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Discourir sur le bien, le bon, le beau ne les fait pas !

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Il ne s’agit plus de discourir sur ce que doit être l’homme de bien mais de devenir un homme de bien. Suivons Marc Aurèle, et sûrement les choses iront autrement !

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Par Ina Phisinov

La guerre d’Algérie a fait des milliers de victimes… prenant fin après des années de lutte, de chocs et de haine avec des signatures diverses entre les belligérants. Des années après, des regrets de part et d’autre, des rancœurs, une envie de vengeance pour certains sont là et bien là. Non seulement ineffaçables mais parfois cultivés, attisés, décuplés !

Des témoignages recueillis de pieds-noirs évoquent les progrès apportés au pays par la France entre 1830 et les débuts des tueries : Madeleine, née en 1924, explique les bienfaits des outils de production développés par la France et diffusés à travers l’Algérie, « ce matériel oléicole, viticole et hydraulique facilitait grandement le travail » ; Jacqueline, née en 1929, évoque « l’inox, ce train magnifique qui permettait enfin de relier Alger à Constantine », précisant que « les Français ont construit ce pays : le chemin de fer, les routes, les écoles, les hôtels, l’administration » ; André, né en 1938, s’enchante de « la beauté de la mode française qui gagne les plus petites villes algériennes » et profite « des établissements balnéaires tenus par les Français » ; Robert, né en 1949, rapporte les propos de son père militaire concernant « les hôpitaux construits par l’armée française, dans lesquels évoluent des médecins français venus avec du matériel français et des médicaments efficaces » ; etc.

Les accords d’Évian, du 18 mars 1962, en la partie II – déclarations gouvernementales relatives à l’Algérie –, au chapitre II – de l’indépendance et de la coopération –, alinéa B – de la coopération entre la France et l’Algérie – indiquent : « Les relations entre les deux pays seront fondées, dans le respect mutuel de leur indépendance, sur la réciprocité des avantages et l’intérêt des deux parties (…) 3° La France et l’Algérie développeront leurs relations culturelles (…) La France apportera son aide à la formation de techniciens algériens. Des personnels français, notamment des enseignants et des techniciens, seront mis à la disposition du gouvernement algérien par accord entre les deux pays. Dans le chapitre IV – du règlement des litiges –, « La France et l’Algérie résoudront les différends qui viendraient à surgir entre elles par des moyens de règlement pacifique. Elles auront recours soit à la conciliation, soit à l’arbitrage. À défaut d’accord sur ces procédures, chacun des deux États pourra saisir directement la Cour internationale de justice ».

L’accord franco-algérien, du 27 décembre 1968, signé par Jean Basdevant (ambassadeur de France en Algérie) et Abdelaziz Bouteflika (ministre des Affaires étrangères algérien) règle les modalités de venue en France de la main-d’œuvre algérienne, les deux gouvernements étant « animés du désir de faciliter la promotion professionnelle et sociale des travailleurs algériens ; d’améliorer leurs conditions de vie et de travail ; de favoriser le plein emploi de ces travailleurs qui résident déjà en France ou qui s’y rendent par le canal de l’Office national de la main-d’œuvre, dans le cadre d’un contingent pluriannuel déterminé d’un commun accord ; convaincus de l’intérêt de garantir et d’assurer la libre circulation des ressortissants algériens se rendant en France sans intention d’y exercer une activité professionnelle salariée (…) ».

Tout est pensé pour que de bonnes relations s’installent et durent entre les deux pays… et pourtant… L’affaire Sansal étale au grand jour ce que tout le monde tait, ce que les politiques ne veulent pas voir et cachent souvent : rien ne va entre la France et l’Algérie, ou plutôt entre l’Algérie et la France ! L’Algérie dont certains ressortissants, en France ou depuis l’Algérie, en appellent à de « nouvelles croisades », à une « autre colonisation ». Et Boualem Sansal pendant ce temps…

Rappelons les faits :

  • 16 novembre 2024, arrestation à l’aéroport d’Alger à sa descente d’un avion en provenance de France et poursuites sous le régime de l’article 87 bis du Code pénal algérien qui punit « tout acte terroriste ou subversif, tout acte visant à la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Dès lors on connaît les chefs d’accusation retenus : atteinte à l’unité nationale, outrage à corps constitué (armée notamment), pratiques de nature à nuire à l’économie nationale et, enfin, détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité nationales.
  • déc. 2024, rejet de sa demande de remise en liberté.
  • 16 décembre, début d’un séjour d’un mois dans une unité de soins pénitentiaires.
  • janv., retour en prison (à Koléa).
  • 12 mars, dépôt d’un mémoire, par l’avocat, pour détention arbitraire auprès du haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU.
  • 13 mars 2025, le tribunal criminel signifie l’accusation d’intelligence avec l’ennemi, qui sera abandonnée à l’énoncé du verdict du 27.
  • 20 mars 2025, comparution devant le tribunal correctionnel de Dar el Beida.
  • 27 mars 2025, rendu du verdict en première instance et condamnation à 5 ans de prison ferme et 500 000 dinars d’amende (requête du procureur : 10 ans de prison et 1 million de dinars d’amende).
  • 24 juin, réquisitoire du procureur général à l’issue du procès en appel : 10 ans de prison et 1 million de dinars d’amende.
  • aujourd’hui, 1er juillet 2025, le verdict en appel est rendu : 5 ans de prison.

Dans Le village de l’Allemand, Boualem Sansal évoque les caractéristiques des peuples et, s’agissant des Algériens, il écrit : « Les Algériens dont je suis pour moitié me chagrinent avec leur façon de se poser en rois de l’hospitalité alors qu’ils ont fait de leur beau pays le plus inhospitalier du monde et de leur administration la plus repoussante qui soit sous le soleil de Satan ».

Bon…

Le gouvernement français dit se démener pour le sortir de là. Emmanuel Macron, le 22 novembre 2024, voulait « clarifier sa situation » expliquant que « les services de l’Etat sont mobilisés pour cela » ; le 6 janvier, évoquait « l’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires » ; le 27 mars, à l’issue du sommet sur l’Ukraine, il appelait « les plus hautes autorités algériennes » à prendre des décisions « humaines et humanitaires » ; le 11 avril, il déclarait être « confiant, parce qu’[il savait] qu’il y a une attention particulière, simplement », ajoutant « notre souhait le plus ardent, c’est que les autorités algériennes puissent prendre la décision qui lui permettra de recouvrer une certaine liberté, de se soigner et de pouvoir réécrire ». Le grand diplomate, Jean-Noël Barrot, titré ministre des Affaires étrangères, disait le 6 janvier 2025 souhaiter « entretenir les meilleures relations avec l’Algérie » ; le 6 mai, interrogé par la presse, il indiquait « suivre sa situation tant bien que mal », précisant que « de manière publique, de manière discrète, par tous les canaux, et depuis des mois, nous avons appelé à un geste d’humanité en faveur de Boualem Sansal, en raison de son âge et de sa situation de santé »…

Le gouvernement français se démène pour le sortir de là ? Si on dit d’un individu qui veut vider la mer avec une petite cuillère qu’il se démène, alors on peut dire que le gouvernement français se démène pour tirer Boualem Sansal de sa prison, sinon… on voit bien que le gouvernement français, trop attaché à éviter autant que faire se peut la « bordélisation » (pour ne pas dire le saccage) qui découlerait d’une prise de position ferme à l’égard de l’Algérie, en fait le moins possible pour conserver sa place et celle des siens.

Pour d’autres, c’est pire encore : Rima Hassan comme Manon Aubry, le 24 janvier 2025, ne votent pas pour la résolution du Parlement européen demandant la libération de l’écrivain ; le 6 mai dernier, les députés Aymeric Caron, Louis Boyard, Manuel Bompard, Mathilde Panot, Aurélien Saintoul et 23 autres issus de LFI-NFP votent contre la proposition de résolution européenne appelant à la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal ; Sébastien Delogu disait il y a peu à la télévision algérienne tout « son amour pour l’Algérie » ajoutant, « j’ai, pour ma part, embrasser le drapeau algérien », sans jamais, dans ledit entretien, prononcer le nom de Boualem Sansal.

Liberté d’expression vous avez dit ? Certainement… il est aisé d’en parler, beaucoup moins de la soutenir réellement ! 2084, la fin du monde, s’inscrit dans la droite ligne du 1984 d’Orwell et d’Orwell tout le monde parle, tout le monde est d’accord, tout le monde cite Orwell, ça ne mange pas de pain ! L’affaire Sansal illustre parfaitement la France qui meurt, son esprit, sa culture, tout ; dans 2084 il est dit qu’« on ne meurt pas parce que les autres sont malades mais parce qu’on l’est soi-même ». Réfléchissons bien à cela et méditons les propose de Marc Aurèle, encore une fois : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre ».

https://www.actionfrancaise.net/2025/07/02/discourir-sur-le-bien-le-bon-le-beau-ne-les-fait-pas/

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