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Législatives : l’autonomie corse mise en péril par la Bardella mania

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La Corse compte quatre circonscriptions, deux par département. Jusqu'alors, trois d’entre elles étaient représentées par des députés régionalistes à l’Assemblée nationale et une par un élu de la majorité présidentielle. Au soir du 30 juin, premier tour des élections législatives anticipées, la physionomie politique de l’île de beauté a totalement changé.

En Corse du sud, le Rassemblement national est arrivé en tête dans les deux secteurs, une première pour le parti de Jordan Bardella. Dans la première circonscription, le candidat régionaliste, Romain Colonna n’est même pas parvenu à se qualifier pour le second tour (16,84 %). Il laisse Ariane Quarena (RN) et Laurent Marcangeli, député sortant (Renaissance) s’expliquer. Dans la deuxième circonscription, Paul-André Colombani, le député régionaliste sortant (26,45 %) est, lui, toujours en course mais il est largement devancé par le candidat du Rassemblement national, François Filoni (35,10 %) et pourrait perdre son siège.

Percée historique du RN en Corse

Dans le nord de l’île, le constat est quelque peu différent mais pas moins alarmant pour les régionalistes corses. Dans le premier secteur, Michel Castellani a des chances d’être reconduit dans ses fonctions puisqu’il est arrivé en tête du premier tour avec un score de 31,74 % mais il est talonné par Jean-Michel Marchal (28,80 %) qui pourrait avoir la faveur des électeurs de Julien Morganti (DVD) arrivé troisième avec 14,42 % des voix. Dans la deuxième circonscription, la situation est plus critique. Alors qu’une triangulaire favorable à Jean-Félix Acquaviva, député sortant régionaliste ayant réalisé un score de 28,63 %, se profilait, les cartes ont été entièrement rebattues par le désistement de la candidate du Rassemblement national, Sylvie Jouart arrivée troisième du scrutin (25,42 %). Cette dernière a décidé de « soutenir le candidat divers droite, M. François-Xavier Ceccoli » comme indiqué par le bureau des instances corses du RN.

En Corse, la Bardella mania n’est donc pas totale. Pour autant, elle pourrait avoir mis fin à une exception électorale locale qui faisait les affaires des régionalistes et plaçait l’identité corse au-dessus de tout. Elle pourrait être à l’origine d’un changement de couleur politique de l’île et avoir des conséquences sur la demande d’autonomie de la Corse qui était en bonne voie.

Conséquences historiques du RN en Corse

En mars dernier, les élus corses s’étaient rendus à Beauvau pour se mettre d’accord avec Gérald Darmanin sur une éventuelle inscription de la Corse dans la Constitution avec un statut d’autonomie. Aucun calendrier n’avait été fixé mais tout semblait vouloir aller dans ce sens, jusqu’à ce dimanche 30 juin. La prise d’une grande partie de la Corse par le Rassemblement national pourrait tout remettre en question puisque le RN s’est toujours opposé au transfert des pouvoirs législatifs et fiscaux à l’île de beauté. En octobre dernier, Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée nationale, en voyage à Ajaccio, avait déclaré au micro de France bleu : « La Corse doit demeurer dans la République, on n'est pas contre le fait qu'elle dispose d'un statut original mais qui ne se nomme pas "autonomie” ». Le message était on ne peut plus clair, il semble aujourd’hui plus actuel que jamais. D’autant plus que si les régionalistes perdent des sièges, ce qui semble inévitable, ils auront nécessairement moins de poids dans les négociations. D’une certaine manière, ce 30 juin 2024, le nationalisme pourrait l’avoir emporté sur le régionalisme.

Sarah-Louise Guille

https://www.bvoltaire.fr/legislatives-lautonomie-corse-mise-en-peril-par-la-bardella-mania/

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