Il y a 76 ans, l’armée hitlérienne a pris Leningrad dans l’étau d’un blocus privant ses habitants pour de longs 872 jours de nourriture, du chauffage, de l’électricité et de l’eau courante.
La prise de Leningrad faisait partie du plan Barbarossa selon lequel l’Union Soviétique aurait dû être anéantie en 3-4 mois de l’été/automne 1941 de guerre éclair (« Blitzkrieg »). Ensuite, suivant le Generalplan Ost, pendant quelques années à venir, la majorité de la population, en priorité les Russes, les Ukrainiens, les Biélorusses, mais aussi tous les Juifs et Tziganes – pas moins de 30 millions de personnes au total – auraient dû être éliminés. Aucun des peuples vivant sur le territoire de l’URSS n’aurait le droit à une quelconque autonomie.
N’ayant pas réussi à prendre la ville, le 8 septembre 1941, les troupes allemandes l’ont encerclée et l’ont coupée du reste du pays. Le blocus de Leningrad a marqué l’histoire comme un des événements les plus tragiques de la Seconde Guerre Mondiale et nous devons des devoirs de mémoire envers l’exploit de ses habitants. Seul un passage de 60 km de large et bombardé en permanence, sur le lac de Ladoga reliait la ville avec la « Grande terre ». Lorsque le lac a gelé, une route appelé la « Route de la vie », a été mise en service sur la glace du lac. Elle permettait d’évacuer la population et acheminer la nourriture. Mais cette route fut particulièrement dangereuse, car de nombreux camions se sont noyés avec leur charge.
Quelques faits et chiffres du blocus de Leningrad à retenir
630 milles habitants de la ville – chiffre qui a été annoncé par l’URSS lors du tribunal de Nurenberg – sont morts pendant le blocus dont 3% seulement ont péri sous les bombes et 97% sont morts de faim. Selon d’autres sources, le nombre de morts pourrait atteindre 1,5 million de personnes. La plupart de ceux qui sont morts au cours du blocus sont enterrés dans le cimetière Peskarevski.
La ration était de 500 grammes de pain pour les soldats en première ligne, de 250 pour les ouvriers et de 125 grammes pour tous les autres. Le pain était fabriqué d’un mélange de farine de seigle et d’avoine, de tourteau et du malt non filtré. Il était presque noir et avait un goût amer.
1,5 million de personnes ont été évacuées de la ville, principalement via la « Route de la vie ». Mais nombreux ont été ceux qui ont refusé de quitter leurs maisons. Les habitants continuaient à travailler, à étudier, il y avait même des spectacles et des concerts.
1500 haut-parleurs ont été installés partout dans la ville pour prévenir la population des attaques aériennes. Il était interdit de couper la radio dans les maisons dont la retransmission était assurée 24 h sur 24. Durant les pauses entre les émissions radio, c’est le son du métronome qui était retransmis. Le tempo était lent pendant les heures d’accalmie et s’accélérait à l’approche d’une attaque. Les habitants appelaient le son du métronome « le battement du cœur de Leningrad ».
L’hiver de 1941-1942 a été particulièrement rude et long : la température est descendue jusqu’à moins 32° et la neige est restée au sol jusqu’en avril. L’eau et les canalisations ont été coupées et les habitants se réchauffaient avec des poêles à bois dans lesquels ils brûlaient même des livres et des meubles.
150 milles obus ont été largués sur la ville, 3 000 immeubles ont été détruits et plus de 7 000 ont été endommagés.
Les chats ont sauvé les habitants de la ville assiégée à deux reprises. Pendant la première année du siège, les habitants affamés ont mangé presque tous les animaux domestiques, dont les chats, pour ne pas mourir de faim. L’absence de chats a provoqué une invasion de rongeurs. Après la percée du blocus en janvier 1943, l’un des premiers trains transportait quatre wagons de chats pour sauver les réserves des habitants meurtris. Il y a quelques années, un monument aux chats a été érigé par les autorités de Saint-Pétersbourg.
Traduit du russe par Svetlana Kissileva
source: http://nrt24.ru/fr/news/le-8-septembre-1941-commencait-le-blocus-de-leningrad
https://reseauinternational.net/le-8-septembre-1941-commencait-le-blocus-de-leningrad/