"Il s’est planté là, au milieu de l’hôtel des ventes de Bayeux, le frère Olivier. Avec sa robe et un secret espoir : enlever les enchères pour une presse à reliure. Pas n’importe laquelle. La vente qui avait lieu samedi à Bayeux concernait les biens venant d’un monastère : 900 lots à la vente.
Du linge, des outils, des chapelets de novices ou d’ordre religieux, un coffret armorié, des drapeaux, des vases, des statues, des Christs en bois, plâtre, ivoire, du XVIIe au XIXe siècle et donc, unepresse à reliure. La presse à reliure ? Ce n’est, bien entendu, pas pour le simple plaisir de la possession que le religieux tente de l’emporter. Ce n’est pas le genre de la maison. Non, le but, c’est, un jour, de s’en servir avec les enfants accueillis au village de Riaumont à Liévin. Bref, le frère Olivier se présente à la salle des ventes avec un budget (forcément limité) en poche : 300 €. Pas un centime de plus.
Les enchères montent
Le problème, c’est que lorsque Gilles Bailleul, le commissaire-priseur, en arrive à la fameuse presse, le moine n’est pas le seul à renchérir. Un acheteur potentiel, qui n’est pas sur place, fait monter les enchères au téléphone. « Arrivé à un certain prix, je me suis arrêté » confie le frère Olivier, bien prêt de finalement faire tapisserie à Bayeux.
C’est à ce moment qu’une des personnes présentes dans la salle renchérit pour le frère. Effet boule de neige garanti. « Il y avait des marchands dans la salle, raconte un Me Bailleul encore sous le coup de l’émotion, ils ont renchéri pour le religieux. On a fini par faire une quête. Au total, les personnes présentes ont donné 698 €.» Forcément, avec cette somme en poche, le frère Olivier peut voir monter les enchères sereinement. Au final, il se voit attribuer la presse à reliure pour la somme de 830 €. Gilles Bailleul n’en revient toujours pas : « En trente ans de carrière, je n’avais jamais vu ça. »"