Extrait d'une tribune de Guillaume Bernard, maître de conférences à l’Institut catholique d’études supérieures, qui revient dans Valeurs actuelles sur la suppression de la notion de détresse pour recourir à l'avortement :
"Cette interprétation officielle et la réécriture du droit font basculer la pratique de l’avortement du drame individuel dans la tragédie sociale. Avec chaque année 200 000 cas (plus de 20 % des enfants conçus), c’est au moins 7 millions d’avortements (pour certaines années, les statistiques ne sont pas fiables) qui ont été, depuis sa dépénalisation, pratiqués en France. Le point commun de chacun de ces actes, c’est bien la puissance publique.
Certes, elle ne contraint pas à l’avortement, mais elle l’organise dans le service public hospitalier, elle le banalise en n’imposant pas de stricte condition pour y recourir, elle le publicise en en faisant supporter le coût à la branche maladie (!) de la Sécurité sociale et elle s’en fait le promoteur en limitant la diffusion d’informations dissuasives. Elle légitime donc l’avortement et en endosse la responsabilité ; elle fait de l’addition d’actes individuels une pratique collective. À l’avenir, les hommes ne pourraient-ils pas juger bien sévèrement cette oeuvre commune de la classe politique ? Ne pourraient-ils pas regarder cette pratique comme génocidaire et ceux qui l’auraient permise et encouragée, coupables d’un imprescriptible crime contre l’humanité ? Après les élections municipales, le Sénat examinera ce texte de loi en seconde lecture. Les parlementaires auront, là, l’occasion de réexaminer la portée de ces dispositions."