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Gustave Le Bon La psychologie politique contre les utopies 1/2

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Par Ego Non

Si l’Éducation nationale faisait son travail, elle mettrait au programme des lycées les classiques de la pensée politique, au même titre que les grands auteurs du patrimoine littéraire. L'homme deviendrait alors un animal politique. Ego Non, qui tient la chaine YouTube du même nom, nous offre plus qu'une session de rattrapage - une introduction à l’art de (se) gouverner.

La célébrité d’un livre cache parfois son auteur. Bien que tout le monde connaisse - au moins de nom - la Psychologie des foules de Gustave Le Bon, ce dernier demeure un illustre inconnu de la pensée française. En le réduisant à certaines formules comme : « L’âge où nous entrons sera véritablement l’ère des foules », on manque la profondeur de sa pensée. Car Gustave Le Bon n'est pas l'auteur d'un seul livre, son œuvre est infiniment plus vaste et devrait même compter parmi les classiques de la pensée politique moderne.

Un tel jugement surprendra peut-être le lecteur. Pourtant telle était bien l'ambition du docteur Le Bon. Avec Les lois psychologiques de l’évolution des peuples, écrit en 1894, Le Bon commence ses travaux de psychologie sociale en étudiant l’importance de l’hérédité chez les différents peuples de l’histoire. Viennent ensuite Psychologie des foules, Psychologie du socialisme, Psychologie de l’éducation et enfin Psychologie politique, qui synthétise les vues et les objectifs de son auteur.

Dans ce dernier livre en effet, Gustave Le Bon affirme qu'il existe certaines règles pour gouverner les hommes que l’on ne peut impunément violer, et que les fautes politiques dont est parsemée la trame de l’histoire humaine ont généralement pour cause des erreurs de psychologie. La psychologie politique, qu'il appelle aussi la science de gouverner, est si nécessaire que les hommes d’État ne peuvent s'en passer et celle-la se compose de la psychologie individuelle, de la psychologie des foules et de la psychologie des races. Or, faute de lois clairement formulées, les chefs d’État prennent pour seuls guides les impulsions du moment et quelques règles traditionnelles fort sommaires. C'est donc pour pallier ce manque que Gustave Le Bon s'est efforcé d'énoncer le plus clairement possible ces règles du politique, s'inscrivant ouvertement dans les pas de Machiavel : « Le seul véritable traité de psychologie politique connu fut publié il y a quatre siècles par un illustre Florentin que son œuvre rendit immortel. »

La constitution mentale des peuples

Néanmoins, Gustave Le Bon ne se limite pas a énoncer ces règles du gouvernement des hommes de façon positive. Ainsi qu'il l'observe, « ce n'est pas en les formulant [les lois de la psychologie politique] qu'on saurait prouver leur valeur, mais bien en montrant les conséquences de leur ignorance ». Or les conséquences de leur ignorance sont pour le moins dramatiques, et l’erreur contre laquelle Le Bon se bat le plus est celle qui consiste a croire qu'un peuple peut être entièrement remodelé par des lois nouvelles : « Erreur de psychologie toujours, cet utopique espoir de refaire les sociétés à coups de décrets et la croyance qu'un peuple peut se soustraire entièrement à l’influence de son passé. »

Chaque peuple, dit-il, possède une constitution mentale aussi fixe que ses caractères anatomiques, d'ou ses sentiments, ses pensées, ses institutions, ses croyances et ses arts dérivent. L’âme et la mentalité des peuples s'élaborent sur le temps long, au fil de l’histoire et de leurs expériences, et leurs sociétés ne sont pas le fruit des fantaisies sentimentales des gouvernants. La possibilité de refaire les sociétés au moyen d'institutions nouvelles a toujours semblé naturelle aux réformateurs et révolutionnaires, en particulier aux révolutionnaires égalitaristes qui aspirent à rebâtir les sociétés sur des plans dictés par la raison pure.

À suivre

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