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Entretien avec Cheyenne-Marie Carron

Cheyenne-Marie Carron est cinéaste. L’Apôtre, son sixième long métrage, sorti en octobre dernier, qui relate la conversion d’un jeune musulman – appelé à devenir imam – au christianisme, vient d’être déprogrammé à Neuilly et à Nantes à la demande expresse des autorités. Dans la France de l’après 7-Janvier, les terroristes sont en train de gagner… Cheyenne-Marie Carron, qui aime la France d’un amour vigilant, inquiet, a bien voulu répondre à nos questions.

 

« Minute » : Pour votre cinquième long métrage, Cheyenne-Marie, vous avez osé aborder un sujet qui fait peur : la conversion de l’islam au christianisme… Ce beau film, où chaque image a un sens, vous l’avez intitulé L’Apôtre. On peut dire que vous affichez la couleur tout de suite. Votre œuvre est sortie sur les écrans le 1er octobre 2014. Vous pouvez faire un premier bilan. Comment a-t-elle été reçue par la critique ?

Cheyenne-Marie Carron : Malgré la difficulté du sujet, mon film a eu un grand succès critique : les revues com­me « Studio », « Ciné Live », « Premiè­re », mais aussi la grande presse, « Le Canard enchaîné », « Le Monde », « Le Figaro », « La Croix », « La Vie » étaient unanimes : le film n’est pas manichéen, il ne tente pas de montrer le monde en noir et blanc. On a mis souvent en exergue le fait que la réalisatrice est catholique et les comédiens musulmans. Je crois que c’est vraiment un exemple du dialogue possible entre chrétiens et musulmans. Il y a d’ailleurs aussi une comédienne de religion juive, Nora Krief, qui a accepté de jouer le rôle de la mère de famille musulmane.

Aujourd’hui, malgré ce succès d’estime que l’on peut dire unanime, vous ne parvenez pas à passer votre film dans une salle de cinéma pour la bonne et simple raison que les salles qui avaient accepté de le mettre à l’affiche se décommandent…

J’ai effectivement reçu des courriels de cinémas qui avaient été fortement incités à interdire la projection du film, et même sommés de le faire. L’atmosphère s’est beaucoup alourdie depuis les 7 et 11 janvier. Il y a vraiment, pour tout le monde je crois, un avant et un après l’attentat. Et parce qu’il y a en France beaucoup de Français qui sont des Français de papier, on se croit obligés de se taire et de faire taire ceux qui tentent de témoigner de façon sincère sur des questions religieuses qui sont libres. Ces gens qui font pression ou qui menacent ne jouent pas le jeu de la laïcité, c’est-à-dire de l’impartialité religieuse. Je ne les juge pas mais je pense qu’ils n’aiment pas cette France et ses valeurs. Il est grand temps de les inviter à trouver leur patrie ou leur terre de cœur ailleurs.

Vous mettez en cause les musulmans ?

Non, pas les musulmans mais des musulmans. Mes comédiens sont mu­sulmans. Mon comédien principal, qui joue le rôle du converti, est un musulman. Il a une pratique de sa religion qui lui permet de vivre harmonieusement dans son pays, la France.

Vous pensez donc que les musulmans peuvent recevoir les valeurs universelles de la laïcité ?

Je crois surtout qu’il est temps de cesser de penser que nos valeurs doivent être universelles. D’autres peuvent avoir d’autres valeurs, qui ne correspondent pas du tout aux nôtres. Et même s’il s’agit de ressortissants français, il faut leur dire qu’il y a d’autres pays où cette culture-là est possible, mais pas la France. J’essaye d’être honnête et de tenir un discours de vérité. Aujourd’hui, ces gens qui cherchent leurs repères dans la charia, nous faisons tous comme s’ils n’existaient pas et cela les humilie. Cela ne peut qu’aggraver les problèmes relationnels. C’est un des dangers du 11 janvier, cette unanimité de façade qui fait que l’on cesse de se poser des questions. Les politiques doivent accepter de voir qu’il existe aujourd’hui sur notre sol des idéaux divergents et incompatibles entre eux. Pour le moment, on feint de dire que tout le monde est d’accord et qu’il n’y a pas de différences. Mais c’est une attitude qui ne peut engendrer que la violence de la part de ceux qui se sentent méprisés par cette façon de gommer les différences.[...]

La suite sur Minute-hebdo.fr

http://www.actionfrancaise.net/craf/?Entretien-avec-Cheyenne-Marie

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