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La question scolaire : L'enseignement, une affaire privée ? 4/5

Or telle est la Vie divine, en tant qu'elle est la Vie trinitaire Dans la vie physique, il y a une âme qui totalise, mais qui est incapable de conférer sa dignité personnelle à ses parties , dans le deuxième cas, à savoir la vie politique, les parties ont la dignité de personnes qui sont chacune un tout organique, mais c'est le tout des per sonnes qui est incapable d'être une personne la société n'est personnelle que dans et par la personne du monarque, qui l’liypostasie en tant qu'il la dirige et la mène au bien commun, c'est-à-dire à son ordre qui est son essence. Or il convient de faire observer que, dans la Vie trinitaire, les Personnes demeurent subordonnées à la Nature divine qui se personnalise en faisant procéder et spirer, d'elle-même et en vue d'elle-même, les Personnes le Père n'est que dans Sa Paternité A fortiori donc, dans le cas de l’État, les personnes demeurent subordonnées à la nature humaine qui se personnalise en elles comme en cette condition de sa propre concrétisation, mais aussi comme cette instance à partir de laquelle elle se fait fin des personnes elles-mêmes; or, étant plus parfaitement réalisée dans la communauté que dans l'individu, il est rationnel qu'elle se subordonne les personnes au titre de leur fin. Si la Vie trinitaire, modèle de toute société, est bien l'identité concrète de l'organicité vitale d'une part, et de la singularité personnelle des moments qu'elle totalise d'autre part, alors l'ineffabilité substantielle des personnes, même dans une société non substantielle, ne remet nullement en cause le primat du tout sur ses parties qui sont ses moments d'une certaine façon, c'est encore au tout qu'emprunte la personne pour être personnelle, puisque la personne humaine n'est véritablement personne qu'en société, en relation avec d'autres personnes.

Pour qui comprend cette paradoxale co-extensivité entre souveraineté du tout sur ses parties d'une part, et autonomie personnelle des parties d'autre part, il est rationnel que le tout, ne fût-il qu'un tout d'ordre, se subordonne les personnes en vue du rayonnement de la nature humaine qui fait la gloire de Dieu. Il ne faut pas dire que la personnalité des parties du tout politique serait en droit de se subordonner ce dernier parce qu'il n'est qu'un tout d'ordre; bien au contraire, il faut dire que le tout se subordonne toujours ses parties, mais qu'il n'est qu'un tout d'ordre parce que la nature des parties, ou nature humaine, est ontologiquement trop pauvre pour se poser elle-même, de surcroît, comme personne en posant ses parties personnelles (telle serait une société substantielle) En affirmant cela, on signifie que ce n'est pas la personnalité du tout qui fait de lui la fin de ses parties, c'est le fait qu'il est un tout, une communauté; et qu'il ne soit pas fin ultime ne le dépossède pas de son statut de fin, parce que la fin ultime divine, loin de répugner au statut de totalité ou de bien commun, est elle-même superlativement une Société la Trinité des Personnes n'est pas accidentelle à l'essence ou nature divine. Par où l'on saisit mieux peut-être le caractère intrinsèquement pervers de toute démocratie, et singulièrement de cet État mondial concocté par les loges et voué à mondialiser l'idée démocratique; il ne s'agit de rien de moins que de singer la Vie trinitaire : le "Père" hypostasiant l’État mondial (son président élu) engendre comme son "Verbe" les personnes en lesquelles il se fait vivre en faisant corrélativement procéder de lui-même cet "Esprit" des Initiés dont tout l'office est de ramener à lui - en se faisant procéder d'elle - la multitude des personnes; un tel "Père" ne peut être que l'Antéchrist, substitut luciférien de l'Incarnation. Ce n'est certes pas là ce que préconisaient les démocrates-chrétiens (Pie XI, Maritain ou Gilson); c'est pourtant ce à quoi ils tendaient objectivement, cédant à la logique du démocratisme sous la pression de leur personnalisme antitotalitaire. La démocratie rêve de totaliser des parties personnelles en conférant au tout, par mondialisation de ce dernier, le statut de personne : si la communauté humaine est capable de s'unifier, de sublimer ses différences, de se totaliser en vertu d'un principe seulement intrinsèque, sans référence à l'Auteur divin et maître suprême de la communauté humaine, c'est que cette dernière prétend se maîtriser elle-même, se posséder, se faire l'origine première, en tant qu'identité fondatrice, de ses propres différences qu'elle vivra comme autant de différenciations, ainsi comme identité se posant comme identité en se différenciant, or ce qui est identité de l'identité et de la différence est ce qui fait se renier ou se différencier de soi-même les différences en lesquelles il se renie, ainsi ce qui se fait affirmer par ce en quoi il se conteste; mais tel est le propre de la vie subjective ou personnelle, qui consiste dans l'acte de se poser comme sujet en s'objectivant, ou de s'identifier à soi et de s'atteindre en se différenciant de soi, le vœu secret du mondialisme démocratique est bien de se déifier en s'octroyant les attributs de la Vie trinitaire. La monarchie au contraire tend à subordonner les personnes au tout sans abolir les personnes, mais sans prétendre à personnifier le tout que l'indigence ontologique de la nature humaine et de toute nature créée ne rend pas substantifiable. La fin prochaine et immédiate du politique, ainsi sa fin propre, n'est pas, primo et per se, d'organiser les conditions temporelles d'accès de chaque personne à son salut individuel; elle est d'abord de satisfaire aux réquisits de la nature humaine sommée d'excéder le mode individuel de sa concrétisation en chaque personne, afin de déployer au mieux toutes ses virtualités en les actualisant sur le mode social. Et parce que la nature humaine est ainsi faite qu'elle unifie en les hiérarchisant les fonctions - en termes platoniciens - du "No's", du "Thumos" et de l’Epithumia", alors la société est nécessairement - à peine de n'être pas véritablement humaine - structurée selon les trois fonctions du monarque en son conseil des sages, des guerriers, et des producteurs. Et c'est seulement à condition de respecter sa finalité prochaine que la cité remplit adéquatement sa fonction éloignée de médiation, pour chaque personne, entre la vie terrestre et la vie éternelle. Si l'on y tient, la société est bien « pour l'homme », mais seulement au sens suivant : elle est subordonnée à l'homme si elle est considérée dans sa finalité médiate, celle d'instance médiatrice - par l'assomption en son chef de la vraie religion - entre la vie temporelle et la vie éternelle; considérée dans sa finalité immédiate et première, dans sa dimension proprement naturelle et temporelle, la société, prise comme lieu et réalisation en acte du bien commun, est cause finale de la personne humaine. En tant que le prince est catholique, la société est pour l'homme pris non tant comme citoyen de la cité terrestre que comme citoyen potentiel de la cité céleste , en tant que ce catholique qu'est le prince est chef d'État, l'homme entendu comme citoyen de la cité terrestre, même voué par le baptême à la béatitude céleste, est pour la société.

2) La fin justifie les moyens.

Par définition, le moyen est ordonné à la fin, et c'est elle qui le justifie qui le rend juste ou adéquat : la fourchette est pour l'aliment, et si quelque chose d'autre que la fourchette pouvait mieux qu'elle remplir son office d'instrument de la sustentation, il serait juste de le substituer à elle. Cela dit, n'importe quel moyen n'est pas - au rebours de l'insinuation machiavélienne - légitime pour autant, non parce qu'il jouirait d'une dignité indépendante du service de la fin (puisque c'est la fin qui lui confère sa dignité et sa légitimité), mais en tant qu'il contrevient aux exigences d'une autre fin dont la première, qu'il est supposé servir, est elle-même le moyen. Par exemple, le trafic de drogue est plus efficace que le travail pour accéder à cette fortune personnelle qu'un homme vertueux pourrait utiliser afin de soulager les souffrances physiques de ses semblables. Mais le trafic de drogue est inadéquat, parce qu'il s'oppose à la fin à laquelle est naturellement ordonnée la santé physique des indigents, à savoir la santé de leur âme. La formule « la fin ne justifie pas les moyens » n'est fondée que pour écarter les situations analogues à celle de Gribouille se jetant dans le fleuve pour échapper à la pluie. Appliquons ce résultat élémentaire au problème du rapport entre responsabilité parentale et responsabilité étatique en matière de religion et d'éducation des jeunes.

S'il était possible, sans dénaturer le bien spirituel que l'on entend transmettre, d'arracher, pour leur communiquer la vraie foi, les enfants à leurs parents fourvoyés dans une fausse morale ou une fausse religion, ou même une fausse conception du bien commun, il serait coupable de ne pas le faire, puisque la famille, comme partie de la société (politique ou ecclésiale), est ordonnée au tout comme le bien particulier l'est au bien commun. Comprenons là tout simplement que cette tolérance des fausses religions ou des parents médiocres, que l'État et l’Église sont tenus de respecter de manière irrévocable, n'est nullement fondée sur un droit des familles qui l'emporterait sur celui de l'État. Le seul argument qui puisse légitimer une telle tolérance (on aura compris que nous ne tenons nullement à invalider un tel argument ou à supprimer une telle pratique) est le suivant :

Que l'État soit cause finale des personnes et des familles n'en fait pas une cause efficiente; l’État n'est pas le géniteur stricto sensu des personnes et des familles en lesquelles elles adviennent à l'existence; l'État ne vit que de l'existence des personnes et des familles, par la causalité de la nature humaine qui les habite et qui aspire à sa réalisation plénière, autant que faire se peut, dans l'État; il ne saurait donc court-circuiter leur efficience ou se substituer à elles à peine de s'exténuer lui-même. Les choses sont ainsi faites que l'État, en tant que dépositaire d'un bien commun qui est raison du bien particulier, ainsi d'une autorité qui l'emporte sur celle des chefs de famille, est en quelque sorte dépositaire de la charge de l'éducation des enfants, mais avec cette précision que, n'étant pas l'origine première des personnes et des familles, il ne peut exercer son office d'éducateur qu'en reconnaissant l'autorité naturelle des chefs de famille, en faisant se médiatiser de manière obligée son rôle d'éducateur par l'autorité des familles, sans jamais prétendre à se substituer à elles. Le même raisonnement vaut pour l’Église que l’Église soit cause finale du politique n'en fait pas une cause efficiente des familles et des sociétés; elle ne saurait se substituer à l'ordre naturel sans exténuer le sujet ou réceptacle de la grâce dont l’Église est le dispensateur. Supposé que l’État et l’Église n'envisagent de se substituer aux autorités naturelles des familles et des princes que quand elles sont déficientes, incapables d'oeuvrer au bien commun de l'État et de la religion, il reste que le bien poursuivi par une telle substitution serait dénaturé. En effet : il est définitionnel de la foi d'être librement acceptée, et la liberté des enfants est assumée naturellement par celle des parents, de telle sorte que la violation de la liberté : même peccamineuse - des parents, revient à violenter celle des enfants par là à compromettre les conditions de réceptivité de la foi. De même, parce que la cité n'est pas substance, les parties personnelles de cette dernière ne sont pas créées par elle, elles ne tiennent donc pas d'elle leurs propriétés naturelles (intelligence, volonté, ainsi que les responsabilités qui leur incombent), il en résulte de manière générale que l'État ne peut finaliser ces personnes qu'en consentant à faire s'accomplir la réalisation de ses vœux par la médiation des instances intermédiaires (les familles) dont il est l'unité l'État ne saurait passer par-dessus la tête des chefs de famille pour éduquer la jeunesse, aussi longtemps que ces derniers jouissent de leur libre arbitre. Il n'empêche que l'éducation demeure éminemment une affaire d'État, et une affaire de l’État plus qu'une affaire de bien privé (individuel ou familial). De même que l'État se subordonne, selon les principes du thomisme, la morale qu'il est cependant tenu de respecter en tant qu'il l'assume comme sa condition intestine obligée, de même l'État se subordonne les familles dont il est néanmoins tenu de respecter les prérogatives insubstituables en tant qu'il est posé par la nature humaine habitant des personnes en et par lesquelles cette nature aspire à son actualisation la plus exhaustive possible en ce bas monde, c'est-à-dire politique.

À suivre

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