Après Houria Bouteldja, M. Xelka...
Il y a deux semaines, M. Xelka participait à l’université d’été de Paroles d’honneur. À cette occasion, il a établi un intéressant parallèle entre l’islam et le communisme, avant d’en tirer des conclusions concrètes, en appelant à « construire une organisation communiste populaire » avec des musulmans et à « former des cadres communistes musulmans » dans notre pays. On pourrait se dire que le communisme, fondamentalement hostile à toute religion, s’accommoderait mal du caractère très communautaire et de l’orthopraxie sourcilleuse de ce qu’il faut bien appeler l’islam de France. Mais écoutons la suite pour comprendre : « Dans les quartiers, les mosquées jouent un rôle que les cellules du PCF jouaient dans les années 1950. Elles encadrent, elles rassurent, elles socialisent, elles protègent. » Le parallèle se défend : l’islam aujourd’hui, comme le communisme hier, forme une sorte de contre-société, avec ses activités associatives, son discours, ses livres conseillés ou interdits… Wissam Xelka a donc raison de les comparer, mais c’est pour aller encore plus loin, on l’a vu, puisqu’il propose, sur cette base, une sorte de fusion.
Il faut donc, pour lui, « reconstruire une organisation communiste populaire, avec et à partir des classes musulmanes dominées », « non pas pour islamiser le communisme, mais pour qu’il cesse d’être une implantation hors-sol et devienne un outil de libération populaire capable de parler aux masses ». En gros, c’est du Terra Nova dans le texte : les nouveaux damnés de la Terre sont les musulmans qui ont immigré, ou descendants d'immigrés, en France, et la gauche doit bâtir avec et à partir d’eux un monde plus juste. Mais c’est aussi, à bien y réfléchir, du frérisme en actes et on ne sait pas si M. Welka le mesure totalement : il s’agit d’utiliser les structures et les méthodes du communisme pour islamiser la société. De toute façon, pour lui, « on ne construira rien sans les musulmans. L’islam populaire est devenu une forme de vie centrale, de liens et de dignité parmi les classes dominées. »
Cette dernière phrase est on ne peut plus claire : pour Wissam Xelka, le match est, en quelque sorte, déjà plié. En creux, il dit aussi que, si « l’islam populaire » est devenu une « forme de vie centrale », c’est parce que tous les habitants de ces quartiers (ou presque) sont musulmans et issus de l’immigration extra-européenne.
Et la France périphérique ?
Seulement, Wissam Xelka a tort. Les communistes d’aujourd’hui veulent être amis avec les musulmans. La réciproque est-elle vraie ? Il est fort probable qu'il n’y aura d’islamo-gauchisme que temporaire, c’est-à-dire jusqu’au moment où les islamistes auront pris le dessus des gauchistes. Par ailleurs, nous le savons, nous : les vrais damnés, les vrais oubliés, ne sont-ce pas les braves gens de la France périphérique qui ne vit pas sous perfusion de subventions payées par le contribuable et où les médiathèques ne brûlent pas pour un rien ? Et ces braves gens, eux, qui n’intéressent pas les communistes, commencent vraiment à en avoir assez.