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La psychologie conservatrice (1/3)

La psychologie conservatrice (1/3)

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Légende de l’image : La pensée conservatrice élève l’homme au-dessus de l’animal. Et si ils avaient perçu quelque chose que les sciences humaines ont manqué ?

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La progression des mouvements conservateurs dans le monde est-elle une menace pour la démocratie et la civilisation ? Le populisme est-il l’expression massive de la bêtise humaine ?

Ces inquiétudes animent sincèrement le cœur de nombreux observateurs de la vie politique contemporaine. L’occidental éduqué est tenté de répondre “oui” à ces deux questions.

A travers cette série d’articles nous vous proposons d’examiner un des fondements de la doctrine conservatrice : la science du comportement humain issue de la sagesse occidentale. Nous la comparerons avec les sciences humaines apparues plus récemment et qui nous sont souvent plus familières.

A l’issu de cet examen vous pourrez vous faire une idée plus juste de ce qui se passe dans la tête des conservateurs, comment ils abordent les sujets éthiques et pourquoi ils se passionnent et se rassemblent sur certains thèmes.

Avant les sciences humaines

La science du comportement humain élaborée par la tradition occidentale permet d’expliquer finement ce comportement et donne un cadre pour l’éducation et le perfectionnement des qualités humaines, ainsi que pour l’analyse et le traitement des problèmes psychologiques.

Cependant des théories concurrentes ont vu le jour. Certaines s’accordent bien avec les découvertes de la sagesse occidentales et la complète, en particulier tout ce qui touche à la rééducation du comportement par les techniques de type TCC (thérapies cognitives comportementales). Les neurosciences apportent également une confirmation aux observations des chercheurs de la sagesse occidentale et valident leur doctrine.

D’autres théories s’opposent frontalement à l’anthropologie réaliste, en particulier sur la question de la nature de l’esprit, des capacités du cerveau et de l’articulation entre l’individuel et le collectif. Des concepts mal définis ont été introduit, en particulier l’inconscient, et on servi de fondement à des pratiques qui ne respectent pas la dignité humaine et n’ont pas fait avancer les connaissances sur l’éducation et la santé mentale.

Cependant les partisans de ces théories concurrentes sont parvenus à évincer les tenants de la sagesse occidentale et ont construit à nouveau frais une science du comportement humain avec ses chercheurs et ses universités. Ce courant a pris le nom de “sciences humaines”. La psychologie issue de la sagesse occidentale a été mise à l’écart dans le domaine de la philosophie morale et n’est pas considérée comme scientifique.

Préparer et réparer

Aujourd’hui cent ans se sont écoulés, des moyens immenses ont été utilisés, des foules de chercheurs ont analysé des océans de données. Des bibliothèques entières ne suffiraient pas à imprimer le résultats de leurs études.

Pourtant les sciences humaines ne sont pas parvenus à fournir une doctrine cohérente et efficace du comportement humain. En tout cas pas d’une manière qui ait influencé positivement le cours de l’histoire et aidé les personnes à éduquer leurs enfants et à se préserver des maladies mentales.

Par comparaison, dans le même espace de temps, les sciences de la matière et la biologie sont parvenues à des résultats époustouflants et ont unifié leurs connaissances, par exemple en biologie avec l’ADN, en cosmologie avec le big-bang, en physique nucléaire avec l’énergie atomique.

L’application de ces connaissance a changé le cours de l’Histoire et a apporté à chaque personne des bénéfices quotidiens.

Dans ce contexte les sciences du comportement qui ont été évincée par les sciences humaine refont surface et les occidentaux éduqués sont mal équipés pour en comprendre les termes et en juger la pertinence.

Tentons d’en expliquer les principaux concepts en remontant d’abord à la définition de l’être humain, puis aux composantes de son psychisme.

On refait les niveaux

Pour les sciences humaines l’être humain est avant tout un être de “culture” et son comportement est dicté par un contexte extérieur à lui-même : son milieu social, son origine géographique, les événements qui ont marqué son enfance.

Pour la sagesse occidentale l’approche est différente. L’être humain vient au monde avec des caractéristiques qui encadrent son comportement et qui sont les mêmes depuis le néolithique.

Ces caractéristiques ont été regroupés en trois catégories afin de faciliter leur étude. Dans la réalité ces trois catégories s’influencent et s’entremêlent, cependant ce regroupement s’est révélé très efficace.

On parle aussi des trois niveaux du vivant, car ces catégories s’appliquent aussi à la classification des êtres vivants.

Le premier niveau est le niveau physiologique, qui concerne le fonctionnement des organes. Il s’agit par des fonctions que nous avons en commun avec les végétaux, par exemple : la nutrition, la croissance, la reproduction, l’immunité. On parle aussi de niveau végétatif.

Le second niveau est le niveau psychologique, qui concerne les organes sensoriels et leur interconnexion. C’est le niveau que nous avons en commun avec les animaux, on parle aussi de niveau sensible. Les neurosciences ont clairement délimité ce niveau, en mettant à jour la conscience animale qui est l’assemblage de nos sensations dans le cerveau, comme le décrivent bien les travaux d’Antonio Damasio.

Attention ! le niveau psychologique comprend ce que les chercheurs de la sagesse occidentale nomment les “sens internes”, en particulier l’imagination et la mémoire.

Le niveau psychologique est aussi le siège des émotions qui sont les réactions à une stimulation sensible, externe ou interne.

Le niveau caché

La connaissance de ces deux premiers niveaux permet d’expliquer le comportement animal mais est insuffisante pour expliquer celui de l’être humain.

Le troisième niveau nous est spécifique, au sens étymologique de ce terme : il distingue notre espèce, n’est pas présent chez les animaux et explique les facultés qui ne sont pas accessibles à un réseau de neurones.

Ces facultés vous sont connues, elles sont la source des réalisations humaines autour de vous, comme l’équipement sur lequel vous lisez ces lignes, et toute l’infrastructure matérielle qui vous entoure.

Les sciences humaines attribuent ces réalisations à une organisation sociale, mais n’expliquent pas les phénomènes qui se déroulent dans notre conscient. Au delà de la conscience animale, il existe une faculté de manipuler les objets abstraits, comme les opérateurs mathématiques, la capacité de percevoir et de décrire un ordre derrière les apparences, et une connaissance instinctive du juste et de l’injuste.

Afin de rendre compte de ces facultés, les chercheurs ont introduit un “organe” correspondant. Ce faisant ils ont induit et décrit une réalité qu’on ne peut pas observer mais qui est nécessaire pour expliquer rationnellement un phénomène. C’est une attitude normale dans la démarche scientifique.

On peut penser à Dimitri Mendeleïev qui en 1871 avait laissé des cases vides dans son tableau car elles “devaient” correspondre à des éléments manquants.

Dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, les chercheurs ont prévu dès l’antiquité qu’on ne pourrait pas expliquer le comportement humain à partir des seuls organes sensoriels, et c’est ce que les neurosciences ont confirmé à la fin du XXe siècle.

La conscience humaine

Ce troisième niveau, cet organe manquant, les sciences humaines le nomment la conscience. Nous l’appellerons esprit ou niveau spirituel. Le débat sur la nature de l’esprit n’est pas tranché par les sciences humaines et nous ne le trancherons pas aujourd’hui. Par contre nous pouvons décrire l’esprit de manière simple et efficace qui rend compte de ses facultés.

Cette description est apparue aux chercheurs comme la seule façon honnête d’approcher la conscience humaine qui reste une réalité inaccessible à l’observation directe.

Ramené à sa plus simple expression, la conscience est un “sujet” qui est en relation avec des “objets”. Vous avez la possibilité d’expérimenter cette description, vous sentez bien que vous êtes un sujet, que quelque chose en vous peut dire “je”.

Introduisons maintenant les deux facultés principales de l’esprit. On peut représenter par des flèches les deux relations entre le sujet et un objet.

1) de l’objet vers le sujet
Le sujet (la conscience) assimile l’objet. Il en prend connaissance, il convertit l’objet en mot, il donne un sens à sa perception. On parle aussi de “verbe” par référence au mot grec équivalent à “logos”. Cette relation est appelée “intelligence”.

2) du sujet vers l’objet
Le sujet se porte vers l’objet, il pose un acte conscient, il convertit son verbe en acte. Cette relation est appelée “volonté”.

Il faut distinguer la volonté de la réaction. Au niveau psychologique l’acte est une réaction nécessaire et souvent automatique à un stimulus (externe ou interne), alors qu’au niveau spirituel l’acte est une création personnelle qui n’est pas nécessitée.

L’intelligence et la volonté ainsi décrits sont considérés par la sagesse occidentale comme la source de toutes les facultés proprement humaines. Facultés qui n’ont pas été localisées dans le cerveau.

Une fois l’être humain correctement décrit, il devient possible de se repérer dans les termes employés par la sagesse occidentale, de les relier entre eux et de porter un jugement sur cette science du comportement. C’est ce que nous verrons dans la suite de cet article.

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