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Être libéral ou de droite, il faut choisir

La droite libérale a tout de l’expression oxymorique et de d'approximation idéologique. On a pourtant fini par confondre les deux termes. Bel hold-up sémantique. Louis-philippards et versaillais hier, néolibéraux aujourd'hui, ils ont vampirisé la droite avec leurs seules valeurs boursières.

Les deux plus grandes figures internationales de la « droite » de la seconde moitié du xxe siècle sont incontestablement Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Ce sont aussi celles qui ont arrimé le plus solidement la « droite » occidentale au char du libéralisme économique. Un char qui peut tout aussi bien prendre la forme d'un Sherman M-10 que d'un caddie de supermarché, et qui a fini par tout emporter sur son passage, non seulement ses adversaires (marxistes et socialistes de tous poils…), mais également tous ceux qui, par souci « d'efficacité », s'étaient imprudemment engagés à ses côtés (démocrates-chrétiens, républicains conservateurs, légitimistes, nationaux…).

Désormais, en Europe du moins, « libéralisme » et « droite » ont fini par se confondre. Pourtant rien de plus étranger au véritable homme de droite que le libéralisme, produit de l'idéologie des Lumières et de la révolution bourgeoise instaurant la primauté de l'individu sur toutes les appartenances forgées par le temps et l'histoire (famille, métier, patrie, nation…).

Seul point commun entre le libéral et l'homme de droite, un même constat, partagé avec La Bruyère, sur la nature de l'homme « uniquement motivé par l'amour de lui-même et l'oubli des autres ». Mais alors que le premier, prenant acte de cet égoïsme « naturel », n'a de cesse que de l'encourager, en pariant que, de cette jungle, naîtra ce fameux « empire du moindre mal », brillamment décrit par Jean-Claude Michéa, le second, lui, sans nier cette réalité, cherche à la corriger, à l'encadrer et à la dépasser en faisant appel à des «valeurs» supérieures, lesquelles rendent possibles l'établissement de communautés et de nations mues par des préoccupations d'intérêt général et des projets collectifs.

Parce qu'il refuse d'accepter cette antinomie ontologique entre le « libéralisme » et le « traditionalisme » - qui est l'essence fondamentale du vrai homme de droite -, le « libéral-droitard » contemporain est contraint de vivre en permanence dans la plus complète schizophrénie. Ainsi feint-il de croire qu'à l'instar du cholestérol, il existe un « bon » libéralisme (l'économique) et un « mauvais » libéralisme (le politique et social, celui qui, par exemple, encourage l’avortement, le mariage homo et la dépénalisation des drogues…).

Se libérer des libéraux

Le « libéral-droitard », admirateur chimérique d'Adam Smith et de Barrès, s'est laissé enfermer dans l'aporie définitive d'un monde qui se voudrait à la fois économiquement « ouvert », « ultra-concurrentiel », « mondialisé », « dérégulé » et socialement «stable», « traditionnel », « homogène », « conservateur »...

Le même homme s'affirme volontiers « hostile à l'immigration », mais s'oppose à l'augmentation des bas salaires qui permettrait de pourvoir les postes des secteurs délaissés par les « de souche » au profit d'une main-d'œuvre importée à bas prix. Il a également pour habitude de payer sa nounou haïtienne ou sa femme de ménage philippine au noir.

Aux premières notes de la Marseillaise, il bombe le torse et se déclare à la moindre occasion « patriote », mais voit dans « l'évadé fiscal » la figure moderne du résistant. Il est pareillement fasciné par les États-Unis et traite de « parasites » tous ses compatriotes inaptes ou allergiques aux règles de la compétition économique.

Mais surtout, ne lui faites aucun reproche ! Il prendrait alors la posture et le ton, à la fois docte et commisératif, des trotskistes des années 60 justifiant les retards dans l'avènement du paradis du prolétariat, pour expliquer que, si le libéralisme n'a pas encore apporté le bonheur aux peuples, c'est parce qu'il n'est appliqué que partiellement ou qu'il est trahi par les dirigeants qui s'en réclament !

La boucle est ainsi bouclée. Libéralisme, communisme même matérialisme mortifère, même sectarisme parareligieux… même impasse. À l'horizon, désormais, une seule alternative soit la droite du XXIe siècle parviendra à se libérer des libéraux, soit elle en mourra. Et les libéraux ne la pleureront pas.

Xavier Eman Le Choc du Mois juillet 2010

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