitaux abondants et les hausses des cours des produits de base ont aidé à dissimuler de nombreuses irrégularités et ont favorisé 15 ans de croissance pour ce marché émergent. Alors que l’économie mondiale génère des vents contraires forts dans les années à venir, il deviendra plus facile d’identifier les pays qui ont vraiment renforcé leurs fondamentaux économiques et politiques, et ceux qui ont adopté de faux récits et la force précaire des impressions inconstantes des investisseurs.

    Project Syndicate

    http://fortune.fdesouche.com/388837-pays-emergents-retour-aux-fondamentaux#more-388837

  • Entrevue du C.N.C #5: FRAKASS

    1) Pouvez-vous présenter Frakass à nos lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas tous, d’autant que le groupe a une carrière assez longue à son actif…

    Frakass est créé en 1986. La moyenne d'âge des membres du groupe était de 15 ans. A l'époque, le groupe ne faisait que des reprises et nous n'avions pas pour vocation de faire de Frakass un groupe à part entière. Le but était d'alimenter les soirées des rebelles blancs de notre quartier « Les Etats ». C'est un énorme quartier Lyonnais agencé comme une petite ville. Ces soirées concerts regroupaient environ 60 personnes (Skins, Punks et Rockers) où chacun pouvait se débarrasser de sa rage. En 1989 nous commençons à écrire nos propres chansons avec des titres tels que : «Ni rouge ni mort ; Légitime défonce... etc... ». Mais le groupe se sépare. En 1994, sous l'impulsion du label LUG RECORDS et divers amis des « Etats », je décide de remonter le groupe. En 1995, nous enregistrons une démo dont 3 titres paraîtront sur la compilation « France Explosion 2 ». En 1997, nous sortons notre 1er album qui est le reflet de nos années d'acier. Suivront cinq albums + un split cd.

    2) Après « L’appel des dieux » qui avait été très bien accueilli, comment a été reçu votre dernier album « Rage » qui est sorti il y a quelques semaines maintenant ?

    Je pense qu’il est encore trop tôt pour savoir si « Rage » a été bien accueilli par la majorité. Chacun de nos albums sont relativement différents les uns des autres, même s’il y a une cohésion entre tous; mais sont également différents de ce qu’on a l’habitude d’entendre. Il faut donc donner aux gens le temps de digérer l’album et avoir le recul nécessaire pour donner son opinion. D’ici 1 an, on pourra commencer à se faire une idée des répercutions comme ça a été le cas pour chacun de nos albums. Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que « Rage » se vend bien et qu’il y a eu un fort engouement lors de sa sortie ; ce qui est plutôt positif.

    3) Vous jouez maintenant depuis près de vingt ans. La scène musicale militante a bien changé en France et en Europe. Quels sont les grands changements que vous avez pu constater, qu’ils soient positifs ou négatifs à vos yeux ?

    Le changement majeur est que le style musical s’est vraiment diversifié. Car même si la base musicale est restée principalement « Rock », tout le panel de ce style est maintenant exploité, en passant du plus métal au plus rock’n’roll, du plus puissant au plus doux, allant jusqu’à faire des ballades… Et tout cela a forcement eu un impact sur les Rockers (et d’autres…) qui ont découvert qu’il existait une musique identitaire blanche et engagée. Dans nos salles, se côtoient désormais, skins, hools, chevelus, catho trad’, personnes lambdas, parfois punks. Je sais aussi que nombreux sont les petits jeunes des « skates parks » à écouter du RAC. Non seulement le style s’est diversifié, mais la qualité sonore a également évoluée par rapport aux premiers groupes des années 80.

    4) Vous avez un bon nombre de concerts à votre actif et vous avez joué un petit peu partout en Europe. Quels sont les enseignements et impressions que vous avez pu faire et avoir à l’occasion de ces nombreux voyages, tant sur le mouvement en lui-même, que sur les gens qui en font partie ?

    C’est une grande chance d’avoir pu visiter de nombreux pays Européens par le biais de la musique et ainsi créer des liens et construire des projets communs avec nos camarades de combat. Découvrir sur le terrain comment s’organise la résistance de notre famille de pensée sur le reste du continent, a un côté rassurant et rompt avec la sensation d’isolement que nous éprouvons tous assez souvent, je crois. Quand on observe le visage des pays de l’ex-bloc soviétique, immédiatement quelque chose saute aux yeux, on se dit « ici, tout est possible ! ». Mais restons lucides, ils sont également pour la plupart pris dans la spirale infernale de l’Union Européenne et ses savantes illusions, donc probablement, ne tarderont pas à ressembler aux pays de l’ouest. Pour ma part, se trouvent là-bas, les derniers bastions encore debout de notre civilisation, alors que chez nous, il ne reste qu’un champ de ruines (Tout n’est pas perdu, mais ça va être compliqué). Les Nationalistes de l’est sont largement moins frileux dans leurs convictions et idéaux que ceux de l’ouest et ne pratiquent quasiment pas l’auto flagellation tant prisée chez nous. Il y a une logique à tout ça «  L’intoxication culpabilisatrice systématique d’après-guerre orchestré par les vainqueurs ». Comme on peut l’observer, le tableau n’est pas tout rose sur le vieux continent, mais qu’ils le sachent tous bien: « Notre foi est inébranlable ! ».

    5) Que pensez-vous de la scène musicale militante française actuelle ? On dit souvent que la musique est une arme pour nos idées ; arrive-t-elle à bien remplir ce rôle aujourd’hui, malgré l’ostracisme qui touche tout ce qui se rapproche de nos convictions et idéaux ?

    Je trouve que la scène française se porte plutôt bien, par le seul fait qu’elle continue d’exister après 30 ans d’ostracisme ambiant. Et on peut effectivement affirmer que la musique est une véritable arme pour véhiculer nos idées. On peut voir ça comme une tribune libre qui permet d’extirpernotre jeunesse (et d’autres plus âgés), des griffes du système. Même si cela n’est pas toujours facile, elle tient bien son rôle, grâce à tous les gens motivés qui l’animent.

    6) Le RAC français n’a jamais beaucoup marché à l’étranger, pourquoi selon vous ? Est-ce d’ailleurs réellement important tant qu’il marche en France ?

    Il est vrai que ça a toujours été un peu compliqué pour les groupes français à l’étranger, mais nous ne sommes pas les seuls. La première des raisons est la barrière de la langue. Et c’est bien normal, car la vocation première d’un groupe RAC, est de toucher les gens par ce qu’il raconte, la musique n’est qu’un support. Seuls les groupes anglophones arrivent, pour certains, à percer un peu partout, car tout le monde comprend relativement bien l’anglais. Ça marche aussi pas mal pour les groupes Allemands pour d’autres raisons … Mais dans tous les cas, en général, un bon groupe qui joue à domicile, enflammera davantage les foules qu’un groupe étranger. Il existe quelques exceptions avec des pointures comme Bound For Glory ou Brutal Attack et quelques rares autres groupes, mais là non plus ce n’est pas toujours le cas… Il y a peut-être aussi un côté chauvin derrière tout ça. Je pense qu’il est néanmoins important pour les groupes de s’exporter, car ça permet de créer des liens et d’apporter une cohésion du mouvement au niveau Européen.

    7) En 2010, vous avez sorti un album de ballades « Mémoires acoustiques », chose assez peu courante en France, à la différence de l’Allemagne par exemple. Pensez-vous rééditer l’expérience et/ou refaire des concerts acoustiques ?

    Depuis la sortie de « Mémoires Acoustiques », nous faisons régulièrement des concerts acoustiques en France et en Europe. Nous aimons le côté intimiste de ce genre de représentations, au fond d’un pub ou d’un bar avec une cinquantaine de personnes. Nous allons donc, bien sûr, continuer à en faire. Par contre, un second projet acoustique n’est pas du tout à l’ordre du jour, mais rien n’est impossible car nous marchons à l’instinct du moment présent, aussi bien pour les compositions que pour les concepts.

    8) Quels sont les fondements sur lesquels se baserait la société pour laquelle vous combattez ?

    Pour moi, une société ne peut être viable que si elle est bâtie sur une civilisation anthropologiquement saine. Le cosmopolitisme qui conduit forcément à terme au métissage, disloque la cohésion sociale du peuple qui la subit et freine sa capacité créative. L’idée générale imposée sur le fait que les races n’existeraient pas, est une énormité absolue et, désolé pour ceux que ça dérange, mais on peut également classer ces mêmes races en valeurs hiérarchiques. Je ne développerai pas plus sur le sujet, car mes arguments rempliraient cette page et passeraient inévitablement sous le coup des lois. D’autre part, même si la politique est indispensable pour organiser les sociétés, elle reste cependant secondaire à mes yeux. Elle est l’instrument qui fait avancer les peuples, mais en aucun cas les hommes ne doivent devenir l’instrument de cette même politique. Il m’apparaît évident que si l’homme blanc suit une hygiène ethnique stricte, il est capable de faire fonctionner n’importe quel système politique, du plus juste au plus injuste. Alors que le schéma actuel du melting-pot ambiant mène toute politique à l’échec. Les fondements sur lesquels se baserait la société pour laquelle je combats sont : Aryanisme, natalisme et socialisme. Je parle bien sûr d’un véritable socialisme qui, est pour moi, le système politique le plus justeAutre chose, la politique ne peut être statique, ce qui est vrai aujourd’hui, peut être faux demain, et vice-versa. Elle doit être en perpétuel mouvement comme le sont l’homme et la vie.

    9) La peine de mort fut abolie en France voici trois décennies, malgré une opinion publique qui y était majoritairement favorable. Aujourd’hui, de nombreuses personnes réclament son rétablissement. Au sein de notre mouvance, on entend parfois l’argument qu’il serait dangereux qu’elle soit rétablie, car elle serait vite utilisée par le système contre ses opposants. Quelle est votre position sur la question ?

    Dans un premier temps, je ne pense pas que le rétablissement de la peine de mort nous sortirait de la fange dans laquelle nous baignons. Car les crimes suffisamment graves, menant à la peine capitale, restent minoritaires et n’ont aucun rapport avec l’abaissement de vie que subit notre société au quotidien. D’un autre côté, il est inacceptable qu’une mère de famille puisse croiser 20 ans après à la terrasse d’un bar, les doigts de pieds en éventails, le monstre qui a violé, assassiné puis coupé en morceaux sa fille de 14 ans …. D’un côté, l’enfermement total à vie, pourrait suffire, mais dans ce cas, il représente malgré tout un poids, un coût à la société. Donc, autant se débarrasser de cette vermine. Je suis pour le rétablissement de la peine de mort pour les crimes les plus intolérables, quand la culpabilité du prévenu est avérée de façon certaine, et sous réserve de circonstances atténuantes pour certains cas particuliers,par exemple pour un père de famillequi ouvreen deux le violeur de sa fille et disperse les morceaux aux quatre coins de la ville, ou l’ouvrier qui retrouve sa voiture sur cale au quartier, qui chaque jour subit des incivilités, et se fait régulièrement cramer la porte du domicile à l’essence. Connaissant pertinemment les fauteurs de trouble, disons qu’il décide brusquement avec quelques amis d’en chopper un, de l’attacher par les pieds dans un lieu tranquille, et de découper chaque jour quelques escalopes danssa chair suivi d’une poignée de sel jusqu’à ce qu’il dessèche, je ne trouve pas ça intolérable… Quant à ceux des nôtres qui avancent l’argument qu’il serait dangereux que la peine de mort soit rétablie par peur de représailles, par les tenants du système sur leurs opposants, je leur dirais que nos maîtresn’ont pas besoin de ça pour nous faire taire de façon globale, d’ailleurs s’ils en avaient besoin, elle n’aurait pas été abolie. Ils tiennent déjà le peuple par les couilles et ont tous les outils nécessaires pour écraser l’opposant avec l’armée, la police, les médias (qui abrutissent l’opinion public) et la justice (et oui 100.000 euros d’amendes et quelques années de prison suffisent fortement à calmer l’opposant). Certes, la peine de mort n’a jamais fait et ne fera jamais baisser la criminalité aigue, mais ça soulage…

    10) Comment résister efficacement au système aujourd’hui ? Quelles actions (de la part de mouvements politiques ou autres) vous semblent actuellement aller dans la bonne voie ?

    Pour résister au système (d’un point de vue individuel), il faut en comprendre les rouages, la mécanique. Bon nombre de personnes qui se disent « résistant  au système » ont malheureusement les deux pieds dedans. Résister efficacement face à ce monstre, passe forcément par un minimum de connaissances historiques et géopolitiques du monde. Je dis bien du monde car le fléau, que nous subissons, n’est pas seulement français ni même européen, mais bien mondial. Je précise pour ceux que j’entends dire « Nous c’est la France, le reste du monde on s’en fout ! ». C’est vrai, la France d’abord, mais il faut bien comprendre que ce qui se passe de l’autre côté de la planète peut souvent avoir une incidence sur ton quotidien et sur ce qu’il y a dans ton assiette. Par exemple, la souffrance que nous subissons en France n’est pas la même que celle de la Syrie, mais le venin vient du même animal. Le problème à décortiquer est aussi simple que complexe, et souvent vicieux. Il appartient à chacun de ne pas se faire manger le cerveau. Si je dois me prononcer sur quelles actions de mouvement politique me semblent aller dans la bonne voie, je dirais, toute action qui avance à contre-courant du système établi et qui pousse à un réveil des peuples et des identités. Je profite de cette question pour donner mon avis sur toutes ces bases autonomes nationalistes (au sens large du terme) qu’on a pu voir émerger ces dernières années un peu partout en France et ailleurs. Je voyais plutôt ça d’un mauvais œil, car forcément, multiplication des groupes rime avec division. Mais avec le recul, on a pu observer l’excellent travail de la plupart de ces groupes qui, finalement, ont permis de ratisser bien plus largement au sein de toutes les classes de la société et ainsi, récupérer un grand nombre de citoyens pour qui il restait encore une étincelle de résistance. Bien entendu, comme c’était à prévoir, les divisions sont présentes. Ce ne sont bien souvent que des détails ou des stratégies différentes qui mènent les nationalismes à se diviser, mais cela devient vraiment déplorable quand ce sont des histoires de personnes. De toutes mes forces, je refuse de rentrer dans ces guerres de chapelle insignifiantes devant la situation immensément grave à laquelle nous avons à faire face.

    11) Depuis un certain temps, on trouve un grand intérêt, dans nos milieux, au survivalisme et à des auteurs comme Piero San Giorgio qui justifie ses thèses par l’inéluctabilité à court ou long terme d’un effondrement économique. Cela vous semble-t-il plausible et comment voyez-vous l’avenir prochain de la France et de l’Europe ?

    Je ne veux pas sombrer dans le pessimisme, mais très franchement, ça commence à sentir mauvais… Et aux vues des pitres que nous avons au gouvernement et à l’Assemblée Nationale, ce n’est pas prêt de s’arranger. A Pinder, ils ont au moins la décence de se déguiser ou au minimum, d’enfiler un nez rouge, au moins c’est drôle… Plus sérieusement, même s’ils arrivent à redresser la barre, l’effondrement économique est, pour moi, inéluctable à long terme. La pulpe du fruit, qu’ils s’efforcent de presser, rend ses dernières gouttes et ils le savent. Ce qu’il faut comprendre, nous évoluons dans un système qui est fait pour engraisser 1 pour cent de la population mondiale. Et il faut bien intégrer que ces porcs que nous engraissons, sont prêts à utiliser tous les vices, tous les mensonges, à fabriquer toutes les guerres, à commettre tous les massacres et autres génocides pour continuer à s’empiffrer, et ça, jusqu’à saturation. Un second problème nous pend aussi au nez, c’est le choc des civilisations ; qui me semble inéluctable à court ou à long terme. D’autant plus que nos maîtres ont, depuis quelques temps, changé de stratégie et souhaitent maintenant ce fameux choc des civilisations. Il suffit de voir la presse, les politiques, les médias, se déchainer et mettre volontairement le feu aux poudres et dresser les peuples les uns contre les autres. Nous sommes effectivement à l’aube de la fin d’un monde, d’un système, comme il y en a eu d’autres dans l’histoire. Ces périodes-là ne se sont jamais réglées dans la paix et l’harmonie, mais plutôt dans le fer et le sang, d’ailleurs l’homme en est le spécialiste, depuis tout temps. A y réfléchir, Hollande avait raison « le changement, c’est maintenant » héhé ! Pour ces deux raisons, il m’apparaît évident que nous devrions fortement commencer à penser au survivalisme pendant que nous sommes dans une période confortable pour apprendre à l’appliquer, car en situation de clash, tout va très vite, en effet une semaine suffit pour que cela soit le chaos partout. Désolé pour les moutons dociles qui pensaient que la France était protégée par une sorte de bouclier divin (le même qui l’a protégée du nuage de Tchernobyl…), mais la réalité est toute autre. Quant à nous tous, nous avons un atout supplémentaire que les personnes lambdas n’ont pas, « nos milieux ». Saurons-nous nous en servir le jour du chaos ? Je le pense. Mais il serait plus judicieux de commencer à y penser maintenant, car nous ne serons que plus efficaces le jour J, et surtout les semaines, les mois et probablement les années qui suivront.

    12) Merci d’avoir répondu à nos questions. Avant de nous quitter, pouvez-vous nous dire quels sont vos prochains projets ?

    Nous avons plusieurs projets en cours avec d’autres groupes européens, mais je n’en dirai pas plus pour le moment. Nous sommes aussi, actuellement, sur un projet musical français annexe à Frakass, qui vient d’être enregistré et devrait sortir sous peu. Mais là non plus, je n’en dirai pas plus pour l’instant. Sinon, nous travaillons également sur le prochain Frakass. Cinq titres sont déjà écrits (textes et musiques), le titre de l’album devrait être « Le Sang Perdu ». Merci beaucoup pour cette entrevue et pour le soutien. Bonne continuation dans vos activités.

    Le Cercle Non Conforme

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archives/category/nos-entrevues/index-4.html