La pénurie de main-d’oeuvre est le nouveau serpent de mer des milieux économiques et donc politiques et médiatiques. Nous en avons d’ailleurs fait état dans l’un de nos articles du mois dernier en insistant sur ses liens avec les manoeuvres immigrationnistes dans la perspective du fameux « Grand Remplacement » (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/08/27/penurie-de-main-doeuvre-en-europe-ils-veulent-nous-refaire-le-coup-de-2015/).
Il est d’ailleurs facile de s’en rendre compte lorsqu’on sait que cette pénurie de main-d’œuvre touche toujours plus les services que ce qui nous reste d’industrie. Elle concerne plutôt les emplois relativement peu payés. Elle se trouve dans les interstices du secteur de la construction, des services aux personnes, dans les domaines tendus par le problème des qualifications. C’est toujours le même phénomène en sortie de crise et ce n’est pas un phénomène seulement français. On en parle beaucoup aux Etats-Unis.
C’est d’ailleurs assez logique car, en modifiant les règles d’indemnisation du chômage et un certain nombre de législations sur le coût du travail (notamment le salaire minimum fédéral), comme ce qui a été fait aux Etats-Unis ou en « soviétisant » le marché du travail français pour répondre à la crise, il est normal d’observer qu’en phase de reprise, il y a des tensions. Il n’y a donc pas véritablement de spécificité française en la matière.
C’est un phénomène avant tout conjoncturel. On peut évidemment discuter sur une trame générale de mauvais positionnement de la courbe de Beveridge. C’est-à-dire que le taux de vacance d’emploi n’est peut-être pas là où il devrait être compte tenu de rigidités sur le marché du travail et d’une inadéquation dans les formations. Emmanuel Macron devait mener une réforme de fond sur la formation professionnelle mais… elle ne s’est pas faite. Nous sommes dans un moment de reprise où l’on prétend faire 6% de croissance. Ce chiffre est essentiellement statistique et guidé par une déferlante de dépenses publiques. Mais il n’empêche qu’une économie qui doit normalement avoir 1% de croissance potentielle ne peut pas faire impunément 6%. Il y a une sorte de prix a payer temporaire : un peu d’inflation et un certain nombre de pénuries qui sont liées à une dérive des coûts ou à une perturbation des chaînes de valeur sur des secteurs particuliers.
Pour expliquer l’aspect conjoncturel, il y a deux écoles. Celle qui ne fait que blâmer un manque de formation pour expliquer de nombreux phénomènes et celle, plus pertinente, consistant à dire que la formation a été médiocre depuis des décennies et que ce qui explique le chômage et autres problèmes, est plutôt à chercher dans les choix faits. Notamment parce que les entrepreneurs se battent sur les marchés mondiaux avec un boulet qu’est l’euro-dollar. Ce qui aboutit à une économie à plusieurs vitesses. D’une part, il y a des firmes transnationales qui n’ont pas grand-chose à faire du taux de change et à l’autre extrémité, les services de proximité qui ne sont pas sur les marchés mondiaux donc pas touchés non plus. D’autre part, il y a, au milieu, les entreprises moyennes qui prennent les coups et pour qui la moindre pénurie est un véritable problème.
En réponse, il y a deux solutions traditionnelles : la première consiste à augmenter les salaires, le temps de travail, la productivité; la seconde… à importer de la main d’oeuvre. Cette dernière fut, souvenez-vous, l’argument annoncé par la chancelière d’Allemagne, Angela Merkel, lorsqu’elle vantait en 2015 l’accueil de plus d’un million de migrants syriens, irakiens et quelques autres dont elle prétendait qu’ils étaient cultivés et bien formés ! Comme nous l’affirmions à l’époque et comme elle a dû le reconnaître plus tard, tout cela n’était qu’illusion. Elle a donc décidé de sursoir à la régularisation de centaines de milliers de ces migrants qui se déversent désormais dans les pays voisins et, en particulier, la France.
Chez nous, justement, l’importation de main d’oeuvre étrangère est depuis longtemps la méthode préférée de la plupart des chefs d’entreprises car elle a l’avantage de coûter peu et de rapporter beaucoup ! Bien plus intéressante donc que les augmentations de salaire des employés nés et formés en France ou que les gains de productivité souvent difficiles à améliorer pour beaucoup d’entreprises… Surtout dans les emplois de service. Les exemples sont innombrables depuis le début du vingtième siècle mais se sont gravement accentués après la deuxième guerre mondiale, à partir essentiellement des populations de notre ex-Empire colonial. Ajoutez à cette terrible situation un autre argument lié au vieillissement de nos populations européennes et à la nécessité de compenser, par la même méthode (plutôt que par la promotion de la natalité), ce déficit démographique ! La boucle est bouclée.
Nous en payons un prix exorbitant. Nous y perdons notre identité. Nous y laisserons nos vies.
Le 21 septembre 2021.
Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.