Cette revue trimestrielle est ce qui se fait de mieux en matière d’histoire de la guerre. Ce n’est pas une revue « militaria » juste occupée de parements d’uniforme et de calibres d’armes de poing. Avec un très bon niveau de vulgarisation, elle rend compte des conflits depuis la nuit des temps. A noter de copieux comptes rendus d’essais, de BD, de jeux vidéo, wargames et expositions.
Le dossier du jour est consacré à la guerre d’Indochine, très méconnue aujourd’hui. Si les romans de guerre, les films ont souvent reconstruit son atmosphère (317° Section, Indochine, L’Amant) sans oublier les récits-reportages de Lucien Bodard, on manque d’études « scientifiques ». On apprend beaucoup de choses avec Michel Goya et Benoist Bihan, deux rédacteurs de la revue qui ont puisé aux meilleures sources.
En tout premier que l’armée française, en l’occurrence le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) fit preuve de capacités d’adaptation et d’intelligence tactique surprenantes. Avec des moyens dérisoires jusqu’en 1950, plus étoffés ensuite, le CEFEO mit à mal le Vietminh d’Ho chi Minh qui subit de cuisantes défaites avant de l’emporter à Dien Bien Phu (mars 1954).
Durant son court « proconsulat », le général de Lattre remit sur pied l’armée et joua de son prestige pour flatter l’allié américain ; Salan qui lui succéda consolida l’œuvre accomplie. Le général Navarre sous-estima la patience et l’endurance des divisions de Giap…
La guerre perdue avait coûté 100 000 morts, français, africains, maghrébins et indochinois. Le Vietminh en avait eu au moins le triple mais il était vainqueur. Les officiers français, incompris, humiliés, méprisant la classe politique, jurèrent qu’on ne leur referait pas ce coup- là. A peine rentrés d’Indochine, ils virent dans l’Algérie l’occasion d’appliquer les règles de la guerre contre-révolutionnaire expérimentée, avec succès, en Asie. Mais, une fois de plus, les politiques ne les suivirent pas. Après maintes rodomontades – Mitterrand : «L’Algérie, c’est la France» – ils se défaussèrent pour ensuite s’en remettre à de Gaulle qui, en bon machiavélien, mit fin au drame.
Jean HEURTIN
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