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Violences faites aux femmes : La France, banlieue afghane ?

Capture d'écran X
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Plutôt que de tenter d'instrumentaliser la « journée de lutte contre les violences faites aux femmes » à l'instar des activistes féministes et autres #MeToo, Marion Maréchal a eu la bonne idée de leur voler la vedette en en faisant le sujet de son intervention au Parlement européen.

Marion Maréchal au secours des femmes de France

Volontairement factuelle, la députée française au Parlement européen, affiliée au groupe des Conservateurs et Réformistes européens, a planté le décor en évoquant un pays comptant « 125.000 femmes excisées, 200.000 femmes mariées de force et près de 180.000 personnes en situation de polygamie », et un million qui portent le voile islamique. Après quelques exemples des violences subies au quotidien par les femmes et les jeunes filles, notamment dans les quartiers à forte population immigrée ou issue de l’immigration, Marion Maréchal a mis fin au (relatif) suspense : « Ce pays, mes chers collègues, ce n’est pas l’Afghanistan, ce n’est pas le Soudan. Non, ce pays est européen, c’est mon pays, c’est la France », rappelant que « 77 % des viols de rue élucidés à Paris ont été commis par des étrangers ». Faisant allusion à cette journée de lutte contre les violences faites aux femmes, elle a conclu son propos par une invitation : « Commençons déjà par nous soucier de la sécurité des femmes européennes, qui sont les premières victimes, non seulement de l’islamisation, mais aussi de l’immigration, par l’importation de cultures extra-européennes inégalitaires sur notre continent. »

Vaine tentative de contre-attaque de Manon Aubry

Prise de court par l’impact d’un exposé abondamment documenté, Manon Aubry, co-présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen, a eu recours aux bonnes vieilles méthodes trotskistes apprises lorsqu’elle dirigeait la section de l’UNEF à Sciences Po Paris. Commencer par un procès d’intention : « Vous vous intéressez aux droits des femmes uniquement quand les auteurs sont étrangers ou musulmans. » Ensuite, une globalisation du sujet pour dédouaner les publics visés : « Les violences sexuelles ne connaissent ni religion ni nationalité. » Vient alors le tour de magie, consistant ici à substituer aux populations visées quelques vedettes minutieusement choisies : « Gérard Depardieu, Cauet, Damien Abbad, PPDA, Polanski, Nicolas Bedos… Je pourrais continuer, la liste est longue. Ce sont des Français comme vous et moi, madame Maréchal. »

Bonne pioche, qui évite soigneusement de citer des élus ou soutiens célèbres du Nouveau Front populaire. Quant aux données chiffrées de l’argumentaire de l’adversaire, elles sont étrangement ramenées à un seul chiffre (on ne saura pas lequel), qui est forcément « une fake news ». Reste, alors, à dérouler les poncifs de comptoir : « 90 % des auteurs de violences sexuelles sont des gens de notre entourage. » Le temps lui manquant, Manon Aubry nous a évité le portrait du violeur idéal : blanc-beauf-béret-saucisson-camembert-facho, se contentant de sommer son adversaire de passer fissa aux aveux : « Les auteurs de violences sexuelles sont juste des hommes. Madame Maréchal, reconnaissez-le. »

Marion Maréchal, qui s’attendait sans doute à une attaque aussi convenue, n’a pas hésité à rappeler les fondamentaux stratégiques de Manon Aubry : « J’imagine que vous vous félicitez de l’importation des pratiques islamiques dans notre pays, puisque les islamistes sont votre vivier de recrutement électoral préféré. » Après un utile rappel : « Les chiffres que je donne sont des chiffres officiels », il n’y avait plus qu’à conclure : « Toutes les sociétés, à toutes les époques, ont eu leur lot de salauds. Mais ça n’est pas une raison pour importer, comme nous le faisons à travers l’immigration, des prédateurs supplémentaires dont nos femmes, nos filles et nos mères sont les premières victimes. »

Chiffres officiels et constats sans appel

La France est-elle, ou non, devenue une sorte de banlieue afghane ? Les chiffres officiels auxquels Marion Maréchal fait référence, s’ils sont trop peu nombreux - et, souvent, à dessein -, n’en restent pas moins les meilleurs des arguments face aux entreprises de travestissement et d’instrumentalisation de situations dramatiques. Concernant l’excision, un article de Santé publique France précisait, en 2019 : « En France, au milieu des années 2000, environ 60.000 femmes adultes avaient subi une forme de MGF. Nous estimons qu’au début des années 2010, environ 125.000 femmes adultes "mutilées" vivaient en France. Cette augmentation en l’espace de 10 ans s’explique à la fois par la féminisation de la population migrante et par le vieillissement des "deuxièmes générations". » Sur les mariages forcés, le site gouvernemental arretonslesviolences.gouv.fr indique que « 4 % des femmes immigrées vivant en France et 2 % des filles d’immigrés nées en France âgées de 26 à 50 ans ont subi un mariage non consenti », ce qui confirme bien le danger, pointé par Marion Maréchal, d’une « importation de cultures extra-européennes ». Et des données (de 2008) de l’INED sur le sujet donnent des détails quant à l’origine géographique des principales victimes : « Les femmes originaires de Turquie, du Maghreb et d’Afrique sahélienne étaient les plus exposées aux mariages non consentis, de 11 à 15 % chez les 41-60 ans et de 4 à 8 % chez les 26-40 ans. »

L’identification de la réalité de la polygamie est plus problématique. Les derniers gouvernements en place ont-ils rechigné à un vrai travail statistique sur cette pratique ? C’est, en tout cas, ce que laisse supposer la sénatrice LR du Val-d'Oise Jacqueline Eustache-Brinio, dont la question écrite publiée le 14 mars dernier laisse songeur : « La polygamie est en grande partie cachée, comme en témoigne la difficulté à trouver des chiffres fiables. Lors de l'examen du projet de loi confortant le respect des principes de la République en 2021, le gouvernement se référait, dans l'étude d'impact, à une étude de 2006 de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), selon laquelle 180.000 personnes seraient concernées, en France, par la polygamie. Malheureusement, aucune statistique publique n'est disponible sur ce phénomène, malgré le fait que la polygamie constitue un motif de refus ou de retrait de certains documents de séjour depuis 1993. » Quand ça ne veut pas… Mais ce qui semble sûr, c’est que cette pratique a, elle aussi, connu une forte inflation, puisque la spécialiste Michèle Tribalat estimait le nombre de familles polygames à 9.000, en 1993.

Marion Maréchal évoque, enfin, la question du port du voile islamique. Et les statisticiens sont plus loquaces, concernant la pratique de leur religion chez les musulmans. L’étude INED/INSEE Trajectoires et origines de 2019 nous apprend ainsi que « les musulmans représenteraient 10 % de la population française, soit environ 6,77 millions de personnes ». Et si seulement « 10 % des musulmanes » iraient régulièrement à la mosquée, elles respecteraient très majoritairement le jeûne du ramadan. Le port du voile par les femmes musulmanes a, lui, « progressé de 55 % en dix ans ». Son évolution est très nette, puisqu’entre « 18 et 49 ans, la part de celles qui le portent est passée de 18 % à 28 % », tout comme l’incidence géographique, car c’est « dans les populations d’origine subsaharienne que cette pratique a le plus progressé, ayant plus que doublé (de 12 % à 28 %) ». L’étude rapporte qu’aujourd’hui, « 26 % des femmes musulmanes âgées de 18 à 49 ans disent porter un voile », et que c’est « parmi les 25-34 ans que cette pratique est la plus répandue pour les descendantes d’immigrés ».

Nous attendons, bien sûr, avec une grande impatience les commentaires de Manon Aubry sur toutes ces « fake news ».

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