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Vercingétorix naissance d'une nation

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Bien avant Clovis, Vercingétorix fut le premier à exalter la conscience nationale de son peuple, à appeler à l'union pour défendre sa patrie.

Vercingétorix naissance d'une nation 1.jpegCertes, la Gaule du Ier siècle avant J.-C. n'était pas une nation, car elle était morcelée en autant de territoires que de peuples. Mais ce fut le talent de Vercingétorix que d'arriver à rassembler tous ces peuples indépendants et divisés (qui guerroyaient souvent les uns contre les autres). Les Gaulois avaient, ceci dit, la conscience de former un grand peuple, uni par un même sang. Les druides le leur enseignaient.

Les origines de la Guerre des Gaules

César et ses légions étaient accourus en Gaule indépendante à l'appel des Éduens, peuple ami de Rome. En -8, de fortes migrations helvètes inquiétèrent les peuples gaulois. César massacra 200 000 hommes, femmes et enfants helvètes, et profita de cet incident pour rester en Gaule. Puis César dissuada les menaçants Germains de franchir le limes alsacien, en traitant avec leur chef Arioviste. À cette date, César avait rempli sa mission de protection de ses alliés gaulois contre les périls helvète et germain.

Mais il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Il avait besoin d'un succès militaire (la conquête d'un pays riche comme la Gaule) pour se lancer à l'assaut de Rome. N'oublions pas l'ambition de César dont le modèle était Alexandre le Grand (qu'il rêvait d'égaler et de dépasser). César dévoila son jeu en allant battre les Belges, ces peuples gaulois du nord-est de la Gaule. La mort de la Gaule a commencé. César porta ensuite l'estocade contre les Armoricains, en -56, défaisant la flotte vénète et ses 200 navires, puis envoya Crassus continuer à soumettre les côtes atlantiques de l'Aquitaine. César perdit les deux années suivantes (de 55 a -54) à guerroyer contre les Germains et à essuyer un débarquement malheureux en Angleterre (Bretagne). Début -53, il lui fallut revenir en Gaule car les terres gauloises conquises commençaient à se révolter.

La révolte gauloise

Hiver -53, les Gaulois de Cenabum (Orléans) donnèrent le coup d'envoi de la révolte en massacrant tous les Romains séjournant dans la ville. Un jeune homme décida de les imiter. Cet homme était un jeune Arverne de 22 à 29 ans (César le qualifiait d'adulescens). Son père, Celtill, périt vers 80 avant J.-C, sur le bûcher, condamné par son propre frère Gobannitio et tout le Sénat de Gergovie pour avoir voulu restaurer l'unité par l'antique royauté ainsi qu'une plus grande indépendance vis-à-vis des Romains. Cette politique gênait l'aristocratie arverne qui craignait un relâchement du commerce avec Rome. Certains historiens ont même avancé l'hypothèse d'une manipulation romaine. Son nom était Vercingétorix (« grand roi des guerriers », un nom prédestiné !). Sans doute était-il semblable à ces hommes dont Virgile nous dressa le portrait dans L'Enéide « D'or sont leurs cheveux, d'or est leur vêtement, des rayures claires égayent leurs sayons leurs cous, blancs comme le lait, sont cerclés d'un collier d'or. Aux mains de chacun scintille le fer de deux grands javelots alpins, de hauts boucliers couvrent la longueur de leur corps. » Ajoutons que les Gaulois étaient d'une haute stature, bien plus grands que les Romains (ce qui fut un objet de mépris, d'après César).

En -52, dans la forêt des Carnutes, le sanctuaire druidique de toute la Gaule (l’omphalos - ombilic en grec - de la Gaule comme Delphes fut celui de la Grèce), les Gaulois décidèrent de combattre ensemble pour leur liberté commune : « Mieux vaut mourir en combattant que de ne pas recouvrer l'antique honneur militaire et la liberté que les aïeux ont légués. » (propos rapportés par César dans sa Guerre des Gaules). Le serment en fut prêté devant les étendards d'or (souvent figurant un sanglier) réunis en faisceau. Ce fut d'ailleurs la force et le talent de Vercingétorix, tour à tour guerrier et orateur, de convaincre ces hommes indépendants et divisés entre eux. Tous les peuples gaulois le rejoignirent, même les Éduens (pourtant grands rivaux des Arvernes et amis de Rome) après Gergovie, à l'exception des Rèmes, des Trévires et des Lingons.

Gergovie

Dès le début, le jeune chef gaulois entrevit qu'il fallait éviter de combattre de front les légions de César. Il adopta la tactique de la terre brûlée, coupant ainsi tous vivres aux Romains en détruisant les villages et en incendiant les fourrages. Une stratégie que reprendront par deux fois les Russes, face à Napoléon puis face à Hitler. Quand ils ne le firent pas, les Gaulois furent défaits comme à Cenabum (Orléans). Vercingétorix le leur rappela : « Tout cela vous paraît de trop durs sacrifices ? Ce sont des douleurs tout autrement terribles de voir vos femmes et vos enfants réservés à l'esclavage et vous-mêmes à la mort. Car c'est votre lot si vous êtes vaincus. » Mais ce sage avis ne triompha pas longtemps du tempérament fougueux de nos pères. Après Gergovie, citadelle imprenable devant laquelle César fut vaincu (700 légionnaires et 46 centurions tués), et la destruction de l'arsenal romain de Noviodunum (Diou, près de la Loire), Vercingétorix décida de monter une manœuvre de diversion contre les Allobroges de la Savoie et du Dauphiné, pour obliger César à regagner la Province romaine. Il déclencha le mouvement de retraite de l'armée romaine. Il l'attaqua de front dans le Châtillonnais (près de Dijon) en lançant d'abord sa cavalerie contre les légions. Contrairement aux prévisions, César était sur ses gardes et les assauts furieux et répétés de la cavalerie gauloise se brisèrent sur les lances des légions formées en carré.

Ce fut une défaite et Vercingétorix prit la décision de s'enfermer alors dans Alésia, un oppidum de 97 hectares, avec ses 80000 hommes et des vivres pour un mois pendant que ses principaux lieutenants devaient rameuter une immense armée de secours depuis les quatre coins de la Gaule.

Alésia, le crépuscule gaulois

Hélas ! Alésia n'était pas Gergovie. Aucun ravin ne venait ici empêcher l'encerclement par les fortifications romaines. Dans cette prison de seize kilomètres (!), les Romains affamèrent les assiégés. L'armée de secours gauloise arriva bel et bien, énorme avec ses 240000 hommes et ses 8000 cavaliers mais, mal coordonnée, elle ne put briser ce cercle maudit, malgré les attaques simultanées avec les assiégés gaulois (frappant ainsi des deux côtés). En 52 avant notre ère, Vercingétorix se rendit à César Le métier des vieilles légions romaines l'avait emporté sur la fougue et l'enthousiasme gaulois. Sans doute est-ce la clé de la défaite. Un général romain, Corbulon, a fait remarquer que les Romains avaient remporté plus de campagnes avec la pelle de tranchée qu'avec le glaive. Dans son beau roman pour enfants, Ambor le loup (en cours de réédition chez Auda Isarn), Joseph-Henri Rosny aîné, l'auteur de La Guerre du feu, partage ce même avis dans un dialogue imaginaire entre son héros et Vercingétorix

« Non, mon ami, ta manière n'est point la mienne. Tu crois aux grandes armées. Je n'y crois que pour les Romains.

Les Gaulois ne valent-ils pas les Romains ?

Ils valent plus peut-être mais ils ne savent pas faire la guerre comme nos ennemis la font, savante et disciplinée. »

La mort du héros

Vercingétorix restera ce grand chef qui sut unir des Gaulois divisés et rétifs à l'obéissance, face au péril romain. César rendit hommage à sa valeur et à son courage, étonnants lorsque l'on songe à son très jeune âge : « Qu'il ne s'arma jamais pour son intérêt personnel, mais pour la défense de la liberté de tous, et c'est sans doute parce que César redoute la puissance de ce sentiment exclusif que Vercingétorix une fois pris, il ne le lâcha que pour le faire tuer. » En 46 avant J.-C, dans le cachot romain de la Mamertine, sous le lacet du bourreau. Il avait entre vingt-neuf et trente-cinq ans. Auparavant, César l'avait enchaîné à son char lors de son triomphe romain. Puis, pendant six longues années, César l'emprisonna cruellement dans un cul de basse-fosse où il ne savait jamais quand se levait l'aube. Une fois étranglé, le grand chef gaulois n'eut jamais de tombeau et on ignore ce que les Romains firent de son corps.

Alésia scella le sort de la Gaule. Le pays était exsangue et vaincu Plutarque (dans sa Vie Parallèle sur César) parle de 800 villes prises, de 300 peuples gaulois soumis, de trois millions de guerriers Gaulois battus - dont un million mourut et un autre million fut réduit en esclavage. La Guerre des Gaules servit les ambitions de César qui imposa ainsi à Rome la figure du princeps (le Prince), de l'Empereur (qu'il préfigura avant Auguste et l'Empire romain) au détriment de la République.

Ainsi s'achevait le destin du premier de nos héros. Au XIXe siècle, les paysans saluaient encore à Clermont-Ferrand la statue du « grand saint Gétorix » ! Aujourd'hui, il n'est même plus enseigné, pas plus que les Gaulois, à nos enfants qui, par contre, apprennent l'Inde des Gupta ! Tout cela au nom du « vivre ensemble » et pour ne pas discriminer Moussa et Mohamed. Il n'est que temps que nous nous réveillions, comme nos ancêtres gaulois, pour chasser tous ces envahisseurs et traîtres à notre race.

Pierre Gillieth Réfléchir&Agir N°60

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