
La Gendarmerie Nationale traverse une profonde crise de sens et nous relatons quelques chiffres en provenance de l’intérieur de l’institution. Aux premiers chefs : fatigue, pression, perte de sens : les rangs de la gendarmerie française se vident à un rythme inquiétant. En 2024, près de 8 000 gendarmes ont quitté l’uniforme. Un groupe Facebook privé, GIE : Côté démission, réunit déjà plus de 23 000 membres, tous unis par le même constat : ça ne peut plus durer.
Voici ce que disent les chiffres : +25 % de départs entre 2018 et 2022, 15 000 départs recensés en 2022, 8 000 départs en 2024. Et 23 600 gendarmes ont adhéré à un groupe privé de démissionnaires ou en cours de démission, selon « Actu Forces de l’Ordre ».
Sur le terrain, fatigue et désillusion se font sentir, avec des témoignages fréquents de journées interminables, d’astreintes à répétition, assorties de manque de moyens, dans des locaux vétustes.
Dans cette administration là aussi, on évoque une hiérarchie déconnectée, une vie familiale sacrifiée et dans le groupe Facebook, devenu un exutoire, on retrouve des expressions comme : « Je pars pour survivre, pas pour fuir ». Le groupe GIE : Côté démission est un espace d’entraide entre collègues. On y parle des procédures de démission, des reconversions possibles et on apporte du soutien moral. Evidemment, l’institution garde le silence, la presse aussi. Malgré ces signaux d’alerte connus de tous, la direction parle d’un « taux de renouvellement maîtrisé ». Mais sur le terrain, la lassitude est profonde, et les vocations s’effondrent.
Les gendarmes, demandent comme bien d’autres catégories professionnelles, des conditions de travail plus humaines, du respect de la part de l’administration, une reconnaissance officielle du malaise qui conduit la gendarmerie à traverser une crise silencieuse mais bien réelle dans laquelle il semble plus aisé de démissionner que d’engager un combat pour sauver sa condition. « Le bateau coule, mais on ne nous écoute pas », pourrait être une forme de conclusion.
Bien entendu, le malaise des gendarmes ne peut pas être isolé du reste des administrations chargées du maintien de l’ordre, justice en tête. Il faut sans doute y voir un lien avec le discours de quelques élus récemment, faisant état du sentiment d’une forme d’impunité chez les voyous, c’est bien toute la doctrine du maintien de l’ordre, des sanctions et de leur application qu’il faut revoir.