Le 13 juillet 1191, les croisés, avec à leur tête Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion, entrent dans Saint-Jean d’Acre, après une reddition négociée par Saladin (il s’engage notamment à rendre la Vraie Croix, prise à Hattin).
Le siège d’Acre
Le siège d’Acre est une des plus grandes opérations militaires du Moyen Age. Il dure de 1189 à 1191. Au cours des ces trois années se livrent plus de neuf grandes batailles et une centaine de combats. 120 000 Chrétiens et 190 000 Musulmans y mourront. Et ce n’est pas comme lors de la Première Croisade une fuite désordonnée de soldats et de pèlerins, mais l’aventure de l’élite de la chevalerie chrétienne avec à sa tête les plus puissants des rois, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion.
En 1187, le redoutable Saladin, sultan d’Egypte et de Syrie, détruit à Hattin l’armée du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan. Il s’empare ainsi de la Ville Sainte et de tout le royaume latin.
Une troisième croisade est aussitôt organisée et dès 1189, les souverains d’Occident partent pour l’Orient rejoindre Guy de Lusignan qui a déjà commencé le siège de Saint Jean d’Acre, ville de Galilée ouverte sur la Méditerranée.
C’est l’Empereur du Saint-Empire romain germanique, Frédéric Ier de Hohenstaufen, dit Frédéric Barberousse, qui le premier répond à l’appel de la croisade, en mars 1190, obligeant ainsi les deux autres grands souverains à l’imiter. Ni le roi de France Philippe Auguste, ni celui d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, ne partagent l’enthousiasme de l’empereur. Mais Barberousse trouve la mort en se baignant dans le Cydnus dès son arrivée en Asie Mineure en 1190. Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion ont choisi de voyager par la mer et pendant toute la première partie du voyage ils ne cessent de se quereller (ce qui était fréquent entre les deux hommes). En effet, Philippe Auguste avait en 1187-1189 apporté son soutien à Richard Cœur de Lion qui se révoltait alors contre son père, le roi Henry II de Plantagenêt. Mais à peine monté sur le trône en 1189, Richard Cœur de Lion s’opposa au roi de France, donnant ainsi à la rivalité entre Plantagenêts et Capétiens un nouveau souffle. Philippe Auguste embarque à Gênes alors que Richard Cœur de Lion prend la mer à Marseille. Les deux hommes se retrouvent en Sicile. De là, le roi de France part directement pour la Terre Sainte. Il arriva à Saint Jean d’Acre le 20 avril 1191. Richard décide, quant à lui, de s’emparer de Chypre (1191) si bien qu’à son arrivée, il a déjà ravi la vedette au roi de France pourtant bien plus puissant. Richard Cœur de Lion n’a de cesse d’agacer Philippe Auguste par son faste et ses coups d’éclat, tant et si bien que l’on peut dire que le siège de la ville de Saint Jean d’Acre devient le lieu privilégié de la lutte entre Capétiens et Plantagenêts.
Pourtant à mesure que les mois passent, l’armée musulmane s’affaiblit, et bien que la discorde règne souvent dans le camp chrétien (compte tenu du grand nombre des nations présentes et de l’opposition Capétiens-Plantagenêts) le siège se poursuit au grand désespoir de Saladin qui fait en vain appel au Calife de Bagdad et à tous les princes musulmans. Le 13 juillet 1191, la ville tombe aux mains des Croisés. La victoire profite essentiellement à Richard Cœur de Lion, qui représente dans les esprits le véritable roi chevalier. Philippe Auguste, offusqué d’avoir été mis en difficulté par son ennemi, décide séance tenante de rentrer le 2 août 1191 et de continuer la lutte contre les Plantagenêts. Richard Cœur de Lion, lui, préfère poursuivre les exploits militaires en Orient en multipliant les victoires contre Saladin (Arsuf en septembre 1191), même s’il ne peut reprendre Jérusalem. Richard Cœur de Lion ne rentrera, lui, qu’en 1192.