Franck Ferrand éclaire l’actualité par l’histoire. Les Etats-Unis et l’Europe ont tort de critiquer sans ménagement le président russe, explique-t-il cette semaine.
Jean-Christophe Marmara/Le Figaro.
Le départ précipité du président russe, lors du sommet du G20 à Brisbane, traduit un changement du paysage diplomatique. Que Vladimir Poutine n’ait même pas attendu la publication du communiqué final pour reprendre son avion démontre qu’il se sent de moins en moins contraint. Attaqué de toute part, accusé par son hôte lui-même, le Premier ministre australien Abbott, de vouloir « restaurer la gloire perdue du tsarisme et de l’Union soviétique », celui qui semble devenu la bête noire des Occidentaux aura, de surcroît, subi l’hypocrisie du président français - M. Hollande ayant préféré ne pas évoquer le cas des deux navires de guerre commandés par Moscou et, pour le moment du moins, retenus par Paris. « Les deux parties considéraient que ce n’était pas le sujet du jour », selon le Quai d’Orsay… De son côté, le président Obama a cru bon de préciser que l’attitude de la Fédération russe à l’égard de la Crimée était « une menace pour le monde » - curieuse évaluation des risques, le jour même où la prétendue République islamique revendiquait l’égorgement d’un otage américain et d’une quinzaine de soldats syriens !
La nullité des Etats-Unis en matière diplomatique a été maintes fois démontrée. Pour qui connaît l’Histoire, elle relève du truisme. Du reste, l’actuelle situation en Mésopotamie suffirait, à elle seule, à édifier n’importe qui sur la question. Vu du Pentagone et de la Maison Blanche, le monde se résume à de manichéens jeux de balance, dans lesquelles ne compte en définitive que l’intérêt supposé - à courte vue, le plus souvent - de l’hyperpuissance américaine. Que les « stratèges » de Washington s’aveuglent sur le cas russe n’a donc rien de bien étonnant. Ce qui surprend davantage - et ne manque pas d’effrayer certains observateurs - c’est l’alignement sans condition des membres de l’OTAN sur ces positions rigides. Il fut un temps, pas si lointain, où le président Chirac, avec son ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, se permettait encore de faire la leçon aux Etats-Unis, et de clamer à la face du monde que le président Bush fils, en Irak, s’apprêtait à faire fausse route. Il faut croire que ces temps-là sont révolus…[.....]
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