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Nous sommes… Priti Patel.

Pièce maîtresse du gouvernement britannique, Priti Patel, 49 ans, brexiteuse acharnée flirtant régulièrement avec des thèses de la droite radicale, est la bête noire des nostalgiques de l’Union européenne, de la gauche et des libéraux démocrates britanniques en général. La députée de Witham (dans le sud de l’Angleterre) ne s’est-elle pas prononcée au début de sa carrière politique, dans les années 2010, en faveur de la peine de mort comme « outil de dissuasion » ?

Visage fin mais ton mordant, cette habituée des polémiques n’a pas non plus hésité, ces derniers mois, à s’en prendre aux « avocats activistes » défendant les droits des migrants, à l’action « absolument honteuse » des manifestants Black Lives Matter qui, en juin 2020, ont lancé dans le port de Bristol la statue de l’esclavagiste Edward Colston, aux « croisés de l’écologie » du mouvement Extinction Rebellion « qui ont viré criminels » et même aux footballeurs de l’équipe d’Angleterre posant un genou à terre contre la xénophobie – des« gesticulations politiques », a estimé la ministre qui avait aussi, rappelons-le, tracé les lignes de son action dès 2019, au Congrès de son parti : « En tant que ministre de l’intérieur, j’ai une responsabilité particulière à ce moment crucial de notre histoire nationale et alors qu’il s’agit de reprendre le contrôle. Nous allons mettre fin une fois pour toutes à la libre circulation des ­personnes ! »

Priti Patel est d’ailleurs celle qui a mis en œuvre le settled status pour les citoyens européens résidant au Royaume-Uni, refusant de prolonger au-delà du 1er juillet la date butoir pour réclamer ce droit de séjour long. La ministre vient enfin de déclencher une nouvelle vague d’indignation avec le Nationality and Borders Bill, un projet de loi rendu public mardi 6 juillet, ­criminalisant les traversées de la Manche. Les migrants qui s’y risquent sans autorisation pourraient encourir des peines de prison. Sur le modèle du Danemark, le gouvernement envisage aussi d’exiler ses demandeurs d’asile dans un autre pays étranger. Une politique dénoncée par les associations d’aide aux migrants.

BRAVO !

Le parcours de Priti Patel peut dérouter. Très discrète sur sa vie privée, la ministre est née à Londres de parents d’origine indienne, de la province du Gujarat. Sa famille, au début du XXe siècle, avait été encouragée par le pouvoir colonisateur britannique à s’installer en Afrique de l’Est. Comme des milliers d’autres Asian Africans, les parents de Priti Patel ont fui l’Ouganda dans les années 1970 pour échapper à la répression du dictateur Idi Amin Dada. Au Royaume-Uni, M. et Mme Patel repartent de zéro, créent une chaîne de commerces de journaux. Leur fille fréquente l’école publique, étudie l’économie dans une université tout sauf prestigieuse (Keele University), fait ses premiers pas dans la communication.

Au sein du Parti conservateur, où elle s’engage très tôt, elle connaît une ascension rapide. Ses bonnes performances sur les plateaux de télévision, ses fortes convictions ravissent l’aile droite à la recherche d’une nouvelle « Dame de fer ». Priti Patel rappelle d’ailleurs souvent qu’elle est une fervente admiratrice de Margaret Thatcher, avec qui elle partage des points communs : l’ex-première ministre conservatrice était elle aussi fille de petits commerçants, vénérait la valeur travail et l’épargne.

Quand elle décroche son premier mandat de députée, en 2010, certains tories croient même déceler en Priti Patel une graine de dirigeante. Sous l’ère Cameron, le Parti conservateur a compris tout le potentiel qu’il pouvait tirer de l’électorat indien, première minorité ethnique du pays (environ 1,5 million de personnes), en pleine ascension sociale, jusqu’alors considéré comme acquis aux travaillistes.

Revendiquant ses origines et sa religion hindoue, Priti Patel incarne une intégration réussie et contribue à moderniser l’image du parti, en faisant la preuve qu’on peut être de droite, antimigrants et d’origine immigrée.

« Je n’ai aucune leçon à recevoir de l’opposition sur les questions de racisme, de sexisme, de tolérance ou de justice sociale », a-t-elle répliqué à l’attention des députés travaillistes. C’est sa popularité au sein des tories et ses convictions de brexiteuse qui lui ont permis de survivre à de retentissants scandales. Ministre du développement au sein du gouvernement de Theresa May, Priti Patel en a été expulsée en 2017 après avoir rencontré des officiels israéliens sans avertir le Foreign Office.

D’autres auraient disparu du paysage politique pour moins que cela : pas elle, qui a été promue par Boris Johnson en 2019 au ministère de l’intérieur. Il a par ailleurs refusé de se séparer d’elle malgré des accusations de harcèlement sur le plus haut fonctionnaire de son ministère, qui a démissionné en 2020. Downing Street a préféré signer un gros chèque à la personne en question pour éteindre l’incendie.

Bref, une femme d’action qui est d’ailleurs bien vue à Buckingham… Un modèle à suivre.

Le 14 juillet 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/

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