Le Figaro Magazine - 17/05/2013
Hélène Carrère d'Encausse publie une synthèse passionnante du règne des douze tsars qui ont fait la Russie.
En 1613, la douma des boyards choisissait Michel Romanov, un jeune homme de 17 ans qui savait à peine lire, pour accéder au trône de Russie. Ses descendants, directs ou indirects, allaient régner jusqu’en 1917 sur un empire immense, un pied en Europe, l’autre en Asie.
La Russie, c’est l’inlassable sujet d’études d’Hélène Carrère d’Encausse, qui a publié plus de 25 livres sur le sujet. La Russie des tsars aussi, puisqu’on doit à l’historienne, secrétaire perpétuel de l’Académie française, des biographies de Catherine II, Alexandre II et Nicolas II. En cette année du quatrième centenaire de la fondation de la dynastie des Romanov, l’auteur revient sur cette lignée qui a déterminé une part de notre destin collectif, tant la Russie a pesé sur l’histoire de l’Europe. L’ouvrage n’est pas un livre d’érudition – même s’il prend en compte les données historiographiques les plus récentes – et ne prétend pas non plus à l’exhaustivité. Il s’agit d’une synthèse qui, passant en revue douze règnes, permet au lecteur de refaire ses connaissances sur les tsars les plus importants, sans tomber pour autant dans la vulgarisation. Clair, allant à l’essentiel, dégageant les lignes de force comme les fragilités de la société russe, sans compter le choc des personnalités, ce travail est excellent.
« Trois immenses personnages se détachent, souligne Hélène Carrère d’Encausse, qui ont, chacun à sa manière, répondu avec éclat au défi lancé par l’histoire à la Russie. » Pierre le Grand, en effet, fonde la Russie moderne en réinventant la notion d’Etat. Catherine II, femme des Lumières, impose des réformes à son empire et rayonne sur le continent. Alexandre II abolit le servage, instaure la conscription et crée le zemstvo, première assemblée provinciale représentative, intégrant la paysannerie émancipée par le service militaire et le vote. Dans ces pages, les portraits d’Alexandre Ier, qui se battit contre Napoléon, ou de Nicolas II, le martyr du bolchevisme, intéresseront aussi le lecteur.
Attentats, révolutions, assassinats : le destin des Romanov, « une dynastie sous le règne du sang », selon l’auteur, respire le drame. Tout est immense, en Russie. La joie comme la souffrance.
Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com
Les Romanov, d’Hélène Carrère d’Encausse, Fayard, 416 p., 24 €.