Catholique passionné, âme torturée, royaliste magique et linguiste prodige, Tolkien aura mis toute sa science dans son grand-œuvre, adressé comme il se doit à nos enfants.
Le retour des Hobbits en période de Noël a une dimension sympathique et significative, dans une société qui adore abjurer ses racines chrétiennes et son passé millénaire. Il y a treize ans maintenant, quand le premier volet du Seigneur des anneaux parut au cinéma, trois mois seulement après le 11 septembre, on pouvait penser que ce film magique et surnaturel, tout imprégné de merveilleux médiéval, de blonds guerriers et de dames féériques, pourrait réveiller les âmes assoupies des Occidentaux décimés par leur libéralisme de consommation. Il semble qu’il n’en a rien été, mais sait-on jamais ? Car on se réveille un peu partout en Europe pour résister à l’oppression venue d’ici, venue d’ailleurs.
Le monde de Tolkien repose sur deux piliers : celui de l’épopée, qui fut le sujet du Seigneur des anneaux. C’est le monde de l’extraordinaire, de la croisade occidentale, de la lutte contre le monstre venu des steppes (comme dans l’Ilya Murometz de Ptouchko) ou de nos vieux enfers. Et celui de ce monde rustique, le monde d’avant la révolution industrielle et du libéralisme qui détruisit l’Europe et puis le monde au nom du pognon et de la consommation, au nom de cette techno-science et du branle-bas des jouissances.