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Baignade dans la Seine : un an après les JO, la promesse qui boit le bouillon

Capture écran BFMTV
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Trois nouveaux espaces de baignade dans la Seine, hérités des Jeux olympiques, ont ouvert au public début juillet : le bras Marie, Bercy et Grenelle, en plus du bassin de la Villette, en service depuis 2017. Installés au cœur de la capitale, ces bassins gratuits sont surveillés, équipés de douches, casiers et solariums, et accessibles selon des horaires stricts, variables selon les sites. L’ouverture de ces lieux devait incarner la promesse tenue d’une Seine propre, symbole du renouveau écologique de Paris. Pour certains usagers, le pari semblait réussi : « Franchement, c’est marrant, on a nagé avec vue sur la tour Eiffel. C’est un peu iconique. Mais je trouve que ça ne vaut pas le coup de mettre autant d'argent  », raconte Thomas, 25 ans. Avec des capacités d’accueil allant jusqu’à 700 personnes, la fréquentation a été soutenue : plus de 35.000 personnes s’y sont baignées entre le 5 juillet et début août. Une réussite, à première vue...

La météo, arbitre des baignades

La réalité s’est pourtant révélée plus nuancée. Sur les 31 jours de juillet, la baignade a été possible seulement 18 jours, contre 13 jours de fermeture, en raison des fortes pluies et des pics de pollution bactérienne qu’elles ont entraînés. Il y a quelques semaines encore la maire de Paris se réjouissait pourtant du succès du projet d’une Seine adaptée à la baignade : « Enfin les gens peuvent nager dans la Seine parce que la Seine est propre. Ils vont pouvoir avoir ce rapport avec la nature, avec l'eau, qui va leur donner aussi beaucoup plus de force, et va sûrement aussi leur permettre de dépasser les difficultés que l'on peut  rencontrer dans la vie et qui peuvent provoquer aussi des problèmes de santé mentale ».

Dès le premier week-end d’ouverture, un orage a fait grimper les taux d’Escherichia coli à plus de 34 000 unités par 100 mL au bras Marie, soit 38 fois la limite autorisée pour une qualité simplement jugée « suffisante ». De plus, le risque d’infection en tous genres persiste, même lorsque la qualité de l’eau est dite satisfaisante, pour les personnes à risque telles que les femmes enceintes, les personnes âgées, etc… En un mois, aucun prélèvement n’a permis de qualifier l’eau de « bonne ». L’adjoint au sport de la mairie de Paris, Pierre Rabadan, reconnaît que « la météo est une variable d’ajustement », mais assure que la collectivité est « hypersatisfaite ». Le site de Bercy a été le plus souvent fermé, tandis qu’un « sac suspect » a aussi entraîné la fermeture temporaire de Grenelle. La baignade est suspendue dès que plus de 10 mm de pluie tombent en 12 heures. Paradoxalement, c’est donc lors des journées les plus chaudes que la baignade a été interdite.

Sur X, les vidéos se multiplient exposant le manque de propreté des zones de baignade : amas de déchets aux abords de la zone de baignade non loin de la Tour Eiffel, ou encore un campement de SDF en amont de la zone de baignade de Bercy, dont les déjections sauvages suivent le courant vers la zone de baignade.

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Un petit rappel sur le coût de l'opération...

Rappelons que pour permettre ces baignades, un vaste plan d’assainissement a été mis en œuvre, avec notamment la mise en service du bassin d’Austerlitz, destiné à stocker les eaux pluviales et usées. Montant total de l’opération : 1,4 milliard d’euros. Un chiffre qui interroge, à l’heure des restrictions budgétaires dans d’autres domaines. « C’est clair que c’est marrant à faire une fois, mais on ressort un peu dégoûté. L’eau colle, et ça sent pas toujours super bon », confie Alban, 23 ans, qui ne prévoit pas d’y retourner. Malgré les efforts d’aménagement et les ambitions affichées, la baignade dans la Seine reste donc une expérience à la fois spectaculaire et incertaine, dépendante du ciel plus que des politiques publiques.

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Raphaelle Claisse

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