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Comment la Russie est devenue la 4ème puissance mondiale et ce que la France peut en tirer

par Elias Omirov

En 2024, la Russie s’est propulsée au 4ème rang mondial en PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA)1consolidant sa position de 2023 avec près de 7 billiards (1015) de dollars, dépassant le Japon et l’Allemagne. Portée par une économie de guerre et des ressources colossales, cette ascension intrigue. La France, qui recule à la 9ème place, peut-elle s’inspirer de Moscou pour (re)booster sa croissance ? Voici les leviers russes, leur viabilité en France, et des solutions taillées pour l’Hexagone.

 

Figure 1 : Les plus grandes économies du monde en termes de PIB (PPA)
en 2024 (billiards de $)

1. Une économie dopée par la défense

La Russie pratique un «keynésianisme militaire», injectant des milliards dans la défense (2,9% du PIB en 2024, +20% depuis 2022). Les usines d’armement, qui tournaient au ralenti avant 2022, embauchent depuis à tour de bras (520 000 emplois) et les primes aux 600 000 soldats mobilisés en Ukraine dynamisent la consommation dans les régions pauvres.

En comparaison, la France consacre 2% de son PIB (50 milliards d’euros) à la défense, mais une escalade creuserait la dette publique (112% du PIB). L’industrie militaire (Airbus, Thalès, Naval Group, Safran, Dassault) est concentrée dans des zones développées, limitant l’effet économique local. Les difficultés d’approvisionnement et la saturation de l’appareil productif sont des défis majeurs pour ce secteur. Cependant, l’industrie de défense française continue de jouer un rôle crucial dans la souveraineté stratégique de la France et de l’Europe.

Tableau 1 : Comparaison économique (2024)

Solutions françaises :

• Investir dans l’innovation (IT, IA, cybersécurité) en choisissant des technologies d’avenir pour créer des emplois.

• Réduire les charges sur les PME, encourager le secteur technologique.

• Protéger ses ressources stratégiques, comme le nickel en Nouvelle-Calédonie, et diversifier nos sources d’approvisionnement pour renforcer la souveraineté des technologies de défense.

2. L’atout des ressources naturelles

2ème producteur mondial de gaz et 3ème producteur de pétrole, la Russie exporte massivement vers la Chine et l’Inde, contournant les sanctions. Son autosuffisance énergétique maintient des coûts bas.

La France en revanche importe encore 44% de son énergie en 2024, 10% de moins que l’année précédente grâce au redémarrage des réacteurs nucléaires. Sans ressources comparables, elle ne peut imiter l’autonomie russe.

Solutions françaises :

• Reprendre le développement du nucléaire pour réduire la facture énergétique car les énergies renouvelables (solaire, éolien) nécessitent l’installation de centrales thermiques (énergies fossiles) pour compenser leur intermittence.

• Explorer de nouvelles sources d’énergie, notamment la réutilisation des déchets nucléaires grâce à la fusion atomique, mais aussi l’hydrogène, la thermoacoustique

• Exploiter les terres rares en Guyane pour produire des batteries électriques.

• Prospecter et exploiter sa Zone Économique maritime Exclusive qui couvre 11,7 millions de km². Des gisements de pétrole et de gaz existent, notamment au large de la Guyane française (bassin de Cayenne, avec des découvertes comme le champ Zaedyus en 2011, estimé à 700 millions de barils équivalent pétrole) et en Nouvelle-Calédonie (bassin de Fairway). Cependant, l’exploitation est freinée par des défis techniques (profondeur, coût), des restrictions environnementales (moratoires sur les nouveaux forages en France métropolitaine depuis 2017), et des préoccupations écologiques, notamment dans les écosystèmes marins sensibles.

• Réduire les taxes sur l’énergie pour améliorer la compétitivité de nos entreprises et augmenter le pouvoir d’achat des Français, ce qui aura pour effet mécanique de relancer l’économie.

3. Résilience monétaire et commerciale

Avec 630 milliards de dollars de réserves en 2022, un pilotage budgétaire efficace et un système de paiement national (Mir), la Russie a amorti les sanctions. La dévaluation du rouble a dopé les exportations avant de remonter au niveau d’avant-guerre (grâce à l’intervention de sa banque centrale) et les échanges avec la Chine compensent ceux de l’Occident.

Dans la zone euro, la France n’a pas de contrôle monétaire, et ses réserves (300 milliards d’euros) sont gérées par la BCE. Une sortie de l’UE permettrait une dévaluation pour doper la compétitivité, mais au prix d’une instabilité financière.

Solutions françaises :

• Pousser pour un SWIFT européen, réduisant la dépendance aux États-Unis.

• Diversifier les partenaires (Afrique, ASEAN) via des accords bilatéraux.

• Réduire l’impôt sur les sociétés (25% en 2024) pour attirer les investisseurs.

• Sortir de l’Union européenne pour retrouver la liberté monétaire.

Figure 2 : Évolution du PIB PPA (1990-2023)

4. Une économie de rente, peu intégrée

Focalisée sur les matières premières (36% des recettes fiscales), la Russie esquive les chaînes mondiales, limitant sa vulnérabilité. Des géants comme Gazprom soutiennent une croissance de 3,6% en 2023. Consciente de cette dépendance, elle diversifie son économie depuis 10 ans (agriculture, industrie, informatique…).

L’économie française est structurellement très différente (services 79%, industrie 19%) et très dépendante à l’intégration mondiale (OCDE). Une sortie de l’UE affaiblirait Airbus ou LVMH mais doperait ses PME.

Solutions françaises :

• Relocaliser des industries stratégiques (semi-conducteurs, batteries) avec des incitations fiscales.

• Valoriser la pêche et l’aquaculture ultramarines pour l’export.

• Simplifier la réglementation européenne pour les PME, réduisant les coûts.

5. Bas salaires, moteur de compétitivité

Avec un SMIC à 226 dollars (Rosstat) et un salaire mensuel moyen de 1090$, la Russie produit à bas coût, même si les salaires ont beaucoup augmenté depuis 2022, tirés par l’inflation et la pénurie de main d’œuvre qualifiée. Les inégalités (Gini 0,42) concentrent la richesse, mais les primes militaires stimulent la consommation.

Réduire les salaires français (3000$ net par mois en moyenne, INSEE) torpillerait la consommation (54% du PIB) et creuserait les inégalités (Gini 0,29) déjà sensibles.

Solutions françaises :

• Alléger les charges sociales pour augmenter le pouvoir d’achat.

• Investir dans la formation, notamment des métiers manuels, pour doper la productivité.

• Développer l’apprentissage pour réduire le chômage.

6. Une croissance à quel prix ?

La Russie a transformé les sanctions en opportunité, s’appuyant sur son isolation pour relancer sa production nationale, ses vastes ressources et une économie de guerre. Mais ce modèle, taillé pour une nation riche en matières premières et à bas salaires, ne colle pas à la France, intégrée à l’UE et axée sur l’innovation. Si le PIB PPA place Moscou au 4ème rang, son PIB nominal (11ème) reste derrière Paris (7ème). En s’inspirant des succès Russes transposables, la France doit miser sur la réindustrialisation, développer ses propres sources d’énergie pour gagner en autonomie et alléger ses charges fiscales, tout en valorisant ses atouts ultramarins.

Cet indicateur est plus pertinent que le simple PIB pour mesurer la puissance économique d’un pays.

source : Stratpol

https://reseauinternational.net/comment-la-russie-est-devenue-la-4eme-puissance-mondiale-et-ce-que-la-france-peut-en-tirer/

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