Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’Atlantide engloutie...

 Depuis que Platon l’a décrit dans le Timée et le Critias, il y a vingt-quatre siècles, plus de dix mille textes ont été écrits sur le sujet, localisant le monde perdu dans plus d’une soixantaine d’endroits dans le monde... (La Voix du Nord du 9 janvier). Pourquoi me serais-je trituré le cerveau pour trouver une introduction à mon présent article ? Il suffisait de faire Google Actualités et j’avais le choix entre le Herald de Paris qui vient d’annoncer que des archéologues avaient découvert dans les fonds marins des indices de la cité disparue et le monde de l’édition et de la télévision qui continue ardemment à exploiter le sujet. Mais il existe aussi des thèses très savantes développées par d’éminents professeurs et géologues membres de la très sérieuse communauté scientifique. Bien petites apparaissent, en comparaison, les petites histoires gauloises que j’ai tenté d’approfondir dans mes précédents articles, d’autant plus que mes contradicteurs ont cherché - et peut-être réussi - à me décrédibiliser en m’attaquant sur un article lointain où j’émettais l’hypothèse que les sources de l’Atlantide auraient pu se trouver en Gaule. Pensez donc ! Dans la Gaule du mont Beuvray - soi-disant site de Bibracte - où trône le Centre archéologique européen qui nous dit tout sur notre histoire antique ! Il faut vraiment être fou.

Plus grande que l’Asie et la Libye réunies, l’île Atlantique aurait donc sombré bel et bien dans un cataclysme épouvantable, comme d’autres dont la Bible a conservé le souvenir, et cela 9 000 ans avant Platon. Soyons sérieux ! Dans son récit allégorique, Platon ne veut qu’évoquer l’histoire de l’Histoire, les civilisations qui meurent et qui renaissent ou celles qui les remplacent, les tremblements de terre politiques et guerriers, les révolutions et les régimes qui s’effondrent, de par la volonté des dieux ou du destin.
 
Au risque de déplaire, une fois de plus, aux deux camps, à ceux qui prennent le texte de Platon à la lettre et aux éminents professeurs qui ne veulent y voir qu’une fable ou un mythe, je me permets de revenir sur mon ancien article tant décrié.
 
Retour aux textes.
 
Alors, le souverain des dieux, Zeus, voyant la corruption déplorable de cette race autrefois vertueuse, résolut de la punir pour la rendre plus sage et plus modérée. Dans ce dessein, il rassembla tous les dieux dans sa très auguste demeure qui se trouve au centre du monde et d’où il règne de là-haut sur tout ce qui sera. Et, les ayant rassemblés, il dit 

La fin du Critias est perdue, écrit naïvement le rédacteur de la page Wikipédia consacrée à l’Atlantide ; le récit s’interrompt au moment où Zeus décide de punir les Atlantes décadents.
 
Ainsi donc, étonnante ignorance de la poésie antique, on n’a pas compris qu’il n’y avait pas de suite au texte de Platon. On n’a pas compris que c’est volontairement que Platon a arrêté ainsi sa prose. Nos historiens seraient-ils donc incapables de se remettre dans l’esprit des Anciens ? Misérables hommes que nous sommes ! Aurions-nous oublié notre indignité ? Comment avons-nous osé espérer entendre les paroles de Zeus, le Dieu tout-puissant ! Aurions-nous voulu par hasard entrer subrepticement dans le conseil des dieux pour connaitre les décisions du Très-Haut... et notre avenir ? Allons donc ! La pensée de Platon est claire : la phrase inachevée, c’est l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des hommes, c’est le châtiment à venir, rendu inéluctable par notre faute, mais indéterminé et indéterminable. C’est un avertissement solennel qu’adresse Platon à ses contemporains et à leurs descendants. C’est le même avertissement que nous pourrions adresser au monde d’aujourd’hui : « Hommes ! Prenez garde, sinon... »
 
Manipulé, falsifié, incompris et mal compris, le texte de Platon est pourtant d’une clarté aveuglante.
 
Extraits du Critias. L’aîné, qui fut le premier roi, s’appela Atlas, et c’est de lui que l’île entière et la mer ont tiré le nom d’Atlantique. Quel est le continent qui, à l’époque de Platon, pouvait donner l’impression d’être entouré par l’océan atlantique ? Réponse : l’Europe de l’Ouest. Son frère jumeau, qui était né après lui, eut en partage l’extrémité de l’île voisine des colonnes d’Hercule et de la terre qui s’appelle encore aujourd’hui gadirique. Quelle est cette extrémité de l’Europe voisine du détroit de Gibraltar ? Réponse : la région côtière espagnole de Gadès. Je cite encore Wikipédia à qui il arrive heureusement de donner de temps en temps des renseignements intéressants : Gadès (ou Gadir en punique), est une ville antique fondée vers 1100 av. J.-C. par les Phéniciens, au sud de l’Hispanie, à l’entrée du détroit de Gibraltar, sur le golfe atlantique de Gadès. Ses habitants, les Gaditains, étaient des commerçants et des marins réputés. Je continue ma citation du texte de Platon : Tous ces fils de Neptune et leurs enfants demeurèrent dans ce pays pendant plusieurs générations, ... ils étendirent leur empire en deçà du détroit jusqu’à l’Égypte et la Tyrrhénie. Jusqu’à l’Egypte, c’est-à-dire sur toute les côtes de l’Afrique du Nord. Jusqu’à la Tyrrhénie, c’est-à-dire sur toutes les côtes de la mer tyrrhénienne, alias mer étrusque.
 
Extraits du Timée. Cette île (l’Europe de l’Ouest), plus grande que la Libye et l’Asie ensemble (c’est la vision de l’époque) facilitait alors aux navigateurs le passage aux autres îles (iles d’Oléron, Ré, Yeu, Noirmoutiers, Yeu, Groix, de Sein) et de ces îles à tout le continent situé en face (la côte ouest de l’Europe) qui borde cette mer véritable ; car celle qui se trouve en deçà du détroit dont nous parlons (la côte méditerranéenne), ressemble à un port (la rade de Marseille) avec une entrée étroite (l’embouchure du Rhône), tandis que cette mer et la terre qui l’entoure peuvent être appelées véritablement à très juste titre, l’une une mer (l’Océan Atlantique), l’autre un continent (l’Europe de l’Ouest). Or, dans cette île Atlantide (l’Europe de l’Ouest) régnèrent des rois avec une grande et merveilleuse puissance qui s’étendait sur l’île entière, sur plusieurs autres îles et parties du continent. En outre, en deçà du détroit, ils dominaient sur la Libye jusqu’à l’Égypte, et sur l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie.
 
Quels étaient ces rois ? Il ne peut s’agir que des rois celtes (arvernes). Voici le témoignage de Strabon : “Les Arvernes étendirent leur domination jusqu’à Narbonne et jusqu’aux frontières de l’empire marseillais. Ils soumirent des peuples jusqu’aux Pyrénées, jusqu’à l’océan et jusqu’au Rhin". Platon est mort vers l’an 348 avant J.C., Strabon, vers l’an 23 après J.C.. Bien que séparés de 371 ans, ces deux témoignages se recoupent et nous révèlent l’ancienne grande puissance des Arvernes et donc de leur capitale : Gergovie.
 
Première remarque. Penser que Gergovie ait pu se trouver sur le plateau pelé de Merdogne ou de Corent et Bibracte sur un mont Beuvray particulièrement inhospitalier, c’est une douce rigolade. Cela fait 30 ans que j’essaie de convaincre mes contemporains, jusqu’au ministre, de leurs convictions absurdes. Non seulement on me refuse un débat public honnête et équilibré mais on me couvre d’insultes, d’injures et de moqueries. Quelle tristesse pour mon épouse disparue, pour mes enfants et pour moi qui, dans ma carrière militaire, fut toujours entouré d’estime et de respect.
 
Deuxième remarque. Le texte de Platon nous révèle, en toute logique, ce que les Grecs de cette époque pouvaient connaitre du continent européen par leurs navigateurs, c’est-à-dire les côtes et notamment ses endroits les plus connus.
Troisième remarque. Ces côtes que Platon énumèrent correspondent aux implantations phéniciennes sur lesquelles il est admis que Carthage exerçait son influence. Or, si l’on suit mon interprétation du texte de Strabon, la métropole très influente ne serait pas la Carthage tunisienne mais la ou les capitales celtes (Gergovie et Bibracte). Et ces capitales se trouvaient, non pas sur les côtes, mais au centre de ce que César appellera la Gaule.
 
Quatrième remarque. Il s’éleva, poursuit Platon, une guerre générale entre les peuples qui habitent au-delà des colonnes d’Hercule (les peuples celtes maitres des côtes atlantiques) et ceux qui habitent en deçà (les côtes phéniciennes méditerranéennes ralliées aux Grecs ?). C’est cette lutte qu’il faut vous raconter maintenant. Parmi ces peuples, les uns étaient dirigés par notre république qui, suivant la tradition, acheva seule la guerre ; les autres étaient commandés par les rois de l’Atlantide... Soyons réalistes ! Le seul conflit que Platon († 348) pouvait avoir en mémoire est celui de l’expansionnisme grec en Méditerranée qui se heurta à des colonies phéniciennes précédemment implantées. La fondation de Marseille par les Grecs de Phocée vers l’an 600 avant J.C., l’intervention des Celtes qui sont descendus plusieurs fois du centre de la Gaule pour s’opposer aux ambitions territoriales des Massaliotes illustrent ce conflit qui n’a, semble-t-il, pris fin qu’en 509 par la signature d’un traité entre une Rome pro-grecque et une Carthage pro-phénicienne dont Polybe nous a conservé le texte. De 509 à 348, cela fait 161 ans au lieu des 9000 ans symboliques dont Platon a fait état. Nous retombons dans le normal.
 
Description d’une Gergovie transfigurée qui n’est arrivée à Platon que par oui dire (première approche).
 
Du côté de la mer (l’Atlantique) et au milieu de l’île (au centre de la Gaule) était située une plaine la plaine de la Limagne) qui passe pour avoir été la plus belle de toutes les plaines et remarquable par sa fertilité. Près de cette plaine, à cinquante stades plus loin (à 9 km de la plaine, là où elle commence, vers Clermont-Ferrand) et toujours au milieu de l’île (la Gaule), il y avait une montagne peu élevée (la montagne de la Serre que prolonge l’éperon du Crest, Gergovie selon moi). Là, demeurait un de ces hommes, premiers nés de la terre, qui s’appelait Evénor ...Poséidon (la colonisation phénicienne) s’étant épris de sa fille, Clito, il s’unit à elle (union des colons avec les autochtones). Voulant clore la colline que Clito habitait (l’éperon du Crest), le dieu la creuse alentour, et forme des enceintes d’eau et de terre alternativement plus grandes et plus petites, qui se repliaient les unes autour des autres : il y en avait deux en terre et trois en eau (?), et toutes étaient parfaitement circulaires, comme s’il les avait tracées au compas à partir du centre de l’île de manière que la colline était inaccessible aux hommes...

Je ne retiens que la partie vraisemblable du récit (les enceintes murées). Il est bien évident que Platon s’échappe dans le "monde des idées" pour imaginer une cité idéale (celte) très puissante, ce qui rend la victoire de l’Athènes "de nos pères" d’autant plus glorieuse.

Première remarque. Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.C.) écrit de même qu’Héraklès (la colonisation phénicienne) s’unit à la fille d’un roi d’où naquit Galatès qui donna son nom à ce qui deviendra la Gaule. Mais il situe cette union à Alésia qu’il ne faut évidemment pas identifier à Alise-Sainte-Reine mais à la Bibracte éduenne que je situe à Mont-Saint-Vincent.
 
Deuxième remarque. Situé dans le prolongement caractéristique de la montagne de La Serre, l’éperon du Crest est qualifié par Platon de peu élevé parce qu’on le lui a décrit par rapport aux montagnes de l’arrière pays, mais César, qui le voit depuis la plaine, le qualifie de très haut. Il n’y a là rien de contradictoire car tout est relatif. Pour ma part, j’en déduis seulement une chose, que les Anciens savaient apprécier l’avantage et la beauté d’une position exceptionnelle, un don que mes contemporains ont malheureusement perdu malgré toutes mes tentatives d’explication.
 
Troisième remarque. Jamais la mythologie antique n’a été aussi claire et poétique que dans ce texte. Car Poséidon, c’est l’époux par excellence et Clito, l’épouse (Clito, Clitoris du grec kleitoris, la petite colline). Poséidon, c’est l’époux qui vient de la mer (phénicienne) et qui féconde, Clito, c’est la terre qui le reçoit. Etonnante sublimation du fait colonial ! On est bien loin des tristes thèses archéologiques actuelles.
 
Quatrième remarque. Dans son récit, Platon nous révèle cette chose absolument extraordinaire, que dans la cité de l’Atlantide, il existait des fontaines pour les chevaux (certains traducteurs prétendent que les chevaux s’y baignaient , ce dont, tout de même, je doute). J’appartiens à une génération d’avant la mécanisation agricole. En vacances dans la ferme de mon oncle, paysan aisé de la région de Divonne-les-Bains, je n’ai jamais rien trouvé de plus merveilleux et de plus reposant que le bruit de l’eau d’une fontaine qui se déverse sans début ni fin dans son grand bassin rectangulaire taillé dans une pierre d’un seul bloc ; étonnante rencontre entre l’air et l’eau qui descendent des montagnes et la pierre calcaire aux reflets changeants. C’est là que l’unique cheval de trait de la propriété venait s’abreuver, digne serviteur, et non dans des cuves en bois préhistoriques.
Les illustrations, photos et croquis sont de l’auteur.
Extraits en partie de mes ouvrages.

Les commentaires sont fermés.