Le 4 février à Pékin, en marge des cérémonies artificielles, décalées et complètement contradictoires de l'esprit olympique, on aura pu constater les convergences des deux modèles de pouvoir autoritaire : celui du Chinois communiste Xi Jinping, et celui de Vladimir Poutine.
L'axe anti-occidental, ou antiaméricain, semblait scellé.
Sur quelque 200 États indépendants existant dans le monde, à vrai dire on ne sait plus exactement leur nombre, seuls 25 gouvernements avaient délégué autre chose que leurs responsables des sports.
Un seul pays occidental était représenté : pas particulièrement pro-russe, bien au contraire, mais effectivement opposé en ce moment aux critères de l'union européenne, puisqu'il s'agissait de la Pologne qui ose se dire effectivement chrétienne.
En fait, Varsovie avait délégué son président de la république Andrzej Duda, ne serait-ce que pour marquer sa souveraineté par rapport aux oukases et comportements purement symboliques des macroniens et autres soi-disant droitsdelhommards bruxellois.
Les 24 autres se recrutaient parmi les habituels suspects. Erdogan était retenu à Ankara, contaminé par le Covid. Mais son alter ego et ami Pakistanais représentait dignement la convergence des islamistes, dont on doit remarquer l'indifférence parfaite à l'endroit des souffrances endurées ces temps-ci par les Ouïgours.
Vis-à-vis de la Chine, les réticences occidentales on le sait, s'articulent sur le dossier de la répression des Ouïgours. Cette affaire, du reste, est présentée à contre-emploi par nos médias. Répercutant les faux concepts et les mensonges manipulateurs du régime de Pékin, ils parlent d'une "minorité", ils insistent sur la religion, choisie par le régime communiste comme prétexte à la "rééducation" etc.
Dans ses discussions avec les Russes, la Chine principal partenaire économique de l'Ukraine, comme client et comme fournisseur, n'a fait aucune concession concrète. Pékin a obtenu le soutien de Moscou dans ses prétentions sur Taïwan, mais ne soutient Vladimir Poutine que sur son opposition à l'hypothèse de l'élargissement de l'OTAN. Alliée de la Turquie et du Pakistan, la Chine, qui s'est précipitée en août dernier pour établir des relations avec le régime des talibans en Afghanistan, n'a jamais soutenu l'annexion de la Crimée en 2014.
Au bout du compte la relation Chine Russie se révèle un marché de dupes.
J'emprunte donc la conclusion provisoire de cette chronique à un des commentateurs que je ne connais pas mais que je salue.[1]
Il réagissait à L'Insolent en date du 4 février.[2]
Et il écrit ainsi :
Resterait, en effet, à étudier de près la dépendance croissante de la Russie vis-à-vis de la Chine. Listons dans le désordre : le quasi-abandon d'immenses espaces forestiers aux Chinois, par entente directe avec Moscou, au désespoir des Russes locaux ; la réduction de la Russie au rang de fournisseur de matières premières ; l'installation massive d'entreprises chinoises dans l'Orient russe ; la pression croissante du commerce chinois sur l'usage du transsibérien aux dépens des échanges intrarusses ; l'alliance inégale qui se dessine pour la maîtrise de l'Arctique, la construction navale chinoise faisant la différence ; le repli des Russes des républiques d'Asie centrale, Kazakhstan excepté, vu maintenant par Moscou comme un palliatif à l'effondrement démographique ; le grignotage progressif, et diplomatique, des marges tadjikes et kirghizes par la Chine depuis plus de vingt ans.
Peut-on encore parler de partenariat ? La Chine a un projet à long terme (...). Avec ses campagnes agonisantes, la Russie ne semble plus en mesure d'assurer la garde des frontières chinoises et turques. De la "troisième Rome" au nouveau Tiers-monde ?
Reprenant la plume, il ne me semble pas inutile de poser cette dernière question quitte à offenser les admirateurs du groupe Wagner.
JG Malliarakis