Guerre douanière : l’Inde suspend ses achats d’armes américaines

Le Premier ministre indien, Narandra Moodi, ne s’est pas couché devant Trump comme une vulgaire von der Leyen…

Le 30 juillet 2025, Trump annonçait une augmentation de 25 % des droits de douane sur les produits indiens, portant le taux total à 50 %. Ces mesures punitives ont été justifiées par la hausse des importations de pétrole russe par l’Inde, que Washington juge incompatible avec les sanctions occidentales. L’Inde, qui a cherché à défendre sa souveraineté énergétique et ses relations historiques avec Moscou, considère ces tarifs comme une forme de chantage économique inacceptable.

En réponse, New Delhi vient de décider de geler plusieurs contrats majeurs d’armement avec les États-Unis. Selon des sources gouvernementales indiennes citées par Reuters, la décision concerne plusieurs projets clés :

• Les véhicules blindés Stryker : l’Inde envisageait de se doter de cette plateforme polyvalente de transport de troupes, en partie produite localement via un transfert de technologie.
• Les missiles antichars Javelin : un système de défense de courte portée que New Delhi comptait intégrer dans ses unités de combat léger.
• Les avions de surveillance maritime P-8I Poseidon : conçus par Boeing, ces appareils sont déjà utilisés par la marine indienne, qui prévoyait d’en acquérir davantage pour renforcer la surveillance dans l’océan Indien.

Ces contrats, évalués à plusieurs milliards de dollars, faisaient partie d’une stratégie plus large d’indépendance stratégique, visant à diversifier les sources d’approvisionnement militaire de l’Inde, historiquement très dépendante de la Russie.

Le ministre indien de la Défense, Rajnath Singh, devait se rendre à Washington ce mois-ci pour finaliser et annoncer les accords de défense. Ce déplacement a été annulé à la dernière minute, sans communication officielle, mais perçu comme un signal diplomatique clair du mécontentement de New Delhi. Malgré cette tension, les responsables indiens ont précisé que les discussions n’étaient pas totalement rompues.

Le partenariat stratégique entre la Russie et l’Inde ne peut que sortir renforcé de la guerre commerciale que les Etats-Unis de Trump entendent mener au reste du monde. « Les sanctions américaines rapprochent », titre avec ironie l’hebdomadaire économique russe Expert, qui rappelle que la Russie est aujourd’hui le premier fournisseur de pétrole de l’Inde, devant le Moyen-Orient.

Pour le quotidien russe Novye Izvestia : « La part du pétrole russe dans les importations indiennes est passée de moins de 0,2 % [avant le début du conflit russo-ukrainien] à 35-40 % aujourd’hui. Le pétrole russe bon marché est devenu un rouage essentiel de l’économie indienne, et le retirer sans casse est illusoire. Les raffineries indiennes utilisent le pétrole russe pour exporter des carburants à bas prix. En perdre l’accès, c’est acheter plus cher au Moyen-Orient ou en Afrique, et entrer en concurrence directe avec les pays de l’Union européenne. Cela ferait bondir les prix du transport, de l’énergie et de la logistique à l’intérieur du pays. Le porte-monnaie de centaines de millions de personnes serait également affecté »

Pour l’Inde, il n’y a pas d’alternatives au pétrole russe, estime Andreï Gnidtchenko, chercheur du Centre d’analyse macroéconomique dans une interview accordée à Expert. « Les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole ne peuvent pas remplacer ces volumes dans l’immédiat car ils fournissent de l’énergie aux pays qui ont refusé d’accepter le pétrole russe. »

Trump s’imaginait que les Indiens allaient courber l’échine, comme de vulgaires Européens. Mais pour le gouvernement de Narendra Moodi, céder à Washington reviendrait non seulement à priver l’Inde de revenus considérables et fragiliser sa sécurité énergétique, mais aussi à perdre la face, tant au niveau national qu’international.

Dans le domaine de l’armement, la France pourrait tirer son épingle de ce jeu de massacre, si d’aventure la réaction indienne faisait des émules. Notre pays est en effet l’un des principaux vendeurs d’armes au monde. Selon les dernières données disponibles, la France est devenue le deuxième exportateur mondial d’armes, derrière les États-Unis. Cette position est principalement due à des livraisons majeures d’avions de combat Rafale à des pays comme l’Inde, le Qatar et l’Égypte. Nos canons Caesar, autres produits de l’excellence française, ne demandent qu’à être vendus…

Henri Dubost

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