La France a, en François Bayrou, son 6e Premier ministre, sous l’ère Macron qui en change presque comme de chemise. Durera-t-il plus longtemps que son prédécesseur Michel Barnier ? L’avenir le dira. Pour l’instant, ce que l’on peut en dire c’est que ce centre mou qui use et abuse de la trahison de tout et de tous, accède à Matignon.
Le vieux cheval sur le retour François Bayrou nommé Premier ministre
Ça y est, après 48 heures qui sont devenus une semaine, le « en-même temps » de Macron n’étant pas synonyme de ponctualité, le Président de la République a nommé son nouveau Premier ministre, son 6e depuis qu’il a accédé à la magistrature suprême, il y a 7 ans : le vieux cheval sur le retour François Bayrou. Pour un président qui s’était fait élire en 2017 sur l’idée du changement et de mise à l’écart des politiciens d’avant, ses derniers choix sont donc une erreur de casting…
Quoi qu’il en soit, le septuagénaire de Pau est l’incarnation de la politique politicienne dans toute … son horreur : trahisons, reptations, changements de camps, il en a usé et abusé pour rester en place et en lice. Sans foi ni loi pourrait être son cri de guerre.
Le chantage de Bayrou pour faire plier Macron et la menace de Marine Le Pen pour le futur
Il se dit en coulisse et sur quelques plateaux télé aimant le scoop que Macron a été obligé de le nommer, Bayrou menaçant, s’il n’était pas nommé premier ministre, de retirer le soutien de ces 36 députés au groupe Ensemble pour la République, le groupe macroniste. Le pays va donc être gouverné par le chef d’un parti qui n’a que 36 députés au Parlement : durer dans le temps va être compliqué, former un gouvernement encore plus, avec si peu de légitimité auprès des Français.
Marine Le Pen, qui n’hésite pas à peser sur l’exécutif, forte de son groupe à l’Assemblée nationale, a posté sur X :
« Après de longues tergiversations, le président de la République a décidé de nommer François Bayrou à Matignon. Soucieux de l’impérieuse nécessité de protéger les Français, nous lui demandons d’entreprendre ce que son prédécesseur n’a pas voulu faire : entendre et écouter les oppositions pour construire un budget raisonnable et réfléchi. Toute autre politique qui ne serait que le prolongement du macronisme, rejeté par deux fois dans les urnes, ne pourrait mener qu’à l’impasse et à l’échec. » Une première menace à peine voilée adressée à Bayrou afin de l’inciter à ne pas agir, à son égard, avec le mépris de son prédécesseur.
« À bon entendeur, salut » lui dit-elle en substance.
Le portrait au vitriol de François Bayrou par l’académicien Maurice Druon
En 2004, l’académicien Maurice Druon, brossait, dans Le Figaro, un portrait au vitriol de François Bayrou, qu’il est amusant de relire 20 ans après. Si le personnage a pris des rides, son portrait est toujours aussi piquant :
« M. François Bayrou, personnage secondaire et destiné à le rester, n’est remarquable que par sa persévérance à desservir les intérêts supérieurs de la France. Il possède éminemment ce que les Anglais désignent par l’expression de nuisance value, la valeur de nuisance.
« À quel moment l’image qu’il a de lui-même a-t-elle commencé de lui brouiller le jugement ? Voilà un Béarnais, fils d’agriculteur, qui, doué pour les études, devient agrégé de lettres classiques. À vingt-huit ans, il fait ses premiers pas en politique en entrant au cabinet de M. Méhaignerie, ministre de l’Agriculture. Il adhère du même coup à la formation centriste que créa Giscard d’Estaing pour servir à son élévation personnelle. Cette formation, qui aura participé à renverser le général de Gaulle en 1969, deviendra l’UDF.
« M. Bayrou s’y installe et y prospère. Il est élu conseiller général dans son département natal, puis conseiller régional. Conseiller, il l’est aussi de M. Pierre Pfimlin, à la présidence de l’Assemblée européenne. M. Pfimlin était un excellent homme à tous égards, qui exerça avec droiture des fonctions très élevées. Il n’avait qu’un défaut : il était centriste, c’est-à-dire que, comme tous les centristes, il se trompait sur la hiérarchie des valeurs.
« […]
« Revenons à M. Bayrou qui poursuit un parcours politique assez habituel. Élu député, il montre assez vite un appétit ministériel en se faisant des problèmes de l’enseignement une spécialité. Il fonde et préside un groupe permanent de lutte contre l’illettrisme. Louable programme. Le malheur veut que, le temps qu’il fut ministre de l’Éducation nationale, l’illettrisme ne cessa d’augmenter et le niveau général des études de baisser. Est-ce durant cette période que se produit en lui une dilatation un peu excessive de l’ego ?
« On dit, on raconte qu’il réveilla une nuit les membres de son cabinet, les convoquant d’urgence au ministère, pour les consulter sur une vision qu’il venait d’avoir de son avenir présidentiel. L’anecdote a couru avec trop d’insistance pour qu’il n’y ait pas, à son origine, quelque réalité.
« Pourquoi suis-je à m’arrêter si longtemps sur M. Bayrou, alors que nous avons des soucis qui semblent de plus d’importance ? C’est parce que, non content de mettre du désordre dans notre politique intérieure, il agit en ce moment au contraire des intérêts de la France dans le Parlement européen. M. Bayrou est candidat à la présidence de la République, on le sait. Il l’a fait savoir urbi et orbi, et l’obstination étant dans sa nature, il y a tout à penser qu’il le sera à vie. Il s’est d’ailleurs présenté en 2002 et arrivé dans la queue du peloton, 6,8 %, il a aussitôt revêtu le maillot au dossard marqué 2007.
« Assurant faire partie, à l’Assemblée nationale, de la majorité afin de garder son électorat, il tient son groupe parlementaire à la lisière, sous le prétexte de refuser la caporalisation ; il ne cesse de critiquer l’action du gouvernement, avec souvent les arguments de l’opposition, et ne vote pour lui que du bout des doigts, quand il ne s’abstient pas, attendant visiblement sa chute. Belle logique politique ! C’est ce que M. Bayrou appelle cultiver sa différence. À bénéficier d’un si grand soutien, on en vient à préférer des adversaires.
« Son programme ? Il n’est fait que de mots usés et de formules devenues creuses à force d’avoir trop servi. On se croirait revenu à « la République plus juste, plus humaine » d’il y a trente ans. Tout vieillit, même la démagogie.
« Aux récentes élections régionales, en lançant partout ses propres listes, il a fait perdre à la droite bon nombre de sièges qu’elle eût conservés si elle s’était présentée unie, et il a contribué aux victoires locales des socialistes, ce qui, avec la décentralisation en cours, ne sera pas sans conséquences. Mais c’est au nouveau Parlement européen qu’il devient le plus dangereux.
« […]
« Quel gâchis ! Et tout à l’avenant. Ceux qui se tiennent autour de François Bayrou par intérêt de carrière, comme ceux qui y restent par loyauté personnelle, s’exposent, les uns comme les autres, à connaître de graves mécomptes. Je n’ai en politique d’autre critère que les services rendus au pays.
« Le prince de Talleyrand disait : « Faute de richesse, une nation n’est que pauvre ; faute de patriotisme, c’est une pauvre nation. »
Francesca de Villasmundo
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