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La CGT, du colosse syndical au déclin 1945-2015

La fin de la 2e guerre mondiale représente une période faste pour la CGT. En 1945, surgissent les Comités d'Entreprise, la Sécurité Sociale. Ils deviennent des bastions du syndicat, maintenant ouvertement contrôlé par le PC. Quand la Fédération Syndicale Mondiale, courroie de transmission du bloc de l'Est, est créée, la CGT la rejoint aussitôt. En 1946, nouvelle année faste. Le Statut général des fonctionnaires, promulgué par Maurice Thorez, ministre et chef du PC (malgré sa désertion de 1940), ouvre aux ex-Unitaires de nouvelles portes. En avril, au congrès de l'organisation, Benoît Fraction est sacré secrétaire général. La CGT, qui compte 5,5 millions adhérents, se trouve à son apogée. Pourtant, la CFTC marque des points aux élections d'entreprise, et la CGC, qui rassembles des cadres, surgie fin 1944, débute son implantation. Ce n'est pas cela qui inquiète la CGT. En mai 1947, tout change d'un seul coup pour elle. Les cégétistes de Renault-Billancourt ne sont pas parvenus à maîtriser une grève locale, que des trotskistes ont réussi à prolonger contre eux. Voilà qui sert de prétexte au gouvernement en fonction pour se débarrasser des ministres communistes. La riposte ne se fait pas attendre. En juin-juillet, une vague de grèves s'abat sur Citroën, Peugeot, Michelin les banques, la distribution... La CGT s'avance partout en première ligne. A l'automne, elle lance une déclaration de guerre politique, en refusant le plan Marshall d'aide américaine à l'Europe de l'Ouest. Il en résulte, le 19 novembre 11947, le départ des non-communistes, qui se muent en CGT-Force Ouvrière en avril U948, regroupant 300 000 membres. Les syndicats d'enseignants, désemparés, se rendent autonomes, refusant de choisir entre les deux CGT.

LA CGT, OUTIL DE GUERRE FROIDE ET CONTRE L'EMPIRE FRANÇAIS

La tension s'aggrave, et voici venir l'heure des grèves insurrectionnelles. Avec le sabotage des voies ferrées — de nombreux voyageurs sont tués —, et l'occupation des mines de charbon, alors vitales, et des affrontements très violents avec les CRS et l'année. En prime, des attaques de convois destinés aux troupes qui se battent en Indochine. La guerre froide syndicale s'étend au monde entier. Contre l'Internationale FSM rouge, surgit en 1949 la CISL, l'Internationale des Syndicats libres, avec pour pivot l'AFL-CIO des Etats-Unis. FO rejoint cet ensemble.

En dépit des troubles, des évolutions sociales se remarquent en France, avec la création du SMIG (salaire minimum interprofessionnel) et les Conventions collectives (1950). En 1953, se produit la grande grève générale de l'été, à l'appel de la CGT, rejointe par la CFTC, puis FO. 4 millions de grévistes pendant plusieurs semaines, tous les services publics paralysés, sur la question de l'âge du départ à la retraite.

Le redressement économique s'accentue, la 3ème semaine de congés payés est accordée, entre autre. Cependant, la CGT soutient la rébellion commencée fin 1954 en Algérie. En février 1962, elle sera le fer de lance de la manifestation pro-FLN parisienne du 8, où plusieurs cégétistes seront tués au métro Charonne. Etrange quiproquo, car De Gaulle et le PC sont d'accord sur le fond. Début 1963, la CGT, soutenue par FO et la CFTC, prend sa revanche sur le pouvoir gaulliste, qui doit céder à la grande grève des mineurs. En 1966, i la CGT manque un point décisif contre FO, par son alliance avec la CFDT, issue par déconfessionnalisation (et utopisme social) de la CFIC, en novembre 1964.

LA CGT, VICTIME DE LA CHUTE DU MUR

Georges Séguy, communiste inconditionnel, formé par des membres de l'Internationale stalinienne, succède à Benoît Frachon comme chef de la CGT. Stupeur, en mai-juin 1968, il se trouve confronté à plus révolutionnaire que lui, avec les "gauchistes" La grève générale, avec occupation systématique des locaux de travail, touche 7 millions dé salariés pendant des semaines. Elle se termine parce que le PC et la CGT s'entendent avec le pouvoir contre les gauchistes (trotskistes, maoïstes, anars...). La négociation de Grenelle, menée par les hauts fonctionnaires Balladur et Chirac, aboutit à 35 % d'augmentation générale des salaires, et à l'instauration de la SSE (Section syndicale d'entreprise).

La CGT renouvelle son alliance avec la CFDT en 1970, tout en accentuant sa démarche parallèle à celle du PC. Elle acclame le « programme commun » de gouvernement PC/PS (en cas de victoire électorale). En 1981, elle fait campagne au second tour pour le candidat PS, F. Mitterrand. En 1982, elle triomphe avec les 5 semaines de congés payés, la retraite à 60 ans, les 39 heures hebdomadaires, le droit d'expression des salariés, etc. Henri Krasucki, militant CGT/PC issu des groupes de combat des communistes étrangers pendant la guerre, succède à G. Séguy cette année-là. Dix années plus tard, le communiste Louis Viannet le remplace. Mais, en 1989/1991, l'URSS et le bloc de l'Est s'effondrent. L'intérêt de coller au PC devient moindre, celui-ci souffre de déclin électoral, depuis la percée des nationalistes français aux élections, à partir des municipales de 1983.

UNE PLACE POUR UN AUTRE SYNDICALISME

En 1993, la CGT ne donne plus de consignes de vote aux scrutins, et elle quitte la FSM, mourante, en 1995. Cependant, à sa tête, toujours des militants du PC, ainsi Bernard Thibault (1999). Elle réussit à surnager, tandis que le PC, lui, s'effrite inexorablement. La CGT demeure le premier syndicat fiançais, jusqu'en 2012, où la CFDT commence à la surpasser. En 2014, la CGT est frappée d'une très cave crise interne, son secrétaire-général, Thierry Lepaon, doit démissionner. Le communiste Philippe Martinez, tendance "dure", le remplace, dans une situation très difficile, début février 2014.

Une place surgissait à partir de 1990 pour un grand syndicat national non marxiste et non libéral. Or, le FN n'a pas souhaité que cette perspective s'ouvre alors (malgré des velléités), et il n'a pas encore changé de position depuis un quart de siècle. Le syndicalisme libre, type CSL, a disparu en 2000. Ceci, à vrai dire, constitue une autre histoire. Sous la réserve de respecter le « critère d'indépendance » du Code du Travail, un syndicat national pourrait naître et se développer, dans les conditions présentes, et devant l'échec de la CGT face aux ravages du mondialisme dans notre pays. Pour l'heure, la CFDT, suiviste du PS et du grand patronat, domine la scène sociale du pays (CGT : 650 000 adhérents, CFDT: 870 000).

 

Nicolas Tandler Rivarol du 7 mai 2015

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