Le but de cet article est de mettre en garde l'opinion européenne contre une guerre avec la Russie. Le train est lancé. Il est peut-être encore possible de l'arrêter (le train est lourd, l'inertie est énorme, et il existe un point de non-retour). Cet article n'a pas pour but d'"influencer les décideurs". Ils savent ce qu'ils font et on a que des ennuis à attendre d'eux (ils ne s'en privent pas). Il s'adresse aux peuples.
La signature (diktat ?) par une incompétente notoire d'un traité inégal sur un terrain de golf écossais se passe de commentaire. Très franchement, c'est même douloureux à observer, un abaissement pareil.
L'auteur de ces lignes n'est pas un politique, mais un géopoliticien. Il a un diplôme de géopolitique. L'ordre de la science n'est pas celui de la politique. Que les politiciens fassent leur travail. L'ordre du politique est celui de la délibération et de la décision. Inutile de refaire ici l'histoire des systèmes politiques expérimentés pour y parvenir au mieux. L'ordre de la science est la recherche du vrai. Si les décideurs décident de faire la guerre à la Russie, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas.
Une guerre avec la Russie serait la pire faute géopolitique qui soit, surtout au XXIᵉ siècle. À part la Slovaquie et la Hongrie, qui ont la capacité de bloquer certaines décisions, le continent européen a décidé en 2022 de s'amputer, puis désormais de se suicider. Il n'y aura tout simplement plus d'Europe après une troisième guerre mondiale. Le suicide de l'Europe commence en 1914, se poursuit en 1939 et s'achèvera entre 2022 et 2030 (la date exacte reste inconnue).
Ce moment semble proche, puisque le président Trump a menacé Medvedev de décapitation.
On déplore soit une absence de lucidité géopolitique chez les décideurs (le pouvoir politique étant celui de la décision), soit une trahison assumée. Il n'y a aucune raison à priori pour qu'un litige local entre Slaves de l'Est dégénère en guerre mondiale.
- La Première Guerre mondiale a transformé en conflit planétaire un différend balkanique entre la Double Monarchie et l'État serbe.
- La Seconde Guerre mondiale a mondialisé la question du corridor polonais (le fameux "Mourir pour Dantzig ?").
- La Troisième Guerre mondiale envenime un problème entre Slaves de l'Est concernant des russophones sécessionnistes, suite à un changement des règles du jeu en 2014.
Ces trois problèmes étaient/sont réels. Aucun ne méritait/ne mérite d'être résolu par des guerres mondiales. Ce sont toujours les diplomates qui n'ont pas été à la hauteur ou qui ont cru pouvoir jouer au plus fin.
Il serait temps de placer la diplomatie sous la surveillance d'un haut collège de géopoliticiens. Écrire de (l'excellente) poésie comme diplomate en Allemagne, alors qu'il faut prendre des décisions engageant le destin de la planète, frise l'inconséquence. On sait aujourd'hui qu'un plan de l'armée allemande existait pour se débarrasser d'Hitler en 1938. Les diplomates auraient dû le savoir et, dans ce cas jouer la carte de la fermeté. Mais quand on taquine la muse dans les bureaux... Laisser la puissante industrie tchèque à l'Allemagne fut une lourde faute. Ces diplomates sont-ils compétents ?
Aucune de ces guerres atroces n'en valait la peine. La Double Monarchie a disparu, la Pologne s'est retrouvée sous protectorat soviétique, et l'Ukraine risque purement et simplement de cesser d'exister. La Russie a certes atteint ses objectifs de guerre en 1945, mais au prix de 27 millions de morts. On ne peut pas appeler cela une victoire. L'Empire britannique vainqueur s'est effondré en cinq ans. Une victoire à la Pyrrhus ne mérite pas ce nom. Paradoxalement, grâce à l'armistice (que les Allemands ne souhaitaient pas) et à de Gaulle, la France s'en est sortie relativement mieux que l'Empire britannique (siège à l'ONU, zone d'occupation, empire préservé jusqu'en 1960, puis Françafrique).
Les diplomates ont déjà plus d'un million de morts sur la conscience. Si l'on ajoute la Syrie, la Libye et le Mali, Gaza, le sang suinte de partout. C'est "Macbeth". On ne voudrait sincèrement pas être à leur place.
I : Envoyer l'âne réticent à l'abattoir : le savoir-faire de la propagande.
Les raisons qui ont poussé le bloc occidental dans l'engrenage sont connues, mais ce n'est pas l'objet de cet article.. La méthode traditionnelle du cliquet a été utilisée : d'abord une aide humanitaire, puis des armes défensives, puis du vieux matériel soviétique, puis des chars légers, puis des chars lourds, puis des missiles avec lignes rouges, puis des missiles sans ligne rouge, puis des opérations terroristes. Pas trop vite : comme d'habitude, on y va lentement pour anesthésier la gren .. euh l'opinion publique. Cela laisse aussi le temps de marteler la propagande et donne une impression d'inéluctabilité. "Toute résistance est inutile."
Après des simulacres de conférences de paix avec des positions de départ irréalistes et parfois sans le principal protagoniste, "le temps des négociations est terminé", selon les propres mots du chancelier allemand. Acte en est pris. L'Allemagne, protectorat sans indépendance réelle, obéit probablement à des consignes extérieures. La destruction du gazoduc Nord Stream 2 par "personne", et le silence gêné du gouvernement allemand, ont sonné le glas de ses velléités d'indépendance économique. Quant à la France, son démantèlement depuis 2008 a liquidé l'héritage de 1945 et de la période gaullienne. De fait, c'est un pays quasi vassalisé. Notons que son retour dans l'OTAN a commencé sous Jacques Chirac, pourtant issu de la mouvance gaulliste.
Le gaullisme signifiait l'indépendance nationale, c'est-à-dire la liberté de faire ou de ne pas faire (comme autoriser ou non le survol de l'espace aérien français lors de la première guerre du Golfe).Aujourd'hui, la France a le pouvoir d'accepter ce que l'OTAN ou l'UE lui demandent de faire. Tout sauf l'indépendance. Mais qu'on bien pu faire les politiques pendant des décénies ?
Nous nous acheminons non plus vers un conflit limité entre l'Ukraine et la Russie, mais vers une guerre directe entre l'UE/OTAN et la Russie.
On ne peut pas nous reprocher d'avoir changé d'avis, car nous n'avons cessé de mettre en garde contre ce scénario depuis plus de dix ans.
L'UE a enfin trouvé une raison d'exister : se réarmer et en trouver les financements (endetter les Etats-membres pour un demi-siècle).
Si l'on tire un âne vers le précipice, il résiste de toutes ses forces. Il accepte de porter un fardeau, car c'est un âne, mais il refuse de mourir. Les peuples européens, en revanche, avancent vers le précipice comme des somnambules.
En 1985, le déploiement des SS-20 et, en réponse, des Pershing américains avait provoqué des manifestations de millions de personnes. L'âne n'était pas encore sous sédatifs.
Pour créer une apathie suffisante, il a fallu affaiblir les cultures nationales en détruisant l'école. L'excellence est mal vue. Il faut être le plus médiocre possible.
Les jeunes Français ne savent déjà plus ce que représente le 14 Juillet. C'est pire encore aux États-Unis. Il est facile de comprendre qu'un peuple ne peut exister si ses traditions et sa culture sont effacées. Il ne reste que des individus dépulpés du cerveau évoluant dans une "expression géographique" appelée "France", "Allemagne", "Italie", etc., cherchant à profiter d'opportunités, d'emplois et de distractions. La langue commune est un anglo-américain basique, langue de l'occupant. Il faut être "cool". L'étalon, c'est l'argent. On vaut ce que l'on possède. Le fric, le fric et le fric.
Le nomade digital et le migrant sans racines sont à l'avant-garde de cette tendance.
On est déjà loin des "déracinés" de Barrès.
Pendant que les peuples abrutis s'en prennent à leurs élites naturelles, croyant ainsi se libérer et "secouer le joug", une nouvelle aristocratie prend leur place. Il n'est pas certain que les peuples y gagnent. Il se retrouvent plutôt plus asservis que jamais par leur ou leurs crédit(s), pensée unique, normes et standardisations multiples. .
L'Occidental terminal, anesthésié, piqué et bientôt pucé comme du bétail, obéit à des injonctions pavloviennes pour citoyens au QI de trois ans : "Je fais, je coche, je remplis, je demande..." La proportion d'analphabètes augmente, ce qui ne dérange en rien la nouvelle aristocratie – bien au contraire. Plus le cerveau est vide, plus la propagande s'y installe (la nature a horreur du vide). Aujourd'hui, la propagande se résume à "Poutine". Non pas le président d'un pays immense, riche et complexe, mais juste "Poutine". Les relais de propagande n'ont plus honte de rien. Ce n'est même plus de la guerre informationnelle, c'est du bourrage de crâne. De la pâtée pour chiens.
Quant à la recherche honnête de la vérité, dans le respect mutuel et dans des débats courtois avec des points de vue variés, elle semble appartenir à un autre siècle.
Chomsky avait écrit "La Fabrique du consentement" à l'époque de la guerre du Timor. Nous en sommes loin. Plus besoin de techniques sophistiquées : le slogan du jour est copié-collé des milliers de fois, et ça marche. Pourquoi se gêner ?
La propagande du "Bloc" a décidé de "vendre", contre toute logique, une guerre contre la Russie. C'est le programme de la décennie. On nous reproche de remonter loin dans le passé, mais c'est nécessaire : ce fut la même chose avec Guillaume II (le "Hun") en 1914-1918, puis avec "les hordes" d'Hitler en 1939-1945. Les bureaux de propagande de Londres et Washington ont tourné à plein régime. Même Mickey et Donald y ont contribué. Et ça a marché ! Les populations américaines de 1914 et 1939 étaient très réticentes. Une partie notable était même d'origine allemande. On sait aujourd'hui que le Lusitania transportait bien des armes, et que les Allemands avaient averti les passagers de ne pas prendre ce bateau.
Certains affirment que Pearl Harbor a été provoqué. Quoi qu'il en soit, ceux qui l'affirment ont le droit de le penser. Ce qui est sûr, c'est que cet événement est "bien tombé" pour motiver des Américains peu enthousiastes.
Aujourd'hui, la propagande a une tâche plus difficile : vendre aux peuples leur auto-destruction. Il faut y aller doucement, mettre des œillères à l'âne et le droguer un peu.
Bien sûr, ce portrait de l'homme abêti terminal est caricatural. Il reste des gens instruits et cultivés, capables de discernement, mais ils sont de plus en plus rares, prudents, âgés, et hors de la vie active. À l'Ouest, ceux éduqués avant 1980 tiennent encore la route. On trouvera chez eux de bons livres et une capacité à comprendre une pensée complexe. Ceux formés après 2000 ont peut-être le dixième du niveau intellectuel des années 1950. À l'époque, lire le latin n'était pas exceptionnel. Jusqu'au XIXᵉ siècle, c'était la langue des thèses doctorales. Le certificat d'études du début du XXᵉ siècle laisserait sur le carreau nombre de bacheliers actuels incapables de simplement comprendre les questions. La régression de l'Europe est évidente. De plus en plus de gens se contentent de vidéos et ne lisent plus.
Le "déclin de l'Occident" est d'abord intellectuel, puis moral. Les "sciences morales et politiques" ne sont plus guère en vogue. Qui ne lit pas les auteurs fondateurs de la culture européenne aura peu de chances de rester européen. L'Europe n'est pas les États-Unis.
La Russie est authentiquement européenne et russe, tandis que les États-Unis ne le sont pas, et le Canada seulement de façade.
Une guerre d'une partie de l'Europe contre une autre relève de la maladie auto-immune. Deux guerres mondiales n'ont donc rien enseigné à ce continent ?
La France, l'Italie et l'Espagne pourraient encore peser pour la paix, si les "prudents de ce siècle" sortaient un peu de leur zone de confort. L'Allemagne, elle, a une marge de manœuvre très faible. La tentative d'alliance franco-allemande lancée par de Gaulle a échoué. C'est ce que Guillaume II avait proposé après 1880, sans succès.
Les bureaux de propagande doivent donc convaincre le mougeon vieillissant que :
1. La Russie n'est pas l'Europe. Un ramassi d'asiatiques avinés. Une station essence rouillée.
2. La Russie se laissera anéantir sans réagir ;
3. L'Ukraine est un paradis démocratique qui mérite vraiment qu'on meure pour elle.
Or :
2. La Russie ne se laissera ni décapiter ni envahir. Sa doctrine nucléaire a été adaptée face aux "proxys". Les Russes ne bluffent pas.
3. L'Ukraine, peuple européen incontestable, incarne aujourd'hui l'inverse des valeurs européennes (état de droit, libertés, pluralisme...). C'est une gigantesque prison- lessiveuse à argent.
II. Quelques repères chronologiques : replacer l'actualité dans le temps long
Pour nous, les périodes 800-843, 1789-1815, 1914-1919 et 2001-2005 sont les quatre articulations majeures de l'histoire européenne. La Seconde Guerre mondiale est la réplique sismique de la Première. Lloyd George en était conscient. Le traité de Versailles de 1919 est la racine de nombreux maux, contrairement à celui de Vienne en 1815, qui fut stabilisateur (comme les traités de Westphalie).
- 800-843 : Création de l'espace carolingien, base de la culture européenne latine du Moyen-âge, des maisons ducales ou royales qui ont formé les principaux états (sauf la Suisse). Le sommet culturel se situe, selon Spengler, au début du XVIIIᵉ siècle (entre J.S.Bach et Mozart). Nous sommes déjà très loin dans la décadence.
- 1789-1815 : L'ébranlement révolutionnaire et impérial, endigué par la Sainte-Alliance.
- 1914-1919 : L'effondrement des Empires et dynasties millénaires, victoire des républiques nationales (l'URSS étant un cas à part).
- 2001-2005 : La fin des États-nations et la vassalisation de l'Europe au "deep state" transatlantique par le traité de Lisbonne (sauf la Russie).
La guerre qui vient vise à casser et digérer la Russie, comme les États-nations européens l'ont été avant elle.
Une autre guerre mondiale signerait l'acte de décès de l'Europe. Il n'y aura plus d'Europe (seuls quelques finistères survivraient peut-être). Le choix appartient aux Européens, mais leurs institutions ne bougeront pas.
Gaza est une préfiguration de ce que deviendrait l'Europe après une guerre totale. Les bombardements stratégiques de 1943-1945 et Varsovie en 1944 ne sont que des avant-goûts. Le monde s'indigne à juste titre pour Gaza, mais cela reflète l'esprit du temps : "On rase tout." Une vie ne vaut plus rien (ou a même une valeur négative).
En Ukraine, chaque village pris par les Russes est un Douaumont. Une gigantesque "zone rouge" aux sols pollués, impropres à l'agriculture, se forme dans les meilleures terres du monde. Cela ne semble déranger personne.
Personne ne bronche devant les millions de tonnes de CO² que produit la guerre (on précise que le CO2 est excellent pour la biosphère).
Des militaires compétents pourraient dire si ce scénario s'appliquerait à un affrontement UE-Russie. Les satellites et drones semblent rendent la guerre de mouvement très difficile. Le front avance donc lentement, détruisant tout. Combien de temps durera une telle guerre ? Assez pour qu'il ne reste plus d'Europe.
Les États-Unis, après avoir plumé l'UE, assisteraient à sa destruction totale, achevant le "job" commencé en 1917. Croire qu'ils veulent notre bien relève de la sénilité ou de la trahison. "Être l'ennemi des États-Unis est dangereux ; être leur allié est fatal" (Kissinger).
La Grande-Bretagne s'est fait plumer par Roosevelt en 1941. "Nous sommes alliés donnez-nous tout ". Avec de tels alliés... Les chancelleries européennes jouent un jeu cynique et dangereux, croyant échapper au même sort. Il n'y aura pas de quatrième chance. L'Allemagne la première, notamment, court à la catastrophe. Son destin sera celui de Carthage.
— L’ombre de 1914 et de 1939 —
Si 99,99 % de la population mondiale ne veut naturellement pas la guerre, de très petits cercles riches, influents et manipulateurs la souhaitent ardemment. En 1914, il était inconcevable que l’Autriche-Hongrie ne réagisse pas vivement à l’assassinat de son héritier. À l’époque, cela paraissait évident et admis par tous. Les pyromanes jouent sur des réactions prévisibles : une action en entraîne une autre, puis une autre encore. Si tout se déroule comme prévu, le manipulateur se frotte les mains : les peuples se sont entretués, et les marchands de canons ont prospéré. Le philosophe Alain est impopulaire parce que ses "Propos" ont condamné ces profiteurs planqués à l’arrière. La Bourse peut monter. Et les peuples paient la note, d’une manière ou d’une autre : hyperinflation, réquisitions, travail forcé, disette ou famine, conscription, destruction des infrastructures, dettes pour les générations futures.
L’hyperinflation de l’Allemagne de Weimar devrait être étudiée de plus près. C’est le futur qui attend 450 millions d’Européens. "Que vais-je acheter avec ma pension, mon salaire non indexé ou mes allocations si 250 g de beurre coûtent 10 000 euros ? Pour qui vais-je voter aux élections suivantes ? Pour quel parti et quel programme ?"
En 1914, l’engrenage s’est déroulé comme prévu. La seule inconnue était la position française : le voyage de Poincaré à Saint-Pétersbourg a permis de sceller l’accord. Il est avéré que le fameux "Livre jaune" a été notablement falsifié a posteriori. La mobilisation russe a précédé celle de l’Autriche. Le pays directement responsable de la Première Guerre mondiale (la cause des effets) n’est certainement pas l’Allemagne, mais la Russie. Cela explique l’indignation profonde en Allemagne face à la clause du traité de Versailles lui imputant l’entière responsabilité du conflit. L’Allemagne a commis d’autres crimes (invasion de la Belgique, usage des gaz de combat), mais pas celui-là.
En 1914, le gouvernement britannique ne voulait pas la guerre, mais le pouvoir réel résidait dans des cercles fermés, des clubs influents. Si l’Allemagne violait la neutralité belge – dont elle était elle-même garante –, on pouvait provoquer l’indignation vertueuse propre aux démocraties d’opinion et pousser l’Angleterre à entrer en guerre, puisqu’elle était garante de cette neutralité. À l’époque, la signature d’un État valait encore quelque chose. À notre connaissance, aucun complot anglais n’a pu être prouvé (ils ont le réflexe de brûler systématiquement leurs correspondances potentiellement compromettante), pas plus qu’une fuite du plan Schlieffen. Certes, un général autrichien avait vendu des plans aux Russes, mais les Allemands ne partageaient pas tous leurs secrets avec Vienne.
Reste qu’il était impossible de faire passer plusieurs armées par la Belgique sans logistique appropriée. Et les espions veillaient. Si les agents allemands constataient que l’or français finançait l’accélération du rouleau compresseur russe (accélérez la mobilisation, accélérez !) , les espions français, eux, remarquaient l’allongement des quais près du Luxembourg, un camp militaire surdimensionné à Malmedy, etc.
Quant à l’entrée en guerre de l’Italie contre son allié, ce fut un remarquable exercice de relations publiques : toute l’intelligentsia britannique et les souffrances belges furent mis à contribution. La propagande, ça marche ! L’Angleterre en fut la pionnière.
La Première Guerre mondiale est le premier conflit contemporain où la propagande a joué un rôle central. La Seconde Guerre mondiale l’a élevée au rang d’art. Depuis, les maîtres en "media studies" ont perfectionné les techniques. Tout est devenu propagande scientifique : le cerveau de chaque citoyen est un champ de bataille. L’épisode Covid l’a démontré amplement. Ceux qui ont résisté sont les héros de Verdun des temps modernes.
Les travaux de Pavlov sont désormais démocratisés : « J’achète », « j’active », « je remplis », « je souscris ». De préférence en orange marketing. Pour l’instant, ça fonctionne plutôt bien.
L’histoire est-elle obsolète ? En 1939, l’Angleterre avait secrètement donné des assurances inconditionnelles à la Pologne (On vous couvre « Faites semblant de négocier »). Or le problème était très sérieux : 60 000 allemands avaient été déjà massacrés et 90 000 étaient dans des camps à la frontière, désespérés, à la merci du prochain massacre. Ça ne rapelle rien ? La "communauté internationale" d'alors regardait ailleurs, comme la "communauté internationale" de 2014 à 2022 n'a pas voulu voir les bombardements contre les civils du Donbass. Il a fallu deux longues années, pour qu'elle accepte, avec beaucoup de réticence, de voir Gaza. Beaucoup de similitudes. Où était la France et la protection des minorités inscrite dans le traité de Versailles ? Où est aujourd'hui le droit d'ingérence humanitaire (il n'existait pas en 1939).
Le respect de l'intégrité territoriale des états n'autorise pas ces états à liquider une partie de leur population. La cause russe pose une vraie question de droit international.
On ne répond pas à des questions lêgitimes par le mépris et l'ostracisme. C'est parfaitement stérile. On précise la charte des Nations Unies.
"Faites semblant de négocier" : le même scénario de 1939 s'est reproduit avec les accords de Minsk 1 et 2. La diplomatie russe a encore à apprendre. On appelle cela "se faire rouler dans la farine". Que vaut la signature des États si elle n'est pas contraignante ? Il n'y a plus d'ordre international.
Ces lignes veulent souligner que les manipulateurs de l'ombre et les marchands de canons existent bel et bien, et que certains veulent une guerre mondiale. Ils cherchent simplement à en maîtriser l'intensité (moyenne intensité le plus longtemps possible) pour maximiser leurs profits.
III : L'UE/OTAN de 2025 ne gagnera pas une guerre contre la Russie
L'histoire est faite par des peuples jeunes, vigoureux, guidés par des élites ambitieuses, intègres et compétentes. L'Europe n'est ni jeune, ni vigoureuse, dirigée par des non-élites incompétentes et corrompues. Pour subsister, elle devient la RDA, et sa médiocratie totalitaire rivalise avec l'URSS de Brejnev. On étouffe !
Amendes exorbitantes, emprisonnement, voire assassinats dissuadent les dissidents. Ces sociétés qui nient les besoins fondamentaux de l'homme - liberté de pensée, de conscience, d'expression - ne produisent que du médiocre. Après allégeance (scellée parfois par un chantage sexuel), on se retrouve promu à un poste où l'on brille par son incompétence crasse (de Crassus dans l'histoire romaine). Toute l'énergie se perd en réunions stériles, innovations factices et maquillage des échecs.
Aux États-Unis, les phénomènes Biden, Harris ou Obama sans téléprompteur montrent qu'il n'y a plus de fond. L'histoire de l'Empire romain nous montre jusqu'où cela peut aller.
Cette UE, modèle d'honnêteté et de compétence, n'a ni les moyens humains, ni matériels, ni financiers pour gagner une guerre contre la Russie en 2025. Il s'agit d'une amputation, d'une impossibilité matérielle, et finalement d'un suicide.
A : La guerre contre la Russie est une amputation.
Le continent européen est un. Une culture, mais des peuples et États divers. L'UE est une mauvaise idée qui ne peut mener qu'à l'UERSS. L'histoire montre un continent politiquement divisé - et c'était une force. Rousseau chassé de France trouva refuge en Suisse. Sans ce morcellement, Luther aurait-il pu exister ? Certainement pas créer une religion.
Ce morcellement créait une émulation entre micro-États, particulièrement en Italie et Allemagne. Non pas une ville-joyau, mais des milliers. Excellent ! L'Europe compte 200 à 300 langues. Parfait ! Et la Russie y a sa place entière. Beaucoup estiment même qu'on se sent plus en Europe en Russie qu'en Europe de l'Ouest. Sa culture est immense - impossible à résumer ici. Wikipédia n'en donne qu'un aperçu partiel.
Retrancher la Russie de l'Europe relève de la névrose. Elle constitue déjà un tiers du continent. Avec l'Asie, c'est le plus grand pays du monde. Braudel la qualifie d'"économie-monde". Les dirigeants européens ne peuvent comprendre la mentalité russe qui dépasse leur médiocrité : cet espace immense, autarcique, avec une langue admirable, une culture suffisante pour trois vies. Pour Spengler (Allemand), le roman européen le plus pur est "Anna Karénine". Tourgueniev incarne l'écrivain classique occidental. Pour apprendre le dessin, mieux vaut aller à Saint-Pétersbourg qu'à Paris. A Paris en 2025, on apprendra à mal dessiner et à produire des phallus à poser dans quelque lieu à souiller.
La Russie est un pays d'excellence européenne, ce que furent les nations européennes au XIXe siècle. L'Europe décadente et jalouse veut faire la guerre au dernier bastion de la vraie Europe. L'UE est en vérité la négation de l'Europe - d'où sa haine des vrais Européens qui résistent encore.
**L'ordre des choses**
La notion d'ordre est cruciale. Un contentieux politique est une chose, mais la culture et l'économie relèvent d'autres ordres. Pourquoi un producteur d'amandes italien devrait-il souffrir parce que son client est russe ? En quoi le conflit ukrainien concerne-t-il un chef d'orchestre russe invité en Italie pour diriger des oeuvres de Verdi, Ravel et TchaIkovski composées avant l'existence de l'UE ?
Un pouvoir tyrannique sort de son ordre. Que l'UE de von der Leyen laisse les Européens visiter l'Ermitage en paix !
L'idée d'asphyxier économiquement la Russie en coupant ses revenus pétroliers est absurde. Ces dirigeants sont stupides. C'est le Parlement européen qui les a placés là. L'économie russe, contrairement à l'économie britannique ouverte, tend naturellement à l'autarcie. "Vous ne voulez pas de notre pétrole ? Pas de problème. Nous l'utiliserons chez nous." L'UE se tire une balle dans le pied. La Russie en a vu d'autres. Pour l'instant, ce sont les Européens qui souffrent du froid et de factures exorbitantes. En Yakoutie, il fait bon à -50°C. Les sanctions ? Elles libèrent des niches que les Russes occupent. Très bien ! Continuez surtout avec vos sanctions ! Les politiques de subtitution aux importations ne sont en général pas si faciles à mettre en oeuvre. L'UE aide la Russie. .
Cette hystérie anti-russe ne cache-t-elle pas une jalousie des nations qui, depuis 1914, n'ont cessé de s'autodétruire, rejetant leurs hommes providentiels (de Gaulle) ? Depuis 1999, les Russes ont Poutine et visiblement ne veulent pas s'en débarrasser. D'où cette jalousie malsaine. S'en prendre à Tolstoï, Pouchkine, Dostoïevski ou Tourgeniev (qui n'ont rien à voir avec le Donbass) relève de la psychiatrie. Il y a UNE civilisation européenne, avec des peuples et nations divers. Couper culturellement la Russie de l'Europe est une amputation.
B : Une guerre victorieuse contre la Russie est impossible.
"Le feu tue." Il a fallu un an à Joffre pour le comprendre en 1915. La guerre en Ukraine est un 14-18 amélioré : tranchées, duels d'artillerie. La différence ? Le tir ajusté par les drones (il y avait des ballons en 1914) et les belligérants sont inégaux. L'Ukraine n'a aucune chance sans transferts massifs de matériel occidental. "Massif" signifie vraiment massif. Or l'UE a déjà donné tout ce qu'elle pouvait pour stabiliser temporairement le front. L'Europe n'a visiblement pas de "surge capacity" (capacité d'accélération). Les Russes, eux, l'ont prouvée.
Depuis les années 1990, les politiques se lamentent sur la désindustrialisation. Il reste des vestiges. Il ne s'agit plus de réhabiliter des friches industrielles qui n'existent plus, mais de tout reconstruire. Mettons qu'on ait la volonté, les financements et une formation professionnelle adéquate : reconstruire une industrie de défense prendrait 10 ans. Où en sera l'industrie russe d'ici là ?
Comment les "élites" européennes comptent-elles imposer à leurs populations une économie de guerre et des restrictions ?
C’est Assange qui a compris l’essence de la guerre occidentale contemporaine : elles ne sont pas faites pour être gagnées mais pour durer et pour blanchir le plus d’argent possible. La guerre reste très rentable, mais il faut savoir pour qui. On s’achemine en Ukraine (si l’Ukraine tient !) vers une autre guerre limitée offrirant à la Russie un entrainement gratuit aux normes OTAN-NATO (Tout bénef pour la Russie qui en ressortira renforcée) et à l'Ouest à une myriade de contractants publics et privés beaucoup d'argent qui ira se placer dans les comptes des paradis fiscaux du neo-empire financier britannique (tout bénef pour certains). La guerre contre » Poutine » permettra de museler et d’asservir un peu plus les populations d’Europe (tout bénef pour l'UE) . On ne dit pas que la guerre ne fera pas des heureux mais que penser la gagner est une vue de l'esprit. Quand à la propagande, ça lui fera beaucoup de travail « Economisez l’eau pour emmerder Poutine ». Pathétique mais … si ça marche, on aurait vraiment tort de s’en priver.
La Stasi du moment trouvera tous les indics dont elle a besoin. La délation sera massive. Le Coronavirus a servi de test : ça marche bien. Arrêtez d'appeler ! Dans 1984, on boit un très mauvais Gin, le seul alcool qui reste. Les ressources passent dans une guerre lointaine et pas dans le bien-être des populations. L’écran omniprésent est là pour « surveiller et punir ». Tout est sous contrôle.
Quel pourcentage de la population a seulement lu 1984 d’Orwell (sans parler du reste) ? Parmi ce pourcentage, quelle fraction essaie au quotidien de trouver les moyens de résister (on ne demande pas aux lecteurs de se faire éborgner ou de s’appeler Assange ! ) mais au moins de couper la prise de la télé. Un geste cathartique net et décisif. « oui mais gna gna gna, le match de foot ... ». « Ils » ne le feront jamais.
Le taux de pertes ukrainiennes (les chiffres varient et fait partie de la guerre de l’information ) est à peu-près de l’ordre de grandeur de 1000 par jour (+ ou- 30%) du côté ukrainien. Penser que ce serait significativement différent avec des européens (les ukrainiens sont des européens entrainés aux normes OTAN) n'a pas de fondement. Le nombre exact n’a pas beaucoup d’importance dans une guerre d’attrition. C’est à peu-près autant que la France pendant la première guerre mondiale pour la même population et la même superficie. La France à mis deux générations pour se relever des ses 1 400 000 morts. (18 % des incorporés tués, 15 % pour l’Allemagne) – il faudrait/dra avoir le pourcentage ukrainien et russe tués par rapport aux incorporés.
La Russie qui n’utilise qu’une fraction de son armée (10%) a les moyens de continuer indéfiniment son opération car elle a les matières premières, les finances, les usines, le personnel. les cadres. L’UE ne les a pas (au moins maintenant).
L’UE-OTAN doit savoir ce qu’il veut : veut-il prendre le relais de l’Ukraine et passer à la broyeuse à son tour ou veut-il l’éviter. Les russes ont clairement fait savoir qu’ils ont le temps.
L’Otan réduit à l’UE (on a bien compris que les Etats-Unis veulent rester en dehors, tirer les ficelles et empocher le maximum de contrats militaires). 1 ; est-il disposé à faire la guerre à la Russie. 2 : En a t-il les moyens (ou peut-il se les donner rapidement). Il est inutile de prêter de l’argent à l’Ukraine : elle ne pourra jamais le rembourser. Ce sont des dizaines de milliards par an à fond perdu. Chaque européen doit savoir qu’il contribue effectivement à l’effort de guerre ukrainien. Le chiffre officiel est de 120 milliardsd’euros soit à peu-près 300 euros par européen. Cette moyenne ne signifie par grand-chose car l’Europe de l’Ouest paie beaucoup plus et se rajoutent les effets indirects (augmentation des dettes, report des investissements, augmentation de l’énergie, coût des réfugiés etc... ).
S’est mis en place un mécanisme lucratif de transfert de la richesse européenne vers certaines poches ukrainiennes et européennes. Les européens sentent déjà la différence. Qu’on imagine ce que ce serait en cas de guerre, même strictement conventionnelle entre l’UE et la Russie.
Les sponsors occidentaux qui poussent l’Ukraine à l’intransigeance ne sont pas au rendez-vous quand il s’agit de livrer les milliers de chars, d’obus et de canons qui rendraient cette intransigeance efficace. Les sponsors occidentaux sont en train de liquider toute la population male ukrainienne. Il ne restera que les femmes et les enfants (le régime n’a pas encore osé les envoyer au front. Le précédent de la Volksturrm en 1945 montre que ce n’est qu’une question de temps).
Avec satellites, drones, hélicopteres, aviation, le tir devient d’une efficacité redoutable. Le problème majeur de la guerre de 1914-18 (régler le tir de l’artillerie) est résolu. Le drone sert autant à frapper qu’à régler le tir en temps quasi réel. C’est un massacre pour le matériel et les troupes ukrainiennes. Reste la forêt et la dispersion. Même la tranchée doit être couverte. Le chiffre de 15 à 18 % des incorporés tués ne sera-t-il pas encore plus élevé ?
Certains se moquent des « généraux – Gamelin ». C’est un peu injuste pour Gamelin. Quand les allemands ont suivi à la lettre les instructions du manuel français, ils ont été brillamment défaits (en Lorraine par exemple). Parbleu ! Ces allemands qui ne respectent pas le règlement bureaucratique de l’ennemi ! Le livre de March Bloch « cette « étrange défaite » montre bien comment tout était prévu dans le moindre détail (sauf l’imprévu).
Gamelin n’était pas responsable de la décision politique absurde de construire une ligne Maginot qui s’arrêtait à la frontière belge. Il faut lire « un balcon en forêt » de Julien Gracq : « c’est avec ça que vous voulez arrêter l’armée allemande » en montrant une maison forte pulvérisée d’un coup de canon à la fin de l’hydile bucolique et forestière des mois précédents « Mon capitaine, on fait une guerre de cons ! ». L'UE veut-elle marcher sur les traces de la glorieuse campagne de 1940 ?
On nous accusera de faire du mauvais esprit et de l’ironie mal placée. Pas du tout. L’UE est un monstre bureaucratique. Cette structure est parfaitement capable de se faire battre contre la Russie. Certains diront qu’on en serait au moins débarassé. Cette structure’est un gigantesque parasite. La France et l’Allemagne, qui paient le plus, sont les pays qui voient leur ponts s’effondrer, leurs trains jamais à l’heure et des migrants se promerner dans les rues avec des machettes ou des tronçonneuses, comme si les choses devaient être ainsi. « ils ne disent rien ! Pourquoi se priver ? ».
Une guerre contre la Russie ne ferait qu’aggraver cette régression. Les pays plus proches du front profiteraient peut-être, localement de l’aubaine des milliards déversés, et les Etats-Unis qui se positionnent comme en 1914-18 et 1939-45 comme grands bénéficiaires.
Si l’OTAN décide une guerre de longue durée avec la Russie, il n’est pas difficile de comprendre que la Russie tentera de couper l’Europe de ses sources de matières premières : diplomatie russe active au Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afrique Noire. Sans le pillage de l’Afrique, l’Europe n’est plus grand-chose.
Si les armes et les hydrocarbures viennent des Etats-Unis ou des pays du Golfe, il n’est pas difficile de prévoir que les navires ou avions seront des cibles militaires légitimes. Si les houtis parviennent à couler des navires et à tenir en échec les Etats-Unis, on imagine le carnage si la Russie décide de faire la guerre sérieusement (en Ukraine, on a juste un corps expéditionnaire).
L’Angleterre joue un rôle moteur dans cette guerre ukrainienne. Or ce pays a excellé dans les guerres d’attrition et la création de coalitions, au temps ou sa production industrielle n’était pas négligeable. En 2025, que reste-il des capacités de production de guerre en Europe ? Ce ne sont pas les bureaucrates qui produisent les obus mais des industries qui emploient des ouvriers et utilisent des matières premières et de l’énergie en grande quantité. Il faut aussi une logistique, des entrepots. Les russes ont tout ça, en Oural et en Sibérie occidentale, à l'abri, très loin de leurs frontières.
Les européens sont forcés d’acheter à des coûts prohibitifs du matériel militaire américain. On sait que sans l’aide américaine et de l’OTAN, la France et la Grande-Bretagne étaient déjà incapables de terrasser Khadafi de Libye. Ca donne un ordre de grandeur. On est plusieurs magnitudes en deça de ce qui est nécessaire à un conflit avec la Russie.
La Russie est un adversaire très sérieux. Quel prix sont près à mettre les élites pour être simplement à parité avec la Russie ?
La guerre contemporaine est extrèmement technologique. Il faut des années pour faire un soldat et il faut le matériel adéquat (horriblement cher) en quantité suffisante (au minimum par milliers).
Or, les pertes matérielles et humaines commencent à atteindre des niveaux insoutenables.Les pertes sont colossales.
Ne pas se perdre dans le nombre : en mai 1940, l’ensemble de l’armée française comptait 3700 chars, les allemands 2500. Les français 10700 canons et les allemands 7000. Les français 1100 avions contre 4000 pour les allemands.
On laisse prudemment les états-majors minimiser leurs pertes et maximiser celles de l'ennemi. Il n'y a pas de recul suffisant. Ce qui est certain, c'est que tout le matériel de 1940 y est déjà passé en comptant les missiles et les drones d'attaque comme des avions.
Comparer des armées à 80 ans de distance a peu de pertinence. Une chose certaine est que les pertes ukrainiennes et de l'OTAN sont irrémédiables. La Russie, elle produit ses armes et ne diminue pas simplement ses stocks. L’existence des missiles de croisière russes ne fait qu’aggraver la situation : ils frappent les dépôts de munitions, casernes, arsenaux, centres de commandement et d’entrainement. Les missiles à longue portée ne changeront pas grand-chose. Comme en 1941, les russes déménageront les usines derrière l'Oural tandis qu'ils montrent au quotidien qu'aucun point du territoire ukrainien n'est à l'abri.
Rappelons que la « révolution du Maidan » avait été vendue avec l’argument « le lait sera moins cher avec l’UE ». C'est le point de départ. Le lait moins cher bu par qui si tout le monde est mort ou exilé ? ?
D’ailleurs, une Ukraine vide ne ferait-elle pas finalement l’affaire de certains ? L’idée d’en faire un gigantesque « Middle-West » hypermécanisé pour exporter la plus grande part de la production est séduisante. Dans cette géopolitique à l’échelle de la planète,la population ukrainienne a-t-elle la priorité ? Il ne faudrait pas qu’elle mange trop ! On retrouve l’équation de 1934 et de 1941 : presser le citron (plus ou moins fort).
« Nous travaillons tout le temps mais on ne voit pas le résultat » Phrase que nous entendîmes à Lviv avant la "révolution" de 2014. Si on leur vole le fruit de leur travail ...
L’Ukraine est un laboratoire de ce qui attend les pays de l’Europe de l’ouest et centrale si on laisse faire l’empire corpocratique prédateur américain.
Quand des généraux sont envoyés sur le front médiatique pour vendre une guerre OTAN-Russie, une ligne rouge est franchie. L'armée, "grande muette", doit traditionnellement garder sa réserve. Ces généraux discréditent l'armée. Ils feraient mieux de préparer des plans de défense pour tous les scénarios. Recruter, former, équiper une armée nationale n'est pas mince affaire. La Suisse y parvient. L'armée française en Afghanistan ou au Sahel a fait du travail disons correct. La qualité compte, mais la quantité aussi - ainsi que les munitions et la logistique. Maintenir des stocks élevés (20 jours de munitions en France actuellement) et des lignes de production est légitime. Un musée sans gardiens attire les voleurs ou les vandales. Dépenser quelques % du PIB pour sa défense n'est pas de l'argent jeté par la fenêtre. Contre la Russie, par contre, ce sont des dizaines de % du PNB qui sont nécessaires et donc une vraie économie de guerre. La Russie n'est ni le Sahel ni l'Afghanistan. Les européens sont-ils prêts à payer ce prix ?
Conclusion : quelle paix possible ?
Depuis 1914, le continent européen s’est engagé dans une série de guerres fratricides et suicidaires. Les Suisses l’ont particulièrement bien perçu durant la Première Guerre mondiale.
Les soldats européens ont consenti un dernier sacrifice pour la "der des der". Pour eux, ce n’était pas un slogan, mais un testament. La Société des Nations avait pour but explicite le désarmement intégral. Le seul pays à l’avoir appliqué fut l’Allemagne. Depuis, ces belles résolutions du 1er janvier, oubliées le 3, ont été remplacées par le réalisme de la sécurité collective onusienne. Mais après la seconde guerre du Golfe, celle-ci n’existe plus. L’ONU subsiste par inertie. Le Traité de non-prolifération nucléaire est violé ou vidé de sa substance. Les accords stratégiques sont dénoncés, aggravant les risques. L’architecture de sécurité internationale s’effondre sous nos yeux.
Le continent qui ne doit surtout pas se laisser entraîner dans une guerre-tombeau est bien l’Europe.
La logique géopolitique veut que des empires évitent l’affrontement direct en créant entre eux une zone tampon neutre, n’appartenant ni à l’un ni à l’autre. Les assurances données en 1991 à l’URSS moribonde ont valeur contraignante – même si cela déplaît aux diplomates occidentaux. Au lieu d’attiser le feu en testant les nerfs russes, il serait plus constructif de repenser l’architecture sécuritaire européenne, d’organiser une Europe centrale et balkanique neutre mais forte (sur le modèle suisse). L’Ukraine, débarrassée de ses russophones (indignes d'exister à ses yeux), pourrait se reconstruire en deux générations (une seule si les Ukrainiens travaillent dur). Nombre de pays ont survécu à des amputations territoriales. L’essentiel pour un peuple est de persister. Pourquoi l’Ukraine ne vendrait-elle pas les territoires contestés à la Russie ? Le prix et les modalités ne nous concernent pas – ce serait toujours moins coûteux qu’une guerre. Quant à l’UE, rien ne l’empêche d’accorder des visas Schengen aux Ukrainiens pour qu’ils travaillent et envoient des revenus à leurs familles, comme l’ont brillamment réussi les Polonais ou les Philippins.
Rien n’est plus stérile que cette guerre empoisonnant l’Europe centrale. Ces pays relativement pauvres ne peuvent s’offrir le luxe de conflits improductifs. Sans l’UE et l’OTAN pompant des ressources dans ce conflit, il se serait éteint de lui-même.
Laissons les peuples d’Europe centrale gérer leurs affaires – ils trouveront des solutions. Que la France, l’Angleterre et l'Allemagne règlent d’abord leurs problèmes internes : elles peinent à maintenir l’ordre dans leurs rues. Leurs ponts s'effondrent, leurs trains ne sont jamais à l'heure. Tout dysfonctionne de façon structurelle. Il est surréaliste de les voir donner des leçons à la Russie. Certaines diplomaties européennes sont parfaitement compétentes, comme la vaticane, la hongroise ou la suisse. Les diplomaties américaine, française, anglaises ou allemande irritent Moscou par leur arrogance, leur biais idéologique ou leur méconnaissance flagrante des dossiers. La Russie nécessite de la déférence et de la compétence.
La clé du conflit local autour de la mer d’Azov (ramené à ses justes proportions) sera d’offrir à une Ukraine amputée plus de sécurité et d’opportunités économiques qu’avant 2022. Dans un monde multipolaire où la Chine pèse, l’UE n’est pas forcément une solution pour Kiev. Les pays d’Europe centrale feraient mieux de quitter ce "radeau de la Méduse". L’Ukraine est un carrefour entre Russie, Turquie, Balkans, Pologne, Hongrie, Caucase et Asie centrale. L’UE n’est pas l’unique horizon.
La Russie et le Belarus ne bougeront pas significativement. Il faudra bien s'y faire
Si les chancelleries suffisantes et autistes échouent, si les armées ne valent guère mieux (au moins face à la Russie), peut-être serait-il temps pour les peuples de crier bruyamment leur refus de sacrifier un continent entier pour un litige local. Il est temps que l’Europe exprime son opposition à cette folie guerrière.
Avant 1914, on disait que les femmes s'attacheraient aux voies ferrées. Il n'en a rien été. Aujourd'hui, des manifestants se collent aux routes avec de la colle forte instantanée.
Nous avons parlé à des hongrois "ordinaires" qui lançaient des cocktails Molotov sur les chars russes en 1956. Ça n'a pas empêché la défaite, c'est vrai, mais la défaite a fortifié la volonté de persistance du peuple hongrois. Aujourd'hui encore, Orbán- David se dresse contre l'UE-Goliath. "Si Dieu est avec nous, qui peut-être contre nous !".
La colle instantanée étant encore en vente libre, chacun voit ce qui lui reste à faire.