Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La faillite sans fiction

La publication du roman de Gaspard Koenig (1)⇓ "La Nuit de la Faillite" constitue en elle-même une étape. Elle marque une avancée dans la prise de conscience de la situation du pays. Personne ne semble encore y croire de façon précise dans le grand public, et certainement pas dans les secteurs dominants de l'opinion. Rappelons à cet égard la ritournelle classique de la CGT : "de l'argent, il y en a". Tant qu'il y aura des cégétistes, on l'entendra.

Jusqu'ici le débat semblait réservé à quelques initiés et esprits non conformistes. Nous avons essayé ici, depuis, trois ans de lever un coin du voile (2)⇓.

La classe politique cherche à étouffer cette perspective. Tout ce qui lui donne une visibilité et une crédibilité est donc bienvenu.

Hâtons-nous de souligner cependant, malgré toute la sympathie que méritent le courage et le non-conformisme de l'auteur, que tout le monde ne partage pas nécessairement, même parmi ceux qui retiennent ses hypothèses, les solutions qu'il préconise techniquement.

Certes il déclare que la France, ou plus précisément son gouvernement, s'est reconnu huit fois dans l'Histoire en situation de cessation de paiement, ce qu'on appelle aujourd'hui "défaut". Le pays a survécu.

En réalité une crise de ce type s'est reproduite plusieurs fois, et dans un nombre considérable de pays. Et comme le souligne Gaspard Koenig (3)⇓, certains pays sortent du défaut de paiement dans la catastrophe. Et il cite le cas de l'Argentine. D'autres mieux mais il suggère de suivre plus ou moins l'exemple de la Grèce, tout en conseillant de décider souverainement d'arrêter de payer pour la dette.

On lui objectera d'abord que l'Argentine fut pendant plusieurs années présentée comme une faillite heureuse : on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien.

D'autre part, pour le cas de la Grèce, on attendra la fin de la séquence actuelle pour chanter les louanges de cette "faillite heureuse" qui a produit des centaines de milliers de chômeurs. Certes la situation est devenue bien préférable sous Antonis Samaras par rapport aux méfaits de la dynastie Papandréou. Mais comme pour toutes les situations comparables dans l'Histoire, le prix à payer est très dur dans le cadre de la "monnaie unique".

Il existe donc un débat, d'ailleurs passionnant, sur le terrain de la théorie économique (4)⇓.

Il existe une autre réalité, d'ordre politique celle-là. Quel que soit le degré d'avancement de la dégringolade, il reste toujours à un peuple la faculté de se ressaisir, de choisir la solution de plus de liberté et de responsabilité, moins d'impôts (5)⇓, moins d'étatisme, moins d'assistanat.

Faudra-t-il attendre que la situation de faillite devienne évidente aux yeux de tous pour que la France choisisse enfin la voie de la liberté ?

JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

Apostilles

  1. aux Éditions Grasset.
  2. On se reportera au besoin à notre entretien du 29 décembre 2010 avec Philippe Herlin, auteur du livre "France la Faillite" -- ou à notre chronique du 10 janvier 2011. Renvoyons aussi aux travaux et calculs, à la même époque, de Charles Gave.
  3. cf. son entretien du 1er juillet sur Radio Classique
  4. Le 25 mai "Contrepoints" publiait "Faut-il restructurer la dette publique ? Réponse de Charles Gave à Gaspard Koenig ;et le 26 mai une Réponse à Charles Gave.
  5. À cet égard je maintiens mon point de vue de 2012, celui de la Libération fiscale", car j'affirme que c'est en diminuant les charges et les taxes que l'on permettra aux entreprises de créer des emplois.

Les commentaires sont fermés.