La déroute du parti présidentiel aux élections sénatoriales de ce 24 septembre doit être considérée comme un nouveau camouflet pour Macron. Comme pour les précédents désaveux, de natures différentes, que les Français lui ont signifiés depuis 2017, le soi-disant maître des horloges a clairement fait comprendre, squattant le soir même les écrans de télévision, qu'il n'en tenait aucun compte.
C'est donc sans doute peu dire que de qualifier l'actuel chef de l'État d'après son attitude face à ce seul désaveu, dernier en date.
On se réfèrera simplement ici, une fois n'est pas coutume, au maître du soufisme médiéval Hadji Bektash Veli : "Pour les hommes avertis une allusion suffit ; pour les myriades de têtes folles, simple savoir est vain."
Le déclassement de la France, en effet, n'est plus seulement un sentiment dommageable et insultant pour nos compatriotes.
C'est devenu un problème stratégique : maillon faible de l'ordre international elle est devenue la proie la plus facile. Elle représente la cible prioritaire des forces du chaos. Militairement présente à Djibouti, financièrement répandue dans toute l'Afrique, politiquement à la manœuvre dans les pays du Sahel, la stratégie de la dictature communiste chinoise ne l'ignore pas.
Le même soir où son parti, pourtant déjà sous-représenté au palais du Luxembourg reculait, il présentait comme un acte de sa grande politique de se retirer du Niger, alors que nous en avons été chassés comme au Mali, comme au Burkina Fasso, sous sa présidence.
Plusieurs fois dans cette chronique, il a été souligné la disproportion entre un domaine maritime immense et la Marine, affaiblie depuis 60 ans, qui est supposée le défendre. Là aussi dans cet espace stratégique que nous appelons maintenant l'Indo-Pacifique, cette carence des forces de l'État central parisien n'échappe à aucun des acteurs, alliés ou adversaires. La posture de neutralité, feinte alternativement par nos gouvernants et leurs courtisans, ne sert qu'à rajouter le trouble et le doute quant au sérieux du pays lui-même.
De longue date ainsi, la Nouvelle Calédonie apparaît dans cette zone comme une position particulièrement menacée, dans un jeu de domino : la victoire inédite, dans le territoire, de l'indépendantiste kanak Robert Xowie ne peut donc pas être minimisée.
En même temps ce n'est pas seulement ce siège singulier qui représente un rejet du pouvoir central, au sein de cette assemblée représentative de la France profonde. Ce sont toutes les oppositions qui se renforcent. Même les partis de gauche, pourtant déstabilisés et désunis du fait des dérives et des provocations de leur dictateur virtuel, le glorieux Mélenchon, gagnent quelques nouveaux sièges. Le PCF passe de 12 à 15. Le RN réapparaît, quoique modestement par rapport à ses pourcentages nationaux.
Et surtout la droite sénatoriale entraînée par Gérard Larcher et Bruno Retailleau tient bon. Elle dispose d'un outil de contestation de choix. Or, elle confirme son refus de concéder aucune forme de ralliement au camp macronien.
A cet égard, la logique constitutionnelle de la cinquième république est claire. Elle remonte à la doctrine énoncée par son fondateur, dans le discours de Bayeux de 1946. Face au régime des partis, – lequel entraîna la France dans des situations et des humiliations, que trop de nos compatriotes ont oubliées, – il fallait établir un exécutif fort basé sur l'accord de l'État et du "peuple dans ses profondeurs". Quand le président se sait désavoué par le peuple, il doit s'en aller. L'honneur du lointain prédécesseur de Macron fut de partir, au lendemain du référendum de 1969, puisque cet accord n'existait manifestement plus.
Ce cas de figure se reproduit, plus grave encore aujourd'hui.
JG Malliarakis