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Nous sommes à moins d’un an des élections municipales, où la plupart des grandes villes sont tenues par la gauche, avec des maires qui ont su rassembler l’ensemble des partis de ce courant et donner des postes, donc à manger, à tout le monde. Cela s’appelle l’Union de la Gauche, le Cercle républicain, la digue antifasciste ou tout autre habillage qui justifie que des partis qui passent leur vie à s’insulter savent se regrouper pour gagner des élections et sauver leurs appareils.
Chacun espère, dans ce contexte, que les grandes villes, mais aussi les villes moyennes, voire les petites communes tenues par la gauche, vont voir, dans un élan unitaire, toute la famille patriote se regrouper, faire des listes communes et préparer ainsi une démarche rassembleuse pour 2027.
C’est ainsi que cela devrait se passer. Chacun, du RN, de Reconquête, de l’UDR (Ciotti), de IDL (Marion), des Patriotes, devrait se mettre autour d’une table, regarder ensemble les villes gagnables et élaborer une stratégie efficace, en se mettant d’accord de manière équitable, en fonction du rapport de forces local et national, pour désigner une tête de liste. Charge à lui ensuite de rassembler les équipes sur le terrain pour dégager les nuisibles de gauche.
Hélas, on est loin du compte. Nul n’a oublié qu’au lendemain du premier tour des législatives de 2022, le RN a refusé toute alliance avec Reconquête, quand la gauche créait la Nupes ou le Nouveau Front Populaire. La priorité de Marine paraissait davantage d’éliminer définitivement le parti d’Éric Zemmour que de gagner les élections. Même stratégie en 2024, alors que, dans le même temps, Reconquête appelait à voter RN au deuxième tour.
En 2024, il y eut la scission violente entre Reconquête et Marion Maréchal. Celle-ci, promue tête de liste pour les européennes, paraissait miser sur cette élection pour se placer en rivale d’Éric Zemmour pour 2027, et, forte de sa popularité, de postuler pour la candidature. C’est à ce moment que Sarah Knafo est sortie du bois, avec le brio qu’on a découvert, et qu’à présent elle est devenue une interlocutrice incontournable de la scène politique et médiatique.
Marion, entre les deux tours, s’était vantée, suite à une rencontre avec sa tante et Jordan Bardella, d’être porteuse d’un accord national entre le RN et R!, avec 60 postes de députés réservés, à une condition : dégager Éric Zemmour. On sait ce qu’il advint : la tante avait manigancé un traquenard machiavélique à la nièce, et le lendemain, les propositions de la veille avaient disparu. Marion n’eut droit qu’à deux ou trois strapontins pour ses proches, et rien de plus. Bien sûr, la scission n’en fut que plus violente.
Depuis, la nièce a multiplié les signes de ralliement en direction de la tante, et on pouvait penser qu’à l’occasion de la première échéance électorale, en l’occurrence les municipales, un rapprochement serait officialisé. C’est ce qu’espérait Marion, qui avait proposé douze communes où des candidats d’Identité-Libertés seraient têtes de listes. Elle espérait un soutien du RN et s’engageait, en contre-partie, à soutenir les listes menées par le parti de Marine et Jordan. Et patatras, la tante a claqué la porte au visage de la nièce, provoquant des articles de bonne qualité commentant l’événement.
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Le message est hélas fort clair. Le RN ne veut d’alliance qu’avec Éric Ciotti, qui a un groupe parlementaire et fonctionne main dans la main, à l’Assemblée nationale, avec Marine Le Pen. Il ne veut pas entendre parler de Marion et encore moins de Reconquête. C’est pathétique, mais c’est ainsi.
La tante, contrairement à son père qui savait pardonner, a la rancune tenace contre sa nièce. Espérons que ce côté revanchard, que certains qualifieront de sectaire, n’amènera pas le RN à se comporter comme à Tarascon en 2020. Rappelons que pour punir Valérie Laupies, coupable d’avoir critiqué vertement la présidente du RN au lendemain du débat raté de 2017, l’état-major du RN avait envoyé un parachuté qui n’avait qu’une mission : faire perdre Valérie Laupies en lui collant une triangulaire, et sauver la mairie tenue par un LR. Objectif par ailleurs atteint !
Devant un tel spectacle, la gauche, qui finira par s’allier entre les deux tours, doit bien se marrer…