Axel Festas, chef du Groupe Antifa Lyon et Environ passe vendredi devant le conseil d’État pour contester la dissolution de son groupe, prononcée en 2022. Entaché par de nombreuses affaires de violence et flirtant avec l’apologie du terrorisme, ce groupuscule antifa sévit depuis 10 ans à Lyon dans une relative impunité. Enquête de Laurent Vergniaud sur l’activité du groupe.
Le vendredi 27 octobre, le Groupe Antifasciste Lyon et Environ, surnommé par ses propres militants « La GALE », passe devant le conseil d’État aux cotés des écolos des Soulèvements de la Terre et des nationalistes de l’Alvarium, pour l’examen des recours prononcés contre la dissolution de chacun de ces mouvements. La GALE, fondé en 2013 par Axel Festas, une figure de la mouvance autonome et redskin lyonnaise, est cependant tristement célèbre pour ses violences fréquentes et une idéologie radicale multipliant les appels à l’insurrection et les provocations de mauvais goût.
Une violence ordinaire et revendiquée
En effet, le 30 mars 2021, la dissolution de la GALE était prononcée en conseil des ministres, suite à de nombreux faits de violence en manifestation et à une polémique entourant le festival de musique « Lyon Antifafest », organisé par celle-ci2, dont les subventions par la région AURA ont été suspendues du fait des slogans ouvertement antiflics qui y sont régulièrement proférés. De manière surprenante, cette décision fut suspendue en référé le 16 mai 20223, au motif qu’il était impossible de caractériser suffisamment la GALE comme groupe violent, et la décision renvoyée au 27 octobre 20234 ! Cette décision a de quoi interroger, d’autant qu’Axel Festas, qui représentera la GALE devant le Conseil d’État, est lui-même passé devant les tribunaux deux fois, pour des faits de violence impliquant son groupe, et a chaque fois été condamné. La première affaire, c’est celle du « Rock n’Eat », une rixe impliquant la GALE et des militants du Bastion Social à la sortie d’un bar-rock lyonnais, où Axel Festas se livrera à des violences contre les vigiles du bar, puis tentera de rouler en voiture sur ses opposants. Une affaire où il ne sera que partiellement condamné, à une amende, du fait des responsabilités floues. La deuxième, plus embarrassante, c’est l’agression par la GALE de militants de Civitas le 28 aout 2021, lors d’une manifestation antipass. Celle-ci conduira d’ailleurs à la détention provisoire d’une partie des militants du groupe, et Festas sera finalement condamné une fois le procès venu5.
Nous pouvons constater néanmoins à la lecture du premier décret de dissolution que, bien qu’ils livrent un descriptif détaillé des nombreux appels à la violence antiflic et à l’insurrection, les services du ministère de l’Intérieur sont restés extrêmement flous sur la qualification des violences antifas de la GALE. Pour brouiller les pistes, le groupe diffuse en réalité ses actions violentes sur trois canaux différents de la messagerie cryptée Telegram, en réalités tous utilisés par la même organisation (les mêmes visuels étant souvent partagés indistinctement d’une plateforme à l’autre) : « GALE », « Lyon Antifa », « Lyon Antifasciste ». Ce fonctionnement leur permet donc de faire la propagande de leurs actions violentes auprès de leurs sympathisants immédiats tout en minimisant cet activisme dans leur communication officielle.
La violence de la GALE, assumée et revendiquée dans des communiqués crâneurs souvent bourrés de fautes d’orthographe, a pu être particulièrement visible durant les dernières campagnes présidentielles. Si on s’en tient aux agressions revendiquées lors de l’année 2022, on recense en effet des faits de violence et de vol le 29 janvier6, le 3 avril7, le 8 avril8 et le 31 mai9 contre les tracteurs et colleurs d’affiche du parti Reconquête. La GALE avait également revendiqué sa participation aux violences urbaines du 24 novembre 2021 lors de la venue de Jordan Bardella10 avec les équipes de CNews11 au quartier de la Guillotière, qu’elle considère comme son fief. C’est en effet le quartier qui accueille la librairie « La Gryffe », point de rendez vous historique de la mouvance anarchiste lyonnaise.
Chasse aux « identitaires » dans les manifestations anti-pass
Les manifestations anti-pass de l’année 2021 furent également le prétexte à la diffusion d’un certain nombre de vidéos d’agressions violentes contre des supposées militants « identitaires », publiées avec généralement assez peu de contexte sur les canaux du groupe. On trouve ainsi le 7 février 2021, une vidéo d’agression contre les royalistes d’Action française12, le 24 avril 2021, le racket d’un jeune forcé de se déshabiller13, le 21 août 2021, l’agression d’identitaires supposés à une manifestations anti-pass14, le 30 août 2021, la poursuite d’un jeune présenté comme identitaire jusque dans un Kebab15, et le 15 juin 2021, un vol avec violence sur Augustin16, jeune déjà victime d’une agression médiatisée à Lyon l’an passé17.
Les cibles des violences de la GALE ne se limitent cependant pas qu’aux identitaires, royalistes ou militants de Reconquête. En effet, le groupe est également connu pour ses règlements de compte violents avec les autres fractions de l’ultra-gauche, que nous avons d’ailleurs déjà nous-même chroniqué dans Éléments18. La Jeune Garde, groupe antifa rival à Lyon, accuse notamment dans un communiqué public19 la GALE d’avoir roué de coup le 16 avril 2022 l’un de ses militants, occasionnant 5 jours d’ITT. Loi du silence oblige, impossible de savoir si une plainte a été déposée ou quelles suites auront été donné. Selon la même source, un militant de la GALE aurait menacé avec un couteau le 17 avril 2022 les membres de la Jeune Garde, et ces tensions exploseront lors d’une bagarre générale le 1er mai de la même année. De plus, le 1er mai 2021, la GALE a revendiqué sans complexe20 une rixe avec un cortège sans-papier de la CGT Livreurs, au motif d’un différent avec le service d’ordre de celle-ci.
Soutien à la Palestine et aux organisations terroristes
Dernière provocation en date, la GALE co-organise des rassemblements de soutien à la Palestine avec un nouveau collectif lyonnais, la Fosse aux Lyons21. Problème, la Fosse aux Lyons, ce n’est pas un innocent comité de soutien, mais une référence explicite au nouveau groupe terroriste palestinien de Cisjordanie, « La Fosse aux Lions », constitué de militants du Hamas et du Jihad Islamique, organisations classées terroristes par l’Union européenne. Les militants lyonnais profitent du flou juridique sur la qualification de ce nouveau groupe-écran, pourtant déjà responsable de plusieurs attentats en Israël, et collent notamment des affiches qui reprennent les photos de ces membres. Cette apologie du terrorisme implicite n’a rien de nouveau, en effet la GALE n’hésite pas à publier des visuels de soutiens à Jean-Marc Rouillan, condamné à la réclusion à perpétuité pour les assassinats d’Action Directe, qui est fier de prendre la pose avec le drapeau de l’organisation !
La décision définitive du conseil d’État ne sera rendue que dans deux semaines, mais nous pouvons d’ores et déjà affirmer que le simple fait que la dissolution de la GALE prête autant à débat montre l’extraordinaire résilience juridique de la gauche et la mollesse du gouvernement quand il s’agit de sévir contre elle. Les administrations d’Hollande et Macron n’ont en effet pas hésité à dissoudre près d’une quinzaine de mouvements de droite depuis 2013, en s’appuyant souvent sur des dossiers plus que minces. On se souvient par exemple de la dissolution de Génération Identitaire ou encore celle plus récente de Civitas, motivées principalement par les actions de propagande de ces mouvements plutôt que par de réelles violences. Le fait que le GALE, l’un des groupuscules les plus marginaux, violents et radicaux de la nébuleuse antifa, échappe à ce processus, en dit long sur les volontés actuelles du pouvoir.
1 – https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045442100
2 – https://www.lyoncapitale.fr/actualite/metropole-de-lyon-apres-une-polemique-avec-laurent-wauquiez-le-festival-antifa-change-d-adresse
3 – https://www.conseil-etat.fr/actualites/le-conseil-d-etat-suspend-en-refere-la-dissolution-du-groupe-antifasciste-lyon-et-environs
4 – https://www.conseil-etat.fr/decisions-de-justice/audiences-importantes/audience-publique-du-27-octobre-2023-a-14-heures
5 – https://www.lyoncapitale.fr/actualite/lyon-au-proces-des-antifascistes-la-politique-s-invite-au-tribunal-reportage
6 – https://t.me/lyonantifasciste/15
7 – https://t.me/lyonantifasciste/76
8 – https://t.me/lyonantifasciste/81
9 – https://t.me/lyonantifasciste/117
10 – https://www.liberation.fr/societe/cnews-et-jordan-bardella-refoules-par-des-antifascistes-a-lyon-20211124_3Z5EU5YXYZEK7I4TASX5KL3JEE/
11 – https://www.bfmtv.com/lyon/lyon-des-tensions-a-la-guillotiere-en-marge-de-la-venue-de-jordan-bardella_AV-202111240315.html
12 – https://t.me/lyonantifasciste/37
13 – https://t.me/lyonantifasciste/119
14 – https://t.me/lyonantifasciste/232
15 – https://t.me/lyonantifasciste/318
16 – https://t.me/lyonantifasciste/222
17 – https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Agression-d-Augustin-a-Lyon-l-enquete-tempere-la-version-de-la-famille-1700262
18 – https://www.revue-elements.com/reglement-de-compte-a-lyon-corral-guerre-civile-chez-les-antifas%ef%bf%bc/
19 – https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Information-publique-sur-plusieurs-agressions-contre-des-militant-es-de-la
20 – https://web.archive.org/web/20231025204928/https://groupeantifascistelyonenvirons.com/2021/05/04/communique-suite-a-la-manif-du-1er-mai/
21 – https://rebellyon.info/Creation-de-la-Fosse-aux-Lyons-comite-de-24918