Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes, écrivait Chateaubriand. Le cas de l’Allemagne lui donne raison. Dans la tourmente des grands bouleversements de notre époque, une force politique nouvelle a vu le jour : l’Alternative für Deutschland (AfD). Parti conservateur qui navigue clairement à droite, nonobstant le manque de respectabilité du terme outre-Rhin, évitant les récifs, carte en main, selon un plan bien établi.
Tête de liste de l’AfD pour les élections européennes de 2024, Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD aux élections européennes de 2024, développe, dans un livre traduit en français et édité par la Nouvelle Librairie, son programme à travers l’étude de sept thèmes fondamentaux : la droite, l’identité, l’État, le changement d’époque, l’économie, l’avenir et la politique, sans négliger aucun sujet, de la famille à l’intelligence artificielle, en passant par la géopolitique et la nécessité d’œuvrer à une contre-culture. Le lecteur français sera parfois surpris des différences entre pays frontaliers, mais le voyage est stimulant. Peut-être permettra-t-il de sceller de nouvelles alliances au niveau européen.
« Après des décennies pendant lesquelles la droite a été exclue de la vraie politique, nous avons maintenant la possibilité de montrer que nous savons ce qu’il faut faire. Saisissons-la ! »
Nous avons interviewé Maximilian Krah.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Maximilian Krah : je suis le candidat principal de mon parti, l’Alternative für Deutschland, pour les élections européennes de 2024. Je suis également père de famille et avocat, deux qualités très utiles en politique.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à vous engager en politique et quel est votre parcours politique ?
Maximilian Krah : Si vous vouliez être politiquement actif en tant que conservateur en Allemagne avant l’AfD, vous n’aviez pas beaucoup d’options, la CDU était le choix le plus important et rétrospectivement le plus facile pour un jeune étudiant de droite comme moi. Cependant, j’ai dû observer le changement d’idéologie politique au sein de mon parti au cours des années suivantes et, en 2016, j’ai rejoint l’AfD – ma principale raison était bien sûr l’afflux massif d’immigrants illégaux, dont Angela Merkel était personnellement responsable.
Breizh-info.com : Pourquoi était-il important de publier ce qui ressemble à un manifeste de l’AfD en français ?
Maximilian Krah : La France, et dans une moindre mesure l’Italie, a toujours été le laboratoire politique de l’Europe. Les révolutions, le socialisme, le fascisme, la démocratie et l’absolutisme ont d’abord été testés dans ces deux pays avant que d’autres pays d’Europe ne les adaptent et les développent. Mais je crois que nous sommes aujourd’hui dans une situation où l’AfD est l’un des partis de droite les plus intéressants d’Europe. Ces dernières années, nous n’avons pas suivi la voie de la modération, mais celle de l’idéologisation, et mon livre est une petite partie de cette idéologisation. Je voulais le montrer à nos amis en France pour leur faire connaître notre travail et pour contrer la mauvaise image qui est dépeinte par la presse traditionnelle. Je voulais également souligner l’importance de l’amitié franco-allemande. Nous sommes les deux plus grands pays d’Europe et c’est surtout à nous de trouver un terrain d’entente dans l’avenir multipolaire. Ce n’est pas un hasard si la première édition étrangère est en français – et non en anglais.
Breizh-info.com : Les élections européennes auront lieu en 2024. Quelles seront vos principales propositions et revendications ?
Maximilian Krah : Nous devons créer la forteresse Europe contre l’immigration clandestine. C’est une question de vie ou de mort. Mais nous devons aussi trouver une réponse aux défis d’un monde qui devient de plus en plus multipolaire. Un simple grand marché pour les produits et les armes des États-Unis ? Ou trouverons-nous notre propre voie pour devenir l’un des nombreux pôles de ce monde multipolaire ? Je pense qu’il est temps d’opter pour cette dernière solution et que cela ne sera possible qu’ensemble – et non pas divisés.
Breizh-info.com : En 2023, la société allemande et les Allemands commenceront-ils enfin à ne plus avoir honte de ce qu’ils sont et d’où ils viennent ?
Maximilian Krah : De nombreux Allemands ont laissé derrière eux les dégâts causés par la rééducation. Beaucoup d’autres suivront, j’en suis convaincu.
Breizh-info.com : Les observateurs assistent à la montée des conservateurs de droite dans toute l’Europe. Mais ils se montrent incapables de mettre fin à l’immigration, Meloni en étant sans doute l’exemple le plus récent et le plus flagrant. Comment changer cette situation ?
Maximilian Krah : Il n’y a pas de politique intérieure sans politique étrangère. Si vous voulez arrêter l’immigration, vous devez aborder les questions de politique étrangère d’une manière qui vous est propre. Vous devez clarifier vos intérêts aux yeux du monde et indiquer ce que vous voulez changer – cela exige de la souveraineté et du pouvoir. Il n’y aura jamais d’approche européenne souveraine et claire pour résoudre la question de l’immigration tant que nous resterons complètement dépendants des États-Unis. Les quatre dernières années à Varsovie, mais aussi à Rome, l’ont clairement montrées.
Breizh-info.com : Parlez-nous de la persécution politique et juridique dont l’AFD fait actuellement l’objet ? Les choses évoluent-elles néanmoins ?
Maximilian Krah : Si vous vous souvenez de la crise financière d’il y a quelques années, tout le monde a soudainement parlé de “too big to fail” (trop gros pour faire faillite). Les règles ont soudain changé, car les banques étaient trop grosses. Un parti peut-il être trop grand pour être interdit ? Peut-être, mais je pense que la seule chose qui nous sauvera de la persécution est le pouvoir – et le pouvoir vient des votes. Plus nous convainquons de gens, moins nous risquons d’être interdits.
Breizh-info.com : Quel message envoyez-vous à vos lecteurs français ?
Maximilian Krah : La France et l’Allemagne sont deux des plus beaux exemples de la grande civilisation européenne. Mais tout cela, et bien plus encore, est menacé. Nous devrons travailler ensemble pour préserver ce que nous aimons et je suis très fier de mener ce combat à vos côtés. Vive la France !
Propos recueillis par YV
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