Les coups sont violents. Chez les travailleurs et amateurs du Grand Soir, la haine s’installe. Le député PS Jérôme Guedj est contraint de quitter le cortège sous les huées. « Traître », « sale sioniste » ou encore « assassin », peut-on entendre. Bis repetita. Dimanche dernier, au rassemblement contre l’islamophobie organisé par l'extrême gauche, le député de l’Essonne avait déjà été viré, aux cris de « sioniste, dégage ». Ses origines juives ne sont un mystère pour personne.
Marine Tondelier incapable de dénoncer l'antisémitisme de gauche
Sur RTL, lorsque Yves Calvi évoque l’éviction de Jérôme Guedj et demande à Marine Tondelier, la députée patronne des écologistes, si l’on peut « parler d’antisémitisme d’extrême gauche », celle-ci « ne veut pas répondre à cette question », embarrassée. Elle ne trouve, ensuite, pas mieux que de reprocher au député PS de venir en donnant « rendez-vous » à « 20 journalistes », renversant l’accusation et lui reprochant ainsi, finalement, d’être le provocateur de ces violences dont il tirerait profit. Ce que le député LFI Aly Diouara (Seine-Saint-Denis) a exprimé de manière encore plus directe en accusant, sur X, le socialiste qui, par son agression, « occupe l’espace médiatique » et « invisibilise » ainsi le 1er mai « à des fins d’instrumentalisation de l’antisémitisme ».
Nombreux sont les élus de gauche qui ont dénoncé ces violences, à l’image de François Ruffin. « Les désaccords existent, oui. Mais ils ne se règlent jamais à coups de poing », a-t-il indiqué.
« Dans chaque manifestation, des extrémistes s’en prendront désormais aux socialistes et aux "sionistes ?" », a regretté l’eurodéputé PS Raphaël Glucksmann. Le sénateur et ancien ministre socialiste Patrick Kanner a reproché à Marine Tondelier des propos qui « renforcent [un] climat nauséabond ». « Comment osez-vous laisser entendre que Jérôme Guedj le cherche bien quand il se fait agresser dans des manifestations parce que juif ? Excusez-vous ! Lamentable », s’est exclamé l’ancien sénateur socialiste David Assouline.
À gauche, l'alliance électorale avant tout
Face au tollé, Marine Tondelier a fini par admettre du bout des lèvres qu’il existait « un antisémitisme d’extrême gauche », avant de s’empresser de rajouter : « Comme dans l’ensemble de la société, d’ailleurs. » « Oui, les socialistes ont leur place dans les manifestations », a-t-elle indiqué, en présentant ses « excuses ».
Cet antisémitisme d’extrême gauche qui apparaît de façon de plus en plus exacerbée, à travers la question israélo-palestinienne et l’islamo-gauchisme dans lequel se vautre notamment La France insoumise, ne semble pourtant pas faire de difficulté à l’ensemble des forces de gauche, lorsqu’il s’agit de calculs électoraux. Réagissant à un sondage confirmant qu’en cas d’alliance au premier tour, la gauche pouvait accéder au second des élections présidentielles en 2027, la même Marine Tondelier interpellait ses amis du PS, de LFI, du PCF : « Unie, la gauche accède au second tour. Notre électorat le demande, alors, qu'est-ce qu'on attend ? »
Il y a quatre jours, quatre communistes, membres de la section locale d’Aubagne, ont été exclus du PCF pour des propos antisémites tenus en réunion. Des exclusions passées totalement inaperçues. Les accusés se défendent comme ils peuvent : « On a affaire à des gens incultes qui ne savent pas faire la différence entre l’antisémitisme et l’antisionisme », a affirmé l’un d’entre eux, dans La Provence. Il en faut plus pour traumatiser la gauche. La table ronde qui doit se dérouler le samedi 3 mai à Orange (Vaucluse) en est la preuve immédiate. Le sénateur PS Lucien Stanzione interviendra dans une table ronde intitulée « Que faire face à l’extrême droite ? » Il s’exprimera aux côtés de Raphaël Arnault (LFI) et des représentants de toutes les forces de gauche réunies (Écologistes, PCF, NPA). Le Nouveau Front populaire à nouveau réuni. Malgré toutes les tensions, provocations, violences physiques ou verbales, la gauche politique jette un voile pudique sur ses pires contradictions. L’antisémitisme de gauche a de beaux jours devant lui.
Yves-Marie Sévillia
https://www.bvoltaire.fr/1er-mai-antisemitisme-la-gauche-na-pas-froid-aux-yeux/