L’éditorial de François Marcilhac
Alors que la France traverse une crise notamment politique sans précédent, du moins sous la Ve, fallait-il réagir à la nouvelle diatribe du député d’extrême gauche Antoine Léaument contre Louis XVI qu’il appelle, en forme de mépris révolutionnaire, « Louis Capet » ? Car celui qui se présente lui-même comme « député de l’Essone », alors qu’en bonne théologie républicaine tout député est avant tout député de la Nation (avec un N majuscule), n’en est pas à son coup d’essai. On pourrait même dire qu’il récidive, ou plutôt qu’il radote si ce n’était son jeune âge : trente-cinq ans.
Mais le fait d’être né en 1989, l’année du bicentenaire de la révolution et, de plus, un 4 septembre, le jour de la proclamation de la IIIe République en 1870, a dû créer en lui une sorte de syndrome sous forme de devoir de mémoire congénital qui le fait vivre sous tension républicaine chronique. Bref, notre député de l’Essonne a envoyé une « question écrite » au ministre de l’Intérieur, le vendredi 31 janvier 2025, sous forme de lettre furibarde à en-tête officiel de l’Assemblée nationale [https://x.com/ALeaument/status/1885374856507617338], visant à dénoncer le traditionnel défilé aux flambeaux en hommage à Louis XVI, organisé par Souvenir Louis XVI et qui a lieu chaque année autour de la date du 21 janvier, jour de l’assassinat du Roi par la République. Ce fut, cette année, le 18 janvier, que plusieurs centaines de Français, dont un grand nombre de militants de l’Action française, se sont rassemblés en début de soirée sur le parvis de l’église Saint-Augustin, dans le 8e arrondissement de la capitale, avant d’entamer une marche en direction de la Chapelle expiatoire.
Nous disions qu’Antoine Léaument récidivait — nous laissons de côté les habituelles calomnies relatives à l’Action française. Déjà, le 21 janvier 2023, il tweetait contre l’hommage à « Louis Capet, traître à la patrie, un ennemi du peuple français », ajoutant : « “Vive la Révolution et vive la République”, voilà le mot d’ordre des vrais patriotes ! ». Et le 23 janvier, sur le site gauchiste LVSL (Le Vent Se Lève) de publier une longue tribune (« Contre les nostalgiques du roi, défendre l’héritage de 1793 ») qui reprenait paresseusement tous les poncifs robespierriens contre Louis XVI [https://lvsl.fr/tribune-contre-les-nostalgiques-du-roi-defendre-lheritage-de-1793/]. En mars de la même année, il demandait aussi, heureusement sans succès, par l’entremise d’une question, au ministre de la Culture de préempter, lors d’une vente aux enchères, pour une somme faramineuse (entre 100 000 et 150 000 euros) une lettre sans intérêt de son idole sanguinaire Robespierre à Danton.
« Face aux monarchistes, la République doit se faire respecter » : tel est l’« objet » de la lettre envoyée à Bruno Retailleau. Notre député de l’Essonne veut-il prendre en défaut le républicanisme du ministre vendéen, ancien compagnon de route de Philippe de Villiers — d’autant qu’ils se seraient réconciliés ? Peut-être. Mais ce ne serait que par ricochet. Car Antoine Léaument, qui vit en 1793, se pense député de la Convention nationale et se voit voter la mort du Roi après un procès pré-stalinien dont il ne remet nullement en cause la légitimité révolutionnaire, pratique la République comme une religion. Aussi, face au délit de blasphème qui consiste à crier « Vive le Roi ! » en France, notamment à Paris, comme tout bon Montagnard, il ne saurait accepter que des contre-révolutionnaires, des ennemis du peuple et de la République, des traîtres à la patrie, etc., etc., puissent manifester contre la forme républicaine des institutions. C’est pourquoi, Fouquier-Tinville n’étant jamais loin de Robespierre et le Code pénal de l’imaginaire révolutionnaire, Antoine Léaument, qui appartient, de plus, à la commission des lois de l’Assemblée, rappelle au ministre de l’Intérieur les châtiments auxquels s’exposerait, selon lui, toute personne qui conteste la forme républicaine du gouvernement et, de ce fait, porterait atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou proférerait des cris ou des chants « séditieux » — nous résumons sa lettre. Les révolutionnaires n’ont jamais plaisanté avec le cadre législatif de leurs actes : les Vendéens en ont su quelque chose qui ont été l’objet d’un génocide légal, voté par la Convention.
Aujourd’hui, certes, les « séditieux » risqueraient seulement la prison et des amendes, mais on aurait tort de sourire des gesticulations, apparemment ringardes, sinon ridicules, des nostalgiques de la Terreur. Malheureusement pour la France et pour l’Humanité, les acteurs de la Révolution dite française ont ouvert deux siècles de guerres, de génocides et de crimes de toutes sortes. Alors que la France traverse une crise à la fois politique, économique, sociale et civilisationnelle, il convient de rester vigilant : les représentants de la gauche radicale, héritiers des fanatiques de la Convention, sont nombreux à l’Assemblée. Ils n’ont rien appris ni rien oublié. L’esprit de guerre civile les habite, les poussant à favoriser et instrumentaliser une certaine immigration à des fins de guerre intestine, visant à importer sur notre territoire des conflits ethniques et religieux qui n’ont rien à y faire, sinon à déclencher des désordres et à faciliter une révolution. D’où des discours de haine permanents, qui aggravent la décomposition d’une société en complète liquéfaction. Ils se sentent d’autant plus forts que la gauche de gouvernement, le centre et la droite molle ont besoin d’eux pour battre l’ennemi commun : la droite dite nationale dont, pourtant, le républicanisme, hélas, ne saurait être mis en doute.
Rien ni personne, évidemment, ne nous interdira, chaque année, de commémorer la mémoire du roi martyr. Ni, chaque jour de l’année, de militer pour le retour du Roi, en la personne de Jean IV, l’actuel représentant, comme il le revendique lui-même, de la « Maison Capet & Fils, depuis 987 — Construction, Rénovation, Mécénat » [Jean d’Orléans, « Le management capétien » https://www.actionfrancaise.net/2024/06/29/des-principes-de-gouvernement-que-les-rois-capetiens-ont-appliques-ont-mis-en-place-le-socle-de-notre-france-contemporaine/]. Car là où la République divise pour mieux imposer le pouvoir du pays légal, la Monarchie unit ; et là où la République détruit, la Monarchie saura rénover et construire la France de demain, poursuivant son mécénat millénaire.
Vive la France, oui, mais pour que vive la France, à bas la République et vive le Roi !
https://www.actionfrancaise.net/2025/02/03/leditorial-de-francois-marcilhac-80/