De Bruce Springsteen à Mireille Mathieu en passant par Sting…
Bruce Springsteen ? « Le "Boss" a été élevé dans son enfance dans une foi catholique fervente. "Ma famille vivait à deux pas de l’église catholique, du couvent et de l’école des religieuses Sainte-Rose de Lima. J’ai véritablement grandi entouré de Dieu". Avec l’album Devils & Dust, et notamment sa chanson Jesus Was an Only, sortie en 2005, Springsteen retrouve une authentique inspiration religieuse. Il parle de Marie, mère de Jésus, celle qui marche au côté de son fils "sur le chemin où son sang se déversait". »
Sting, le célébrissime chanteur du groupe Police ? Toujours selon Aleteia, « le chanteur se confie au National Catholic Register, un journal catholique américain, sur son rapport à la foi catholique. Il y raconte le "vertige cosmique" qu’il ressent face au "concept d’éternité". En novembre 2009, lors d’un concert à la cathédrale de Durham, en Angleterre, l’artiste interprète de façon admirable l’hymne à la Vierge Marie There Is No Rose of Such Virtue. Ce chant, qui date du XVe siècle, nous est parvenu grâce au Trinity Carol Roll, le plus ancien manuscrit anglais de musique polyphonique conservé. À cette occasion, Sting joue du luth, pour reproduire au plus près l’esprit de l’hymne ancien, en référence au Proche et au Moyen-Orient, là où a commencé l’histoire du christianisme. » Qui l’eût cru ?
On remarquera que les artistes français ne sont pas en reste, telle Mireille Mathieu : « La célèbre chanteuse à la centaine de millions d'albums vendus dans le monde n’a jamais caché sa foi catholique ni sa dévotion à la Vierge Marie. La veille du 15 août 2017, les habitants de Saint-Tropez l’aperçoivent entrer dans l’église Notre-Dame-de-l’Assomption pour y préparer une prestation surprise, qui sera donnée lors de la messe du 15 août. “Comme vous le savez, je suis très catholique. J’ai donc profité d’un séjour ici pour visiter cette église. Je n’ai pu m’empêcher d’y chanter du Haendel et mon Santa Maria. C’était merveilleux !”, a-t-elle confié au quotidien local Var-Matin.
Tino Rossi et Laurent Voulzy
L’un des plus discrets, comme toujours, demeure Laurent Voulzy, qui confie à La Croix : « Entrer dans une cathédrale ou une petite église, y entendre les chants, me transforme intérieurement. Face aux situations de la vie, je prie Jésus et Marie tous les jours et en silence. C’est la "Prière du cœur" qui est ma préférée : "Seigneur Jésus, aie pitié de moi". Mais je prie aussi la Vierge sans oublier des prières de mon invention, que je répète depuis de longues années. »
En effet, il y a les artistes qui s’en tiennent aux prières déjà existantes ; et les autres qui préfèrent chanter les leurs. Vierge Marie, par exemple, enregistrée en 1941 par Tino Rossi, avec ces paroles par ses soins écrites : « Toi qui toujours dans mon enfance/Toi qui toujours m’as protégé/Sur ma douleur, sur ma souffrance/ [...] Je mets en toi mon espérance/Ne m’abandonne pas/Reine des cieux. »
La prière de Brassens…
Et comment faire l’impasse sur La Prière de Georges Brassens, adapté d’un poème de Francis Jammes, en 1953 ? Notons que la mélodie a déjà été utilisée pour le poème de Louis Aragon, Il n’y a pas d’amour heureux. Étrange coïncidence que celle-là… Au final, une pépite dans le répertoire de ce mystique contrarié, parfois un brin anticlérical, mais plus tard réputé pour avoir défendu cette messe qui « nous emmerde sans le latin ». Qu’on en juge : « Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentre/Par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre/Et par l’humiliation de l’innocent châtié/Par la vierge vendue qu’on a déshabillée/Par le fils dont la mère a été insultée/Je vous salue, Marie. » Poignant.
Tout aussi bouleversante demeure Holy Mother, titre sorti en 1986, par un Eric Clapton, flamboyant guitariste anglais surnommé « God » par ses fans des sixties. Il est au fond du trou lorsqu'il apprend la mort par pendaison de Richard Manuel, musicien surdoué du Band et l’un de ses meilleurs amis. Dans son autobiographie, il se souvient : « J’avais acheté deux packs de six bières, que je bus très vite, avant de plonger dans un abîme de désespoir. J’eus comme un moment de lucidité, où je vis la misère absolue de ma vie. Je commençai à écrire une chanson intitulée Holy Mother, dans laquelle je demandais de l’aide à une source divine, féminine, que je ne pouvais absolument identifier. » Et aujourd’hui ? « Aujourd’hui, j’adore toujours cette chanson parce que je sais qu’elle venait du plus profond de moi et que c’était un sincère appel au secours. » Lequel fut manifestement entendu, l’homme s’étant depuis réconcilié avec lui-même. Grâce à qui ? « God » seul le sait… Mais quand il l’interprète en duo avec le ténor Luciano Pavarotti, grande est l’envie d’y croire.
Dans le même registre énigmatique, il y a évidemment le Let It Be des Beatles, sorti en 1970. Et ses vers aux airs de prière : « Quand je me trouve en temps de désarroi, mère Marie vient vers moi/Me dit des paroles de sagesse, ainsi soit-il/Et en temps de ténèbres, elle se tient en face de moi, ainsi soit-il. » Alors, chanson mariale or not chanson mariale ? Steve Turner, « beatlesologue » et auteur du savant Hard Day’s Write : « Cette chanson a pu être perçue comme religieuse par ses invocations à la Vierge Marie, alors qu’elle n’était qu’une prière adressée à Mary, la mère de Paul McCartney, morte alors qu’il n’avait que quatorze ans. » De son côté, le principal intéressé corrige, dans ses mémoires : « Les mots "Mother Mary" en font quasiment une chanson religieuse, alors on peut la prendre comme ça. Je n’ai rien contre. Je suis plutôt heureux que les gens s’en servent pour affirmer leur foi. » Si c’est Paulo qui le dit.
Et Johnny Hallyday, dans tout ça ?
Et puis, n’oublions surtout pas Marie, de notre Johnny national, tube remontant à 2002. La musique ? Très belle, puisque signée de l’excellent Gérald de Palmas. Les images ? Déchirantes, car elles montrent un soldat s’apprêtant à partir au feu. Les paroles ? Tout simplement renversantes : « Demain ce sera le grand jour/ l faudra faire preuve de bravoure/Pour monter au front, en première ligne/Oh Marie, je t’en prie, fais-moi un signe/Oh Marie, si tu savais/Tout le mal que l’on m’a fait/Oh Marie, j’attendrai qu’au ciel/Tu viennes me retrouver. » Inspiration mariale ? Nul ne le sait vraiment. Dans la chanson, la Marie en question est censée être sa fiancée. Mais Johnny s’adresserait-il à une autre Marie ? Le doute subsiste, tant les paroles paraissent ambiguës. Mais ne doutons pas que l’homme au crucifix sous le Perfecto™ savait ce qu’il chantait. Alors, hymne à la Vierge Marie ou pas ? Dans le doute, nihil obstat, comme on dit au Vatican…