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  • Douze thèses pour un gramscisme technologique

    Journée d’étude sur la réinformation, organisée le 25 octobre 2008 par la Fondation Polémia Communication et Conclusion de Jean-Yves Le Gallou

    L’intitulé de cette communication me conduit à l’introduire par un double rappel historique.

    D’abord par l’évocation d’Antonio Gramsci, référence intellectuelle du parti communiste italien dans les années 1920, surtout connu par ses  « Ecrits de prison », œuvre dans laquelle il s’interroge sur l’absence de la révolution mondiale prônée et annoncée par Marx et sur le maintien des institutions capitalistes. Pour Gramsci, la suprématie de la bourgeoisie s’explique certes par la force mais aussi et surtout par le consentement du prolétariat ; consentement obtenu par « l’hégémonie culturelle ». Selon Gramsci, pour imposer ses vues et sa direction à la société, une oligarchie dominante doit d’abord faire prévaloir ses valeurs et sa conception du monde.

    Cette conception métapolitique a été reprise, dans les années 1965/1985, par le courant de la Nouvelle Droite pour qui la bataille des idées primait sur la bataille politique. « Le Figaro Magazine », à l’époque de Louis Pauwels, fut le fer de lance médiatique de cette stratégie avant d’être « normalisé » par le pouvoir publicitaire qui en a fait un produit tristement banal.

    Il m’a paru intéressant de porter ce type de regard métapolitique sur la situation actuelle et d’examiner les différents moyens que les nouvelles technologies peuvent offrir dans la lutte contre l’idéologie dominante.

    Cela sera l’occasion de développer douze thèses pour un gramscisme technologique.

    1re thèse : Les instruments utilisés pour influencer l’opinion n’ont jamais été aussi puissants.

    D’abord, parce que le temps passé devant la télévision représente aujourd’hui en France près de 20% de la vie éveillée de nos compatriotes (40% du temps hors transports et travail), et que les producteurs d’émissions de télévision se servent de l’information pour faire passer leurs opinions et du divertissement pour promouvoir leurs valeurs (ou antivaleurs).

    Ensuite, parce que les crédits consacrés à la communication et à la publicité n’ont jamais été aussi importants et représentent aujourd’hui plusieurs points du produit intérieur brut (PIB). Or publicité et communication ne se contentent pas de promouvoir des produits commerciaux ou politiques, elles véhiculent aussi des images et des valeurs. Télévision, publicité et communication sont d’ailleurs d’autant plus efficaces pour influencer l’opinion qu’elles agissent davantage au travers de l’émotion qu’au travers de la raison.

    Enfin, pour compléter le dispositif du totalitarisme soft, l’école et l’entreprise sont aussi mobilisées au service du conformisme dominant.

    2e thèse : Ces moyens d’influence ont été utilisés par les élites dominantes pour imposer une idéologie de rupture avec les traditions du passé.

    Au début du XXe siècle, de bons auteurs s’inquiétaient de La Révolte des masses (Ortega y Gasset), mais c’est à La Révolte des élites que nous assistons depuis quarante ans. Pour Christopher Lasch, ce sont les élites économiques, médiatiques et politiques qui imposent aux peuples une idéologie de rupture avec le passé.

    Pour Polémia, http://www.polemia.com/search.php, « la tyrannie médiatique » impose le carré carcéral de l’idéologie dominante et ses 4 dogmes :

    – les bienfaits de la mondialisation ;
    – la rupture avec la tradition ;
    – la gauche présentée comme ontologiquement meilleure que la droite ;
    – l’antiracisme et la culpabilisation des peuples.

    3e thèse : L’idéologie politiquement correcte n’est pas seulement dominante, elle est aussi devenue idéologie unique.

    « La plus grande ruse du diable est de faire croire qu’il n’existe pas », dit-on. La force de l’idéologie politiquement correcte est d’avoir imposé l’idée que les débats idéologiques étaient dépassés. Mais comme l’a finement observé Dominique Venner dans « Le Siècle de 14 », nous ne vivons pas dans une société a-idéologique mais dans une société saturée d’idéologie, d’une idéologie unique.

    C’est pour cela qu’il n’y a plus de débat idéologique dans les grands médias puisque seuls peuvent s’exprimer – y compris dans les pages « opinions » des quotidiens – ceux qui respectent les canons de l’idéologie unique.

    Depuis 1968, en quarante ans, sur fond de répression judiciaire et de bannissement intellectuel, politique ou médiatique, la liberté d’opinion et la diversité d’expression n’ont cessé d’être réduites.

    4e thèse : L’apparition et le développement d’Internet change la donne dans la bataille des idées.

    La « révolte des élites » a été imposée aux peuples par l’intermédiaire des grands médias centraux : télévisions, radios et grands journaux ; leur mode de fonctionnement est vertical : l’information part d’un émetteur et descend vers un récepteur.

    Internet inverse le rapport de force entre le centre et la périphérie. Sur Internet chacun est à la fois récepteur et émetteur.

    Le monopole de la presse est ainsi brisé. Jean-Paul Cluzel, président de Radio France, en fait le constat désabusé dans « Les Echos » du 14 octobre 2008 : « Sur les sites Internet, les internautes, les jeunes en particulier, trouvent une information brute qui leur paraît plus objective et plus honnête. »

    Plusieurs caractéristiques d’Internet contribuent à briser le monopole de l’idéologie unique diffusée par l’hyperclasse mondiale :

    – d’abord, Internet permet l’extension de la parole privée qui, par nature, est plus libre que la parole publique ; l’usage du pseudonyme peut encore renforcer cette attitude ; et les tabous qui s’imposent dans la vie quotidienne existent moins, voire pas du tout, sur Internet ;

    – ensuite, Internet permet une propagation virale des messages ; propagation qui peut être extrêmement rapide et qui contraint de plus en plus souvent les médias centraux à diffuser des informations initialement occultées ;

    – enfin, les moteurs de recherche n’ont pas – pas encore en tout cas – de conscience politique, ils sont neutres : un fait ou une analyse non conformes ont donc une bonne espérance de vie et de développement sur Internet.

    5e thèse : Internet est un instrument de mobilisation de la majorité silencieuse contre les élites, c’est un outil incomparable de démocratie directe.

    L’usage et les conséquences politiques d’Internet mériteraient d’être analysés de manière approfondie, notamment au regard des expériences étrangères, mais le temps ne m’a pas permis de procéder à cette étude.

    S’agissant de l’expérience française, trois leçons peuvent néanmoins être retenues, à titre d’hypothèses provisoires :

    – Lors d’élections présidentielles ou législatives, le jeu d’images (des hommes ou des formations politiques) imposé par les grands médias centraux reste déterminant ;

    – Lors d’un référendum, l’ensemble des prises de position politiques, patronales, syndicales, intellectuelles et culturelles s’exprimant dans les grands médias peut en revanche être battu en brèche par les opinions dissidentes, relayées sur Internet. C’est ce qui s’est passé le 29 mai 2005, lors du référendum sur la Constitution européenne ;

    – Lors d’actions locales, Internet peut faire éclater la contradiction entre la « révolte des élites » favorables aux ruptures et au déracinement et l’opinion majoritaire qui n’en veut généralement pas. Cela peut servir pour pousser à refuser telle subvention à un groupe de « rap » ou condamner telle attitude trop complaisante à l’égard d’un campement de nomade illégal : car alors le décideur ne reçoit pas seulement les instructions – tacites ou explicites de prétendues « autorités morales » – il est aussi soumis à la pression en sens contraire de la majorité silencieuse.

    C’est l’un des grands mérites du mouvement des Identitaires que d’avoir théorisé, mais aussi mis en pratique, cette démarche.

    6e thèse : Internet est un moyen de s’affranchir de la tyrannie médiatique et de construire sa réflexion et/ou son action de manière indépendante.

    L’idéologie unique ne s’impose pas seulement par sa pression omniprésente sur les esprits ; elle s’impose aussi par l’élimination pure et simple de la concurrence : dans les grands médias centraux, les pensées (et les actions) dissidentes sont traitées soit par le silence soit par la diabolisation ; le dilemme  pour les non-conformes est alors le suivant : ne pas exister médiatiquement ou parvenir à l’existence audiovisuelle comme agent du « mal », éventuellement repenti.

    Ce phénomène est d’autant plus pervers qu’il structure la représentation et l’action de la dissidence qui se trouve ainsi sommée de choisir entre la pasteurisation de son expression (qui lui fait perdre tout intérêt) et la provocation (qui donne une vision caricaturale des hommes et des idées, surtout quand elle est amenée à être répétée).

    Internet permet de construire la représentation de la pensée et de l’action dissidentes autrement que dans une stricte dépendance à l’égard des médias centraux. Internet rend possible une démarche intellectuelle et/ou pratique indépendante de la pression médiatique.

    7e thèse : Internet est un moyen de contourner le silence médiatique et de redonner le goût de l’action.

    Les adversaires de l’idéologie unique sont parfois démotivés : l’« aquabonisme » contribue à la démobilisation. A quoi bon réfléchir ou agir si nul n’en a connaissance ? A quoi sert-il de produire un texte, s’il n’est pas édité ? A quoi sert-il de conduire une opération, si elle n’est pas rapportée ?

    Internet permet de contourner le silence des grands médias centraux : l’auteur d’un texte devient son propre éditeur ; l’organisateur d’une action devient son propre narrateur ; et si ce qui a été dit ou fait le mérite, la diffusion en sera largement assurée par la propagation virale.

    Certes, cela joue plus à l’échelle des réseaux de proximité que sur un ensemble national ou mondial. Mais une multitude de petites actions valent mieux qu’une… grande inaction ; et de petits tréteaux locaux valent mieux que l’attente eschatologique de la représentation quinquennale du grand spectacle présidentiel.

    D’autant que de petites victoires peuvent construire et structurer des réseaux ensuite disponibles pour d’autres batailles.

    8e thèse : Internet est un moyen de contourner la diabolisation.

    Je voudrais ici évoquer avec prudence un sujet que je connais mal et sur lequel, là aussi, la réflexion devrait être approfondie : le web 2.0, les réseaux sociaux, type « Facebook ».

    Il est certes facile d’en discerner les limites et/ou les inconvénients :

    – faire accéder tout le monde à la « peopolisation » et à ses travers : mais à tout prendre les valeurs véhiculées par une peopolisation de base ont bien des chances d’être plus saines que celles portées par la peopolisation des élites décadentes ;

    – permettre une grande visibilité et donc une grande traçabilité de la vie des participants, en raison de leur sortie de l’anonymat ; mais, a contrario, le web 2.0 donne accès à des profils locaux, intellectuels ou professionnels susceptibles d’être facilement joints (et donc éventuellement mobilisés) par courriels.

    Toute médaille à son avers : et toute personne incluse dans un réseau social peut ensuite, par petites touches, faire connaître ses préférences personnelles, même lorsqu’elles sont dissidentes, avec un moindre risque de diabolisation parce qu’alors les idées (ou les actions) sont incarnées par une personne, et qu’il est plus difficile de diaboliser son prochain que son lointain.

    L’enracinement local a toujours été un moyen de limiter la « diabolisation ». Il en va dans le monde virtuel d’Internet comme dans la vie réelle.

    9e thèse : Accroître le contenu disponible sur Internet en mobilisant toutes les générations et en mettant en ligne davantage d’essais et d’articles de revue.

    La présence et les modes d’expression sur Internet varient naturellement selon l’âge. Mais toutes les générations sont susceptibles d’être mobilisées par le cyber militantisme.

    Il y a d’ailleurs un message à faire passer aux hommes de l’écrit traditionnel : Internet n’est pas le concurrent mais le complément du livre ou de la revue.

    L’édition classique garde sa place parce qu’elle est plus confortable à la lecture, qu’elle est plus adaptée à des textes longs et reste encore souvent jugée plus valorisante. En l’état actuel des choses, Internet n’a pas vocation à remplacer l’essai ou l’article de fond imprimé.

    Pour autant, il est dommage que bien des textes intéressants, importants, voire fondamentaux, ne soient pas disponibles sur Internet. Les arguments malthusiens – à savoir protéger les ventes payantes – couramment utilisés contre la mise en ligne ne sont pas recevables :

    – d’abord, parce qu’en matière d’essais et de revues d’idées, il n’y a pas de modèles économiques purement commerciaux qui soient viables ;

    – parce que la visibilité sur Internet permet souvent d’accéder à de nouveaux clients, y compris payants ;

    – parce que la mise à disposition d’un texte sur Internet lui permet de trouver une nouvelle vie ainsi qu’une diffusion nouvelle ;

    – enfin, parce que la mise en ligne de textes supplémentaires augmente le volume de contenus des sites et contribue ainsi à améliorer leur référencement.

    Il y a donc, pour la bataille des idées, un champ d’expansion à investir : la mise en ligne de textes écrits aujourd’hui en jachère, au regard de la diffusion numérique 

    10e thèse : Livrer la bataille de l’information équitable.

    A la différence des vérités de nature religieuse et des vérités d’ordre scientifique, il n’est en matière d’information et de réinformation que des vérités relatives. Dans l’absolu, une information brute n’existe pas, elle est toujours « anglée ».

    Dans la bataille des idées et de l’information, notre objectif n’est pas d’imposer notre point de vue mais simplement de le faire entendre. Bref de réintroduire de la pluralité dans un monde dominé par l’idéologie unique. Beaucoup d’actions – individuelles à effectuer depuis son ordinateur – sont possibles dans ce domaine : nourrir de commentaires les articles des grands journaux, ou compléter l’encyclopédie collaborative Wikipedia. Ces opérations doivent être conduites avec nuance et intelligence : il s’agit non de substituer une opinion à une autre mais de réexposer des faits dans leur pluralité ou de réparer des omissions.

    Ainsi, sur Wikipedia, l’action la plus utile n’est pas de chercher à changer, à la marge, les rubriques les plus controversées et donc les plus verrouillées (au risque de s’épuiser dans d’incessants allers et retours) ; l’opération la plus performante sera de faire connaître des auteurs ignorés ou incomplètement présentés, des thèses, des théories aujourd’hui non rubriquées ou insuffisamment développées. Il y a tant de vide (et de cases vides) à combler !

    De même, il est possible de « nourrir » le site de vente de livres Amazon de critiques d’ouvrages qui paraissent recommandables. Là aussi cette démarche doit être conduite dans un esprit de réinformation (donner à connaître) et non de propagande (assener une vérité).

    11e thèse : Développer les synergies et explorer la possibilité d’un site de réinformation professionnel.

    L’architecture d’Internet se prête à une logique de gratuité, de bénévolat et de coopération. Des sites sources alimentent des sites majeurs qui sont eux-mêmes  relayés par une multitude de sites rediffuseurs, spécialisés ou localisés.

    Ces différents sites doivent pouvoir entretenir sans complexes des liens entre eux sans se laisser frapper de sidération par la crainte de la diabolisation par contamination ; certes, dans ce domaine, un minimum de prudence n’est pas interdit, mais un naturisme décontracté et assumé est préférable à un excès de pudibonderie !

    Ce n’est pas à l’idéologie dominante de nous dicter notre carnet de relations ou nos liens numériques ! Ici, la résistance morale doit être au service de l’efficacité.

    Reste que les sites majeurs nécessitent des moyens toujours plus importants. De même, un portail européen identitaire comme le suggère Javier Ruiz Portella sur http://www.elmanifiesto.com/impose de trouver des moyens pour constituer une revue d’articles produits de l’espagnol, du français, de l’italien, de l’anglais et de l’allemand.

    Or dans la bataille de l’information sur Internet, les tenants du politiquement correct avancent eux aussi leurs pions : des journaux en ligne tels que Backchich-info, Mediapart ou Rue 89 apparaissent.

    Il est clair qu’il y aurait la place – et certains y pensent – pour un « Rue 89 de droite ». Mais est-ce possible ?

    Pour faire fonctionner un vrai journal généraliste capable de couvrir sérieusement et régulièrement l’actualité il faudrait au moins une dizaine de permanents, donc de salariés.

    Y a-t-il pour un tel projet un modèle économique viable ? Sachant qu’il ne faut compter ni sur l’abonnement payant (ce n’est pas l’esprit des internautes), ni sur la publicité commerciale classique (privative de liberté), ni sur les marchés de complaisance (ni souhaitables, ni possibles).

    Quelles ressources peut-on alors envisager ? Le mécénat, les dons et les abonnements volontaires, d’une part ; les liens Google commerciaux, d’autre part ; les ventes de produits dérivés (livres notamment) enfin.

    Un équilibre économique et commercial est-il possible dans ces conditions ?
    Je l’ignore mais je pense que la question mérite d’être posée et étudiée. Et je propose de faire avancer l’idée d’un fonds de développement des médias identitaires ou d’un fonds de développement de la réinformation. 

    12e thèse : Utiliser le développement de la radio numérique.

    La radio numérique terrestre va arriver. Même si cela peut entraîner des coûts supplémentaires elle offre, à terme, une triple opportunité, en particulier pour Radio Courtoisie, dont toute l’action, et pas seulement le Bulletin de réinformation, est une action de réinformation. C’est notamment :

    – l’opportunité d’une extension de la couverture territoriale de la radio permettant de toucher à terme plus de 80% de la population ;

    – la faculté pour l’auditeur d’écouter la radio en tout lieu (voiture, train, métro) grâce à un terminal de poche ;

    – la possibilité, toujours pour l’auditeur, d’interrompre puis de reprendre une émission.

    Conclusions

    Je ne suis pas naïf.
    Je ne crois pas à la martingale toujours gagnante.
    Je connais les tentatives de censure et de répression sur Internet.
    Je n’ignore pas que ce bel outil peut aussi servir d’alibi à la passivité de l’homme-tronc derrière son écran.
    Et je vois chaque jour les puissants investir la Toile où ils ont, là comme ailleurs, l’avantage de l’abondance financière.

    Pour autant, alors que depuis quarante ans la pression de l’idéologie dominante, l’idéologie perroquet, n’a cessé de se renforcer, Internet peut bouleverser la donne :

    – d’abord, parce que c’est un instrument qui retire du « temps de cerveau disponible » (Le Lay) aux grands médias : c’est toujours ça de pris !

    – ensuite, parce que c’est une arme utilisable du faible au fort ;

    – enfin, parce que c’est une arme au service des minorités agissantes qui sont aussi celles qui font l’histoire.

    Je souhaite donc que le camp libertaro-identitaire ou communautaro-conservateur l’utilise encore davantage, toutes générations confondues.

    Je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle entre l’arrivée d’Internet dans les années 1995 et la montée progressive des mouvements populistes en Europe : en Suède, en Norvège, au Danemark, aux Pays-Bas, en Flandre, en Suisse, en Autriche, en Italie et même plus récemment en Grande-Bretagne et en Irlande.

    Je ne peux m’empêcher d’interpréter non plus, de manière optimiste, les résultats des dernières élections autrichiennes. Les 16/18 ans sont ceux qui passent relativement le moins de temps devant la télévision et le plus de temps sur Internet : or ils ont voté à plus de 50% pour deux partis populistes qui incarnent la liberté et les valeurs traditionnelles de l’Autriche. Ne boudons pas les bonnes nouvelles !

    de Jean-Yves Le Gallou

    http://archives.polemia.com/article.php?id=1763

  • Des islamistes radicaux ont accès aux pistes de l'aéroport de Roissy

    Lu ici :

    "Mercredi 19 novembre, deux perquisitions administratives ont été menées à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, au sein des sociétés Air France Cargo et Fedex. Dans les locaux de la compagnie aérienne, les enquêteurs, qui ont fouillé un millier de casiers, ont découvert que plusieurs employés, fichés "S" pour des soupçons de radicalisation islamistes, disposaient comme les autres d'un badge d'accès à la piste.

    Vu le contexte, le badge de ces personnes leur a été retiré. On compte environ 10.000 fichés "S" en France, certains pour des soupçons de radicalisation islamistes, d'autres pour des liens présumés avec le hooliganisme ou des mouvances extrémistes."

    Michel Janva

  • Anthropologie politique. Une société anti-humaine. L'enracinement territorial

    Tout homme a des racines territoriales, en ce sens qu'il s'identifie à un territoire qui fait partie de son patrimoine moral. Il connaît les lieux de ce territoire, il est attaché à sa physionomie, son histoire et les personnes qui y habitent.

    Le déracinement n'est pas d'aujourd'hui et on a connu, depuis l'Antiquité, des migrations plus ou moins importantes, suivies d'un ré-enracinement, c'est-à-dire de l'appropriation d'un nouveau territoire par les déracinés qui ont donc fait muter leur identité en adoptant une nouvelle terre. Cette terre, avec le temps, pouvait devenir une patrie, c'est-à-dire la terre des pères. Ainsi, les Celtes quittant l'Europe orientale et l'Asie centrale pour l'Europe de l'Ouest se sont-ils déracinés pour s'installer dans des espaces nouveaux dont ils firent leur patrie. Ils les façonnèrent, mais aussi leur culture évolua selon les lieux. C'est pourquoi les Celtes ne sont pas les mêmes selon qu'ils aient vécu en Gaule, sur l'île de Bretagne, en Hispanie ou en Italie du Nord. Les hommes présents avant eux sur ces lieux et les particularités géographiques de leurs nouveaux États ont contribué à les façonner, autant qu'ils les façonnèrent.

    Un phénomène comparable, mais de plus grande ampleur, peut être observé avec la construction des Etats-Unis au XIXe siècle, État né très largement des migrations venues de toute l'Europe, en somme de déracinés qui se sont approprié la terre américaine et en sont devenus les patriotes.

    L'enracinement n'est pas réduit à l'image du clocher et des pâturages. On peut parler, en France ou en Belgique, de ré-enracinement pour les ouvriers du XIXe siècle qui, déracinés de leurs campagnes, jetés dans l'univers déshumanisé des centres industriels, se les sont appropriés, les ont justement humanisés en leur donnant une identité. Il y a, dans ces centres ou anciens centres ouvriers, encore aujourd'hui, une architecture, une culture spécifiques, fruit de la vie de ces hommes pour lesquels ces lieux sont devenus la patrie, la terre des pères.

    L'enracinement est une donnée de nature, en ce sens que l'on naît forcément quelque part et que l'on vit, soit dans ce lieu, soit dans un autre, avec le désir d'y faire souche. Si l'on veut quitter sa terre, ce n'est pas pour devenir un apatride, mais pour faire souche quelque part. En somme, on se sent toujours d'un lieu, ou l'on aspire à se sentir d'un lieu, en somme à avoir une pierre ou reposer notre tête… C'est pourquoi, outre le donné de nature, on peut dire que l'enracinement est un besoin vital. Il ne peut pas y avoir de communauté humaine solide sans la stabilisation du peuplement sur un territoire. Cette communauté ne s'exprime pas seulement par des rapports économiques, mais aussi par des échanges culturels, spirituels, amicaux ou matrimoniaux. Pour que ces échanges soient possibles il faut qu'il y ait, à un moment ou un autre cet enracinement qui façonne l'identité, c'est-à-dire qui contribue autant que ma famille, ma foi et mon métier à dire « qui je suis ».

    Aujourd'hui, en Europe et plus spécialement en France, il est permis de parler de déracinement perpétuel. Celui-ci est d'autant plus préoccupant. En effet, jusqu'au milieu du XXe siècle, les historiens ethnologues pouvaient écrire que les bassins de peuplement français et européens étaient demeurés sensiblement les mêmes depuis la préhistoire. Il n'y avait pas eu de bouleversement humain majeur malgré les invasions, les migrations ou les catastrophes demeurées marginales par rapport au total du peuple. Les hommes avaient changé mais ils étaient, majoritairement, toujours là où s'étaient installés leurs ancêtres dans la nuit des temps.

    Actuellement, la nécessité de quitter sa région ou son pays pour ses études ou pour sa carrière professionnelle entraîne un chamboulement de ces équilibres humains. La tendance s'est inversée et, du moins en France, les jeunes hommes ayant effectué toute leur vie sur un seul territoire sont devenus la minorité, tandis que les autres se sont déracinés pour leurs études ou leur métier. Ce ne serait pas bien grave dans les relations humaines si ce déracinement était suivi d'un ré-enracinement. Mais la multiplication des mouvements géographiques au cours de la vie rend plus difficile le ré-enracinement. En outre, souvent la nouvelle installation se fait dans un territoire déjà bâti et saturé de constructions correspondant à un patrimoine tout à fait étranger, comme les barres HLM où s'entassent des millions de pauvres, sans possibilité pour eux de s'approprier les lieux par la construction.

    Par ailleurs, l'affaiblissement de la structure familiale qui crée des bataillons d'orphelins sociaux, amoindrit encore plus les possibilités de ré-enracinement. En effet, il est plus difficile pour l'homme seul d'être identifié par ses semblables dans un territoire nouveau, et il lui est plus difficile d'y tisser ses liens sociaux. L'isolement social et familial diminue la capacité d'insertion territoriale et donc d'identification. L'orphelin, en somme, à l'échelle d'une région ou d'une ville, devient un apatride.

    Ce sentiment est encore renforcé par l'état actuel des lois de succession, où le partage équitable entre héritiers et le versement de droits à la puissance publique, rend souvent nécessaire la vente de la maison parentale, perçue comme la maison de l'enfance ou des ancêtres, sans qu'il y ait possibilité de racheter un bien dans le même lieu ou dans le voisinage, faute de réunir le capital suffisant à cause de l'éclatement du patrimoine hérité et de sa diminution par la fiscalité.

    On peut dire que tout est fait, dans notre monde, pour créer des générations entières d'apatrides déboussolés et donc d'autant plus fragiles devant l'oppression qu'ils ont moins de repères où se réfugier pour mieux résister.

    Comme pour la famille, ce mal frappe en premier lieu les populations socialement les plus fragilisées, car disposant du moins de ressources financières ou d'assise territoriale pour rester en un lieu sur plusieurs générations ou pour se l'approprier en cas de migration.

    Cet isolement territorial est doublé d'un isolement dans l'emploi.

    A suivre…

    Gabriel Privat

    Du même auteur :

    -          Publié le jeudi 17 septembre 2015 : Anthropologie politique. Une société anti humaine. La Famille

    http://www.vexilla-galliae.fr/points-de-vue/editoriaux/1573-anthropologie-politique-une-societe-anti-humaine-l-enracinement-territorial

  • Premier bilan militaire et géopolitique de l’intervention russe en Syrie

    Général (2S) Jean-Bernard Pinatel, Fondateur du Groupe Permanent d’Évaluations de Situations (GPES), puis directeur du Service d’Information et de Relations Publiques des Armées (SIRPA, devenu DICOD) et, après une reconversion dans l’industrie où il a occupé des postes de direction générale, il est actuellement consultant en géostratégie de l’innovation et des risques pour les directions de recherche et de développement.

    ♦ L’intervention de la Russie en Syrie est l’expression d’une stratégie cohérente qui s’appuie sur des composantes historiques, culturelles, religieuses et civilisationnelles. Elle a été rendue acceptable aux yeux de l’opinion internationale par l’émotion suscitée par la barbarie des exécutions perpétrées par Daesh et la destruction du patrimoine historique de Palmyre.

    Elle vient à point nommé pour pallier l’inefficacité de la stratégie américaine qui n’a pas réussi à stopper la progression de Daech en Irak et en Syrie malgré 15 mois de frappes aériennes.

    Vladimir Poutine a compris ce que François Hollande a été incapable de percevoir : si Damas devenait capitale islamique aux mains de l’Armée de la conquête (Al Nosra et consorts) ou de l’Etat Islamique, ou des deux, « l’islamisme aurait prouvé sa force. Et alors, rien ne pourrait arrêter la vague d’enthousiasme populaire mondiale qui s’ensuivra et aucune armée ne sera lancée à l’assaut de cette ville de deux millions d’habitants. Le monde basculera comme il a basculé symboliquement à la chute du Mur de Berlin » (1).

    1/ Premier bilan militaire.

    En un mois et demi les forces syriennes appuyées par les frappes russes ont repris presque complétement le contrôle de l’axe stratégique Damas – Hama -Alep et dégagé l’aéroport international situé à l’Est d’Alep. Cette offensive a été menée essentiellement contre les forces d’Al Nostra (Al Qaida) qui contrôlaient la région entre Alep et Lataquié après avoir pratiquement éliminé les rebelles dit modérés depuis 2014.

    Pour une meilleure lecture, cliquer sur l'image.

    (Pour une meilleure lecture, cliquer sur l’image).

    Cette efficacité tient à plusieurs facteurs

    • 1) l’armée d’Assad qui cédait du terrain a été remobilisée et renforcée par des détachements du Hezbollah et des forces spéciales iraniennes et rééquipée de matériel moderne russe;
    • 2) les Russes ont déployé toute une panoplie de moyens aériens, terrestres et navals à l’efficacité complémentaire (2). Situés à proximité immédiate du théâtre d’opération, les appareils russes peuvent effectuer plusieurs sorties par jour;
    • 3) Les Russes auraient également mis en place en Syrie tout un dispositif de contre-mesures électronique et de brouillage qui rend aveugle et les djihadistes et les forces américaines (3).

     

    Aviation russe en Syrie

    Aviation russe en Syrie (Pour une meilleure lecture, cliquer sur l’image)

    2/. Facteurs géopolitiques sous-jacents à l’intervention Russe.

    Rappel historique

    La Russie au début du XXe jouxte l’empire Ottoman, la Perse et l’Afghanistan (carte ci-dessous). 

    3-mica(Pour une meilleure lecture, cliquer sur l’image)

    L’influence Russe en Perse est reconnue par la signature de la convention anglo-russe du 31 août 1907. Elle divise l’Iran en 2 zones d’influence: les provinces du Nord deviennent une zone d’influence russe, celles du Sud une zone d’influence britannique, la région de Téhéran étant déclarée « neutre ».

    Vladimir Poutine dès son accession au pouvoir a renforcé les liens avec l’Iran (4), ce qui s’est traduit en 2015 par une reprise de la coopération en matière de systèmes de Défense. Avec les autres pays riverains un accord de septembre 2014 (5) met fin à plusieurs différends sur le partage des ressources.

    Au Moyen-Orient, durant la guerre froide, L’Union soviétique a soutenu les mouvements de libération. Cette coopération avec des partis politiques non-marxistes s’est concrétisée par l’appui au parti nassérien : l’Egypte de Nasser devient l’un des principaux alliés de Moscou jusqu’au revirement de Sadate en 1972. Avec la Syrie les relations ont été ouvertes à la même époque (1955) et se sont traduites par un échange d’ambassadeurs et la signature d’accords commerciaux. L’URSS n’est devenue un véritable allié de la Syrie qu’après l’attentat de Munich (1972). C’est à cette époque que Damas a concédé à l’URSS la base maritime de Tartous.

    Aspects culturels, religieux et « civilisationnel »

    Depuis le XIXe siècle, il existe dans les élites russes un courant de pensée orientaliste dont la concrétisation théorique la plus influente est l’eurasisme. Le premier mouvement eurasiste avait été fondé dans les années 1920 par des intellectuels russes de l’émigration (6). Pour ces intellectuels l’identité russe est née d’une fusion originale entre les éléments slave et turco-musulman. La Russie constitue un « troisième continent » situé entre l’Occident dénoncé comme matérialiste et décadent et l’Asie.

    Après la chute de l’URSS et durant le chaos des années 90, Alexandre Guelievitch Douguine reprend ces idées et les intègre dans la théorie géopolitique de Mackinder qui oppose dans la lutte pour la suprématie mondiale « l’île mondiale » (l’Amérique) et « terre mondiale » (l’Eurasie). La civilisation anglo-saxonne, protestante, individualiste et dirigée par le profit et la finance, serait irréductiblement opposée à la civilisation continentale, russe-eurasienne, orthodoxe et musulmane, plus solidaire et dans laquelle les secteurs stratégiques seraient détenus par l’Etat. Le but déclaré du mouvement néo-eurasiste est de constituer un grand bloc continental eurasien pour lutter à armes égales contre la puissance maritime « atlantiste » qui entraîne le monde vers le chaos.

    Ce courant de pensée intègre les musulmans dans une vision civilisationnelle commune et, à la différence de l’Occident, ne confond pas islam et islamisme.

    La lutte contre le salafisme en Syrie est ainsi pour les Russes une guerre civilisationnelle alors que les salafistes sont pour les américains qu’un ennemi de plus qu’il faut contenir plutôt que détruire (7), mis presqu’au même rang que la Russie, dans le cadre de leur stratégie de domination mondiale.

    3/. Vers une sortie de crise en Syrie : les atouts de la diplomatie Russe au Moyen-Orient.

    La Russie, après une éclipse de 25 ans qui a suivi la chute de l’URSS, revient ainsi au centre du jeu diplomatique au Moyen-Orient et tient dans ses mains les clés d’un règlement négocié alors que la France, par la politique à courte vue de François Hollande (8) et de Laurent Fabius, s’en est exclu durablement.

    La Russie est le seul pays qui peut parler à tous les pays musulmans quels que soient leur obédience, sunnite ou chiite.

    Elle dispose d’une élite ainsi que de cadres diplomates et militaires parlant l’arabe dont Evgueni Primakov, décédé 25 juin 2015 à Moscou, était le représentant le plus éminent. Celui que l’on dénommait le « Laurence russe », avant sa carrière politique qui a débuté avec la fin de l’URSS, avait acquis une connaissance approfondie du Moyen-Orient (9) grâce à 35 ans de présence et d’études comme journaliste sur place puis comme universitaire.

    Vladimir Poutine, grâce à ces diplomates, a réussi la performance, en octobre 2003, d’être le premier chef d’un État à majorité non musulmane à prendre la parole au sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), qui regroupe cinquante-sept États musulmans. Faisant valoir que les 8 républiques autonomes (10) portent le nom de peuples musulmans, il a obtenu pour la Russie le statut de membre observateur de cette organisation internationale, appuyé dans cette demande par l’Arabie Saoudite, dépositaire des lieux saints et par l’Iran chiite.

    La Russie a donc les mains libres en Syrie car la campagne des primaires pour les élections présidentielles de 2016 bat son plein aux Etats-Unis et se focalise comme d’habitude sur les questions de politique de sécurité intérieure, d’économie et de social.

    Obama, poussé par le camp démocrate, fera tout pour finir son mandat avec un succès contre Daesh sans toutefois prendre le risque qu’un seul soldat américain soit fait prisonnier par l’EI. Il est donc obligé de laisser faire Poutine en espérant au final partager avec lui les marrons que le leader russe aura retiré du feu islamiste.

     Général (2S) Jean-Bernard PINATEL
    14/11/2015

    Source : Analyse, Syrie

    Notes :

    (1) Général Jean-Claude Allard : Quatre remarques sur la stratégie française contre l’État Islamique

    (2) A ce jour, différentes sources ouvertes font état : 1) d’un groupement naval avec deux croiseurs intervenant depuis la Méditerranée et une flottille de quatre navires opérant depuis la Caspienne qui ont frappé avec des missiles de croisière des cibles à Rakka, Idlib et Alep. 2) d’une trentaine d’avions de combatsguidés au sol par des forces spéciales russes qui ont réalisé au 11/11 plus de 2000 frappes. 3) De 5 000 militaires, essentiellement issus de la 810ème brigade d’infanterie de marine de la Mer Noire, qui assurent la sécurité des infrastructures militaires russes à Tartous et Lattaquié, apportent un soutien logistique aux troupes du gouvernement central, tandis qu’un bataillon de chars (3 compagnies de 10 chars) et une vingtaine d’hélicoptères MI24 appuyent au plus près les forces syriennes.

    (3) Les moyens de guerre électronique terrestres, navals et aériens que la Russie a déployés permettent de surveiller l’intégralité du spectre électromagnétique pour localiser les émetteurs de l’ennemi et les brouiller. La guerre électronique s’étend aujourd’hui au brouillage des communications, des radars et des surveillances électro-optiques. Les équipements modernes générateurs de contre-mesures, y compris dans le spectre visible, infrarouge ou laser, utilisent des moyens de surveillance électro-optiques aériens et spatiaux (IMINT) pour contrecarrer les Russes dans l’anéantissement de l’EI. Pour protéger le dispositif contre les moyens de recherche de l’OTAN, les Russes ont déployé en Syrie, plusieurs Krasukha-4. Les avions russe Su-24, Su-25, Su-34 sont équipés de conteneur de brouillage SAP-518/ SPS-171, et les hélicoptères Mi-8AMTSh avec desRichag-AV. A cela s’ajoute le navire Priazovye (de classe Vishnya), appartenant à la flotte russe de la mer Noire, qui a été déployé en mer Méditerranée, près de la côte syrienne. Ce navire est spécialisé dans le brouillage et la collecte des informations de type SIGINT et COMINT (interception de tous les réseaux de communications). Source : L’arme ultrasecrète qui permet à Poutine d’assoir sa suprématie dans la guerre radio électronique en Syrie ?

    (4) En avril 2015, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret permettant de reprendre les livraisons de systèmes missiles antiaériens S-300 en République islamique.

    (5) Ce quatrième sommet de la Caspienne a rassemblé la Russie, l’Iran, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Turkménistan. Ces pays ont trouvé un accord sur les questions de « « sécurité et de stabilité dans la région ».

    (6) Tournant vers l’Orient, Petr Savitski, 1921

    (7) Il n’est pas impossible qu’un Daesh affaibli serve mieux les intérêts stratégiques américains qu’un Daesh détruit complétement.

    (8) Il s’est ridiculisé auprès de Poutine avec l’affaire des Mistrals. Les Russes méprisent les lâches et les vassaux. Il a été incapable de comprendre que sans troupes au sol, les frappes aériennes ne permettraient pas de vaincre Daesh. Il n’a pas pris la mesure du risque que si l’EI s’emparait de Damas, l’évènement soulèverait les foules arabes et ferait basculer des millions de musulmans dans le Djihad. Il n’a rien compris à la nature de la crise syrienne et aux risques en retour que sa politique faisait courir aux Français.

    (9) 1956 à 1970, il a été journaliste pour la radio soviétique et correspondant au Moyen-Orient pour la Pravda. De 1970 à 1977, il est directeur adjoint de l’Institut d’économie et de relations internationales de l’Académie des sciences. Parlant couramment l’arabe, il est directeur de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de 1977 à 1985. Durant cette période, il a dirigé la rédaction de nombreuses thèses universitaires, dont celle de Mahmoud Abbas (Président de l’Autorité palestinienne depuis 2005). De 1985 à 1989, il retourne à l’Institut d’économie et de relations internationales en tant que directeur.

    (10) Outre la Tchétchénie, ce sont l’Ingouchie, le Daghestan, les Adyghés, la Kabardino-Balkarie, la Karatchaevo-Tcherkessie, le Bachkortostan et le Tatarstan. Les plus importantes et les plus peuplées sont le Tatarstan et le Bachkortostan. Plus de la moitié des Tatars vivent à l’extérieur du Tatarstan ; à elle seule, la région de Moscou compterait un peu plus de musulmans que le Bachkortostan.

    http://www.polemia.com/premier-bilan-militaire-et-geopolitique-de-lintervention-russe-en-syrie/

  • Politico rapporte que Bush savait que l’attaque terroriste de 2001 était imminente et qu’il voulait qu’elle ait lieu

    Ex: http://www.arretsurinfo.ch

    Un article extraordinaire de Politico du 12 novembre, intitulé « Les attaques vont être spectaculaires », révèle que le directeur de la CIA George Tenet, et que son chef de l’anti-terrorisme, Cofer Black, avaient prévenu la Maison Blanche, mais qu’on leur avait répondu : « Nous ne sommes pas tout à fait prêts à examiner cette question. Nous ne voulons pas lancer le compte à rebours. » Comme le journaliste de Politico, Chris Whipple, l’explique ensuite : « Traduction: ils ne veulent pas qu’un écrit montre qu’ils avaient été avertis. »

    Ça ne pourrait pas être pire. Bush savait que ça allait arriver, mais n’a rien fait pour l’empêcher. Il n’a même pas essayé. En d’autres termes, sa seule vraie préoccupation, à l’époque, était que ce soit fait d’une manière telle qu’on ne puisse pas prouver qu’il le savait – pour qu’il puisse nier qu’il avait laissé consciemment cela se produire. Il a bien insisté là-dessus. Et c’est ce qu’il a fait, il a toujours nié sa participation.

    Whipple écrit ensuite:

    Le matin du 10 juillet, le chef du département de l’agence qui surveillait Al-Qaïda, Richard Blee, a fait irruption dans le bureau de Black. « Et il a dit :  Chef, ça y est. Le toit s’est écroulé, » raconte Black. « Les informations que nous avions réunies étaient absolument incontestables. Les sources se recoupaient. Et c’était en quelque sorte la goutte qui faisait déborder le vase. » Black et son adjoint se sont précipités dans le bureau du directeur pour informer Tenet. Ils sont tous tombé d’accord qu’il fallait organiser  une réunion d’urgence à la Maison Blanche.

    Cette réunion a eu lieu à la Maison Blanche. Mais avec Condoleezza Rice, la conseillère à la sécurité nationale et l’amie personnelle de Bush, et pas avec Bush lui-même – la possibilité de nier était l’obsession de Bush, et agir de cette façon permettait de la préserver; si on apprenait un jour que cette réunion s’était tenue, Rice serait la seule personne à devoir se justifier. Elle protégeait le Président, qui ainsi n’aurait pas à rendre de comptes sur le fait qu’il avait permis l’attaque – si un jour on lui en demandait. En dépit de l’importance et de l’urgence du problème, Bush n’a pas jugé utile de venir en personne parler à Tenet et à Black, ni de les interroger.

    Black et Tenet ont été stupéfaits de sa réponse. Black a dit Politico : « Je continue à ne rien y comprendre. Je veux dire, comment est-il possible d’avertir ses supérieurs autant de fois sans que rien ne se passe ? C’est un peu comme dansLa Quatrième dimension.*»

    Toutefois, lorsque la Maison Blanche avait dit: « Nous ne voulons pas lancer le compte à rebours, » la réponse à ce mystère était déjà claire, et Black et Tenet étaient tous les deux des gens intelligents; ils savaient ce que ça voulait dire, mais ils savaient aussi qu’ils se mettraient en danger s’ils venaient à dire publiquement: La Maison Blanche avait l’intention de faire une déclaration du genre, « Nous ne savions pas que ça allait se produire, » après les faits. Et c’est, bien sûr, exactement ce que la Maison Blanche a dit. Et elle continue à le dire : le successeur de Bush n’a aucun intérêt à changer de version ; le président Obama a lui-même menti au public, quand il a dit, par exemple, que les attaques du 21 août 2013 au gaz sarin en Syrie avaient été perpétrées par les forces de Bachar al-Assad, alors qu’elles l’avaient été par les forces qu’Obama soutenait – et il savait pertinemment que c’était elles qui l’avaient fait – ; ou quand il a dit que le renversement, en février 2014, du président ukrainien Viktor Yanoukovitch – démocratiquement élu (mais corrompu comme la quasi-totalité des derniers dirigeants ukrainiens) – était une révolution démocratique, et non pas un coup d’Etat américain que sa propre administration avait commencé à préparer au printemps 2013.

    George W. Bush vient d’une famille de pétroliers, et toute l’opération a tourné autour du pétrole. Un autre copain de Bush était «Bandar Bush», le prince Bandar bin Sultan al-Saoud, le membre de la famille royale saoudienne qui était à l’époque ambassadeur du Royaume à Washington, mais qui, par la suite, est devenu le principal stratège international de la famille Saoud. Wikipedia, par exemple, dit de lui qu’« après la fin des tensions avec le Qatar sur l’approvisionnement de groupes rebelles [pour renverser Assad en Syrie], l’Arabie saoudite (sous la direction de Bandar) a détourné ses efforts de la Turquie pour les orienter vers la Jordanie en 2012 ; il a exercé des pressions financières sur la Jordanie pour pouvoir y développer des camps d’entraînement supervisés par son demi-frère et adjoint Salman bin Sultan. »

    Le président Obama continue de protéger George W. Bush, et d’empêcher la famille Saoud d’être poursuivie pour être le principal bailleur de fonds des djihadistes (« terroristes »), en maintenant au secret dans une prison fédérale l’homme qui avait servi Oussama ben Laden en tant que comptable d’Al-Qaïda et collecteur de fonds ; il se rendait surtout en Arabie saoudite, la patrie des Sunnites, mais aussi dans d’autres royaumes arabes sunnites, pour recueillir des dons en espèces de plusieurs millions de dollars pour la cause d’Al-Qaïda du djihad mondial, du liquide provenant, entre autres, du prince Bandar bin Sultan lui-même. Le comptable / collecteur de fonds a dit qu’ils payaient de gros salaires à leurs combattants. C’était des mercenaires tout autant que des djihadistes. Le comptable / collecteur de fonds a également dit que « sans l’argent des Saoudiens, rien ne serait possible ». Le témoignage du comptable / collecteur de fonds a été requis dans une affaire judiciaire initiée par des membres de la famille de victimes du 11 septembre, et même le président américain n’a pas réussi à l’empêcher, ou alors il s’en est servi pour signifier subtilement au roi saoudien que nous, les États-Unis nous sommes le boss et que nous pouvons le faire tomber, si Obama décide de le faire. C’est seulement grâce à la collaboration des médias étasuniens que le secret du financement du mouvement de djihad international pourra désormais être gardé.

    Mais l’aristocratie américaine ne veut certainement pas que le Président, dont ils sont propriétaires, le fasse ; après tout, les Saoud leur ont toujours énormément rapporté. Comme Thalif Deen de Inter Press Service l’a rapporté le 9 novembre 2015, «Le gros contrat d’armement  d’environ 60 milliards de dollars d’armes avec l’Arabie Saoudite, est considéré comme le plus gros de toute l’histoire des États-Unis. Selon le Government Accountability Office (GAO.)**, l’organisme d’audit apolitique du Congrès des États-Unis, environ 40 milliards de dollars de transferts d’armes aux six pays du Golfe ont été autorisés entre 2005 et 2009, et l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis en ont été les plus gros bénéficiaires. « Les Saoud en achetaient plus que toutes les autres familles royales sunnites réunies, plus encore que les Thani qui contrôlent le Qatar. Ces deux pays et les Émirats arabes unis, tous des dictatures fondamentalistes sunnites, ont le plus contribué à faire tomber le leader chiite laïc de Syrie, Bachar al-Assad. L’aristocratie étasunienne a également et de longue date, le soutien de la famille Saoud pour réaliser son vieux rêve de prendre le contrôle de la Russie.

    Le 9 octobre 2001, juste après le 11 septembre, Le New York Times a cité Bandar Bush:

    « Ben Laden avait l’habitude de venir nous voir, quand l’Amérique, je dis bien l’Amérique, aidait nos frères moudjahidines en Afghanistan par l’intermédiaire de la CIA et de l’Arabie saoudite, pour se débarrasser des forces laïques communistes de l’Union soviétique », a déclaré le prince Bandar. « Oussama ben Laden est venu nous dire : « Merci. Merci d’avoir fait venir les Américains pour nous aider ».

    Bien que le communisme soit arrivé à son terme, le gouvernement de la Russie est toujours laïc, et la Russie est un concurrent de plus en plus sérieux pour les dictateurs pétroliers sunnites fondamentalistes sur les marchés pétroliers et gaziers internationaux (en particulier le marché européen); ainsi donc, les dictatures djihadistes et les Etats-Unis font cause commune dans le but de remplacer le gouvernement de la Russie pour le plus grand profit des aristocraties de toutes ces nations.

    Et, de plus, pour faire ce travail, les investisseurs de Lockheed Martin et d’autres fournisseurs du Pentagone tirent au passage un grand profit de la vente d’armement, etc.. Le président des Etats-Unis est leur meilleur démarcheur commercial. Dans la Stratégie sécurité nationale 2015*** du président Obama, le terme « agression ». revient 18 fois, dont 17 fois en référence à la Russie. Il s’agit là de la mission qu’Obama assigne au ministère de la «Défense» des États-Unis, car, bien sûr, les Etats-Unis ne pourraient jamais participer à une « agression » ; de fait, le terme « agression » n’est jamais appliqué aux États-Unis eux-mêmes. Par exemple, notre bombardement de la Libye pour se débarrasser de Mouammar Kadhafi, un allié de la Russie, était purement défensif, absolument conforme aux traditions du département de la « Défense » des États-Unis.

    Voici un autre extrait de l’article du  NYT de 2001 sur Bandar Bush :

    Il a reconnu que la cause d’une partie de la rage des milieux islamistes radicaux est économique, et que les droits de l’homme étaient un luxe que certains pays arabes ne pouvaient pas se permettre. « Nous voulons d’abord que la plupart des gens aient assez à manger. Si nous y arrivons, alors il sera temps de s’occuper de tous vos fantasmes, à vous les Américains, » a-t-il dit.

    Le roi saoudien est la personne la plus riche du monde, et de loin : il possède le gouvernement saoudien qui détient Saudi Aramco qui possède des réserves de pétrole de 260 millions de barils, ce qui à 40 dollars du baril, équivaut à un trillion de dollars ; et ce n’est qu’un début. Il faut y ajouter la richesse personnelle de personnes comme le prince Bandar, ou le prince Al-Walid Bin Talal Bin Abdulaziz Al Saoud – ce dernier est parmi les principaux actionnaires à la fois de Rupert Murdoch News Corp. et de Citigroup (et d’autres grandes sociétés). Donc, pour ce roi mille fois milliardaire et ces princes milliardaires, les « droits de l’homme » sont un luxe que l’Arabie saoudite ne peut pas se permettre. »

    Et voici quelque chose d’autre que Bandar Bush a déclaré au NYT:

    « Dans une démocratie occidentale, si vous perdez le contact avec votre peuple, vous perdez les élections », a déclaré le prince Bandar. « Dans une monarchie, vous perdez votre tête. »

    Résumons-nous : la raison pour laquelle le pote de Bush (et de la plus grande partie de l’aristocratie américaine), le prince Bandar, ne veut pas de la démocratie en Arabie Saoudite, c’est que c’est une monarchie et que tous les membres de la famille royale pourrait perdre leur tête si leur pays devenait démocratique. Ils veulent que «la plupart des gens aient à manger »  dans leur royaume, mais ils ne veulent pas de « tous vos fantasmes à vous, les Américains » Il leur faut d’abord construire des palais. Quand ils en auront assez (ce qui n’arrivera jamais), les Saoud laisseront les « droits de l’homme » entrer dans «leur» pays.

    C’est aussi la raison pour laquelle chaque membre de la royauté doit contribuer généreusement aux fonds que les religieux saoudiens – le clergé le plus fondamentaliste de tous les pays à majorité musulmane – leur désignent comme étant saints, à savoir des groupes djihadistes comme Al-Qaïda et ISIS, qui ont pour objectif de propager leur religion dans le monde entier. Tout cela a son origine dans l’accord de 1744, que le clerc anti-chiite fanatique Muhammad ibn Abd al Wahhab et l’ambitieux chef de gang Muhammad ibn Saoud (le fondateur de l’Arabie saoudite) ont conclu, et qui a établi simultanément la nation saoudienne wahhabite et la secte wahhabite de l’Islam, qui ont une seule et même tête : les descendants de Saoud. Cet accord a été fort bien décrit dans le livre d’Helen Chapin Metz publié en 1992 au catalogue de la libraire du Congrès américain,Arabie Saoudite: une étude du pays. (C’est moi qui en souligne une phrase) :

    Manquant de soutien politique en Huraymila [où il vivait], Muhammad ibn Abd al Wahhab est retourné à Uyaynah [la ville où il était né], où il a rallié à lui plusieurs dirigeants locaux. Uyaynah, cependant, était tout près de Al Hufuf, l’un des centres chiites duodécimains de l’est de l’Arabie, et ses dirigeants se sont naturellement alarmés du ton anti-chiite du message wahhabite. En partie en raison de leur influence, Muhammad ibn Abd al Wahhab a été obligé de quitter Uyaynah, et il est allé à Diriyah. Il avait auparavant pris contact avec Muhammad ibn Saoud, le chef de Diriyah à l’époque [à qui il avait insufflé sa haine des chiites], et deux des frères[de Saoud] qui l’avaient accompagné [Saoud] quand il [en accord avec les  enseignements Wahhabites de la haine des chiites] avait détruit des monuments funéraires [qui étaient sacrés pour les chiites] autour d’Uyaynah.

    En conséquence, lorsque Muhammad ibn Abd al Wahhab est arrivé à Ad Diriyah, les Al Saoud étaient prêts à le soutenir. En 1744, Muhammad ibn Saoud et Muhammad ibn Abd al Wahhab ont fait le serment musulman traditionnel de travailler ensemble à établir un État dirigé selon les principes islamiques. Jusqu’à cette époque, les Al Saoud avaient été considérés comme des chefs tribaux traditionnels dont le pouvoir était fondé sur une autorité ancienne, mais vague.

    Muhammad ibn Abd al Wahhab a offert aux Al Saoud une mission religieuse clairement définie sur laquelle assoir leur autorité politique. Ce sentiment de mission religieuse imprègne toujours clairement l’idéologie politique de l’Arabie saoudite des années 1990.

    Muhammad ibn Saoud a commencé sa mission à la tête d’une armée qui passait dans les villes et les villages du Najd pour éradiquer diverses pratiques populaires et chiites. La campagne a permis de rallier les villes et les tribus du Najd à la loi Al Saud-wahhabite. Dès 1765, les forces de Muhammad ibn Saoud avaient établi le wahhabisme – et avec lui l’autorité politique Al Saoud – sur la plus grande partie du Najd.

    Donc: l’Arabie saoudite a été fondée sur la haine des musulmans chiites, et elle a été fondée sur un accord de 1744 entre un dignitaire fondamentaliste sunnite Wahhabite qui haïssait les Chiites, et Saoud, un chef de bande impitoyable, un accord aux termes duquel le clergé accorderait aux Saoud la sainte légitimité du Coran; et, en échange, les Saoud financeraient la propagation de la secte fanatique anti-chiite de Wahhab.

    Tandis que l’aristocratie étasunienne veut, à tous prix, conquérir la Russie, l’aristocratie Saoudienne veut, à tous prix, conquérir l’Iran.

    Voici ce que le prince saoudien Al-Walid ben Talal al-Saoud aurait dit à ce sujet le 27 octobre 2015, dans le journal Al Qabas du Koweït :

    De mon point de vue, le litige du Moyen-Orient est une question de vie ou de mort pour le Royaume d’Arabie saoudite, et je sais que les Iraniens cherchent à renverser le régime saoudien en jouant la carte palestinienne, et donc, pour déjouer leur complot, l’Arabie Saoudite et Israël doivent renforcer leurs relations et former un front uni pour contrecarrer le programme ambitieux de Téhéran.

    L’ennemi, pour les aristocrates saoudiens, n’est pas Israël; c’est l’Iran. Ils détestent les Iraniens, plus encore qu’ils ne détestent les Russes. En fait, Talal a également dit ce jour-là : « Je me rangerai aux côtés de la nation juive et de ses aspirations démocratiques si une Intifada palestinienne (un soulèvement) se déclenche. » Les Israéliens haïssaient les Iraniens autant que les Iraniens détestaient les Israéliens, et le Prince Talal accueillait les Israéliens dans sa mission de détruire l’Iran. Donc : les Saoud et Israël sont du même côté.

    George W. Bush a continué la guerre de l’Amérique contre la Russie. Le 29 mars 2004, il a fièrement amené dans l’OTAN, le club militaire anti-russe, 7 nouveaux membres, qui étaient tous auparavant des alliés de la Russie au sein de l’URSS et du Pacte de Varsovie. Ces 7 pays sont: la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie.

    Barack Obama a poursuivi cette politique anti-russe, le 1er avril 2009, en ajoutant l’Albanie et la Croatie, puis en perpétrant un coup d’Etat en Ukraine qui a fait de ce pays un état fanatiquement anti-russe et anxieux d’adhérer à l’OTAN. Obama a également fait tuer le libyen pro-russe, Mouammar Kadhafi, et a fait attaquer le syrien pro-russe, Bachar al-Assad par les djihadistes armés par les familles royales d’Arabie saoudite et du Qatar.

    L’ami des familles royales arabes, Oussama ben Laden, a finalement été sacrifié sur l’autel de l’objectif suprême de l’alliance américano-saoudienne, qui était d’éliminer le leader laïc pro-russe de l’Irak, Saddam Hussein, et d’engendrer (via le 11 septembre, etc.) l’hystérie collective qui a permis de faire passer des lois dictatoriales par le Congrès des États-Unis, et par de plus en plus de pays dans le reste de l’Empire américano-saoudien.

    En outre, les industries militaires américaines se sont bien remises de l’effondrement boursier qui a précédé le 11 septembre, en grande partie grâce au succès de la campagne pour instiller la crainte de la Russie, à l’augmentation du terrorisme et à l’hystérie publique concomitante qui permet à un pays « démocratique » d’envahir et d’envahir encore pour tuer les combattants djihadistes que « nos amis » les Saoud et d’autres familles royales arabes sunnites financent.

    Les Saoudiens sont actuellement très en colère contre Barack Obama pour avoir négocié sérieusement avec les Iraniens. Pour l’aristocratie américaine, la cible à détruire n’est pas l’Iran, mais la Russie. Obama représente l’aristocratie américaine, pas l’aristocratie saoudienne. Les aristocraties étasunienne et saoudienne n’ont pas les mêmes priorités.

    Mais leur alliance a été très efficace. Peut-être que, lorsqu’il a surpris et même choqué sa CIA en lui répondant : « Nous ne sommes pas tout à fait prêt à examiner cette question. Nous ne voulons pas lancer le compte à rebours », George W. Bush avait déjà discuté en privé avec son pote Bandar Bush, de la manière d’atteindre les plus importants objectifs des aristocraties étasunienne et saoudienne ; et qu’ensemble ils ont mis sur pied ce plan, bien avant que la CIA n’en ait pris connaissance. Cela semble être l’explication la plus vraisemblable de la réponse énigmatique de Bush, le 10 juillet 2001.

    Eric Zuesse | 18.11.2015

    Historien d’investigation Eric Zuesse est l’auteur de They’re Not Even Close: The Democratic vs. Republican Economic Records, 1910-2010 et de CHRIST’S VENTRILOQUISTS: The Event that Created Christianity.

    Notes :

    * La Quatrième Dimension (The Twilight Zone) est une série télévisée américaine de science-fiction (Wikipedia)

    ** Le Government Accountability Office (GAO) est l’organisme d’audit, d’évaluation et d’investigation du Congrès des États-Unis chargé du contrôle des comptes publics du budget fédéral des États-Unis (Wikipedia).

    *** https://share.america.gov/fr/la-strategie-de-securite-nat...

    Article original: http://www.strategic-culture.org/news/2015/11/18/politico...

    Traduction : Dominique Muselet

    Sourcehttp://arretsurinfo.ch/politico-rapporte-que-bush-savait-...

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/11/19/bush-savait-que-l-attaque-terroriste-de-2001-etait-imminente.html

  • Cercle Henri Lagrange : [Vidéo] Julius Evola : un portrait politique (entretien avec Arnaud Guyot-Jeannin)

    Entretien du Cercle Henri Lagrange avec Arnaud Guyot-Jeannin (journaliste et essayiste) avec un portrait politique de Julius Evola .

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Cercle-Henri-Lagrange-Video-Julius