Mais tout se complique quand on passe à la mise en œuvre. C'est ce que découvre le maire de Lavelanet, dans l'Ariège, très remonté contre ses administrés récalcitrants qui ont du mal à s'adapter à cette nouvelle obligation en vigueur chez eux depuis le 1er janvier. Comme le constate France Info, le badge, c'est très beau, mais « encore faut-il l’avoir reçu, qu’il marche et que la tarification soit comprise. Résultat : les habitants font de la résistance et les dépôts sauvages fleurissent. » Donc ces Ariégeois sans badges sont contraints de faire des dépôts dits « sauvages » qui excèdent monsieur le maire et qui jettent à la poubelle tous les beaux objectifs financiers et environnementaux promis par le badge magique... Les photos publiées dans Le Parisien sont édifiantes : des monceaux de sacs-poubelle...
Face à cet incivisme, le maire n'a pas perdu de temps. Sanction et surveillance rapprochée des citoyens allergiques au badge. Et, bien sûr, ramassages supplémentaire de ces dépôts inattendus... « Les services municipaux ont besoin de 15 à 20 camions par jour pour les ramasser, ce n’est plus possible », confie Marc Sanchez au Parisien, « ces ramassages supplémentaires représentent près de 300.000 euros de perte pour la commune. Nous avons acté des sanctions avec une amende de 1.500 euros. Mais pour plus d’efficacité, nous allons installer des caméras pour un coût de 400.000 euros. C’est un investissement important. » Ah oui ! Ces badges qui devaient permettre de faire des économies se traduisent déjà par un surcoût de 750.000 euros ! Cet été, le Pays basque avait connu les mêmes soucis de dépôts sauvages dus au badge.
Autre raté de la révolution du badge poubelle dans les foyers ariégeois, relaté par La Dépêche : la révolte des célibataires qui découvrent qu'ils vont payer autant que des familles nombreuses, car c'est le nombre de dépôts et non leur poids qui compte, là-bas !
Ailleurs en France, à en croire la presse régionale, les choses semblent mieux se passer avec ce système de poubelles à badge, comme en Dordogne où, après une phase de grogne, les seuls problèmes qui ont émergé concernaient les touristes.
Bon, on peut imaginer qu'avec un peu plus de pédagogie et de souplesse le maire mécontent parviendra à convaincre ses administrés déboussolés par la logique du badge. À un an des municipales, c'est tout ce qu'il faut lui souhaiter.
Frédéric Sirgant