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  • Quand la campagne démarre sur les chapeaux de roues

    Dès la fin des Jeux Olympiques, terminés le 21 août, et de leur matraquage quotidien sur les petits écrans, en moins d'une semaine, à partir du 22 août, l'actualité politique hexagonale s'est accélérée.

    La campagne des élections présidentielles, – préemptant une fois encore celle des élections législatives qui suivront – a donc démarré et on peut prédire que les mois à venir seront paralysés par cette perspective.

    Elle a démarré si vite que la démission de Macron est intervenue avant même que cette chronique soit mise en ligne : la prochaine sera consacrée à son cas.

    Les déclarations de candidature de Benoît Hamon ou d'Arnaud Montebourg, ainsi, bien sûr, que celle de Nicolas Sarkozy, secret de polichinelle, éventé de longue date et révélé sans surprise mais avec fracas, ou même la perspective groupusculaire d'une primaire des écologistes, voilà de quoi alimenter, à défaut de débats véritables, de superficielles polémiques dans chaque secteur de l'opinion.

    On peut présumer que le peuple vivant et véritable restera totalement en dehors de telles préoccupations.

    Pour chaque Français digne de ce nom, par exemple, le sort de nos vaches laitières et des éleveurs qui leur consacrent une vie de labeur mal rémunérée devrait préoccuper chacun d'entre nous beaucoup plus que les jeux stériles des vieillards qui nous gouvernent.

    Ne nous trompons donc pas de critique lorsque l'on nous parle de populisme.

    N'hésitons pas à observer que la question de l'islam se situera au centre du débat, tout en prenant des  formes inattendues voire paradoxales : menace pour notre liberté et notre identité, l'islamisme n'hésitera pas à se les approprier.

    Quoi de plus absurde et pointilliste, en apparence, se demandera-t-on d'un point de vue superficiel, qu'une querelle à propos des tenues de plage ? Les photos des bains de mer au début du XXe siècle, ou plus près de nous, dans les années 1950, les réticences vis-à-vis de l'exhibition féminine dans des pays catholiques comme l'Espagne ou l'Italie, plaiderait plutôt dans le sens rigoriste.

    Ces provocations sont cependant devenues désormais un véritable marqueur identitaire, et même un révélateur du besoin sécuritaire dans une Côte d'Azur à peine remise du 14 juillet sanglant de Nice, sans parler de la chute générale du tourisme en France.

    Reconnaissons quand même que la perspective de réduire à cette question, voire même de focaliser sur ce qu'elle représente, les orientations de la politique française témoigne du déclin de ce qui passa pour un peuple intelligent.

    On n'ose pas situer le débat sur la question de la compatibilité entre la foi mahométane et l'identité européenne.

    On accepte le postulat provocateur de Tarik Ramadan, lui-même citoyen suisse et qui martèle l'idée de l'Islam comme religion française, au mépris de l'Histoire.

    Pourtant dès lors qu'on accepte sans démonstration cet axiome indémontré et indémontrable ceci mène à cantonner le débat, ou ce qui en tient lieu, à des questions de menus dans les cantines scolaires ou de règlement des piscines publiques.

    Mais quel que soit le tour que prendront ces polémiques, quelle que soit l'importance accordée aux marqueurs identitaires de la volonté d'islamisation, même plus rampante, de nos pays, d'autres conséquences plus ou moins claires se dégagent dès maintenant de la partie prévisible de la campagne présidentielle de 2017 et de son hors-d’œuvre des primaires.

    Certains pensent que le destin du pays se jouera à l'occasion des primaires de la droite et du centre.

    Ce sondage à balles réelles, dont on ne peut prévoir ni la taille de l'échantillon effectif, ni le périmètre exact qu'il occupera entre le front national et les radicaux-socialistes, sera supposé déterminer mécaniquement un candidat unique assuré de figurer au second tour face à une candidate dont les trois quarts des Français ne seulement pas comme présidente.

    Un tel scénario que l'on prétend plié depuis des semaines ressemble pourtant à tous ses prédécesseurs, à tous les sondages, à tous les pronostics qui, depuis 50 ans, ne se sont jamais réalisés en fait. Évident au départ, il est tombé chaque fois dans les oubliettes à l'échéance de sa réalisation.

    En 2011 l'élection d'un personnage aussi falot et inexpérimenté que François Hollande semblait impensable pour ne pas dire grotesque. Elle s'est pourtant réalisée l'année suivante.

    http://www.insolent.fr/

  • Comment les USA chassent la France du marché iranien…

    Nicolas Gauthier Eurolibertés cliquez ici

    On devrait se pencher plus souvent sur la presse économique, riche d’enseignements politiques, enseignements assez peu relayés par les autres médias mainstream. La preuve par le mensuel Challenges du mois d’août dernier et ce volumineux dossier intitulé « Iran, la face cachée de l’Eldorado ». Soit l’occasion pour le lecteur d’apprendre l’existence de l’UANI (United Against Nuclear Iran).

    De quoi s’agit-il ? D’une discrète officine qui, depuis fin juin, « appelle Airbus, Air France, Renault, Total, Engie, Vinci à renoncer à leurs contrats en Iran, » tout en sommant Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale de « défendre les droits de l’homme » à l’occasion de son récent voyage à Téhéran.

    Qui sont les responsables de ce puissant lobby ?

    « Un coup d’œil à la liste des fondateurs et membres du conseil de surveillance de l’UANI met en évidence des motivations moins nobles. On y trouve l’ancien directeur de la CIA, James Woolsey, ainsi que d’anciens patrons du Mossad, Tamir Pardo et Meir Dagan (décédé en mars dernier), dont le mandat avait été marqué par l’assassinat ciblé de scientifiques iraniens. »

    Et le mensuel en question de révéler, citant « un ponte français de l’intelligence économique » : « Cette ONG est le faux nez des faucons américains et de leurs alliés de la ligne dure du Likoud israélien. C’est organisé par une vingtaine de types à peine, mais après le traumatisme de l’amende de BNP Paribas, ça peut faire du dégât. »

    À ce titre, on rappellera que cette banque avait dû s’acquitter d’une amende record de neuf milliards pour avoir « violé » l’embargo unilatéralement décidé par les USA sur l’Iran…

    Il y a effectivement de quoi faire peur aux plus grandes entreprises françaises, ce d’autant plus qu’elles savent n’être que de loin protégées par la diplomatie élyséenne. Exemple ? Le groupe PSA, récemment obligé, sous pression de General Motors, son actionnaire américain et minoritaire, de rompre le contrat historique le liant au groupe Khodro, géant de l’automobile iranienne, à la grande indifférence de notre gouvernement et au ravissement des constructeurs d’outre-Atlantique qui en profitèrent alors pour prendre notre place…

    Pis, les gigantesques transactions financières qu’impliquent de tels accords commerciaux demeurent encore et toujours, de près ou de loin, soumis au contrôle bancaire américain. D’où la nécessité pour la France de faire transiter ses fonds par de complexes réseaux pouvant impliquer Dubaï, la Chine ou la Russie ; ce qui implique un important surcoût financier et une évidente baisse de compétitivité pour les entreprises tricolores.

    En attendant, que fait l’État ? Quel État, au fait ? Le nôtre ? Quand on voit celui dans lequel il se trouve, on comprend mieux. Et quand on constate celui des instances européennes, on ne comprend que trop bien…

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Les Allemands se préparent à voter contre l’immigration. Le Conseil central des Juifs d’Allemagne veut les en dissuader…

    AfD-vs-immigration

    Dimanche, lors des élections régionales en Mecklembourg-Poméranie occidentale (nord-est), l’AfD, parti qui fait campagne contre l’immigration,  pourrait s’imposer comme la deuxième force politique, devant la CDU d’Angela Merkel, en obtenant de 20 à 25 % des voix.

    La chancelière a multiplié les mises en garde. Elle déclarait encore aujourd’hui à la télévision : « Je veux encourager les gens à aller voter et à voter pour des partis qui présentent des solutions aux problèmes. L’AfD, pour moi, n’en fait pas partie ».

    Obstinément en faveur de l’immigration de grand remplacement, Angela Merkel a pu compter ces jours-ci sur le soutien réaffirmé du président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, Josef Schuster, qui a qualifié ce vendredi d’« effrayante » la montée des intentions de vote pour l’AfD et a agité les habituels épouvantails.

    http://www.medias-presse.info/les-allemands-se-preparent-a-voter-contre-limmigration-le-conseil-central-des-juifs-dallemagne-veut-les-en-dissuader/60524

  • Parents d'élèves dans l’Enseignement Catholique sous contrat, vous êtes libres

    Jérôme Malcouronne – Président « Parents Pour l’Ecole » communique :

    6a00d83451619c69e201b8d2184c78970c-200wi.png"Cette rentrée n’est pas une rentrée comme les autres.

    Pour la première fois de son histoire, l’école de France est menacée en son intégrité par la violence terroriste.

    Pour la première fois de son histoire, le Ministère de l’Education Nationale impose à toute une classe d’âge une réforme qui ne fut ni votée, ni discutée.

    Pour la première fois de leur histoire, les enseignants sont appelés à être des auxiliaires en informatique permettant à chaque élève de manipuler une tablette qu’ils ne connaissent que trop.

    Face à ce démembrement, nous, «Parents Pour l’Ecole», appelons tous les parents de bonne volonté à nous rejoindre pour dire non.

    Non à une école faussement sécurisée et qui ne protège pas ses enfants.

    Non à une réforme imposée par simple décret.

    Non à une pédagogie qui remplace le tableau par la tablette.

    Attachés à l’anthropologie chrétienne et au bien commun, nous défendons la liberté éducative des parents et voulons promouvoir la transmission des savoirs : il est temps de remettre l’élève à sa table et le professeur sur l’estrade.

    Vous êtes parents d’un ou de plusieurs élèves dans l’Enseignement Catholique privé sous contrat: vous êtes libres ! Vous pouvez adhérer à notre association directement en ligne à hauteur de 5 euros par famille et par année scolaire en allant sur www.parentspourlecole.fr.

    Nous voulons faire entendre une autre voix au niveau national et porter des projets différents.

    Votre adhésion à «Parents Pour l’Ecole» ne vous empêche pas de verser un don à l’association locale de parents d’élèves.

    Pour nous joindre, vous pouvez nous adresser un mail à l’adresse suivante: assoparentspourlecole@gmail.com."

    Michel Janva

  • « La Langue des médias » d’Ingrid Riocreux

    « La désinformation n’est pas l’objet du présent ouvrage : ce qui compte pour nous, c’est la manière dont le Journaliste met en scène le réel pour qu’il entre dans les cases préconçues de sa pensée. Il regarde le monde avec des lunettes qui le lui montrent tel qu’il veut le voir ».

    La Fondation Polémia peut se flatter d’avoir été depuis une vingtaine d’années en pointe dans l’analyse critique du monde des médias : l’ouvrage La Tyrannie médiatique, la cérémonie des Bobards d’Or, les Journées de réinformation en sont le vivant témoignage. Et si l’on tient compte de surcroît de tous les autres acteurs de laréinfosphère qui, chacun à sa manière, participent au même combat, l’on peut avoir tendance à penser que le sujet a été largement épuisé.

    Le livre d’Ingrid Riocreux La Langue des médias/Destruction du langage et fabrication du consentement est donc une excellente surprise, car il montre qu’une forte conviction soutenue par un esprit rigoureux peut faire progresser la réflexion, sans verser dans la caricature ou le sectarisme.

    Que nous dit en effet Ingrid Riocreux ? Qu’il est aisé de faire des gorges chaudes de l’inculture générale des journalistes, de leur maniement plus qu’approximatif de la langue française, de leur attitude inquisitoriale à l’égard de leurs « invités » lorsque ceux-ci ont le front de mettre en cause les idées reçues, de leur art consommé du mensonge et de la désinformation.

    L’auteur ne se borne pas à illustrer son propos par un florilège de citations savoureuses et à rappeler certaines opérations de manipulation de l’opinion : ce volet de l’ouvrage – qui a dû requérir un minutieux travail d’inventaire – est certes présent et en rend la lecture très fluide.

    Mais le propos est plus ambitieux et surtout plus grave : il s’agit de montrer qu’au-delà des imperfections de langage qui ne sont que le reflet de l’abaissement général du système éducatif, les Journalistes sont au service d’une idéologie, celle de la pensée dominante. Ils sont « les gardiens du Code ».

    Mme Riocreux n’a évidemment aucune difficulté à étayer son exposé d’exemples de « traitement de l’information » tous plus éloquents les uns que les autres : l’immigration, le racisme et l’antisémitisme, la Manif’ pour Tous, l’Ukraine et bien entendu l’islam, il n’y a qu’à se baisser pour ramasser…

    Ainsi naît cette langue des médias, véritable mise en scène du réel, qui va de proche en proche conduire l’auditeur ou le téléspectateur à se persuader que « c’est vrai puisqu’ils l’ont dit à la télé ».

    Je laisse le soin au lecteur de découvrir les attributs et les nombreux avatars de ce langage, dont le caractère « déglingué » facilite paradoxalement l’efficacité du conditionnement de l’opinion, cette « fabrication du consentement » que l’auteur évoque dans le sous-titre de son ouvrage.

    En filigrane des riches développements théoriques et illustratifs consacrés à l’analyse de cette langue, deux points ont retenu mon attention :

    En premier lieu, Ingrid Riocreux souligne que son intention, louable au demeurant, est de se situer dans un moyen terme entre la paranoïa et la naïveté. Autrement dit, il faut garder du recul vis-à-vis de l’idée d’un « complot du quatrième pouvoir », mais être bien conscient que les techniques de manipulation existent bel et bien, et que les médias en sont souvent l’instrument : s’il ne faut retenir qu’un seul exemple de cette vérité, celui de la « photo du petit Aylan » suffit à suppléer à d’abondants discours.

    A cet égard, l’auteur exprime l’opinion que les journalistes sont eux-mêmes manipulés par des forces qui les dépassent. C’est une idée qui comporte sa part de vérité : les annonceurs qui apportent la manne publicitaire, les grands groupes financiers et économiques qui possèdent une bonne partie de la presse écrite et audiovisuelle, l’Etat sont des acteurs avec lesquels il faut compter, et qui véhiculent l’idéologie libérale-libertaire elle-même au cœur de la pensée dominante.

    Cependant, sauf à penser que les journalistes sont uniquement motivés par l’appât du lucre et peu enclins à mordre la main qui les nourrit, il est plus réaliste de reconnaître que tout le Système, notamment le processus de formation des apprentis journalistes, communie d’emblée avec la bien-pensance générale. Par conséquent, le monde médiatique, comme nous le répétons sans relâche, n’est ni Grand Manipulateur, ni esclave docile : il est l’un des exécutants dans le concert de l’orchestre mondialiste et cosmopolite.

    Enfin, une citation mérite que l’on s’y arrête un instant : « …le seul censeur du Journaliste, c’est le Journaliste lui-même. Et cette autocensure est essentiellement morale. […] C’est un conditionnement d’ordre éthique et, partant, idéologique. […] Les médias de réinformation ne fonctionnent pas autrement, seul diffère le soubassement idéologique. Et les uns comme les autres finissent par voir les choses telles qu’ils les disent. Ce n’est pas grave, c’est même inévitable. Mais que l’on n’aille pas prétendre que l’actualité s’écrit toute seule par l’entremise d’un Journaliste réduit au rôle de scribe » (p. 283).

    La dernière phrase hors de son contexte donne l’impression que ce sont les médias de réinformation qui prétendent à la « neutralité axiologique » du journaliste. Lorsqu’on lit l’ensemble de l’ouvrage, il apparaît que l’auteur est loin d’être hostile à l’action de réinformation et que le reproche s’adresse en fait à ceux qui prennent la défense des médias dominants en niant leur imprégnation par l’idéologie libérale-libertaire. Cela dit, rien ne nous interdit de faire notre profit de la leçon de modestie de Mme Riocreux, même si nous ne cherchons pas, et de loin, à nous parer du titre de « journaliste », et même si le démantèlement des bastions médiatiques de la pensée dominante n’est pas pour demain.

    Bernard Mazin, 25/08/2016

    Ingrid Riocreux, La Langue des médias/Destruction du langage et fabrication du consentement, Editions de l’Artilleur/Toucan, mars 2016, 334 pages.

    http://www.polemia.com/la-langue-des-medias-dingrid-riocreux/

  • Le journal du Vendredi 2 septembre 2016 - Immigration / France : La porte ouverte

  • Cahiers du cercle Proudhon

    L’infréquentable Pierre-Joseph Proudhon
    Edward Castleton

    cahiers_proudhon_cov01-212x300.jpgQue connaît-on de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, deux cents ans après sa naissance, le 15 janvier 1809 ? Une formule : « La propriété, c’est le vol ! », mais guère plus. Celui que Charles Augustin Sainte-Beuve décrivait comme le plus grand prosateur de son temps, ou Georges Sorel comme le plus éminent philosophe français du XIXe siècle, ne trouve plus asile que dans les librairies libertaires et sur les rayonnages d’érudits. A la différence d’autres penseurs et écrivains de la même époque — Karl Marx, Auguste Comte, Jules Michelet, Victor Hugo ou Alexis de Tocqueville —, les grandes maisons d’édition le dédaignent.

    Le centenaire de sa naissance, en 1909, n’était pourtant pas passé inaperçu. Le président de la République, Armand Fallières, s’était rendu à Besançon, lieu de naissance de Proudhon, pour inaugurer une statue en bronze du « père de l’anarchisme ». Les sociologues durkheimiens (1), les juristes, les avocats républicains de la laïcité, des théoriciens du syndicalisme révolutionnaire et même des royalistes antiparlementaires s’intéressaient alors à lui.

    Mais la vague anarcho-syndicaliste reflue rapidement. Les intellectuels et ouvriers qui appréciaient Proudhon avant la Grande Guerre tentent après la révolution russe de le transformer en un anti-Marx. Les pacifistes favorables à la création de la Société des Nations invoquent ses idées fédéralistes. De leur côté, des partisans de Vichy récupèrent certains aspects corporatistes de sa pensée afin d’asseoir la légitimité de leur régime. Cela ne suffit pas à sauver la statue de Proudhon, fondue par les nazis durant l’Occupation, mais le crédit du penseur auprès des progressistes s’en trouva durablement affecté.

    D’autant que l’après-guerre favorise en France la domination intellectuelle du marxisme à gauche et relègue au second plan d’autres sources, pourtant très riches, de la pensée sociale du XIXe siècle. Exit Proudhon, donc, qui cherchait un moyen terme entre la propriété privée (appropriation exclusive des biens par des particuliers) et le communisme (appropriation et distribution égalitaire des biens des particuliers par l’Etat).

    D’où sort ce précurseur d’une « troisième voie » anarchiste ? Né d’un père tonnelier-brasseur et d’une mère cuisinière, Proudhon se montre très doué pour les lettres classiques avant de devoir, en raison des problèmes financiers de sa famille, abandonner ses études pour travailler comme imprimeur. Grâce aux encouragements de certains Francs-Comtois, il obtient une bourse de trois ans de l’Académie de Besançon pour poursuivre des recherches linguistiques et philologiques. Proudhon mesure alors les écarts de classe et d’expérience qui le séparent des membres de cet institut censés suivre ses recherches, à Paris. Il perçoit aussi les limites des tentatives de théoriciens libéraux de la Restauration et de la monarchie de Juillet pour asseoir la souveraineté sur les « capacités » supérieures des possédants.

    C’est l’époque du suffrage censitaire : qui possède vote pour élire quelqu’un qui possède encore plus que lui. Face au droit inviolable et sacré de propriété, la réalité de la misère, celle du paupérisme, contredit les espoirs des libéraux lorsqu’ils cherchent, au même moment, à enraciner l’ordre social dans le droit civil des particuliers.

    Après les journées de juin 1848, il devient l’homme le plus diabolisé de son temps

    Convaincu que la distribution des richesses au sein de la société importe davantage que la représentation politique, Proudhon ne voit pas dans l’élargissement du suffrage prôné par les républicains une solution suffisante au problème des inégalités sociales. Cette constatation l’amène à l’économie politique.

    Il estime que la valeur d’une chose doit être évaluée selon son « utilité », c’est-à-dire ses effets sociaux, réels et matériels. Ses contemporains économistes, soucieux de la circulation des richesses à travers les échanges, la définissent indépendamment des besoins de subsistance des producteurs. « Les produits s’échangent contre les produits », dit alors Jean-Baptiste Say (1767-1832). Ce qui revient à dire que la vente des marchandises est favorisée par le commerce d’autres marchandises et que, en dernière instance, les produits valent ce qu’ils coûtent. Assise sur des conventions, la valeur n’a pas de base fixe.

    Selon Proudhon, elle s’étalonne par conséquent à l’aune de son utilité. Bien entendu, l’idéal de l’équilibre entre production et consommation reste souhaitable, mais, pour y arriver, le produit vendu et le travail que ce produit incorpore doivent se trouver constamment en adéquation. Or la nature juridique de la propriété fait obstacle à des échanges égalitaires car la richesse reste concentrée entre les mains des propriétaires, rentiers et capitalistes. Il conviendrait donc de lire la loi des débouchés de Say (l’offre crée sa demande) d’une manière beaucoup plus révolutionnaire.

    Curieusement, ces thèses attirent des économistes libéraux contemporains, tel Adolphe Blanqui, frère de Louis Auguste, le révolutionnaire. Leur caractère iconoclaste paraît en mesure de jeter un pont entre la critique des socialistes (auxquels Proudhon reproche d’écrire des amphigouris néochrétiens exprimant des sentiments vagues et bien-pensants, comme la fraternité) et celle des économistes, juristes et philosophes de l’ordre établi.

    Sur ce terrain, Marx lui-même a apprécié la théorie de la plus-value que Proudhon formulait dans Qu’est-ce que la propriété ? (1840) : « Le capitaliste, dit-on, a payé les journées des ouvriers ; pour être exact, il faut dire que le capitaliste a payé autant de fois une journée qu’il a employé d’ouvriers chaque jour, ce qui n’est point du tout la même chose. Car, cette force immense qui résulte de l’union et de l’harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts, il ne l’a point payée. Deux cents grenadiers ont en quelques heures dressé l’obélisque de Louqsor sur sa base ; suppose-t-on qu’un seul homme, en deux cents jours, en serait venu à bout ? Cependant, au compte du capitaliste, la somme des salaires eût été la même. Eh bien, un désert à mettre en culture, une maison à bâtir, une manufacture à exploiter, c’est l’obélisque à soulever, c’est une montagne à changer de place. La plus petite fortune, le plus mince établissement, la mise en train de la plus chétive industrie, exige un concours de travaux et de talents si divers, que le même homme n’y suffirait jamais. »

    Sans doute Marx partageait-il aussi la critique que Proudhon avait faite de ce que, dans ses manuscrits de 1844, il appellerait le « communisme grossier ». La rupture entre les deux hommes, qui se fréquentaient à Paris, intervint en 1846. Marx ne tarda pas à exprimer ses sarcasmes envers un auteur qui préférait, comme il le lui écrivit dans sa lettre de rupture, brûler la propriété « à petit feu ». Il considérait le désir de Proudhon de réconcilier prolétariat et classe moyenne pour renverser le capitalisme comme l’inclination d’un « petit-bourgeois constamment ballotté entre le capital et le travail, entre l’économie politique et le communisme ».

    A la suite de la révolution de 1848 et de l’instauration de la IIe République, Proudhon est élu député et siège à la commission des finances de la Chambre. Il y réclame la création d’une banque nationale, capable de centraliser la finance ; la monnaie, gagée sur la production, n’y aurait qu’une valeur purement fiduciaire (le franc est alors gagé sur l’or). Il réclame aussi la réduction des taux d’intérêt, d’escompte, et celle des loyers et des fermages. Après les journées de Juin (2), ces propositions lui valent le statut d’homme le plus caricaturé et diabolisé de son temps par la presse bourgeoise.

    Les projets proudhoniens de réforme se soldant par un échec, leur auteur va mener une réflexion sur les apories de la représentation politique. A ses yeux, l’expérience de la IIe République a représenté l’émergence d’une oligarchie élective au sein de laquelle les députés ne sont pas de réels mandataires, le consentement des citoyens aux lois n’étant qu’indirectement exprimé lors des élections législatives.

    La plupart du temps, le peuple demeure donc impuissant face à ses délégués, qu’il ne peut sanctionner qu’en refusant de les réélire. De fait, la coupure entre élus et électeurs se creuse rapidement. Et Proudhon témoigne : « Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle une Assemblée nationale pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent. » (Les Confessions d’un révolutionnaire, 1849.)

    Le prolétariat devrait créer des associations fondées sur le principe de mutualité

    Mais son analyse va au-delà de ce simple constat : il estime que la Constitution de 1848 confère trop de pouvoir exécutif au président de la République et que l’évolution vers une dictature est inéluctable. Emprisonné pour avoir dénoncé l’affaiblissement de l’Assemblée et les menées de Louis Napoléon Bonaparte (3), déçu ensuite tant par la couardise de la bourgeoisie face au coup d’Etat du 2 décembre 1851 que par la popularité du régime impérial dans les classes populaires, Proudhon observe avec amertume, de sa cellule, l’installation du Second Empire (lire « [16665] », les extraits de ses carnets inédits).

    A sa libération, en 1852, il s’élève contre la concentration des richesses — liée aux concessions des chemins de fer et aux connivences des spéculateurs à la Bourse — entre les mains de quelques-uns. Proudhon doit, en 1858, s’exiler en Belgique afin d’éviter un nouvel emprisonnement après la publication de son ouvrage anticlérical De la justice dans la Révolution et dans l’Eglise. Il ne regagne Paris qu’à la fin de sa vie, plus pessimiste que jamais quant au caractère « démocratique » du suffrage universel.

    Dans ses derniers écrits avant sa mort, le 19 janvier 1865, il dénonce même l’inutilité des candidatures ouvrières. Le prolétariat devrait rompre avec les institutions « bourgeoises », créer des associations fondées sur le principe de mutualité et institutionnaliser la réciprocité. Bref, inventer une « démocratie ouvrière ».

    Si on laisse de côté certains aspects des conceptions de Proudhon (antiféminisme, misogynie, voire antisémitisme), hélas fréquents chez les socialistes du XIXe siècle, sa pensée demeure d’actualité. Notamment compte tenu du climat de scepticisme face au fonctionnement du système démocratique dans les pays capitalistes avancés. Car il n’est pas certain que les intérêts des classes populaires et travailleuses soient aujourd’hui mieux « représentés » par les partis politiques qu’à l’époque de Proudhon…

    Dans toutes les tentatives actuelles visant à « moderniser » le socialisme, existe-t-il une place pour une idéologie prônant une rupture de classe radicale mais pacifique ; exigeant l’organisation de la société en fonction d’une division du travail mutualiste et visant à une moindre différenciation des salaires ; recherchant la justice en se souciant de l’économie ; préférant la représentation socioprofessionnelle à un suffrage universel toujours susceptible de dégénérer en césarisme ; déclarant la guerre aux spéculateurs et aux grandes fortunes ; prêchant un fédéralisme radicalement décentralisateur et non point libre-échangiste ? Ou Proudhon n’est-il surtout destiné qu’à ceux, plus marginaux et moins médiatisés, qui préfèrent les cercles libertaires aux plateaux de télévision ?

    En attendant l’improbable venue du président de la République à Besançon pour célébrer, le 15 janvier 2009, le bicentenaire de la naissance de Proudhon, on peut simplement espérer que ce penseur et ce militant retrouve une partie de la renommée qui était la sienne il y a cent ans.

    Jeudi, 16 Janvier 2014

    Edward Castleton est l’éditeur du livre de P.-J. Proudhon, Carnets inédits : journal du Second Empire, CNRS Editions, Paris, à paraître en février.

    Cahiers du Cercle Proudhon
    Collectif : Alain De Benoist (préface), AVATAR Editions, 1/01/2007,Coll. Les Inactuels,35,00€

    Bien que leur diffusion soit faible [200 abonnés, 600 exemplaires imprimés] leur influence fut très importante. Malgré les années, ces Cahiers restent un point de référence, ainsi que la totalité de l’oeuvre de Georges Valois, pour de nombreux militants.

    Acheter l’ouvrage ici

    http://www.voxnr.com/643/livre-cahiers-cercle-proudhon

  • [Mensonge Républicain] Voltaire et le célèbre « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites… »

    « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire. » Qui donc n’a jamais lu ou entendu cette fameuse citation que d’aucuns attribuent à Voltaire ?

    Peut-être le saviez-vous, Voltaire ne l’a ni écrit… ni même pensé ! L’erreur sur la paternité de cette citation se nourrit d’un mensonge beaucoup plus grand : l’image - distillée par l’école républicaine - d’un philosophe tolérant et généreux proclamant la liberté contre l’obscurantisme.

    D’où vient cette maxime ? Que pense réellement Voltaire et son siècle ?

    L’ouvrage Voltaire, Œuvres Complètes explique :

    « Certains commentateurs[1], prétendent que cette citation est extraite d’une lettre du 6 février 1770 à un abbé Le Riche où Voltaire écrivait : « Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à l’écrire. » En fait, cette lettre existe, mais la phrase n’y figure pas, ni même l’idée. Le Traité de la tolérance auquel est parfois rattachée la citation ne la contient pas non plus. De fait, la citation est absolument apocryphe (elle n’apparaît nulle part dans son œuvre publiée) et trouve sa source en 1906, non dans une citation erronée, mais dans un commentaire de l’auteure britannique Evelyn Hall, dans son ouvrage The Friends of Voltaire, où pensant résumer la posture de Voltaire à propos de l’auteur d’un ouvrage publié en 1758 condamné par les autorités religieuses et civiles, elle écrivait « « I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it », was his attitude now. »[2]

    La maladresse de l’auteur britannique Evelyn Hall dans l’usage des guillemets répandit à tort cette déclaration. Le professeur Marjorie Garber de l’Université d’Harvard rapporte à sujet :

    « Interrogée à propos de la citation plusieurs années après la publication de son livre, Hall expliquait qu’elle ne voulait pas sous-entendre que Voltaire utilisa textuellement ces mots et qu’elle serait très surprise si cette citation se retrouvait dans ses œuvres. »[3]

    Que Voltaire n’ait jamais exhorté un abbé à exprimer sa pensée, voilà chose démontrée. Dès lors, la vertu de tolérance enseignée par la République dans les pas de Voltaire est-elle intéressée ou objective ? Voici, pour éclairer votre jugement, un florilège de phrases tracées sous la plume de Voltaire, révélant non ce qu’il prétend mais ce qu’il pense : mépris pour le peuple, les races et les femmes :

    1/ Le peuple…

    « Le peuple est entre l’homme et la bête ».

     « La multitude des bêtes brutes appelées hommes, comparée avec le petit nombre de ceux qui pensent, est au moins dans la proportion de cent à un chez beaucoup de nations. »

    « Ce monde ci (il faut que j’en convienne) est un composé de fripons, de fanatiques et d’imbéciles, parmi lesquels il y a un petit troupeau séparé qu’on appelle la bonne compagnie ; ce petit troupeau étant riche, bien élevé, instruit, poli, est comme la fleur du genre humain ; c’est pour lui que les plaisirs honnêtes sont faits. »

     « Nous n’avons de compatriotes que les philosophes, le reste n’existe pas. »

    « L’essentiel est d’être bien avec soi-même, et de regarder le public comme des chiens qui tantôt nous mordent, et tantôt nous lèchent. »

     2/ Les races…

    « La lèpre, ainsi que le fanatisme et l’usure, avait été le caractère distinctif des Juifs. » Les juifs forment « de tous les peuples, le plus grossier, le plus féroce, le plus fanatique, le plus absurde. »

    « C'est à regret que je parle des juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre ».

    « La maladie des systèmes peut-elle troubler l’esprit au point de faire dire qu’un Suédois et un Nubien sont de même espèce ? »

    « Le blanc qui le premier vit un nègre fut bien étonné ; mais le premier raisonneur qui dit que ce nègre venait d’une paire blanche m’étonne bien davantage, son opinion est contraire à la mienne ».

    « Il y a des races jaunes, rouges, grises. (…) Tous sont également hommes mais comme un sapin, un chêne et un poirier sont également arbres ».

    « Notre aumônier prétend que les Hottentots, les Nègres et les Portugais descendent du même père. Cette idée est bien ridicule ».

    « La race des nègres est une espèce d’hommes différente de la nôtre, comme la race des épagneuls l’est des lévriers (…). [L]a forme de leurs yeux n’est point la nôtre ; leur laine noire ne ressemble point à nos cheveux, et on peut dire que si leur intelligence n’est pas d’une autre espèce que notre entendement, elle est fort inférieure : ils ne sont pas capables d’une grande attention ; ils combinent peu, et ne paraissent faits ni pour les avantages ni pour les abus de notre philosophie. Ils sont originaires de cette partie de l’Afrique, comme les éléphants et les singes (…) ».

    3/ Les femmes…

    « Sur cent mâles il s’en trouve à peine un qui ait du génie ; sur cinq cents femelles à peine une ».

    « Quant à la supériorité de l’homme sur la femme, c’est une chose entièrement naturelle (…). Les hommes en général ont des organes plus capables d’une attention suivie que les femmes, et sont plus propres aux travaux de la tête et du bras ».

    « Les guerres qui sont le plus horrible fléau du genre-humain, laissent en vie l’espèce femelle qui le répare. »

    Qui donc peut encore louer la tolérance de Voltaire ?

    Joseph Colombe

    Pour aller plus loin :

    Xavier Martin, Voltaire méconnu : Aspects cachés de l’humanisme des Lumières (1750-1800), Dominique Martin Morin, 2006.

    Xavier Martin, Naissance du sous-homme au cœur des Lumières : les races, les femmes, le peuple, Dominique Martin Morin, 2014.

    SIGAUT Marion, Voltaire : Une imposture au service des puissants, Broché, 2014.

    LesObservateurs.ch, « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. »



    [1] GUTERMAN Norbert, A Book of French Quotations, 1963.

    [2] Voltaire, Oeuvres completes, Arvensa, 2014, p.9566.

  • Le Danemark envisage de fermer ses frontières aux migrants

    Le gouvernement danois a proposé ce mardi de faire voter une loi qui permettrait de fermer les frontières aux migrants si les arrivées de demandeurs d'asile devaient connaître un pic. 
    Si le Danemark n'est pas en première ligne dans la crise des migrants, son gouvernement entend prendre les devants. Pour cela, l'exécutif local prépare une loi pour fermer les frontières aux migrants. "Nous devons pouvoir gérer la pression. C'est pourquoi nous introduisons un frein d'urgence pour être en mesure de refouler les demandeurs d'asile à la frontière (...)", a affirmé la ministre de l'Immigration, Inger Støjberg. 
    La mesure est inspirée d'une loi adoptée en juin en Norvège, qui autorise la police à refouler toute personne se présentant à la frontière pour demander l'asile, qu'elle soit en "situation de crise" ou qu'elle vienne d'un autre pays nordique. 
    Le Danemark a reçu 4 700 demandes d'asile depuis le début de l'année, et en prévoit environ 10 000 sur l'année. Il y en avait eu 21 000 en 2015, année marquée par des flux spectaculaires de migrants marchant parfois sur les autoroutes danoises dans l'espoir de rejoindre la Suède, destination plus convoitée. 
    "10 000 demandeurs d'asile, c'est encore trop" 
    La proposition de mardi fait partie du "plan 2025" du gouvernement libéral, conçu comme un compromis entre les demandes des partis de droite, certains favorables à une cure d'amaigrissement pour l'État-providence, et le Parti populaire danois, partisan d'un durcissement des lois sur l'immigration. 
    L'exécutif veut aussi restreindre le droit aux prestations sociales pour les demandeurs d'asile, mettre en œuvre des mesures de sécurité pour les centres où ils sont logés, et faciliter l'expulsion de ceux dont la demande est rejetée. "10 000 demandeurs d'asile, c'est encore trop", a affirmé Mme Støjberg, connue pour sa ligne anti-immigration. 
    Le Danemark avait choqué de nombreux défenseurs des droits de l'Homme en adoptant en février une loi permettant de confisquer aux demandeurs d'asile leur argent et biens de valeur pour financer leur séjour.