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Les Polonais bientôt plus riches que les Français… sans immigration massive !

Photo Clickerhappy - Pexels
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La Pologne vit un véritable miracle économique, rapporte Emmanuel Lechypre, sur BFM TV. S’appuyant sur une projection de l’OCDE, l’éditorialiste économique prévoit que « le PIB par habitant polonais dépassera celui de tous les pays du G7, d'ici dix ans, à l'exception des États-Unis ». Une évolution spectaculaire que la Pologne devrait « notamment au retour de la démocratie dans le pays, de son adhésion à l'Union européenne et à l'utilisation des fonds européens pour moderniser le pays ».

Si ce décryptage semble un peu facile et très pratique pour faire coïncider une réalité économique avec la « ligne éditoriale » de la chaîne, la Pologne est incontestablement le pays qui a le mieux réussi, économiquement, sa sortie de l’ancien bloc soviétique.

Une hausse de près de 1.000 % du PIB en 35 ans

Depuis la chute du mur de berlin en 1989, rappelle 20 Minutes, l’économie polonaise a vu son produit national brut (PIB) bondir de 932 % et a connu une croissance constante. Interrogé par BV sur cette période, Olivier Bault, directeur de la communication de l’institut polonais Ordo Luris, confirme que « le taux de croissance de la Pologne a toujours été positif durant plus de trois décennies, oscillant entre un peu moins de 1 %, lorsque la France et l'Allemagne étaient en récession, jusqu’à 6 ou 7 % dans les meilleures années, lorsque le PiS gouvernait, et plus généralement entre 3 et 4 %. Pendant la crise Covid, il y a eu une petite récession, mais nettement moins élevée qu'en France, parce que les confinements ont été beaucoup plus légers. »

Depuis sa sortie du communisme, la Pologne a mis en place les bases d’une économie ambitieuse : « Le pays est devenu le premier hub technologique de l’Est. Plus de 270 groupes internationaux se sont implantés en Pologne, pesant 500.000 emplois et 10 % du PIB, explique 20 Minutes. Chaque année, 74.000 diplômés des filières "IT" sortent des écoles du pays. » Et la Pologne produirait, aujourd’hui, « plus d’ingénieurs en informatique, data analyst, développeurs et expert en cybersécurité que la France, avec une population pourtant deux fois moins nombreuse ». Afin de profiter pleinement du carrefour sur les axes est-ouest et nord-sud en Europe, le pays a investi dans un réseau autoroutier passé de 18 kilomètres, en 1989, à 5.300, en 2024.

Des aides européennes, mais surtout des efforts

Les fonds européens ont participé à ce développement. La Pologne le doit donc pour partie aux impôts de contribuables des pays contributeurs nets de l’Union européenne, essentiellement les Allemands et les Français. Mais s’il est vrai que « les fonds européens ont joué un rôle, ces fonds reviennent beaucoup dans les pays donateurs », note Olivier Bault. « Pour développer ses infrastructures, la Pologne a par exemple confié environ 80 % des travaux de BTP à des entreprises allemandes, françaises et italiennes. » Sa réussite, la Pologne la doit avant tout à la mentalité des Polonais, « qui sont travailleurs, prêts à faire des efforts (les 35 heures n’y sont même pas envisageables) et qui ont l’esprit entrepreneur ».

Cette stratégie de long terme est économiquement profitable aux Polonais. Sur la dernière décennie, la salaire mensuel moyen est passé de 4.000 złotys (970 euros) à 8.200 (1.980 euros). Et le salaire minimum a bondi de 146 %. Son montant actuel, de 1.100 euros, est supérieur au salaire moyen de 2015. Et cela, avec des charges sociales (légèrement) et une fiscalité (très nettement) inférieures à ce que supportent les Français. Selon l’OCDE, le « niveau de vie en Pologne a considérablement augmenté, au cours des deux dernières décennies, le PIB par habitant ayant doublé depuis 2005 ». Aujourd’hui, Eurostat estime que le PIB par habitant atteint 31.400 (équivalent) euros en Pologne, contre 39.100 euros en France.

La Pologne a donc déjà comblé une grande partie de son retard sur la France et l’OCDE prévoit que la tendance va se poursuivre sur le long terme, même si quelques ralentissements sont à prévoir en fonction de phénomènes conjoncturels. L'OCDE estime ainsi que la croissance atteindra 3,2 % en 2025, puis observera un léger recul à 2,7 % en 2026. L’inflation s’établirait à 4,1 % cette année, mais refluerait en 2026 à 2,6 %.

La croissance sans l’immigration

L’expérience polonaise constitue à elle seule un démenti cinglant au credo européo-macroniste voulant que l’immigration soit indispensable à la croissance économique. Même si le PiS a, un temps, eu recours à une politique d’immigration économique (que le progressiste Donald Tusk cherche aujourd’hui à accentuer), la Pologne s’est développée en limitant très fortement l’immigration : « En 2024, 180.000 nouveaux immigrés ont obtenu un permis de séjour de plus de 12 mois en Pologne (hors citoyens de l’UE), soit une baisse de 1,8 % par rapport à 2023 »nous renseigne l’OCDE, qui précise que 73 % des arrivants sont « des migrants de travail » et que la plupart bénéficient de contrats et permis de séjour de courte durée.

Cette immigration limitée génère pour la Pologne un coût direct moindre, mais son coût indirect est lui aussi faible, indique Olivier Brault. « On le voit à l'école. Cela se passe mieux et les résultats scolaires en attestent. Il y a moins de problèmes de discipline. Donc, ils apprennent mieux. » Et, ajoute-t-il, « quand ils arrivent sur le marché du travail, ils sont en moyenne mieux formés ». Leur petit nombre y est pour beaucoup, alors qu'ailleurs, « l'immigration de masse tire les résultats vers le bas ». Sous certains aspects, la Pologne d’aujourd’hui ressemble (encore) à la France des années 80. Et les Polonais ne s'en plaignent pas...

Etienne Lombard

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